Un homme passait ses journées à prier les Immortels, à boire des élixirs douteux, à méditer sans manger.
Il rêvait d’atteindre l’éternité, de vivre mille vies dans un seul souffle.
Un jour, il s’endormit sous un arbre.
Dans son rêve, il s’éleva dans le ciel, franchit les étoiles, marcha sur les nuages.
Il vivait sans faim, sans soif, sans peur.
Mais au loin, il vit les hommes rire, manger, aimer, pleurer, tomber, se relever.
Il s’en approcha… et tomba soudain du ciel.
Il se réveilla, allongé dans l’herbe, son ventre grondant, le cœur léger.
Il dit alors :
— Peut-être que l’éternité… est déjà dans un instant pleinement vécu.
☯️ Commentaire
Dans ce conte d’inspiration populaire, on retrouve un thème cher au Dào : le rêve comme miroir du désir.
L’homme poursuit l’immortalité comme une fuite du vivant. Il confond éternité et permanence, oubliant que le flux de la vie, avec ses hauts et ses bas, est déjà le Dào en mouvement.
Zhuangzi nous enseigne souvent que la vraie longévité n’est pas une durée, mais une qualité de présence, un souffle uni au rythme du monde.
Ce n’est pas fuir le monde qu’il faut… mais ne pas s’y perdre.
🌀 À méditer
« Tu veux vivre mille ans,
mais ignores le trésor
qu’il y a dans une seule journée
pleinement traversée. »