Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Glossaire daoïste

Lexique alphabétique

Version du 19.08.2025

Pour faciliter la recherche dans le lexique, n'hésitez pas à utiliser le raccourci clavier "Ctrl+F" pour chercher l'entrée désirée

 

Abstinence de grains (bìgǔ) - 辟穀

[CD] Méthodes de jeûne partiel consistant à remplacer les céréales par des aliments plus légers, afin de purifier le corps et favoriser la longévité. Synonymes : duāngǔ, jué​gǔ, què​gǔ, xiūliáng.

 

Affiner le corps (liànxíng) - 鍊形

[CD] Visualisation d’une flamme rouge qui brûle symboliquement les impuretés du corps afin de le sublimer. Étape pour détacher l'esprit du corps grossier.

 

Affiner le souffle (liànqì) - 鍊氣

[CD] Laisser circuler le souffle librement dans tout le corps jusqu’à ce qu’il devienne fin, long, silencieux. Une étape essentielle de la respiration embryonnaire.

 

Alchimie interne (nèidān) - 內丹

[CD] Transformation du corps, de l'énergie et de l'esprit par la respiration, la méditation, l’art de l’alcôve, les visualisations. Système visant à créer un élixir intérieur (jīndān).

 

Âme végétative (pò) -

[CD] L’âme corporelle, de nature yin. Il existe sept pò, liés aux instincts. Ils doivent être contrôlés pour accéder à l'immortalité. Influencés par les désirs et les émotions.

 

Âme éthérée (hún) -

[CD] Une des deux âmes majeures du taoïsme. Associée au yang, au foie, aux rêves et à la vision. Trois hún protègent, nourrissent et conservent la vie.

 

AN LU (Ān lú) - 安爐

Établir le fourneau, étape du procédé alchimique de construction des fondations. Symbolise l’installation du creuset intérieur dans les pratiques de neidan.

 

Assise en oubli (zuòwàng) - 坐忘

[CD] Méditation taoïste issue du Zhuangzi : oublier le corps, les perceptions, les désirs, pour fusionner avec le Dao. État de vacuité totale et de lâcher-prise.

 

Authenticité (zhēn) -

[CD] Ce qui est pur, non altéré. L’état originel de l’être, en résonance avec le Dao. L’idéal du 'véritable homme' (zhēnrén).

 

Avaler le souffle (tūnqì) - 吞氣

[CD] Absorption volontaire du souffle ou de lumière (ex. : rouge, violette) dans certaines méditations taoïstes, le diriger ensuite vers les organes ou le dāntián.

 

BA DUAN JIN (Bā Duàn Jǐn) – 八段錦

« Huit Brocarts de Soie ». Série classique d’exercices de Qì Gōng visant à renforcer le corps, réguler le souffle et nourrir les organes internes. Transmis depuis la dynastie Sòng, le Bā Duàn Jǐn est composé de huit mouvements fluides, comparés à des brocarts précieux en raison de leurs bienfaits subtils. Il harmonise Yīn-Yáng, mobilise les méridiens, et soutient la longévité. Très répandu dans les écoles daoïstes, bouddhistes et martiales.

 

BA GUA (Bāguà) - 八卦

Huit trigrammes. Figures fondamentales du Yì Jīng 易經, les Bā guà représentent les combinaisons dynamiques du Yīn et du Yáng en mouvement. Chaque trigramme (guà ) est formé de trois traits superposés — pleins (yang) ou brisés (yin) — symbolisant des forces naturelles, des archétypes, et des états de transformation.

Les huit trigrammes sont : Qián (Ciel), Kūn (Terre), Zhèn (Tonnerre), Xùn (Vent), Kǎn (Eau), Lí (Feu), Gèn (Montagne), Duì (Lac). Ils forment la base des 64 hexagrammes, utilisés pour l’analyse des mutations, la médecine énergétique, les arts martiaux, le feng shui, et l’alchimie interne. Leur agencement en disposition céleste (Fúxī) ou terrestre (Wén Wáng) reflète les lois du cosmos, de la circulation du qì , et des grandes correspondances entre Ciel, Terre et Homme (Sān cái 三才).

 

BA GUA TIAN SHEN (Bāguà Tiānshén) – 八卦天神

Les Divinités Célestes des Huit Trigrammes. Ensemble d’entités spirituelles associées aux bāguà (八卦), les huit trigrammes fondamentaux du Yì Jīng (易經), chacun représentant une force cosmique primaire (Ciel, Terre, Feu, Eau, Montagne, Lac, Vent, Tonnerre). Dans la cosmologie daoïste, ces Tiānshén (天神, esprits célestes) sont les manifestations divines des transformations du Dào, agissant à travers les cycles du , les saisons, les directions et les organes. Chaque divinité incarne l’intelligence dynamique d’un trigramme, et peut être invoquée dans les rituels, méditations ou visualisations pour équilibrer l’harmonie intérieure et extérieure. Les Bāguà Tiānshén guident le pratiquant dans la compréhension des lois du changement, l’ajustement de sa conduite au rythme cosmique, et la cultivation d’une présence unifiée au sein de la mutation.

 

BA JIE (bā jié) – 八節

Les Huit Fêtes saisonnières du calendrier solaire traditionnel chinois. Repères fondamentaux du rythme cosmique, elles marquent les transitions majeures de l’année et structurent les pratiques rituelles, agricoles et énergétiques. Reliées aux huit points cardinaux symboliques, elles rythment la respiration du Ciel et de la Terre. Ces huit moments sont : Lìchūn (début du printemps), Lìxià (été), Lìqiū (automne), Lìdōng (hiver), Chūnfēn, Qiūfēn (équinoxes), Xiàzhì, Dōngzhì (solstices). Dans l’alchimie interne et le Qì Gōng, ces passages sont des portes d’ajustement du corps et de l’esprit au souffle saisonnier.

 

BA MING (bā míng) – 八冥

Huit Ténèbres. Désigne les huit régions obscures ou infernales dans certaines cosmologies ésotériques daoïstes. Míng évoque le monde des ombres, des âmes errantes ou des forces non transformées. Ces huit ténèbres peuvent symboliser à la fois :

– les huit entraves internes à la clarté de l’esprit,

– les strates obscures de l’âme à purifier dans la voie alchimique,

– ou encore des domaines post-mortem où séjournent les êtres détournés du Dào.

Traverser les Bā Míng revient à raffiner l’obscur pour en extraire la lumière cachée, comme dans les phases de l’œuvre au noir dans l’alchimie occidentale.

 

BA XIAN (Bā Xiān) – 八仙

Les Huit Immortels. Groupe légendaire d’adeptes daoïstes ayant atteint l’immortalité par diverses voies : alchimie, méditation, vertu, musique ou détachement. Chacun incarne une facette de la voie spirituelle et illustre l’idée que le Dào est accessible à tous, quel que soit le genre, l’origine ou la condition sociale. Leur diversité — lettré, prince, mendiant, femme, musicien, général — reflète la richesse du chemin daoïste. Représentés avec leurs attributs magiques, ils sont vénérés comme protecteurs populaires et modèles de transformation intérieure. Très présents dans les arts, les rituels et les récits, ils sont aussi associés à l’expression : 「八仙過海,各顯神通」– « Les Huit Immortels traversent la mer, chacun montrant son pouvoir », symbolisant la créativité libre dans la réalisation du Dào.

 

BAI HAO (Bái Háo) – 白毫

Poil blanc. Filament lumineux situé entre les sourcils, souvent représenté sur le front des bouddhas et des êtres éveillés comme un symbole de sagesse transcendante. Dans certaines traditions daoïstes, le Bái Háo est interprété comme un point de rayonnement spirituel, associé au Yìntáng 印堂, Dāntián supérieur, ou Míngtáng 明堂. Il symbolise l’éclat du Shén, la clarté du vide, et parfois l’éveil du Troisième Œil, lieu d’union du souffle et de la lumière.

 

BAI HU (Bái Hǔ) – 白虎

Tigre Blanc. Gardien de l’Ouest, lié à l’automne, au Métal et au retrait. Il incarne la force tranchante, la protection, et le pouvoir de couper les attachements. Dans la pratique alchimique, il représente la maîtrise du yin et l’énergie défensive.

 

BAI LU (Báilù) – 白鹿

Le Cerf Blanc. Animal mythique et auspice majeur dans la tradition daoïste, Báilù (白鹿) — « cerf blanc » — incarne la pureté spirituelle, la longévité et la paix intérieure. Le cerf est associé à l’immortalité, car il est censé vivre mille ans, et sa blancheur renforce sa nature céleste et raffinée. Dans le Lǎozǐ Zhōngjīng, le Báilù apparaît parfois comme monture divine, notamment pour les esprits du Foie ou les divinités associées au Bois et à l’Est. Il est l’alter ego lumineux du dragon vert (Qīnglóng 青龍), tous deux étant des montures des esprits nobles du corps. Chevaucher le Cerf Blanc, c’est progresser vers le Dào avec douceur, intégrité et sérénité, épousant les rythmes du Vivant sans forcer. Il symbolise également la réceptivité au souffle céleste, l’harmonie entre nature et Esprit, et l’état de grâce qui accompagne le pratiquant affranchi des désirs grossiers.

 

BAI RI GUAN (Bǎi rì guān) - 百日關

Barrière des cent jours : période critique dans la pratique alchimique où les transformations énergétiques doivent être stabilisées.

 

BAI RI QUAN (Bái rì quán) – 白日全

Blanche lumière complète. Terme issu de la tradition daoïste désignant une réalisation de l'immortalité en plein jour. Le corps disparaît aux yeux de tous, sans laisser de trace, dans un éclat de lumière. Cette apothéose visible est l’un des signes les plus élevés de l’accomplissement spirituel dans l’alchimie interne. Elle s’oppose à d'autres formes de libération plus discrètes (ex. : libération du cadavre).

 

BAI RI ZHU JI (Bǎi Rì Zhù Jī) – 百日築基

« Cent jours pour établir les fondations ». Phase initiale essentielle de l’alchimie interne (Nèidān 內丹), consacrée à la purification du corps, à la régulation du souffle, et à la stabilisation du cœur-esprit (Xīn Shén 心神). Zhù Jī (築基) signifie littéralement « construire la base » : il s’agit de fortifier le Dāntián inférieur, de sceller les fuites d’énergie (notamment sexuelles), et de poser les conditions nécessaires à la transmutation du Jīng en Qì . Les cent jours sont à la fois symboliques et pratiques : ils marquent le temps de l’enracinement, où l’on apprend à habiter son corps comme un creuset, avant de faire circuler les souffles subtils. Sans cette fondation, aucune élévation n’est durable.

 

BAI XIN (BÁI XĪN) – 白心

Cœur pur. État d'esprit vierge de désirs et de perturbations, essentiel à la pratique méditative et à la culture du Shén. Il s'agit d'un retour à la simplicité originelle, condition nécessaire pour que l'esprit redevienne clair, stable et réceptif à la présence du Dào.

 

BAI YUN GUAN (Bái Yún Guān) – 白雲觀

Temple des Nuages Blancs. Principal monastère de l’école Quánzhēn 全真 à Pékin, fondé sous les Jīn (XIIe siècle), reconstruit sous les Yuán. Il abrite le siège de l’Association daoïste de Chine et conserve une transmission vivante de la pratique rituelle, de l’alchimie interne et de la liturgie daoïste. Centre spirituel et administratif majeur du daoïsme contemporain.

 

BAO PU (BÀO PǓ) – 抱朴

Embrasser le naturel. Idéal taoïste de simplicité, d’authenticité et de retour à la nature originelle, dénuée d’artifices. Le terme fait également référence à Gě Hóng (葛洪), célèbre auteur du Bào Pǔ Zǐ (抱朴子), traité fondamental mêlant alchimie, éthique et réflexions philosophiques.

 

BAO PU ZI (Bào Pǔ Zǐ) – 抱朴子

« Le Maître qui embrasse la Simplicité ». Œuvre majeure de Gě Hóng 葛洪 (IVe s.), figure centrale de l’alchimie externe (wàidān 外丹). Le texte se divise en deux parties :

– Nèi piān 內篇 : traite des pratiques d’immortalité, d’alchimie, de cultivation du souffle, d’herboristerie et de vision mystique.
– Wài piān
外篇 : plus philosophique, aborde l’éthique, la politique et la morale confucéenne.

Le Bào Pǔ Zǐ incarne une tentative de synthèse entre voie spirituelle et engagement dans le monde, selon la logique du retour au Dào par la transformation de soi.

 

BAO YI (BÀO YĪ) – 抱一

Embrasser l’unité. Désigne l’unification de l’esprit et du souffle dans la quête de l’unité avec le Dào.

 

BEI DOU (Běi Dǒu) – 北斗

La Grande Ourse. Constellation majeure de la tradition daoïste, perçue comme le pivot du Ciel, gouvernant le destin (Mìng ), la longévité et la circulation du temps. Composée de sept étoiles principales, souvent associées aux sept étoiles du corps, elle guide les rituels de protection, de purification et d’ascension spirituelle. Le culte du Běi Dǒu joue un rôle central dans l’alchimie interne, la liturgie, et les pratiques de visualisation (notamment dans le Běi Dǒu Xuán Gōng 北斗玄功). Axe cosmique de la Voie céleste.

 

BEI DOU QI YUAN XING JUN (Běidǒu qīyuán xīngjūn) – 北斗七元星君
Souverains stellaires des Sept Origines de la Grande Ourse. Divinités majeures du panthéon céleste daoïste, résidant dans les sept étoiles principales du Chariot du Nord (Běi Dǒu). Chaque Xīngjūn (
星君, « Seigneur stellaire ») gouverne une étoile, une direction, une fonction vitale, un aspect de l’âme ou de la destinée. Leur culte est central dans les pratiques d’alchimie interne, de prolongation de la vie (延壽 Yán shòu), de libération karmique et de transmutation du destin (轉命 Zhuǎn mìng). Ils sont invoqués dans les rituels nocturnes, les pratiques de visualisation et les méditations stellaires. Leurs noms apparaissent dans les talismans, les chartes célestes (天文圖 Tiānwén tú), et les textes du Daozang.

 

BEN XING (BĚN XÌNG) – 本性

Nature originelle. Concept central de la réalisation spirituelle dans le taoïsme et l’alchimie interne. Elle désigne la nature propre, pure et spontanée de l’être, non altérée par les conditionnements sociaux ou les passions. Retrouver cette bĕn xìng permet l’union avec le Dào.

 

BI (Bǐ) –

¦¦¦¦|¦  Hexagramme 8 – La Solidarité, l’Union. Adhésion mutuelle. Bǐ symbolise l’attraction entre souffles affins, l’harmonie née de la proximité juste. En alchimie, c’est la cohésion des éléments internes, l’union des trois trésors vers le Dào.

 

BI (Bì) –

|¦|¦¦|  Hexagramme 22 – La Grâce. Ornement du cœur. Bì représente la beauté fluide, l’apparence maîtrisée, mais surtout l’embellissement intérieur par la clarté et la douceur. Dans la pratique, c’est le Shén poli par la lumière.

 

BI GU (Bì gǔ) - 辟穀

Abstention de céréales. Pratique diététique et spirituelle visant à éliminer les aliments grossiers pour affiner le qì. Permet aussi d’affaiblir les « vers » internes (sān chóng) et progresser vers l’immortalité.

 

BI XING (Bì Xīng) – 弼星

Étoile du Régulateur. Neuvième étoile du système des Neuf Étoiles, deuxième étoile auxiliaire () rattachée à la Grande Ourse. Elle incarne la fonction d’équilibre, de correction et de supervision cosmique. Bì Xīng ajuste les excès, redresse les déséquilibres et veille à la cohérence des cycles de transformation. Dans la voie daoïste, elle est l’énergie régulatrice des pratiques : celle qui affine, clarifie, et ramène à l’Essentiel. Étoile du perfectionnement silencieux, elle favorise l’écoute subtile du Dào et la réforme intérieure par l’harmonisation avec les lois célestes.

 

BING (Bǐng) –

Troisième tronc céleste. Feu Yáng. Éclat, expansion, chaleur rayonnante. Évoque la montée du souffle et la clarté du Shén.

 

BO (Bō) –

¦¦¦¦¦|  Hexagramme 23 – L’Éclatement. Dépouillement. Bō exprime une désintégration apparente, souvent nécessaire pour révéler l’essentiel. Dans la voie intérieure, c’est la chute des formes anciennes, prélude au renouvellement.

 

Bois (Mù) –

Élément du printemps, de la croissance, de l’expansion et du souffle naissant. Il correspond à l’Est, à la couleur verte, au Foie (Gān ) et à l’émotion de la colère transformée. Mù pousse vers l’avant, cherche l’harmonisation dans le mouvement. Il initie la circulation du qì et la montée du yang.

 

BU QI (bǔqì) - 補氣

Prodiguer le Souffle. Acte thérapeutique consistant à transmettre du qi à autrui par l’intention, la main ou la visualisation. Pratique énergétique ou rituelle.

 

CAI RI JING YUE HUA (CǍI RÌ JĪNG YUÈ HUÁ) – 採日精月華

Cueillir l’essence du Soleil et la Rosée de la Lune. Métaphore alchimique pour capter les énergies complémentaires yáng (le Soleil) et yīn (la Lune) dans le raffinement du dāntián. Cette pratique vise à équilibrer les forces célestes et terrestres dans le corps subtil, fondement de la transmutation intérieure en alchimie taoïste.

 

CAI XIAO YAO (Cǎi xiǎo yáo) - 採小蕘

Recueillir le petit médicament. Étape particulière de l’alchimie interne, liée à la stabilisation du souffle raffiné dans les premières phases du Nèidān.

 

CAI YAO (Cǎi Yào) – 采藥

Cueillette du médicament. Terme désignant, dans l’alchimie interne, la récolte des substances subtiles : Jīng, Qì, Shén, ou ambroisie intérieure. Par extension, Cǎi Yào signifie "cueillir l’élixir" à partir du corps, en affinant les souffles. Image empruntée à la pharmacopée, transposée à la pratique interne.

 

CAO GUO JIU (Cào Guó Jiù) – 曹國舅

Prince au vêtement de cour. Représente la noblesse vertueuse, l’intégration de la Voie dans le monde. Il porte des castagnettes ou une tablette de jade. Protecteur des justes.

 

Champ de cinabre (dāntián) - 丹田

[CD] Lieu symbolique dans le corps, creuset de l'alchimie interne. Trois localisations principales : inférieur (ventre), médian (poitrine), supérieur (tête).

 

CHAN (Chán) –

Crapaud. Animal symbolique du bestiaire daoïste, souvent associé à la Lune, à l’immortalité et à la transformation alchimique. Le crapaud lunaire (yù chán 玉蟾) est l’une des deux créatures mythiques censées habiter la Lune, avec le lièvre de jade (yù tù 玉兔). En alchimie interne, le crapaud incarne la capacité de transmutation intérieure, de régénération et de retour au Vide. Il est aussi lié à la salive précieuse (rosée interne), à l’eau céleste, et parfois à la forme du rein gauche dans certaines cartes du corps.

Figure ambivalente, Chán peut représenter l’humidité bénéfique, mais aussi l’ombre à sublimer. Dans certaines traditions rituelles, il est invoqué pour aspirer les poisons ou protéger les pratiques nocturnes. Symbole du yin transmuté, il accompagne le passage vers la clarté cachée.

 

CHAN (Chán) –

Bouddhisme Chán. Courant du bouddhisme chinois centré sur la méditation directe, le silence intérieur et la transmission de l’éveil hors des écritures. Issu du Dhyāna indien, il s’est profondément enraciné en Chine à partir du VIe siècle, influençant la pensée et la pratique daoïste, notamment dans les écoles de Quánzhēn 全真 et de l’alchimie interne. Le Chán valorise l’expérience immédiate du Vide (Xū ) et la non-dualité, rejoignant les principes du Wú Wéi 無為 et du retour au Dào.

 

CHAN CHU (Chánchú) – 蟾蜍

Crapaud. Animal lunaire mythique, complément du Lièvre de Jade (玉兔 Yù Tù) dans la symbolique céleste. Associé au Yīn profond, à la transformation humide et à la métamorphose alchimique. Dans certains textes daoïstes, le crapaud représente la face obscure de la Lune, ou l’alchimiste intérieur capable d’absorber et de condenser les souffles lunaires.

 

CHANG SHENG (CHÁNG SHĒNG) – 長生

Longévité. But fondamental des pratiques taoïstes : vivre longtemps en bonne santé par l’équilibre du qì, du jīng et du shén.

 

CHANG SHENG YING (Cháng Shēng yīng) – 長生嬰

Embryon de longévité. Terme central de l’alchimie interne (nèidān 內丹), désignant l’embryon spirituel formé dans le dāntián 丹田 par l’union raffinée du jīng , du qì et du shén . Chángshēng 長生 signifie « longue vie », et yīng , « embryon » : ensemble, ils désignent la naissance intérieure d’un être immortel. L’embryon de longévité est une entité énergétique subtile, souvent visualisée comme un foetus de lumière ou une perle d’or rouge, résultat de la gestation du jīndān 金丹. Il représente la re-naissance de soi, le retour à l’origine, et la constitution du corps d’immortalité (xiān shēn 仙身). Sa croissance demande silence, centrage, chaleur interne contrôlée, et stabilité du cœur-esprit (xīnshén 心神). C’est l’image la plus poétique et concrète de la Voie du retour au Dao (fǎn dào 返道).

 

CHANG ZAI (Cháng Zài) – 常在

« Toujours Présente ». Nom de la divinité résidente de la Rate, organe central de la Terre dans la cosmologie daoïste. Elle incarne la stabilité nourricière, la présence constante et la transformation silencieuse des souffles vitaux (Qì ). Associée au Yì (intention / pensée), Cháng Zài veille à l’équilibre interne, à la digestion énergétique et à la régularité du cycle de transmutation. Dans l’alchimie interne, elle symbolise la fonction de centrage et d’intégration des trois trésors (Jīng, Qì, Shén).

 

CHE SHI (Chèshì) – 徹視

Vision pénétrante. Capacité spirituelle de voir au-delà des formes, des apparences et des illusions. Chè signifie « traverser, percer jusqu’au fond », shì signifie « regarder, contempler ». Ensemble, Chèshì désigne une vision intérieure profonde, propre à l’adepte avancé, capable de percevoir la réalité subtile du Dào. Elle correspond à la clairvoyance obtenue par la purification du Shén et du Xīn, la perception directe des souffles, ou la vision du Vide médian (zhōngxū 中虛) à travers les couches du manifesté.

Dans les textes de méditation et d’alchimie, Chèshì est un signe d’éveil : lorsque l’œil du cœur est vide, la lumière voit sans obstacle.

 

CHEN (Chén) –

Dragon. Terre Yáng. Transition, condensation des souffles. Lien entre le visible et l’invisible.

 

CHENG (Chēng) -

Discernement, évaluation. Capacité à distinguer le vrai du faux, essentielle dans le cheminement intérieur du pratiquant.

 

CHI JING (CHÌ JĪNG) – 赤精

Essence rouge. Substance yang raffinée dans le processus de transmutation. Elle représente l’énergie vitale purifiée par le feu interne et tend vers l’état lumineux de l’esprit.

 

CHI JING (CHÍ JÌNG) – 持靜

Maintenir le calme. État intérieur recherché dans la méditation taoïste, préalable à l’unification du souffle et de l’esprit.

 

CHI QI (Chìqì) – 赤氣

Souffle Rouge. Émanation subtile et condensée du Shén (, Esprit), apparaissant dans les phases avancées de l’alchimie interne. Il symbolise la fusion du Feu véritable et de l’Esprit clarifié, énergie spirituelle lumineuse et transmutée. Chìqì peut se manifester dans les visualisations, les états de clarté intérieure ou lors de phénomènes lumineux perçus au cours de la méditation. Il évoque la maturité du Dāntián supérieur, la montée de l’élixir dans les palais célestes et l’irradiation du corps subtil par la lumière de la conscience réalisée.

 

CHI SHI (CHÌ SHÍ) – 赤石

Pierre rouge. Symbole classique du soufre minéral, ici réinterprété comme image du soufre intérieur. C’est la base rougeoyante de l’élixir alchimique.

 

CHI SONG ZI (Chì Sōngzǐ) – 赤松子

Maître Pin Rouge. Immortel légendaire du Daoïsme, compagnon des sages et messager céleste. Il est parfois considéré comme l’esprit du Soleil ou du Feu, incarnation vivante de l’élixir flamboyant et de la lumière intérieure. Guide des empereurs et des ermites, Chì Sōngzǐ apparaît dans de nombreux textes comme un transmetteur de la Voie (Dào ) et un maître du nèidān (內丹, alchimie interne). Il symbolise le raffinement du Jīng (, essence) par la chaleur spirituelle, la sublimation par le Feu intérieur et la montée du Shén () dans les palais célestes. Son nom évoque la transmutation solaire, la pureté lumineuse et la continuité de la tradition initiatique.

 

CHI YANG (CHÌ YÁNG) – 赤陽

Yang rouge. Combinaison du feu rouge (chì) et de la force yang. Il désigne la chaleur raffinée du soufre capable de coaguler le mercure dans l’union alchimique.

 

CHI ZI (chìzǐ) – 赤子

Enfant Rouge. Symbole alchimique du retour à l’état originel, pur et non différencié. Dans le Daoïsme, il incarne l’innocence primordiale, le non-agir spontané (wúwéi 無為) et la fusion avec le souffle du Dào. L’Enfant Rouge apparaît comme une image du corps réalisé, dépouillé des conditionnements, et porteur du Feu véritable. Dans l’alchimie interne, il représente le jīndān (金丹, élixir intérieur) parvenu à maturité, l’union du Yīn et du Yáng ayant donné naissance à un être pur, libre et immortel.

 

CHONG MAI (Chōng Mài) – 衝脈

Vaisseau de la Pénétration. Axe central reliant les Reins au thorax, considéré comme mer des douze méridiens. Il régule le Sang ( xuè) et le Qì, et soutient la puissance de transformation interne. Associé à la génération de l’embryon alchimique et au jaillissement originel du souffle vital.

 

CHOU (Chǒu) –

Bœuf. Terre Yīn. Nourriture intérieure, lente maturation. Stabilisation du germe dans la matière.

 

CHOU FEI (Chòu Fèi) – 臭肺

Chasseur des Puanteurs. Deuxième des sept Pò (), âmes corporelles liées au corps physique et logées dans les Poumons ( fèi). Chòu () signifie « puant », renvoyant à la putréfaction, aux instincts bas et à l’odeur de la mort ; Fèi () renforce l’ancrage de cette âme dans l’organe du Métal.
Chòu Fèi est le Pò de la répulsion instinctive, celui qui détecte le danger par l’odorat subtil, l’aversion viscérale, l’intolérance corporelle. Il régit les réflexes d’élimination, les rejets violents, et le rapport immédiat aux pollutions intérieures et extérieures. Dans la voie daoïste, il symbolise l’aspect obscur du discernement sensoriel. Sa transmutation passe par l’épuration du souffle, la régulation émotionnelle et la sublimation du dégoût en capacité de clarté et de séparation sans haine.

 

CHOU SHUI (Chōu Shuǐ) – 抽水

« Puiser l’eau ». Terme alchimique désignant l’acte subtil de faire monter les souffles vitaux depuis le Dāntián inférieur, en particulier les eaux Yīn ou l’essence (Jīng ), afin de les raffiner ou de les unir au Feu Yáng dans le creuset intérieur. Dans les textes du Nèidān (內丹), chōu shuǐ est souvent lié à l’activation du Mìngmén 命門, à la circulation du petit cycle (Xiǎo Zhōu Tiān 小周天), ou à la phase de « retour de l’eau au sommet ». C’est une opération clé du contrôle du Feu et de l’Eau (Huǒ Shuǐ 火水) dans la transformation interne.

 

CHU HUI (Chú Huì) – 除穢

Balayeur d’Immondices. Sixième des sept Pò (), associé aux fonctions d’épuration corporelle, d’élimination des déchets et de rejet de l’impur. Chú () signifie « enlever, balayer », Huì () désigne la souillure, la crasse, ce qui est impur ou souillé. Chú Huì est le Pò du nettoyage instinctif, chargé d’évacuer ce qui ne peut être assimilé : substances, émotions, mémoires. Il agit dans les sécrétions, les sueurs, les larmes, les selles – mais aussi dans les gestes impulsifs de rejet ou de dégoût. Dans l’alchimie interne, il symbolise la nécessité de purifier sans haïr, de se dépouiller sans violence. Transmuté, Chú Huì devient l’énergie de clair discernement : ce qui est inutile est relâché avec paix, et l’espace intérieur est rendu à sa pureté originelle.

 

CHU JIA (CHŪ JIĀ) – 出家

Quitter la famille. Expression désignant l’entrée dans la voie monastique ou l’abandon des attachements mondains pour suivre le Dào.

 

CHU SAN SHI JIU CHONG BAO SHENG JING (Chú sānshī jiǔchóng bǎoshēng jīng) – 除三尸九蟲保生經

Écriture sur l’expulsion des Trois Cadavres et des Neuf Vers pour protéger la vie. Texte daoïste datant probablement du IXᵉ siècle, appartenant à la tradition des pratiques de longévité (yǎngshēng 養生) et de purification intérieure. Ce classique décrit avec précision les Trois Cadavres (sānshī 三尸) et les Neuf Vers (jiǔchóng 九蟲), parasites subtils logés dans le corps humain, responsables de maladies, d’instabilité émotionnelle, de désirs excessifs et de perte de vitalité. Le texte donne leurs noms, leurs localisations dans le corps, les symptômes qu’ils provoquent, et les méthodes pour les expulser. Il fournit notamment un rituel comprenant des formules sacrées (zhòu ), des visualisations, et des instructions corporelles pour protéger la vie (bǎoshēng 保生), stabiliser le Shén (), et préserver l’unité du souffle ( ). Cette écriture témoigne de l’aspect thérapeutique, rituel et alchimique du Daoïsme médiéval, où santé et voie spirituelle sont indissociables.

 

CHUI (CHUĪ) –

Son des Reins. Émis pour apaiser la peur, renforcer les Reins et nourrir l’élément Eau. L’attention descend au dāntián inférieur.

 

CHUN (Chún) –

|¦¦¦|¦  Hexagramme 3 – La Difficulté Initiale. Germination dans le chaos. Chún désigne le début confus mais fécond, le moment où le Qì s’organise. Il enseigne la patience dans l’émergence, et rappelle que toute naissance est obstacle et promesse.

 

Cinabre (dān) -

[CD] Substance minérale rouge utilisée en alchimie externe, mais aussi symbole de l’élixir interne (jīndān). Associé au raffinement du jing, qi et shen.

 

Cinq Empereurs (Wǔ Dì) - 五帝

Rois sages et exemplaires comme Huáng Dì 黃帝, Yáo , Shùn , et Yǔ 大禹, modèles de vertu, d’ordre céleste et de gouvernement juste.

 

Circulation céleste (zhōutiān) - 周天

[CD] Trajet que parcourt le souffle dans le corps. Peut être « petite » (Xiao Zhou Tian : Du Mai + Ren Mai) ou « grande » (Dà Zhou Tian : méridiens + organes).

 

Clarté originelle (yuánshén) - 元神

[CD] Esprit originel pur et lumineux, non affecté par les émotions. Il doit être restauré pour retourner au Dao. Opposé au shén ordinaire dispersé.

 

Cœur (Xīn) –

Organe du Feu et du Sud. Il réside au centre du palais du Shén (), éclairant l’esprit de sagesse. Gouverneur des vaisseaux et maître du Sang, il rayonne dans les yeux et la langue. Il incarne la joie céleste et la transparence de l’Être en harmonie avec le Dào.

 

Conduire le souffle (dǎoyǐn) - 導引

[CD] Ancienne méthode taoïste combinant mouvement corporel et respiration pour faire circuler le qì. Pratique fondatrice du qìgōng.

 

Conservation du souffle (shǒuqì) - 守氣

[CD] Maintenir le souffle dans l’abdomen, surtout pendant l’expiration. Vise à empêcher les fuites d’énergie et à nourrir le dāntián.

 

Corps immortel (xiānshēn) - 仙身

[CD] Corps subtil réalisé par les pratiques d’alchimie interne. Il succède au corps physique. Non soumis à la naissance et à la mort.

 

Corps subtil (qìshēn / língshēn) - 氣身 / 靈身

[CD] Corps énergétique produit par la transformation du jing, qi, shén. Véhicule de l’immortalité. Peut voyager hors du corps.

 

Crapaud (Chán) –

Animal symbolique du bestiaire daoïste, souvent associé à la Lune, à l’immortalité et à la transformation alchimique. Le crapaud lunaire (yù chán 玉蟾) est l’une des deux créatures mythiques censées habiter la Lune, avec le lièvre de jade (yù tù 玉兔). En alchimie interne, le crapaud incarne la capacité de transmutation intérieure, de régénération et de retour au Vide. Il est aussi lié à la salive précieuse (rosée interne), à l’eau céleste, et parfois à la forme du rein gauche dans certaines cartes du corps.

Figure ambivalente, Chán peut représenter l’humidité bénéfique, mais aussi l’ombre à sublimer. Dans certaines traditions rituelles, il est invoqué pour aspirer les poisons ou protéger les pratiques nocturnes. Symbole du yin transmuté, il accompagne le passage vers la clarté cachée.

 

CUI (Cuì) –

¦¦¦||¦  Hexagramme 45 – Le Rassemblement. Concentration des forces. Cuì symbolise la réunion des énergies dispersées, tant dans la communauté que dans le corps. En alchimie, c’est le moment de rassembler les souffles vers le centre, en vue de la cuisson de l’élixir.

 

CUN SI (Cùn Sī) – 存思

« Garder et contempler ». Pratique de visualisation intérieure propre aux écoles mystiques daoïstes (notamment Shàngqīng 上清), consistant à « conserver » () une divinité ou une lumière dans un organe, et à « méditer » () sur sa forme, sa présence, son souffle. Le Cùn Sī active les divinités internes (Nèi Shén 內神), purifie les organes, harmonise les souffles, et ouvre à la perception subtile du Dào. Art de l’incubation lumineuse, il transforme le corps en temple vivant.

 

CUN XIANG (CÚN XIǍNG) – 存想

Visualisation/concentration sur le corps. Technique méditative essentielle dans le taoïsme pour nourrir les divinités internes et guider le qì par l’intention.

 

DA ZHOU TIAN (Dà zhōu tiān) - 大周天

Grande Circulation céleste. Circuit énergétique complet, englobant les douze méridiens principaux. Étape avancée par rapport à la Petite Circulation (Xiao Zhou Tian).

 

DA CHANG (Dà Cháng) - 大腸

Gros intestin. Viscère du Métal. Il élimine les déchets et reflue l’inutile. Avec le Poumon, il incarne l’art de lâcher prise, de se délester pour renaître. Dans la Voie, il enseigne la purification du passé pour accueillir le souffle nouveau.

 

DA CHU (Dà Chù) – 大畜

|||¦¦|  Hexagramme 26 – Grand Apprivoisement. Accumulation maîtrisée. Dà Chù indique la retenue du Yáng en croissance, une force contenue pour une percée future. C’est le stockage du feu dans les os et la moelle, dans l’attente du jaillissement.

 

DA GUO (Dà Guò) – 大過

¦||||¦ Hexagramme 28 – Grand Dépassement. Excès porteur de transformation. Dà Guò désigne une charge énergétique trop grande, menaçant de rompre la structure. Mais c’est aussi un seuil à franchir, une force à canaliser pour transmuter.

 

DA YOU (Dà Yǒu) – 大有

||||¦|  Hexagramme 14 – Le Grand Avoir. Abondance intérieure. Dà Yǒu représente la possession du cœur noble, fruit du raffinement. Non attachement dans la plénitude : le Jīng est riche, le Qì fluide, le Shén rayonnant.

 

DA ZHUANG (Dà Zhuàng) – 大壯

||||¦¦  Hexagramme 34 – Grande Force. Montée puissante du Yáng. Dà Zhuàng incarne la force vitale débordante, brute, qui demande maîtrise et direction intérieure. L’énergie est forte, mais doit être tempérée par le Cœur.

 

DAI MAI (Dài Mài) – 帶脈

Vaisseau de la Ceinture. Seul méridien horizontal, ceinture énergétique reliant les extrémités des méridiens verticaux. Il contient, stabilise et harmonise les montées et descentes du Qì. Associé au recentrage, à la régulation du bassin et à la cohérence des cycles internes dans l’alchimie.

 

DAN (Dǎn) -

Vésicule biliaire. Viscère du Bois. Elle porte le courage de la décision juste (), en soutien du Foie. Elle clarifie le Yáng pur et met en mouvement l’intention. Sur la Voie, elle incarne la capacité de trancher avec détermination pour avancer sans peur.

 

DAN (Dān) –

Cinabre. Substance minérale rouge (sulfure de mercure) utilisée en alchimie externe pour fabriquer les élixirs d’immortalité. Dans l’alchimie interne (nèidān 內丹), dān devient un symbole central : celui de l’élixir intérieur, fruit du raffinement du jīng , du qì et du shén . Le cinabre est associé au Feu, à la transmutation, à la couleur du cœur et à la puissance de l’intention (yì ). Il donne son nom au champ de cinabre (dāntián 丹田), foyer principal des pratiques de cultivation énergétique. Le caractère désigne ainsi tout autant une substance, une stade alchimique, qu’un principe d’unification. Il évoque l’incandescence contrôlée, la maturation intérieure, et la naissance de l’être véritable (zhēn rén 真人) à partir de la substance originelle.

 

DAN DING (Dān Dǐng) – 丹鼎

Fourneau de Cinabre. Terme central de l’alchimie daoïste (Dān Dào 丹道). Désigne le creuset dans lequel se réalise la transmutation du Jīng, du Qì et du Shén. Dans l’alchimie externe (Wàidān 外丹), c’est un récipient matériel pour préparer l’élixir. Dans l’alchimie interne (Nèidān 內丹), il devient métaphore du corps : souvent situé dans le Dāntián inférieur, il est le lieu où se concentre le feu interne, où s’unissent l’eau et le feu, et où naît l’embryon d’immortalité (Chángshēng Yīng 長生嬰).

 

DAN DING PAI (Dān dǐng pài) - 丹鼎派

École de la Pilule et du Chaudron. Tradition alchimique mettant l’accent sur la formation du jīndān à partir du dāntián comme chaudron intérieur symbolique.

 

DAN JING (DĀN JĪNG) – 丹經

Classique du Dān. Terme générique désignant tous les textes canoniques relatifs à l’alchimie interne (Nèidān), décrivant les étapes de la fabrication du jīndān.

 

DAN TIAN (Dān tián) - 丹田

Champ de cinabre. Centre énergétique du corps servant de creuset dans l’alchimie interne. Trois localisations principales : inférieur (bas-ventre), médian (poitrine), supérieur (tête).

 

DAN YAO (Dān yào) - 丹藥

Pilule d’immortalité. Résultat des pratiques d’alchimie externe ou interne. Symbole du fruit de l’union du jing, qi et shen dans le corps de l’adepte.

 

DAN YUAN (Dān Yuán) – 丹元

« Origine du Cinabre ». Divinité résidente du Cœur, dans la tradition daoïste interne. Elle incarne la présence du Feu véritable (Zhēn Huǒ 真火) et la lumière du Shén , logée au centre du Palais pourpre (Zǐ Gōng 紫宮). Le nom Dān Yuán évoque le foyer premier de la transmutation, où le Cœur, à la fois roi et miroir, éclaire tout le corps de sa clarté spirituelle. Dans l’alchimie interne, il est le gardien du raffinement du Qì en Shén, clef de l’illumination intérieure.

 

Dao (dào) -

[CD] La Voie, principe cosmique à l’origine de tout. Elle est sans nom, sans forme, immuable, et se manifeste par transformation silencieuse. Centre du taoïsme.

 

DAO DE JING (Dào Dé Jīng) - 道德經

Classique de la Voie et de la Vertu. Texte fondamental du taoïsme attribué à Lǎozǐ, composé de 81 chapitres abordant la cosmologie du Dao, le non-agir, et la sagesse politique et spirituelle.

 

DAO GUI (Dāo guī) – 刀圭

Couteau à jauge. Terme ancien désignant à l’origine un petit instrument de mesure médicale, en forme de cuiller ou de lame, utilisé pour doser les poudres ou les onguents. Par extension symbolique dans l’alchimie daoïste, Dāo Guī devient la cuiller d’élixir, image de l’ustensile sacré permettant de recueillir l’élixir intérieur (金丹 jīndān) une fois raffiné. Symbole de précision, de mesure juste et de subtilité du geste alchimique, il évoque aussi la coupe du souffle, le tranchant de la conscience, et l’acte de transmission de la quintessence. Parfois mentionné dans les textes comme véhicule de la médecine céleste, il est lié à l’art de nourrir la vie (養生 yǎngshēng) et de transformer le corps par la Voie interne.

 

DAO GUI ZI RAN (DÀO GUĪ ZÌ RÁN) – 道歸自然

Le Dao retourne à la nature. Formule exprimant que toute voie véritable ramène à la spontanéité et à la nature profonde des êtres (*zìrán*).

 

DAO JIA (Dào jiā) - 道家

Famille du Dao. Terme désignant le taoïsme en tant que courant philosophique, par opposition à Dào jiào qui désigne le taoïsme religieux organisé.

 

DAO JIAO (Dào jiào) - 道教

Enseignement du Dao. Terme désignant le taoïsme comme religion constituée avec temples, liturgie, prêtres et rituels, tel qu’institutionnalisé dès les Han postérieurs.

 

DAO JUN (Dàojūn) – 道君

Seigneur du Dào. Titre honorifique attribué aux divinités suprêmes ou aux sages réalisés qui incarnent et gouvernent selon le Dào. Dào désigne la Voie cosmique, jūn signifie « seigneur, maître ». Ensemble, Dàojūn désigne celui qui manifeste parfaitement le Dào, qui en est l’agent vivant ou divinisé. Dans les textes comme le Lǎozǐ Zhōngjīng ou les cartes alchimiques (Xīn Xīn Tú, Xiūzhēn Tú), le Dàojūn est souvent présenté comme le maître intérieur, ou le souverain caché du corps, auprès duquel résident les immortels ou les adeptes divins. Il symbolise le point d’union entre souffle, esprit et vide, centre de la pratique du Nèidān.

 

DAO MU (Dàomǔ) – 道母

Mère du Dào. Déesse cosmique personnifiant la source originelle du Dào manifesté. Elle représente le Principe générateur avant même le Un, la matrice transcendante d’où procède toute existence. Vénérée dans certaines écoles ésotériques et alchimiques, elle incarne la Compassion originelle, le Vide matriciel et l’insondable puissance du . Dans la pratique, Dàomǔ symbolise la fusion avec l’Origine, l’accueil du silence primordial et la gestation de l’Immortel intérieur dans la grotte du cœur.

 

DAO XING (Dào xìng) - 道性

Nature du Dao. Principe fondamental selon lequel chaque être possède en lui la nature du Dao, que les pratiques visent à révéler.

 

DAO YIN (Dǎo yǐn) - 導引

Guider et conduire. Techniques de respiration et d’étirement destinées à faire circuler le qì dans le corps. Ancêtre du qìgōng.

 

DAO XIANG NEI XIU (dāoxiàng nèixiū) – 道向內修

Voie tournée vers l’intérieur. Expression désignant la voie du retour vers soi-même par le raffinement du souffle, la maîtrise de l’esprit et la cultivation silencieuse du Dào au sein du corps. Dàoxiàng nèixiū oppose la quête intérieure à l’agitation extérieure, invitant à l’introspection profonde et à la transformation subtile de l’être. Dans l’alchimie interne, cette pratique consiste à condenser le , à stabiliser le Shén et à nourrir le Jīng, jusqu’à l’émergence du Soi véritable (zhēnwǒ 真我). Elle reflète l’idéal d’un chemin non spectaculaire mais rigoureux, fondé sur l’unification du souffle et de la conscience.

 

DAO ZANG (Dào zàng) - 道藏

Canon taoïste. Ensemble des textes classiques du taoïsme compilés entre les Tang et les Ming, organisés en trois cavernes (dong).

 

DAO ZANG TU (DÀO ZÀNG TÚ) – 道藏圖

Carte du Trésor du Dao. Diagramme synthétique conservé dans certains manuscrits du Daozang (Canon taoïste). Il condense les enseignements ésotériques, les symboles célestes, et les lignes énergétiques reliant les parties du corps au macrocosme. Il ne représente pas toujours le corps humain directement mais le chemin cosmique intérieur à parcourir pour accéder à l’Unité.

 

Daoiste (dàoshì) - 道士

[CD] Pratiquant de la Voie, moine ou adepte. Peut être rattaché à une école comme Quanzhen ou Zhengyi, ou suivre une voie individuelle.

 

Daozang (dàozàng) - 道藏

[CD] Canon taoïste : ensemble des textes sacrés du taoïsme. Classés par cavernes (Dong), révélations et écoles. Compilation majeure sous les Ming.

 

DE DAO (Dé dào) - 得道

Obtenir le Dao. Désigne l’état d’accomplissement où l’adepte devient immortel et accède au monde subtil ou transcendant. Marque la réussite de la Voie.

 

De (dé) -

[CD] Vertu, puissance d’actualisation du Dao. Qualité intérieure qui permet de suivre le Dao sans effort. Associée à la spontanéité, à la bienveillance, à la simplicité.

 

Délivrance du cadavre (jiěshī) - 解屍

[CD] Rituel ou phénomène par lequel un immortel laisse derrière lui son corps, qui disparaît ou se transforme, exprimant sa transcendance.

 

DENG XIAN (Dēngxiān) – 登仙

Ascension spirituelle. Expression désignant l’acte de « monter au rang d’Immortel » (xiān ), ou l’élévation spirituelle ultime par laquelle l’adepte quitte le monde ordinaire. Dēng signifie « gravir, accéder », Xiān désigne les êtres réalisés, immortels ou célestes. Dēngxiān marque le passage du corps raffiné vers les plans subtils, l’aboutissement de l’alchimie interne, ou encore l’union du Shén avec le Ciel vide, parfois décrite comme une envolée lumineuse (feilì 飛昇). Cette ascension est aussi symbolique : elle correspond à la libération de la forme, des désirs et du cycle des transformations, signe que l’adepte est devenu un Zhēnrén 真人, ou a rejoint les rangs des Tiānxiān 天仙 (Immortels célestes).

 

Destin (mìng) -

[CD] Force vitale reçue à la naissance, liée au Jīng. À équilibrer avec la nature (Xìng) dans le Nèidān pour atteindre la complétude.

 

DI (Dì) –

Terre. Principe fondamental du Yīn, réceptacle du Ciel (Tiān ) et matrice de la manifestation. Dans la cosmologie daoïste, Dì symbolise la stabilité, la nourriture, l’ancrage et la transformation intérieure. Associée à l’élément Terre (Tǔ ), à la Rate (Pí ) et au centre (Zhōng ), elle reçoit, contient et fait croître. En alchimie interne, elle représente le creuset nourricier dans lequel les souffles peuvent être cuits et transmutés. La Terre est aussi la porte d’accès au Vide par l’enracinement.

 

DI XIANG (Dìxiāng) – 帝鄉

Résidence impériale. Terme poétique et mystique désignant la demeure céleste des Immortels ou la patrie originelle de l’Esprit. () renvoie au souverain céleste, au divin régulateur de l’univers ; xiāng () signifie « village » ou « terre natale ». Dans les textes daoïstes, Dìxiāng est la contrée d’où provient l’âme immortelle et vers laquelle elle aspire à retourner. Elle symbolise l’état d’union avec le Dào, la sérénité suprême et l’achèvement du parcours alchimique. Résider en Dìxiāng, c’est réintégrer le Centre invisible d’où émanent tous les souffles, au-delà des cycles de naissance et de mort.

 

DIAN XUE (DIǍN XUÈ) – 點穴

Prendre les points. Art martial taoïste consistant à frapper ou bloquer des points vitaux, souvent transmis oralement dans les écoles internes.

 

DIAO XUAN (DIÀO XUÁN) – 調暄

Réguler la respiration. Méthode de régulation du souffle rythmée et consciente, utilisée dans la méditation ou l'alchimie interne.

 

DING (Dīng) –

Quatrième tronc céleste. Feu Yīn. Lumière douce, feu intérieur. Incarne l'intensité maîtrisée, la chaleur du cœur et la conscience paisible.

 

DING (Dǐng) –

Chaudron. Récipient à trois pieds utilisé dans les rites antiques, devenu symbole central de l’alchimie daoïste. Il représente le corps du pratiquant, où se cuisent les Trois Trésors (Jīng, Qì, Shén) pour former l’Élixir (Dān). Dans le Nèidān, le Dǐng désigne à la fois l’espace intérieur de transmutation et le foyer énergétique central, souvent situé dans le bas-ventre.

 

DING (Dǐng) –

¦|||¦|  Hexagramme 50 – Le Chaudron. Chaudron sacré. Dǐng est le récipient alchimique, intérieur ou rituel, dans lequel se cuit l’élixir. Il symbolise la transformation des Trois Trésors dans le feu de la pratique.

 

DONG (DÒNG) –

Caverne. Dans le taoïsme, le terme dòng désigne à la fois les grottes naturelles sacrées, les lieux de retraite spirituelle et des niveaux symboliques de révélation. Les cavernes célestes sont des lieux invisibles ou semi-physiques où les textes révélés sont reçus par les adeptes inspirés. Dans le Dào Zàng (Canon taoïste), les ouvrages sont classés selon trois grandes cavernes (sāndòng 三洞) :

·         Dòngzhēn 洞真 : la Caverne de la Perfection authentique, liée à l’école Shangqing ;

·         Dòngxuán 洞玄 : la Caverne du Mystère profond, liée à l’école Lingbao ;

·         Dòngshén 洞神 : la Caverne du Divin, liée aux rituels de l’école Sanhuang et aux pratiques magico-religieuses.

La notion de dòng évoque également la caverne intérieure du cœur-esprit, refuge secret où l’immortel se retire pour méditer, se transformer, ou recevoir les instructions du ciel.

 

DONG JING (DÒNG JÌNG) – 動靜

Mouvement et quiétude. Principe fondamental taoïste qui unit l’action et l’immobilité, le yin et le yang, dans toute pratique énergétique.

 

DONG WANG GONG (Dōng Wáng Gōng) – 東王公

Roi-Père de l’Est. Divinité céleste majeure de la tradition daoïste, il règne sur les terres immortelles de l’Est, gardien des souffles naissants du printemps et des mystères de l’immortalité. Associé au Bois, au Dragon Vert (Qīng Lóng 青龍) et à l’éveil du yang, il est le contrepartie masculine de la Reine-Mère de l’Ouest (Xī Wáng Mǔ 西王母). Figure initiatique, il accorde les talismans célestes aux pratiquants accomplis et ouvre la voie vers la transmutation spirituelle. Il siège sur la montagne sacrée Tài Shān 泰山 ou parfois Penglai 蓬萊, selon les textes. Parfois appelé le Seigneur du Bois de Jade, il est gardien du registre des Immortels.

 

Double cultivation (shuāngxīu xìng mìng) - 雙修性命

[CD] Pratique conjointe de la culture de la nature (xìng) et du destin (mìng), fondement de l’alchimie interne.

 

DRAGON (Lóng) –

Symbole du Yáng céleste, gardien de l’Est et des souffles ascendants. Il incarne l’élan vital, la transformation et la puissance créatrice du Ciel. Associé au Foie, au Bois et au printemps, il est souvent vert ou azur (Qīng Lóng 青龍). En alchimie interne, il représente l’élévation du Qì, la circulation subtile, et le pouvoir de transmutation spirituelle.

 

DU MAI (Dū Mài) – 督脈

Vaisseau Gouverneur. Axe yáng du tronc, parcourant l’arrière du corps, de la base du coccyx au sommet du crâne. Il gouverne tous les méridiens yáng, soutient l’élévation du feu intérieur et la montée du souffle spirituel. Clé de l’orbite céleste dans les pratiques alchimiques.

 

DUI (Duì) –

Lac. Deux traits pleins au-dessus d’un trait brisé , symbolise la joie, l’ouverture, la douceur communicative. Fille cadette, évoque le plaisir, le discours et l’harmonie sociale. Le nom de son Shén est Yīshì qui signifie "Un Monde", "Un Cycle de vie" et évoque l’unicité de l’expérience vivante, ou un temps sacré. Bāshì, une variante textuelle, signifie « Huit Générations ». Ce Shén du Lac et de la Joie symbolise le retour vers l’intérieur avec douceur, la résonance émotionnelle harmonieuse et parfois la mémoire transgénérationnelle, selon la version Bāshì. Dans la pratique, Duì est lié au poumon, à la parole juste, à la joie en équilibre.

 

DUI (Duì) –

||¦||¦  Hexagramme 58 – Le Lac. Joie tranquille. Duì incarne la douceur du souffle régulé, l’ouverture par la parole juste et la communication fluide entre les plans. Dans le corps, c’est l’état de clarté joyeuse où le Shén rayonne librement.

 

DUN (Dùn) –

¦¦||||  Hexagramme 33 – La Retraite. Repli stratégique. Dùn est le mouvement de retrait conscient, où l’on protège la lumière intérieure. En alchimie, c’est l’étape où l’on cache le feu naissant, en attendant le moment propice à l’action.

 

Eau (Shuǐ) –

Élément de l’hiver, du repos, de la profondeur et de la gestation. Il correspond au Nord, à la couleur noire, aux Reins (Shèn ) et à la peur transformée en volonté (zhì ). Shuǐ descend, conserve, et porte la mémoire du Dào. Il est la base du jīng et la racine de la longévité.

 

Élixir (dān) -

[CD] Substrat alchimique raffiné à partir du jing, du qì et du shén. Dans le neidan, il devient jīndān, l’élixir d’or. Symbole de l’immortalité.

 

ER WU (Èr wù) - 二物

Les Deux Choses. Représentent le Qì et le Shén dans leur union alchimique ultime, ou encore le Xìng (Shén) et le Mìng (Qì) réunis dans l'immortalité intérieure.

 

Esprit (shén) -

[CD] Conscience spirituelle. Un des trois Trésors (sānbǎo). Peut être dispersé ou unifié. À raffiner pour retrouver l’esprit originel (yuánshén).

 

Essence (jīng) -

[CD] Substrat vital stocké dans les reins. À préserver, raffiner, transformer dans l’alchimie interne. Base du corps et de la vitalité.

 

Estomac (Wèi) –

Viscère de la Terre. Grand réceptacle du monde, il reçoit et prépare l’élaboration des souffles nutritifs. Associé au centre, il transforme le dense en subtil. C’est le chaudron digestif de l’alchimie corporelle.

 

Étoile Polaire (běijíxīng) - 北極星

[CD] Centre immobile autour duquel tournent les astres. Associée au trône céleste, à l’immortalité, au gouvernement cosmique dans les méditations Shangqing.

 

FA SHEN (fǎshēn) – 法身

Corps de Loi, ou corps de lumière. Terme emprunté au bouddhisme, désignant l’aspect absolu, immatériel et éternel d’un être éveillé. Dans le contexte daoïste, fǎshēn est réinterprété comme le corps subtil réalisé, issu du raffinement des essences (jīng, , shén) jusqu’à leur transmutation en lumière pure. Il représente l’état d’un immortel accompli, dégagé des limites du corps physique, capable de se manifester librement dans l’espace et le temps. Ce corps invisible, mais pleinement conscient, incarne l’union parfaite au Dào et la libération des cycles de transformation.

 

FA ZANG (Fǎzàng) – 法藏

« Trésor de la Loi ». Nom religieux porté par plusieurs maîtres, le plus célèbre étant le maître bouddhiste Huáyán 華嚴 du VIIe siècle, l’un des grands penseurs du Bouddhisme chinois. Le terme désigne aussi le corpus sacré de la Loi (Fǎ ), conservé comme trésor (Zàng ) dans les textes et le cœur du pratiquant. Dans les milieux syncrétiques daoïstes, Fǎzàng peut aussi désigner la réserve cosmique des enseignements véritables, ou les archives célestes du Dào, contenant les lois du monde et les voies de retour à l’Unité.

 

FAN BEN HUAN YUAN (fǎn běn huán yuán) – 返本還源

Revenir à la racine et retourner à la source. Expression centrale du vocabulaire daoïste, évoquant le retour à l’origine primordiale de l’être, avant toute différenciation. Fǎn signifie « revenir », Běn désigne la racine, l’origine ; Huán signifie « retourner », et Yuán la source, le jaillissement initial. Cette formule symbolise le processus de retour au Dào, par le dépouillement des conditionnements, le raffinement des souffles (Qì ) et la dissolution des attachements mentaux. Elle guide aussi bien la pratique spirituelle que l’alchimie interne, menant de l’état dispersé au centre unifié, de la manifestation à l’Unité invisible.

 

FAN DAO (fǎn dào) – 返道

Voie du retour au Dao. Expression essentielle du cheminement spirituel daoïste, fǎn dào signifie « revenir au Dào », c’est-à-dire retrouver l’origine, revenir à la source non manifestée après s’être dispersé dans le monde des formes et des désirs. Ce retour passe par un processus de dépouillement : purification du corps (shēn ), du souffle (qì ) et de l’esprit (shén ), jusqu’à l’unité silencieuse. Il s’accomplit à travers les principes de non-agir (wúwéi 無為), de retour au Vide (xū ), et de marche à rebours des énergies (nì xíng 逆行). Fǎn dào est à la fois cosmique (le monde retourne au Dào) et intérieur (l’être retourne à sa vraie nature). Il constitue le cœur de la pratique alchimique : transformer la dispersion en unité, et la forme en transparence.

 

FAN GUAN (fǎnguān) – 返觀

Contemplation retournée. Pratique fondamentale de l’alchimie intérieure daoïste, désignant l’acte de retourner le regard vers l’intérieur, c’est-à-dire d’observer non plus le monde extérieur, mais la source même de la perception. Fǎn () signifie « retourner », guān (), « contempler » ou « observer ». La fǎnguān est un mouvement de retournement du Shén () vers son origine dans le Vide. Elle permet de rassembler l’esprit, de purifier les pensées errantes, et d’ouvrir la voie au fǎnzhào (反照, Grand Retour lumineux). C’est une voie directe vers la dissolution de l’ego, la fusion du Shén et du , et la reconnexion avec le Dào. En méditation, elle se manifeste souvent par l’attention portée à la respiration, au cœur ou à la lumière intérieure. Elle est à la fois connaissance de soi, silence actif, et portail vers la non-dualité.

 

FAN LI (Fàn Lǐ) – 范蠡

Sage et stratège du royaume de Yuè () à la fin de la période des Printemps et Automnes (春秋時代, chūnqiū shídài). Figure légendaire de la sagesse pratique et du retrait éclairé, Fàn Lǐ est surtout connu pour avoir aidé le roi Gōujiàn 勾踐 à vaincre l’État de Wú, avant de se retirer volontairement du pouvoir une fois la victoire acquise. Prenant alors le nom de Tāo Zhū Gōng 陶朱公, il devient un marchand prospère et philanthrope, incarnant la souplesse du Dào, l’art de la stratégie et la liberté intérieure. Dans la tradition daoïste, Fàn Lǐ est vénéré comme un modèle d’équilibre entre engagement et détachement, de sagesse souple, et de connaissance des cycles du destin. Son parcours illustre l’idéal de celui qui, après avoir accompli sa tâche dans le monde, s’efface spontanément pour vivre en accord avec la Voie.

 

 

FAN ZHAO (fǎnzhào) – 反照

Grand Retour. Terme clef de l’alchimie interne daoïste désignant le processus de retournement de la lumière de la conscience vers sa source. Fǎn () signifie « retour », « inversion » ; zhào () signifie « illuminer », « refléter ». Ensemble, ils expriment le mouvement par lequel l’attention cesse de se disperser vers l’extérieur et se tourne vers l’intérieur. Ce retournement de la lumière spirituelle permet de rassembler le Shén (), de raffiner le (), et de réintégrer le Centre. Il est souvent associé à la pratique de l’« observation à rebours » (nìshì 逆視) ou de la « contemplation retournée » (fǎnguān 返觀), qui mène à la dissolution des illusions et à l’émergence de la clarté originelle. Le Fǎnzhào est ainsi l’un des fondements de la transmutation intérieure : revenir à la racine lumineuse du Shén, traverser l’obscurité du Yīn et retrouver l’Unité du Dào.

 

 

FEI (Fèi) –

Poumon. Organe du Métal et de l’Ouest. Il reçoit le souffle céleste et gouverne la respiration. Il abrite le pò (), les âmes corporelles, et harmonise la peau et les poils. Porte du ciel antérieur, il est le messager des mutations saisonnières et de la pureté du souffle.

 

FEI DU (Fēi Dú) – 非毒

Poison Fulgurant, ou Venin Volant. Cinquième des sept Pò (), associé à l’impulsivité toxique, aux éruptions émotionnelles et aux poisons internes issus de la peur, de la jalousie ou du ressentiment. Fēi () signifie « voler » ou « non conforme », Dú () désigne le poison, le venin, la substance corruptrice. Fēi Dú incarne le Pò du poison mental et émotionnel, celui qui contamine l’organisme et l’âme par les attachements destructeurs et les désirs non digérés. C’est une force instable, rapide, fuyante, qui ronge de l’intérieur. Dans la pratique daoïste, il est transformé par la clarté du souffle, la rétention consciente, et la montée du feu alchimique. En le purifiant, le pratiquant neutralise les poisons intérieurs (五毒 wǔ dú) et rétablit la transparence du corps-esprit, permettant au Qì de circuler librement.

 

FEN SHEN (FĒN SHĒN) – 焚身

Brûlage du corps. Terme symbolique ou rituel désignant la dissolution du corps physique dans l’acte d'immortalisation ou de transcendance.

 

FENG (Fēng) –

|¦||¦¦  Hexagramme 55 – L’Abondance. Expansion du feu. Fēng représente l’éclat du cœur, la lumière rayonnante du Shén. Moment d’épanouissement énergétique, où la Voie demande vigilance dans la prospérité intérieure.

 

FENG BO (Fēngbó) – 風伯

Seigneur du Vent. Divinité céleste régissant les vents dans la cosmologie traditionnelle chinoise. Fēngbó contrôle le souffle atmosphérique, messager du Ciel et véhicule du dans l’univers. Dans le Daoïsme, il est à la fois force naturelle et entité spirituelle pouvant être invoquée pour harmoniser les souffles internes et externes. Il incarne la mobilité, la transformation et la diffusion. En alchimie interne, le vent est une image des pensées errantes mais aussi du souffle subtil, que le pratiquant apprend à diriger avec justesse dans les canaux énergétiques.

 

FENG DU (Fèng Dū) – 豐都

Capitale des Morts. Cité mythique située sur les rives du fleuve Yangzi, considérée comme le royaume des esprits dans la cosmologie daoïste et populaire. Fèngdū est le lieu du jugement des âmes, gouverné par les dix Rois des Enfers (Shí Diàn Yánwáng 十殿閻王). S’y croisent les figures du Daoïsme religieux, du Bouddhisme ésotérique et du folklore funéraire. La ville réelle, aujourd’hui partiellement engloutie, abrite toujours un temple taoïste, des statues spectaculaires et des représentations du passage vers l’au-delà. Fèngdū incarne la géographie invisible de la mort et la nécessité du raffinement posthume de l’âme.

 

FENG HUANG (Fèng Huáng) – 鳳凰

Phénix chinois, oiseau mythique symbolisant l’harmonie cosmique entre le Yáng ( Fèng, oiseau mâle) et le Yīn ( Huáng, oiseau femelle). Contrairement au phénix occidental associé au feu et à la résurrection, le Fèng Huáng est un couple indissociable représentant la paix, la vertu, et la royauté céleste. Il apparaît lorsque règne une paix parfaite sous un souverain sage, et se retire à l’annonce du chaos. Dans la cosmologie daoïste, le Fèng Huáng est associé au Sud (feu), à l’été, et à l’élément du Cœur. Il forme l’un des quatre animaux sacrés (四靈 Sì Líng) aux côtés du Dragon Azur (Qīng Lóng 青龍), du Tigre Blanc (Bái Hǔ 白虎) et de la Tortue Noire (Xuán Wǔ 玄武). Le phénix danse au-dessus du Palais du Cœur (心宮), comme emblème du raffinement ultime de la vertu ( Dé) et de la transmutation spirituelle.

 

FENG YI (Féng Yí) – 馮夷

Divinité du Fleuve, aussi appelé le Dieu des Eaux du fleuve Jaune. Dans la tradition chinoise et daoïste, Féng Yí est une entité aquatique puissante, parfois identifiée à un ancien roi ou guerrier transformé en esprit du fleuve. Il règne sur les eaux tourbillonnantes, les crues et les forces indomptées du courant vital. Dans les rituels daoïstes, Féng Yí peut être invoqué pour maîtriser les esprits aquatiques, apaiser les tempêtes intérieures et extérieures, ou favoriser l’harmonisation du liquide dans le corps. Il symbolise le pouvoir du Yīn fluide, profond et potentiellement destructeur ou régénérateur, selon la voie suivie par le pratiquant.

 

Feu (Huǒ) –

Élément de l’été, du rayonnement, de la lumière et de la chaleur. Il correspond au Sud, à la couleur rouge, au Cœur (Xīn ) et à la joie lumineuse. Huǒ consume, éclaire, mais doit être maîtrisé pour ne pas brûler. Il raffine l’esprit (shén ) et fait mûrir l’élixir.

 

Feu civil (wénhuǒ) - 文火

[CD] Feu doux, régulier et constant dans l’alchimie interne. Représente la régulation subtile du souffle par la concentration calme.

 

Feu martial (wǔhuǒ) - 武火

[CD] Feu intense, utilisé dans certaines phases de transformation énergétique. Associé à des pratiques plus dynamiques ou corporelles.

 

Foie (Gān) –

Organe du Bois et de l’Est. Il abrite l’âme Hùn (), impulse l’élan vital, régule la circulation du Qì et gouverne les tendons. Il ouvre les yeux à la vision intérieure et au rêve. Symbole du renouveau printanier, il est le général de l’action dans la stratégie de la Voie.

 

Forger le Ciel antérieur (zào xiān tiān) - 造先天

[CD] Recréer le souffle pur d’avant la naissance par des pratiques méditatives et alchimiques. Objectif du Nèidān : revenir à l’origine non différenciée.

 

FU (Fù) –

|¦¦¦¦¦ Hexagramme 24 – Le Retour. Retour cyclique du souffle à la source. Symbole de renaissance intérieure, de reprise du mouvement après la nuit. Dans l’alchimie interne, Fù marque le retour du feu vrai à son origine.

 

FU LU (Fú lù) - 符錄

Talismans et registres. Techniques d’exorcisme utilisant des talismans tracés pour se protéger ou chasser les influences néfastes.

 

FU SHI (Fú Shǐ) – 伏矢

Cadavre Enfoui. Troisième des sept Pò (), âmes corporelles obscures enracinées dans les pulsions de conservation et la mémoire charnelle. Fú () signifie « enfoui, couché, tapi » ; Shǐ () peut désigner une flèche, mais ici dans sa lecture ésotérique, il renvoie au cadavre logé en nous, image de la décomposition latente et du poids du corps périssable.
Fú Shǐ est le Pò de l’inertie, de la pesanteur, de la matière non purifiée. Il contient l’attachement au corps comme entité autonome, l’oubli du souffle, et la peur viscérale de la dissolution. Dans l’alchimie interne, il est le gardien du tombeau intérieur — ce que l’on doit réveiller pour que le corps cesse d’être un cercueil. Travaillé avec respect, Fú Shǐ peut devenir une base d’enracinement stable, servant de socle à la transmutation du corps en véhicule du Dào.

 

FU TU (Fǔ tǔ) – 釜土

Fourneau de la Terre. Désignation poétique et alchimique du Champ de Cinabre médian (中丹田 Zhōng Dāntián), situé dans la région de la rate et du plexus solaire. Fǔ () évoque le chaudron, récipient où se mijote la transmutation, tandis que Tǔ () désigne l’élément Terre, associé à la centralité, à la stabilité et à la transformation. Ce "fourneau terrestre" est le lieu où le souffle nutritif (營氣 yíng qì) et le souffle défensif (衛氣 wèi qì) se combinent, et où l’on distille l’Élixir intérieur à partir de l’essence extraite du ciel antérieur et postérieur. Dans la pratique, Fǔ Tǔ est le laboratoire central du raffinement des émotions et de la régulation des cinq éléments internes. Il représente l'équilibre dynamique entre l’aspiration spirituelle du cœur (Feu) et la stabilité corporelle de la rate (Terre).

 

FU QI (FÙ QÌ) – 服氣

Ingestion du Qì. Action d’absorber l’énergie cosmique par la respiration, la salivation ou l’intention, dans les pratiques de longévité.

 

FU XI (Fú Xī) – 伏羲

Souverain civilisateur. Premier des Trois Augustes (sān huáng 三皇), il est crédité de l’invention des huit trigrammes (bā guà 八卦), des filets de pêche et de l’union matrimoniale. Incarnation de l’intelligence cosmique et de l’harmonie primordiale.

 

FU XING (Fǔ Xīng) – 輔星

Étoile de l’Assistance. Huitième étoile du système des Neuf Étoiles (九星 Jiǔ Xīng), elle accompagne la Grande Ourse comme étoile auxiliaire (). Symbole de soutien céleste, de guidance spirituelle et d’aide invisible, Fǔ Xīng agit comme le conseiller fidèle du Ciel, apportant protection, clarté de décision et force morale dans les moments de transition. Dans l’alchimie interne, elle est associée au soutien des forces bienveillantes intérieures, à la stabilisation du Shen (), et à la juste orientation dans la Voie. Elle est souvent invoquée conjointement avec Bì Xīng pour parfaire l’harmonisation des influences célestes.

 

FU SANG (Fú Sāng) – 扶桑

Mûrier cosmique. Arbre mythique situé à l’extrême Orient, Fúsāng est le porteur du Soleil, auprès duquel il se lève chaque jour avant de parcourir le ciel. Symbole de renouveau, de naissance lumineuse et d’éveil du yang, il marque le commencement du cycle cosmique. Dans les récits anciens, notamment du Shān Hǎi Jīng 山海經, dix soleils résidaient dans ses branches, montés tour à tour sur un char céleste conduit par l’oiseau soleil (金烏 jīn wū). Le Fúsāng représente ainsi l’arbre de l’aube, l’axe de l’Est, et la porte du temps. Il est parfois associé au royaume oriental des immortels, à la quête de Pénglái, et au printemps éternel dans la cosmologie daoïste. Il figure l’arbre de vie yang, en miroir du Kūnlún, axe yin de l’Ouest.

 

GAN (Gān) –

Foie. Organe du Bois et de l’Est. Il abrite l’âme Hùn (), impulse l’élan vital, régule la circulation du Qì et gouverne les tendons. Il ouvre les yeux à la vision intérieure et au rêve. Symbole du renouveau printanier, il est le général de l’action dans la stratégie de la Voie.

 

GAO HUANG (Gāo Huāng) – 膏肓

Zone entre le Cœur et le diaphragme, considérée comme refuge du souffle essentiel et lieu d’accès difficile pour les remèdes. Dans la tradition daoïste, elle devient un point subtil du corps alchimique, associé à la condensation du souffle et à la production de l’élixir interne. Aussi métaphore de l’inaccessible ou du mal incurable dans la médecine classique.

 

GAO HUANG ZHI JI (Gāo Huāng zhī jí) – 膏肓之疾

Mal du Gāo Huāng. Expression désignant une maladie incurable, enracinée si profondément dans le corps qu’aucun remède ne peut l’atteindre. Dans le langage symbolique, elle évoque une souffrance spirituelle ou karmique logée dans le centre invisible entre Cœur et souffle, souvent liée à un déséquilibre fondamental de l’être.

 

Garder l’unité (shǒuyī) - 守一

[CD] Se concentrer sur l’Un (le Dao, le souffle, la lumière) pour unifier l’esprit et éviter la dispersion mentale. Pratique centrale dans le taoïsme.

 

GE (Gé) –

|¦|||¦  Hexagramme 49 – La Révolution. Mue intérieure. Gé signifie changer de peau, transformer en profondeur. En voie interne, cela évoque le passage d’un état énergétique à un autre, la rupture féconde précédant l’éveil ou la transmutation.

 

GE HONG (Gě Hóng) – 葛洪

Maître daoïste du IVe siècle, médecin, alchimiste et lettré. Auteur du Baò Pǔ Zǐ 抱朴子 (« Le Maître qui embrasse la Simplicité »), ouvrage majeur de l’alchimie externe (wàidān 外丹), mêlant quête d’immortalité, éthique confucéenne, et pratiques ésotériques. Il joue un rôle clé dans la systématisation de la tradition alchimique, intégrant médecine, diététique, rituels et cosmologie. Il est parfois vénéré comme immortel (xiān ) dans les écoles postérieures.

 

GEN (Gèn) –

Montagne. Trait plein au-dessus de deux traits brisés , image de l’arrêt, de la stabilité, du repos. Fils cadet, il incarne la retenue, la protection, l’intériorisation. Le dieu de Gèn se nomme Zhàoguāng Yù, qui signifie lumière éclatante, rayonnement lumineux et Yù jade, pureté, valeur. Ce nom suggère un Shén de la montagne qui éclaire par sa stabilité, symbole de la lumière du Shén qui jaillit dans l’arrêt intérieur, pureté du cœur cristallisé comme le jade.

 

GEN (Gèn) –

¦¦|¦¦|  Hexagramme 52 – La Montagne. Repos et immobilité. Gèn enseigne la stabilité par l’arrêt, la pause régénérante. En alchimie, c’est le calme intérieur qui permet la descente du feu dans le bassin sans le dissiper.

 

GENG (Gēng) –

Septième tronc céleste. Métal Yáng. Coupe, décision, rigueur. Tranchant purificateur du Qì, volonté ferme tournée vers l’essentiel.

 

GONG DE (Gōng dé) - 功德

Mérite spirituel. Résultat accumulé par la pratique juste, les actes vertueux et la cultivation, dans une optique karmique taoïste.

 

GONG FU (Gōng fū) - 功夫

Travail accompli avec effort et temps. Dans le taoïsme, désigne la maîtrise acquise à travers la pratique assidue de la méditation, du souffle ou de l’alchimie.

 

GONG (Gǒng) -

Mercure. Élément fondamental de l’alchimie externe (Wàidān), associé au Yīn volatil, à la fluidité, à l’esprit mobile. Symbole de l’esprit-vapeur (Shénqì 神氣) dans les pratiques internes, Gǒng représente aussi la transformation, l’ambiguïté et l’union des opposés. En Nèidān, il devient image du Souffle éveillé, capable d’unir et de traverser les plans.

 

GOU (Gòu) –

¦|||||  Hexagramme 44 – Rencontrer. Rencontre soudaine. Gòu évoque une apparition imprévue : d’un être, d’une force, d’un obstacle. Dans la Voie, c’est l’irruption d’un souffle du dehors, qu’il faut reconnaître, intégrer ou écarter sans s’y attacher.

 

GOU CHEN (Gōuchén) – 勾陳

Chenille Enroulée ou Rempart Courbe. Constellation protectrice associée au Centre et à la Terre dans la cosmologie daoïste. Gōuchén est le gardien du territoire impérial, maître des limites, des fortifications invisibles et de la stabilité du royaume. Sur le plan corporel et alchimique, elle symbolise la mise en ordre intérieure, la consolidation du Dāntián et le contrôle des influences externes. Elle est parfois identifiée à l’énergie de la Rate, centre de la transformation et de l’équilibre dans le cycle des éléments.

 

Gros Intestin (Dàcháng) – 大腸

Viscère du Métal. Il élimine l’impur et suit la voie du lâcher-prise. Associé au Poumon, il reflète la loi du retour et la capacité à se défaire du superflu. Il est le canal de la dissolution du vieux pour accueillir le neuf.

 

GU (Gǔ) –

¦||¦¦|  Hexagramme 18 – Remédier. Corruption à transformer. Gǔ pointe les désordres héréditaires ou karmiques, les stagnations à purifier. Il évoque la transformation des poisons en remèdes, étape essentielle du Nèidān.

 

GUA (guà) –

Hexagramme. Guà est la structure symbolique binaire (yin-yang) du Yì Jīng, utilisée pour décrire les mutations du Ciel et de la Terre. Chaque guà est une configuration d’énergie, reflet d’un état du Dào dans la manifestation.
En relation avec Zhào
, le guà est ce que révèle le présage, la structure intelligible du réel, que l’on observe pour agir en accord avec le souffle cosmique. Il est à la fois outil de divination et support d’alchimie méditative.

 

GUA YU (GUĀ YÙ) – 寡欲

Réduction des désirs. Attitude fondamentale pour pacifier le cœur-esprit (xīn) et concentrer l’énergie dans les pratiques internes.

 

GUAI (Guài) –

|||||¦  Hexagramme 43 – La Percée. Décision tranchée. Guài symbolise l’acte de mettre fin à une confusion, de faire jaillir la lumière intérieure. En alchimie, c’est une percée du Shén à travers les voiles du Pò, un feu de libération.

 

GUAN (Guān) -

Contempler, percevoir. Terme clef de la méditation taoïste (ex. guān xīn : observer son cœur) ; implique attention claire et vision intérieure.

 

GUAN (Guān) –

¦¦¦¦||  Hexagramme 20 – La Contemplation. Vision intérieure. Guān désigne l’observation lucide, la perception du monde et de soi sans jugement. En alchimie, c’est l’éveil du regard spirituel, condition du retour à l’Unité.

 

GUAN QIAO (Guān qiào) - 關竅

Points de passage. Fait référence aux lieux-clés du corps énergétique, notamment les portes ou barrières dans la circulation du qì.

 

GUAN ZHAO (Guān zhào) - 觀照

Contemplation éclairée. Perception directe et lucide de la réalité intérieure ; utilisée dans la méditation pour voir la nature propre (« xìng »).

 

GUANG (Guāng) –

Lumière. Principe fondamental de l’émanation, symbole du Shén, de la révélation, de la pureté et de l’ascension. Guāng est à la fois rayonnement et conscience, visible ou invisible, lié à la transmutation du souffle raffiné. Dans le corps alchimique, il est la lumière condensée du vide éveillé.

 

GUANG HUA HONG JIE (Guāng Huà Hóng Jiě) – 光化虹解

Dissolution du corps dans une lumière arc-en-ciel. Terme rare, d’inspiration tantrique et alchimique, décrivant l’état ultime où le corps physique raffiné se dissout en lumière (Guāng Huà 光化) et se libère sous forme d’arc-en-ciel (Hóng Jiě 虹解). Symbole de la réalisation parfaite du corps de lumière (Jīnshēn 金身), cette transformation finale indique que l’être, ayant achevé la Voie, ne laisse ni cadavre, ni trace matérielle : il se résorbe dans la clarté du Vide. Dans certaines traditions daoïstes influencées par le bouddhisme ésotérique (notamment au Tibet ou au Yúnnán), Guāng Huà Hóng Jiě représente le retour lumineux de l’immortel au Dào, à travers la fusion complète des souffles subtils avec la lumière primordiale.

 

Guerrier obscur (xuánwǔ) - 玄武

[CD] Animal mythique du Nord, tortue-serpent, associé à l’eau, au yin, à l’hiver et à la transformation intérieure. Protecteur dans les rituels taoïstes.

 

GUI (Guǐ) –

Dixième tronc céleste. Eau Yīn. Source secrète, eau cachée. Lié à l’invisible, au mystère, à l’élixir intérieur en gestation.

 

GUI (Guǐ) -

Fantôme, esprit désincarné. Dans le taoïsme, désigne un esprit errant lié à un décès non pacifié ou à des influences yin non transformées.

 

GUI GEN FU MING (Guī gēn fù mìng) - 歸根復命

Retour à la racine et au destin. Expression de l’alchimie interne pour désigner le retour à l’origine vitale (jīng) via la respiration dans le dāntián.

 

GUI MEI (Guī Mèi) – 歸妹

||¦|¦¦  Hexagramme 54 – L’Épousée. Union nouvelle, souvent instable. Guī Mèi évoque l’intégration d’une force étrangère, ou l’union des contraires en tension. En alchimie, c’est une phase de conjugaison intérieure incomplète.

 

GUI RU (GUĪ RǓ) – 歸柔

Apprécier la souplesse. Attitude d’adaptation, de douceur et de flexibilité, valorisée dans la pratique du Dao.

 

GUI XIAN (Guǐ xiān) - 鬼仙

Immortel fantôme. Être spirituel non pleinement réalisé, intermédiaire entre le fantôme (guǐ) et l’immortel (xiān).

 

HAI (Hài) –

Cochon. Eau Yīn. Fin du cycle, sommeil profond. Geste de dissolution qui prépare une renaissance.

 

HAN MING (Hán Míng) – 含明

« Porteur de Clarté ». Nom social (zì ) de la divinité Lóng Yān 龍煙, résidant dans le Foie (Gān ). Hán () signifie contenir, envelopper, tandis que Míng () désigne la clarté, la lumière consciente. Ce nom évoque la lumière latente, la vision intérieure abritée dans les profondeurs du Foie, organe du mouvement, des rêves et de l’élan vital. Hán Míng incarne la lucidité contenue dans l’impulsion, la clarté nourrie dans l’obscur, clef du jaillissement harmonieux du Qì vers la Voie.

 

HAN XIANG ZI (Hán Xiāng Zǐ) – 韓湘子

Flûtiste transcendant. Neveu de Han Yu, poète et musicien, il symbolise la joie spirituelle, la culture du souffle par l’art. Sa flûte charme les êtres et harmonise les esprits.

 

HAN ZHONG (Hán Zhòng) – 韓眾

Immortel des temps anciens. Figure légendaire mentionnée dans les traditions daoïstes comme l’un des premiers adeptes ayant atteint la longévité transcendante. Hán Zhòng serait un lettré ou officier retiré, ayant abandonné les affaires du monde pour se consacrer à la Voie. Dans les récits hagiographiques, il est souvent décrit comme ayant reçu un enseignement céleste, ou comme ayant pratiqué l’alchimie interne (nèidān 內丹) et le jeûne sacré (bìgǔ 辟穀), jusqu’à obtenir une transformation du corps et de l’esprit. Il fait parfois partie des « Immortels supérieurs » (shàngxiān 上仙) ou des modèles de zhēnrén (真人), « hommes réalisés ». Hán Zhòng incarne la quête solitaire, rigoureuse et silencieuse de l’union au Dào, et la possibilité d’un affranchissement des cycles de la vie et de la mort par la transmutation intérieure.

 

HAO HUA (Hào Huá) – 皓華

« Splendeur Pure ». Divinité résidente du Poumon (Fèi ), associée à l’élément Métal et à la direction de l’Ouest. Hào () évoque la blancheur éclatante, la pureté lumineuse ; Huá () renvoie à la brillance florissante et à la radiance intérieure. Hào Huá incarne la clarté du souffle et la transparence de l’esprit, veillant à l’harmonisation entre respiration, rythme saisonnier et dissolution du superflu. Elle préside à la voie du lâcher-prise, au raffinement du Qì et à la lumière du Métal intérieur.

 

HAO RAN ZHENG QI (Hàorán Zhèng Qì) – 浩然正氣

Cultivation de la vertu et de l’énergie juste. Expression désignant un souffle droit, vaste et incorruptible, émanant de la rectitude intérieure et de la pureté morale. Hàorán (浩然) signifie « grand, majestueux, infini » ; Zhèng Qì (正氣) désigne le souffle correct, en harmonie avec le Ciel (Tiān ) et les lois naturelles du Dào. Issu du vocabulaire confucéen (Mèngzǐ), ce terme est repris dans certaines traditions daoïstes pour décrire la force morale, lumineuse et protectrice que cultive le pratiquant. Il s’oppose aux souffles pervers (Xié Qì 邪氣) et soutient la longévité, la clarté du cœur et la résistance spirituelle. C’est aussi un souffle de protection dans les pratiques internes.

 

Harmoniser le souffle (tiáoqì) - 調氣

[CD] Réguler le souffle en méditation : le rendre fin, long, paisible. Condition préalable à la respiration embryonnaire et à la transformation du qi.

 

HE (HĒ) –

Son du Cœur. Vocalisé pour calmer l’excitation mentale, apaiser le Feu du Cœur et équilibrer les émotions. Le regard est dirigé vers le bas à gauche, l’esprit centré.

 

HE CHE BAN YUN (Hé chē bān yùn) - 河車搬運

Transport par le Chariot céleste. Pratique avancée de la Petite Circulation (Xiao Zhou Tian), qui fait monter le souffle vital à travers Du Mai (vaisseau gouverneur).

 

HE DAO (Hé dào) - 合道

Union avec le Dao. État de fusion ultime entre l’être et la Voie, réalisé par la cultivation intérieure et la dissolution du moi séparé.

 

HE GUANG TONG CHEN (HÉ GUĀNG TÓNG CHÉN) – 和光同塵

S’unir à la lumière et se mêler à la poussière. Formule taoïste désignant l’attitude d’humilité et de fusion avec le monde ordinaire, sans se distinguer extérieurement.

 

HE HUA (HÈ HUÁ) – 鶴華

Fleur de grue. Métaphore poétique pour désigner le mercure alchimique raffiné, comparé à la grâce et à la légèreté d’une grue céleste. Il évoque aussi la pureté subtile de l’élixir obtenu dans les pratiques avancées.

 

HE TU (Hé Tú) – 河圖

Diagramme du Fleuve Jaune. Schéma cosmologique légendaire révélé par un dragon-cheval sortant du fleuve Hé (黃河). Il illustre les relations numériques entre Yīn-Yáng, Wǔ Xíng (五行) et directions cardinales, fondant la structure du temps cyclique et du monde ordonné. Le Hé Tú est souvent associé au Luò Shū (洛書) ; ensemble, ils forment la base des arts ésotériques : Yi Jing, feng shui, astrologie et alchimie interne. Il symbolise le plan primordial du cosmos dans son jaillissement harmonieux.

 

HE XIAN GU (Hé Xiān Gǔ) – 何仙姑

Immortelle à la fleur de lotus. Seule femme du groupe, elle incarne la pureté, l’intuition et la compassion. Son lotus symbolise l’union du yin raffiné et de l’esprit lumineux.

 

HENG (Héng) –

¦|||¦¦  Hexagramme 32 – La Durée. Persévérance dans la voie juste. Évoque la continuité des cycles internes, la régularité dans la pratique. Héng incarne le souffle stable qui soutient la transmutation du corps subtil.

 

HENG SHAN (Héngshān) – 恒山

Montagne sacrée du Nord, l’une des cinq montagnes sacrées (五嶽 Wǔ Yuè). Associée à l’Eau, au Yīn, à la longévité et à la profondeur. Elle incarne la stabilité intérieure, le repli fécond et la concentration de l’énergie vitale dans les profondeurs du corps et de l’esprit. Haut lieu du Dào, elle est aussi liée aux pratiques d’alchimie interne visant à nourrir le Jīng et préserver la vie.

 

HONG SHEN (HÓNG SHÉN) – 紅神

Esprit rouge. Forme évoluée du shén éveillé par le feu intérieur. Il apparaît dans les stades avancés de la pratique comme manifestation visible de l’esprit transformé.

 

HOU TIAN (Hòu tiān) - 後天

Ciel postérieur. Domaine de l’existence manifestée après la naissance ; opposé à Xiān Tiān (Ciel antérieur), il désigne le monde phénoménal, les émotions, les souffles acquis.

 

HU (HŪ) –

Son de la Rate. Émis pour dissiper la rumination, harmoniser l’élément Terre et tonifier la Rate. L’attention est placée dans le centre (dāntián médian).

 

HU (Hǔ) –

Tigre. Incarnation du Yīn terrestre et du pouvoir protecteur. Il veille sur les fondations du corps et canalise les forces obscures vers la lumière. Compagnon du dragon dans la pratique alchimique, il participe à l’équilibre dynamique entre ciel et terre.

 

HUA CHI (Huā Chí) – 花池

Étang Fleuri. Désignation poétique et symbolique d’une zone énergétique située dans la bouche, autour de la langue, souvent identifiée dans l’alchimie daoïste avec les glandes salivaires et les points subtils activés lors des pratiques de transmutation. Huā () signifie « fleur », image de l’éclosion du souffle subtil ; Chí () désigne « l’étang », le réceptacle. Huā Chí est ainsi le bassin de condensation de l’élixir liquide, parfois appelé « eau céleste » (天水 tiān shuǐ) – salive alchimique produite par la stimulation du palais, du claquement de dents et des mouvements de la langue.
Dans la pratique, c’est le lieu où les saveurs raffinées du Qì se rassemblent avant d’être avalées et dirigées vers le Champ de Cinabre inférieur. L’Étang Fleuri est la porte interne du nectar de longévité, miroir du Lotus du Cœur dans le haut palais.

 

HUA GAI (Huàgài) – 華蓋 / 华盖

Canopée Fleurie. Terme céleste et corporel désignant le dôme protecteur au-dessus du Cœur ou du sommet de la tête. Dans les textes daoïstes, Huàgài est la voûte lumineuse qui couvre l’esprit, tel un parasol sacré. Il symbolise la dignité spirituelle, la protection céleste et parfois la barrière à franchir pour libérer le Shén. Dans le corps, il correspond à une zone au-dessus du cœur ou au sommet du crâne (Níwán).

 

HUAI NAN ZI (Huái Nán Zǐ) - 淮南子

Classique du Huainan. Texte philosophique taoïste du IIᵉ siècle av. J.-C., rédigé sous les Han. Il présente une cosmologie complexe et une synthèse des écoles.

 

HUAN (Huàn) –

¦|¦¦||  Hexagramme 59 – La Dispersion. Dissolution des nœuds. Huàn évoque la libération des tensions, la fluidification des stagnations. En alchimie, c’est une évaporation du souffle trouble, un retour à la clarté mobile.

 

HUAN JING BU NAO (Huán jīng bǔ nǎo) - 還精補腦

Retourner le Jing pour nourrir le cerveau. Pratique d’alchimie interne où l’on fait remonter l’essence raffinée vers le cerveau pour éveiller l’esprit et renforcer la vitalité.

 

HUANG (HUÁNG) – 硃砂 / 硃汞

Soufre. Dans l’alchimie interne, le soufre incarne le principe yang, stable, igné, solaire, actif. Il correspond à la chaleur transformatrice, à l’intention (yì ), à l’esprit focalisé, et à l’énergie du cœur. Le soufre est celui qui fixe et anime le mercure pour produire le jīndān (金丹). On le retrouve sous les noms codés suivants : Huǒ jīng 火精, Yáng jīn 陽金, Chì shí 赤石, Chì jīng 赤精, Yáng shén 陽神, Chì yáng 赤陽, Hóng shén 紅神.

 

HUANG DI (Huáng Dì) – 黃帝

Empereur Jaune. Archétype du sage souverain et fondateur de la médecine classique daoïste (Huángdì Nèijīng). Il incarne la connaissance du corps, du souffle et du cosmos, et régna selon la Voie (Dào ). Protecteur des arts, de l’ordre céleste et du raffinement intérieur.

 

HUANG DI NEI JING (Huáng Dì Nèi Jīng) – 黃帝內經

Classique interne de l’Empereur Jaune. Texte fondamental de la médecine chinoise ancienne, attribué mythiquement à Huáng Dì 黃帝. Composé de deux parties : le Sù Wèn 素問 (Questions simples) et le Líng Shū 靈樞 (Pivot spirituel), il expose la vision médicale holistique : Qì, méridiens, organes, Yīn-Yáng, cinq éléments, rythme saisonnier, esprit (Shén) et prévention. Le Nèi Jīng relie médecine, cosmologie et pratique de la Voie, faisant de la santé un chemin d’harmonisation avec le Dào.

 

HUANG DI WAI JING (Huáng Dì Wài Jīng) – 黃帝外經

Classique externe de l’Empereur Jaune. Ouvrage perdu ou légendaire, mentionné dans certaines sources anciennes comme un complément au Huáng Dì Nèi Jīng. Il aurait traité d’aspects plus techniques, concrets ou ésotériques : pratiques médicales extérieures, gymnastiques, rites, ou alchimie. Certaines écoles pensent qu’il englobait des savoirs liés à la médecine énergétique, au Qì Gōng ou aux arts de longévité. Il n’existe pas de version canonique préservée, mais l’idée d’un Wài Jīng reflète la richesse supposée du corpus originel lié à l’Empereur Jaune.

 

HUANG HOU (Huánghòu) – 皇后

Impératrice céleste. Titre donné à la parèdre du Souverain céleste (Tiāndì 天帝) dans le panthéon daoïste. Elle représente le Yīn souverain, matrice de compassion, d’ordre et de fertilité céleste. Dans certaines traditions, elle est associée à la Reine Mère de l’Ouest (Xīwángmǔ 西王母) ou à d’autres grandes déesses célestes. Sur le plan alchimique, elle incarne la réceptivité lumineuse, l’âme céleste féconde et l’aspect intériorisé du pouvoir spirituel, présidant à la gestation de l’élixir dans le creuset du cœur.

 

HUANG JING (Huángjīng) – 黃精

Essence Jaune. Plante médicinale et alchimique majeure, réputée pour ses vertus tonifiantes et sa capacité à prolonger la vie. Identifiée au Sceau-de-Salomon de Sibérie Polygonatum sibiricum (ou Polygonatum multiflorum), elle nourrit le Jīng (, essence vitale), renforce la rate, le rein et le poumon, et soutient les pratiques de longue vie. Dans la symbolique daoïste, Huángjīng est aussi un nom de code pour l’élixir intérieur raffiné, issu de la transmutation du et du Shén. Sa couleur jaune la relie à la Terre et au Centre, lieu de stabilisation et de gestation alchimique.

 

HUANG LAO (Huáng Lǎo) - 黃老

École de Huang-Lao. Courant politique et spirituel Han ancien qui unit les enseignements de Laozi et de l’Empereur Jaune (Huangdi).

 

HUANG PO (Huángpó) – 黃婆

L’Entremetteuse Jaune. Figure symbolique de l’alchimie interne daoïste, Huángpó est la personnification de la sécrétion résiduelle de la Rate, fluide nutritif profond parfois appelé liquide terrestre ou lait jaune, produit dans les zones obscures du corps. Huáng () désigne la couleur jaune, associée à la Terre, à la Rate et au Centre. Pó (), littéralement « vieille femme » ou « nourrice », renvoie ici à une présence féminine médiatrice. En tant qu’entremetteuse, Huángpó joue un rôle central dans la rencontre et l’union des principes opposés, souvent entre l’eau véritable du Rein (la jeune fille, Chānǚ 娼女) et le feu véritable du Cœur (le jeune homme, parfois désigné comme Jūnzǐ 君子). Elle représente la fonction centrale de la Rate, qui extrait, transforme, et distribue l’essence des aliments (le Jīng des céréales) dans le noir profond du ventre, servant d’intermédiaire entre l’Essence (Jīng), le Souffle (Qì) et l’Esprit (Shén). Huángpó veille ainsi à la gestation de l’embryon sacré (shèngtāi 聖胎) dans le creuset inférieur (Dāntián). Dans la pratique alchimique, reconnaître la fonction de Huángpó, c’est honorer le rôle invisible mais essentiel du Centre (la Terre), qui nourrit, soutient et harmonise l’union des souffles opposés.

 

HUANG SHANG ZI (Huángshángzǐ) – 黃裳子

Maître à la Robe Jaune. Figure légendaire ou immortel taoïste vêtu de la robe jaune, couleur impériale et centrale liée à la Terre, au Centre et à l'équilibre cosmique. Le nom Huángshángzǐ évoque un adepte réalisé, maître de la Voie du Centre (Zhōng Dào 中道), alliant sagesse intérieure et souveraineté spirituelle. Il est parfois mentionné dans les textes mystiques comme guide ou révélateur des secrets du Dào, notamment dans les traditions ésotériques où le vêtement symbolise l’état intérieur du pratiquant. Sa robe jaune est le signe d’une purification alchimique aboutie, reflet d’un être uni à la Clarté centrale.

 

HUANG TING (Huáng tíng) - 黃庭

Cour Jaune. Centre énergétique dans le Dāntián médian ; également le titre d’un classique taoïste (Huang Ting Jing) traitant de l’harmonisation des esprits internes.

 

HUANG TING JING (Huáng Tíng Jīng) – 黃庭經

Classique de la Cour Jaune. Texte fondamental de la tradition daoïste intérieure, le Huáng Tíng Jīng (« Classique de la Cour Jaune ») présente une cosmologie du corps comme temple sacré, habité par les divinités intérieures des organes et gouverné par le Shén. La Cour Jaune (黃庭) symbolise le centre lumineux du Cœur, pivot entre l’Esprit et le Souffle. Récité comme un chant de visualisation méditative, ce classique guide le pratiquant dans l’unification des Trois Trésors (精氣神), la protection du corps subtil et l’éveil de la lumière interne. Il est central dans la tradition du neidan (內丹, alchimie intérieure) et dans les pratiques de longévité.

 

HUANG TING NEI JING JING (Huáng Tíng Nèi Jǐng Jīng) – 黃庭內景經

Classique de la Cour Jaune – Vue intérieure. Version la plus ancienne (Han), centrée sur la visualisation des divinités internes. Ce texte déploie une cosmologie du corps sacré, où les organes sont habités par des êtres lumineux, gardiens du Jīng, du Qì et du Shén. Par la récitation et la contemplation, le pratiquant stabilise l’Esprit, éclaire le cœur, et active l’immortalité intérieure. Texte de base pour le neidan et les pratiques méditatives taoïstes.

 

HUANG TING WAI JING JING (Huáng Tíng Wài Jǐng Jīng) – 黃庭外景經

Classique de la Cour Jaune – Vue extérieure. Texte postérieur, complémentaire du Nèi Jǐng, il décrit une cosmologie projective : les divinités et structures subtiles ne sont plus situées dans le corps mais dans l’environnement céleste. Ce texte reflète un glissement du regard vers l’extérieur, orienté vers les rituels, les étoiles, et les cycles cosmiques. Il est utilisé dans les pratiques de projection du Shén et d’harmonisation céleste, en lien avec la méditation visualisée et la liturgie.

 

HUANG TING ZHEN REN (Huángtíng Zhēnrén) – 黃庭真人

Véritable Homme de la Cour Jaune. Titre honorifique donné à un immortel ou adepte accompli résidant dans la Cour Jaune (Huángtíng 黃庭), centre spirituel du corps dans l’alchimie interne. Ce lieu symbolise le cœur ou palais central, où fusionnent l’Esprit (Shén) et le Souffle (). Le Zhēnrén (真人) désigne l’être authentique, éveillé au Dào, ayant réalisé l’unité intérieure. Ce titre évoque donc un être réalisé, ayant raffiné son élixir intérieur jusqu’à la clarté parfaite, demeurant en paix dans le Centre lumineux du Soi.

 

HUI GUANG (HUÍ GUĀNG) – 回光

Retour à la lumière. Terme méditatif signifiant la reconcentration de la lumière de l’esprit vers l’intérieur pour éclairer le corps et l’essence.

 

HUI GEN (HUÍ GĒN) – 回根

Retour à la racine. Désigne le mouvement de retournement de l’énergie vers l’origine, en opposition au flux naturel de dispersion.

 

HUI GUO (Huǐ guò) - 悔過

Confession. Acte de reconnaître ses fautes dans un cadre rituel ou méditatif, afin de purifier le cœur-esprit et retrouver l’harmonie avec le Dao.

 

HUN (Hún) -

Âme spirituelle. Composante yang de l’âme, associée au foie. Elle permet la pensée, le rêve et la conscience de soi. L’une des deux âmes principales dans la cosmologie taoïste, avec le *pò*.

 

HUN DUN (HÙN DÙN) – 渾沌

Chaos originel. État indifférencié, antérieur à la création du monde. Hùn dùn symbolise l’unité primordiale du Dào avant toute manifestation, toute séparation du yīn et du yáng, du ciel et de la terre. C’est le vide plein, la source obscure d’où tout procède. Ce concept cosmologique et mythologique apparaît dans le Zhuāngzǐ comme une entité bienveillante et parfaite, détruite par l’intervention de la dualité.

 

HUN TING (Hún Tíng) – 魂庭

« Cour de l’Âme Hùn ». Nom social (zì ) de la divinité de la Rate, connue sous le nom de Cháng Zài 常在. Le terme évoque un palais intérieur où réside et se rassemble l’âme éthérée (Hùn ). Il souligne la fonction de la Rate comme centre de réceptivité et d’intégration du souffle spirituel, reliant la pensée (Yì ) aux mouvements de l’âme. En alchimie interne, Hún Tíng désigne aussi un espace subtil où s’unissent la clarté de l’esprit et la stabilité du centre.

 

HUN YUAN (Hùn yuán) - 混元

Unité originelle. Énergie indifférenciée et cosmique, base de toutes les transformations, souvent identifiée au Dao dans sa phase pré-créatrice.

 

HUANG LAO (Huánglǎo) – 黃老

Le « Vieux Jaune ». Terme désignant la fusion des enseignements de l’Empereur Jaune (Huángdì, 黃帝), figure mythique de souverain idéal et de médecine traditionnelle, et de Lǎozǐ (老子), maître du Dào. Le courant Huánglǎo fut influent à l’époque des Han, promouvant un gouvernement en accord avec la nature et le non-agir (wúwéi 無為). Il prône l’harmonie entre Loi céleste et conduite politique, entre ordre cosmique et sagesse intérieure. En alchimie, il symbolise l’union du pouvoir terrestre et du Dào céleste dans la quête d’un équilibre subtil entre action juste et retrait contemplatif.

 

HUO (Huǒ) –

Feu. Élément de l’été, du rayonnement, de la lumière et de la chaleur. Il correspond au Sud, à la couleur rouge, au Cœur (Xīn ) et à la joie lumineuse. Huǒ consume, éclaire, mais doit être maîtrisé pour ne pas brûler. Il raffine l’esprit (shén ) et fait mûrir l’élixir.

 

HUO SHAN (Huòshān) – 霍山

Montagne Huò. Mont sacré de la province de l’Anhui, vénéré dans la tradition daoïste pour être l’un des lieux d’apparition du Língzhī 靈芝 (champignon d’immortalité) et le foyer de pratiques alchimiques anciennes. Huò est un nom propre, shān signifie « montagne ». Huòshān est réputée pour ses grottes médicinales, la cueillette d’herbes rares (zhī cǎo 芝草), et son lien avec des immortels légendaires. Dans les récits anciens, on y pratique l’alchimie externe (wài dān 外丹) comme l’interne, dans un environnement chargé de souffle pur. La montagne incarne un point de jonction entre Terre et Ciel, propice au retrait, à la culture du Dào, et à la prolongation de la vie.

 

HUO HOU TU (HUǑ HUǑ TÚ) – 火候圖

Carte du Feu et du Temps. Représente les rythmes du feu alchimique (huǒ ) et les phases temporelles du travail intérieur, notamment le dosage du feu (yǒuhuǒ 有火 / wúhuǒ 無火) et la temporisation du Souffle. Ce diagramme illustre comment moduler le qì, les souffles internes et les émotions dans le four alchimique du corps. Il enseigne l’art du raffinement rythmique, central dans la réussite du nèidān.

 

HUO JING (HUǑ JĪNG) – 火精

Essence de feu. Désigne le soufre alchimique en tant que force ignée, yang et transformatrice. C’est l’étincelle active qui enclenche la cuisson interne dans le creuset du corps.

 

HUO QI SHANG SHENG (Huǒ qì shàng shēng) - 火氣上升

Montée du Feu interne. Phénomène énergétique d’agitation excessive dû à une mauvaise régulation du souffle lors de la méditation, créant chaleur et déséquilibre.

 

Hutte divine (shénlú) - 神廬

[CD] Nom poétique donné au cerveau dans le Huangting Jing. Lieu de résidence des esprits lumineux et du shén. À préserver et visualiser.

 

Immortel céleste (tiānxiān) - 天仙

[CD] Immortel dont l’esprit a rejoint les cieux. Être spirituel réalisé par la voie du cœur-esprit, au-delà du monde phénoménal.

 

Immortel du Sud (nán xiān) - 南仙

[CD] Désignation de certains adeptes associés au Sud, au feu, à la lumière et à la voie mystique du Shangqing.

 

Immortel supérieur (shàng xiān) - 上仙

[CD] Rang élevé dans la hiérarchie spirituelle taoïste. Être ayant atteint une pureté et une puissance remarquables, proche du Dao.

 

Immortel transcendant (língxiān) - 靈仙

[CD] Degré élevé de réalisation dans les hiérarchies taoïstes. Maîtrise du souffle, du corps subtil et des pouvoirs numineux (líng).

 

Immortel (xiān) -

[CD] Être qui a transcendé les limites de la condition humaine par la pratique du Dao. Il existe plusieurs niveaux d’immortels (xiān, zhēnrén, tiānxiān…).

 

Incantation (zhòu) -

[CD] Formule rituelle prononcée pour activer des forces invisibles, protéger ou invoquer les esprits. Utilisée avec les talismans (fú).

 

Inspiration céleste (tiānqǐ) - 天啟

[CD] Révélation intérieure issue du Ciel, reçue en méditation ou en état de jeûne. Donne naissance à des textes inspirés ou à des instructions spirituelles.

 

Intestin Grêle (Xiǎocháng) – 小腸

Viscère du Feu. Il sépare le pur de l’impur, prolongeant le discernement du Cœur. Dans la Voie, il symbolise la capacité à distinguer l’essence de l’apparence. Son feu secret participe au raffinement intérieur des souffles.

 

Jade (Yù) –

Pierre précieuse centrale dans la cosmologie daoïste, symbole de pureté, d’immortalité, de rectitude et de transformation spirituelle. Le jade est considéré comme la substance condensée du Ciel, vibrant du qì céleste, et souvent associé au shén et à la clarté du cœur. Utilisé dans les talismans, sceaux, objets rituels et offrandes funéraires, le jade protège, éloigne les influences perverses, et favorise la préservation de l’essence (jīng ). Dans l’alchimie interne, il représente l’état raffiné de l’être, parfois identifié au corps d’immortalité (yù shēn 玉身). Le jade est aussi le matériau du Palais de Jade (Yùqìng 玉清), domaine du Pur Suprême, et entre dans la composition poétique de lieux mythiques comme le Mont Kunlun ou l’île de Pénglái, où tout est fait de jade et de lumière.

 

Jeûne complet (bìgǔ quēliáng) - 辟穀卻糧

[CD] Forme extrême du jeûne taoïste, où l’on s’abstient de toute nourriture solide. Visant à purifier le corps pour le rendre plus réceptif aux souffles célestes.

 

Jeûne rituel (zhāi) -

[CD] Pratique de purification du corps, de l’esprit et du comportement (alimentation, parole, pensée) avant un rituel ou une méditation.

 

JI (Jǐ) –

Sixième tronc céleste. Terre Yīn. Terre nourricière, transformation douce. Symbolise la gestation, l'alchimie interne, la profondeur.

 

JI JI (Jì Jì) – 既濟

|¦|¦|¦  Hexagramme 63 – Après l’Accomplissement. Stabilité menacée. Jì Jì indique une harmonie établie, mais fragile. Dans la pratique, il invite à préserver l’élixir sans excès, à maintenir l’attention après la réussite.

 

JIA (Jiǎ) –

Premier tronc céleste. Bois Yáng. Début du cycle, élan initial, croissance spontanée. Symbolise le jaillissement du Qì et la force de mise en route.

 

JIA JI (Jiá jǐ) - 夾脊

Barrière de la colonne vertébrale. Deuxième porte énergétique dans le trajet de la Petite Circulation, le long du Du Mai, entre les vertèbres dorsales.

 

JIA REN (Jiā Rén) – 家人

|¦|¦||  Hexagramme 37 – La Famille. Structure harmonique du vivant. Jiā Rén représente la régulation des souffles dans la sphère du proche, l’équilibre des rôles. Dans la pratique, c’est la maîtrise du souffle dans l’espace personnel.

 

JIAN (Jiǎn) –

¦¦|¦|¦  Hexagramme 39 – L’Obstacle. Résistance utile. Jiǎn montre le blocage comme voie d’apprentissage, l’exercice de la volonté alignée. Il renforce le pratiquant et concentre le feu alchimique dans l’effort patient.

 

JIAN (Jiàn) –

¦¦|¦||  Hexagramme 53 – Le Développement. Croissance lente et sûre. Jiàn reflète l’évolution progressive, l’enracinement patient du raffinement. Dans la Voie, c’est le processus stable qui mène à l’élixir véritable, sans précipitation.

 

JIAN DAO (Jiǎn Dǎo) – 翦倒

Renversement. Terme symbolique désignant l’inversion du courant naturel : retourner le souffle, renverser les sens, inverser le temps. Dans l’alchimie interne, Jiǎn Dǎo représente le mouvement à rebours vers la Source (反本還原 fǎn běn huán yuán), fondement de la Voie du retour. Par ce renversement, le pratiquant reprend la main sur sa destinée, fait croître l’embryon de longévité, et réoriente les souffles vers l’Un.

 

JIAN SU (JIÀN SÙ) – 見素

Regarder avec simplicité. Attitude intérieure de dépouillement du regard, favorisant la perception directe des choses telles qu’elles sont.

 

JIANG GONG (Jiàng gōng) – 絳宮 / 绛宮

Palais Pourpre. Demeure céleste du Cœur dans la cosmologie et l’alchimie daoïstes. Le caractère (jiàng) désigne un rouge pourpre profond, couleur sacrée associée au Feu, à la noblesse spirituelle et à la lumière intérieure du Shén (). Jiàng Gōng est le palais impérial du Cœur-Esprit, là où réside la conscience lumineuse dans sa forme pure. C’est le lieu d’union du Ciel et de l’Humain, sanctuaire du souffle spirituel et de la claire vision. Dans la pratique de l’alchimie interne, il est souvent visualisé comme un temple radiant où brûle la flamme sacrée du Feu intérieur (君火 jūn huǒ), point d’origine du raffinement du Shén. Il est également lié à l’Étoile du Sud (南極星 Nán Jí Xīng) et à l’Illumination du Dào.

 

JIAO LIAN (Jiāo Liàn) – 交煉

Raffinement croisé. Terme de l’alchimie interne (Nèidān 內丹) désignant l’union et la cuisson simultanée des principes Yīn et Yáng, ou des substances fondamentales (Jīng, Qì, Shén). Ce processus se déroule dans le Dān Dǐng 丹鼎, creuset intérieur, où l’Eau (Yīn) et le Feu (Yáng) s’interpénètrent selon un rythme subtil (Huǒ Hòu 火候). Le Jiāo Liàn est indispensable pour initier la transformation de l’essence en souffle, puis du souffle en esprit, menant au retour à l’Unité.

 

JIAO SHAN (Jiāoshān) – 郊山

Montagne des Confins. Désignation symbolique et topographique de l’espace entre les sourcils, dans la cartographie corporelle daoïste. Jiāo () signifie « périphérie », « confins », et shān (), « montagne ». Ce nom évoque un relief sacré situé à la lisière du monde visible et de l’espace intérieur, seuil entre le manifesté et le mystique. Le Jiāoshān est intimement lié au point Yìntáng (印堂), centre de la perception subtile, parfois appelé Tiānmù (天目, « œil céleste »). Il est considéré comme un passage de lumière, un point de concentration du Shén () et d'ouverture de la vision intérieure. Dans la méditation et les visualisations alchimiques, Jiāoshān est le pivot du retournement du regard (fǎnguān 返觀), là où l’esprit se recueille et où la lumière du Dào peut apparaître comme clarté intérieure. S’y concentrer, c’est franchir le seuil des confins, et pénétrer la montagne secrète de l’Esprit.

 

JIE (Jié) –

¦|¦|¦¦  Hexagramme 40 – La Libération. Dissolution des tensions, relâchement du nœud interne. Jié est le déblocage du Qì, la purge des attachements émotionnels et l’allègement du poids karmique. Étape de délestage dans l’alchimie.

 

JIE (Jié) –

||¦¦|¦  Hexagramme 60 – La Limitation. Mesure vitale. Jié appelle à réguler le souffle, limiter les débordements pour préserver l’essence. En alchimie, c’est l’art du feu mesuré (火候 huǒ hòu), fondement de toute transmutation.

 

JIE QI (Jié Qì) – 節氣

Termes solaires. Système traditionnel chinois de 24 repères saisonniers répartis sur l’année solaire, servant à rythmer les cycles agricoles, médicaux et énergétiques. Jié signifie « nœud, articulation », et Qì désigne le « souffle » : les Jié Qì sont les nœuds du souffle du Ciel, où les transformations énergétiques majeures s’opèrent dans la Nature et dans le corps humain.

Fondement de la médecine traditionnelle chinoise, du Qì Gōng saisonnier et du calendrier daoïste, ils permettent de s’accorder aux mutations du Yīn et du Yáng, et de pratiquer en harmonie avec le Dào cosmique.

 

JIE SHI (JIĚ SHĪ) – 解屍

Délivrance du cadavre. Concept ou rituel de séparation de l’âme et du corps, soit symbolique (transcendance), soit réel (après la mort ou dans certaines légendes d’immortels).

 

JIN (Jìn) –

¦¦¦|¦|  Hexagramme 35 – Le Progrès. Lumière ascendante. Jìn indique une montée de la clarté intérieure, soutenue par une structure ferme. Dans la voie alchimique, c’est le moment de nourrir le feu de la conscience avec stabilité.

 

JIN (Jīn) –

Métal. Élément de l’automne, de la condensation, de la clarté intérieure et de la coupe juste. Il correspond à l’Ouest, à la couleur blanche, au Poumon (Fèi ), et à l’émotion du lâcher-prise. Jīn est la force qui trie, purifie, condense le souffle et ramène à l’essentiel.

 

JIN (Jīn) –

Or. Métal noble et indestructible, symbole de perfection, d’essence raffinée et d’immortalité dans la tradition daoïste. Il est associé à l’élément Métal (du cycle Wǔxíng 五行), à la direction Ouest, à l’automne et à la contraction du qì vers l’intérieur. Dans l’alchimie interne, jīn désigne aussi l’or alchimique, aboutissement du raffinement du jīng , puis du qì et du shén . On parle alors de jīn dān 金丹 – la Pilule d’Or, symbole de réalisation spirituelle et de longévité transcendée. L’or incarne la pureté ultime, le rayonnement condensé du Dào , et est souvent mentionné dans les noms des palais célestes, des immortels et des lieux sacrés : Montagne d’Or, Elixir d’Or, Corps doré (jīn shēn 金身). Il est aussi lié à la résilience, à la coupe du superflu, et à la lumière intérieure stable.

 

JIN DAN (Jīndān) – 金丹

Élixir interne. Littéralement « Pilule d’Or », jīndān désigne l’élixir spirituel réalisé par l’alchimie interne (nèidān 內丹). Il résulte du raffinement progressif du jīng , du qì et du shén , jusqu’à leur union en une substance lumineuse et immortelle, appelée aussi embryon de longévité (chángshēng yīng 長生嬰). Le Jīndān n’est pas une matière physique, mais une réalité énergétique subtile, en gestation dans le dāntián 丹田 à travers la circulation du souffle, le retour au silence, et l’équilibre des polarités (yīn-yáng, feu-eau). Il représente la cristallisation du Dào dans le corps du pratiquant, et l’éveil d’un corps de lumière indestructible (jīnshēn 金身). C’est le fruit du Grand Œuvre daoïste, marquant le passage de la nature ordinaire à la réalisation du Soi véritable (zhēn wǒ 真我).

 

JIN GUANG (jīnguāng) – 金光

Lumière dorée. Terme central dans le rituel et l’alchimie daoïstes, désignant une émanation lumineuse protectrice, manifestation visible ou invisible de l’accomplissement spirituel. Jīn () signifie « or » — métal noble, incorruptible — et guāng (), « lumière » ou « rayonnement ».

Dans les pratiques rituelles, jīnguāng est invoquée par les talismans (fú ), les formules sacrées (zhòu ) ou les visualisations pour créer un champ lumineux impénétrable, repoussant les souffles pervers (xiéqì 邪氣) et protégeant le corps subtil du pratiquant.

Dans l’alchimie interne, elle symbolise la lumière dégagée par l’élixir raffiné, le jīndān (金丹), lorsque Shén, et Jīng sont unifiés. Le corps tout entier rayonne alors de jīnguāng, signe de pureté, d’union au Dào, et de l’émergence du corps de lumière indestructible (jīnshēn 金身).

 

 

JIN SHEN (Jīnshēn) – 金身

Corps de lumière indestructible. Littéralement « corps d’or », jīnshēn désigne le corps immortel obtenu par le raffinement complet du jīng , du qì et du shén dans l’alchimie interne. Il représente l’aboutissement du Grand Œuvre (dà dān 大丹) : un corps subtil, lumineux, libre des cycles de naissance et de mort. Le jīnshēn résulte de la fusion des trois trésors (sānbǎo 三寶) et de leur stabilisation dans un centre unifié. Il est parfois visualisé comme un double lumineux du pratiquant, capable de voyager dans les sphères célestes, de se manifester à volonté, ou de rester intact après la mort physique. Symbole de l’éveil incarné, le jīnshēn n’est pas seulement un état posthume : il se manifeste déjà dans la vie, comme clarté, transparence et rayonnement silencieux du Dào dans le corps vivant.

 

JIN WENG (Jīnwēng) – 金翁

Le Vieillard d’Or. Figure symbolique de l’alchimie interne daoïste, Jīnwēng incarne le souffle résiduel raffiné des Poumons (Jīn , le Métal), logé dans les profondeurs obscures du corps. Il est le gardien du souffle ancestral, discret mais précieux, souvent assimilé à une présence masculine sage et silencieuse, comparable au vieil alchimiste intérieur. Dans la cosmologie des cinq mouvements (wǔxíng 五行), les Poumons sont associés à l’élément Métal (jīn ), à l’Ouest, à la blancheur, et à l’automne intérieur, moment de concentration du souffle vers l’essentiel. Jīnwēng représente ainsi la pureté du souffle condensé, extrait par le raffinement des pratiques internes, devenu lumière et souffle subtil dans le Dāntián médian ou supérieur. Dans certaines traditions alchimiques, il forme un couple avec Huángpó (黃婆, l’Entremetteuse Jaune), la Rate transformante, et tous deux président à la maturation secrète de l’élixir intérieur, à la fois nourri par les souffles et cuit dans le silence du corps. Le Vieillard d’Or, en tant que Shén du Métal raffiné, incarne la respiration éclairée, la conscience détachée et la fonction purificatrice du Souffle, prête à s’élever ou à se condenser dans le corps de lumière (jīnshēn 金身).

 

JIN YE (jīnyè) – 金液

Liquide d’or. Substance alchimique précieuse produite au cours de la transformation intérieure dans les pratiques de Nèidān (內丹, alchimie interne). Le jīnyè est le raffinement ultime des fluides corporels : salive, essences subtiles, sueurs sublimées. Il circule dans les méridiens spirituels, nourrit les organes internes et irrigue le Shén (, Esprit). Parfois identifié à la Rosée céleste, il est aussi le miroir intérieur du cinabre liquide, et marque le passage vers l’immortalité. En état de méditation profonde, il peut être perçu comme un élixir sucré se formant sous la langue, à absorber avec recueillement.

 

JIN YING (Jīnyīng) – 金嬰

Fœtus d’or. Stade ultime de la gestation alchimique interne, Jīnyīng désigne le corps immortel en formation dans le creuset intérieur. Jīn signifie « or », symbole de perfection, d’incorruptibilité ; Yīng désigne le « nourrisson », le fœtus ou l’embryon. Le Jīnyīng est la forme spirituelle condensée née de l’union du Jīng, du Qì et du Shén, le double subtil et lumineux de l’adepte, le support de la conscience réalisée, destiné à quitter le corps physique lors de l’accomplissement. Il prolonge la notion de Chángshēng Yīng 長生嬰 (Embryon de longévité), mais atteint ici le stade de transmutation achevée, proche du Jīnshēn 金身 (corps d’or), c’est-à-dire la réalisation de l’Immortel vrai (Zhēnrén 真人).

 

JING (Jīng) -

Essence vitale. L’un des Trois Trésors (Sanbao). Substrat fondamental de la vie, que l’on cherche à conserver, raffiner et transmuter en souffle (Qi) dans l’alchimie interne. [CD] Essence vitale stockée dans les reins. Source de croissance, reproduction, et base de l’alchimie interne. À préserver et raffiner.

 

JING (Jǐng) –

¦||¦|¦  Hexagramme 48 – Le Puits. Source inépuisable. Jǐng symbolise la verticalité du souffle, le lien entre les profondeurs et le ciel. En alchimie, il désigne le centre stable d’où jaillit l’eau de vie.

 

JING (Jǐng) –

Lumière réfléchie, image lumineuse. Terme évoquant la lumière visible d’un astre ou la vision intérieure subtile perçue dans l’état méditatif. Dans l’alchimie daoïste, Jǐng désigne les manifestations de clarté du Shén, telles que les visions, reflets du Ciel intérieur, ou les lueurs guidant le pratiquant sur la voie du retour.

 

JING CHAN (Jìng chán) – 靜禪

Méditation silencieuse, quiétude du Chán. Fusion de la quiétude daoïste ( jìng) et de la méditation bouddhique Chán ( chán). Jìng chán désigne un état de silence profond, sans objet ni effort, où l’esprit retourne à sa nature vide et lumineuse. Pratique centrale dans le Chán comme dans le neidan, elle permet la stabilisation du Shén et l’ouverture au vide médian (zhōng xū 中虛).

 

JING LOU (Jīng lòu) – 精漏

Fuite du jīng. Première des cinq pertes dans les pratiques taoïstes. Désigne la perte de l’essence vitale (jīng ), notamment à travers une activité sexuelle excessive, une éjaculation non maîtrisée, ou une fatigue profonde. Cette fuite affaiblit le dāntián inférieur, épuise l’énergie des Reins (Shèn ), et ralentit la progression dans l’alchimie interne (nèidān 內丹). La maîtrise du jīng est essentielle à la transmutation vers le qì.

 

JING XIN SHEN ZHOU (Jìng Xīn Shén Zhòu) – 靜心神咒

Mantra de purification du Cœur. Premier des huit grands mantras daoïstes, Jìng Xīn Shén Zhòu signifie littéralement « Incantation du Shén pour apaiser le Cœur ». Il a pour fonction de calmer l’agitation mentale, purifier l’esprit et stabiliser le Shén dans le cœur ( xīn), siège de la conscience claire. Utilisé en ouverture des rituels, dans la méditation ou avant les pratiques d’alchimie interne, il établit un état de silence lumineux, propice au retour au Vide. Il incarne l’acte de centrer le souffle et l’intention dans la chambre du cœur, fondement de toute cultivation.

 

JING ZHAN (Jìng zhàn) - 靜站

Posture debout immobile. Méthode de méditation taoïste en position verticale, visant la concentration, l’enracinement et la circulation du Qi.

 

JING ZUO (Jìng zuò) - 靜坐

Assise silencieuse. Pratique centrale de la méditation taoïste visant à calmer l’esprit, faire descendre le souffle et nourrir l’unité interne. [CD] Assise silencieuse et immobile. Méthode fondamentale de méditation dans le taoïsme visant la tranquillité de l’esprit et la descente du qi.

 

JIU NIAN GUAN (JIǓ NIÁN GUĀN) – 九年關

Barrière des neuf années. Référence aux neuf années de méditation d’un adepte pour accomplir la transformation intérieure complète.

 

JIU WEI (Jiūwěi) – 鳩尾

Queue de la tourterelle. Terme anatomique ancien désignant l’appendice xiphoïde, extrémité inférieure du sternum, situé juste au-dessus de la région de l’estomac (épigastre). Jiū () désigne la tourterelle, oiseau souvent associé à la vigilance et à la clarté du Cœur ; Wěi () signifie « queue » ou « extrémité ». Dans la tradition daoïste, le point Jiūwěi est un carrefour énergétique central, où se rejoignent les souffles du haut (Shén) et du bas (Jīng). Il marque la porte d’entrée du Cœur et le sommet du fourneau médian (中丹田 Zhōng Dāntián). C’est un point clé dans la régulation du feu interne, la respiration embryonnaire et la concentration alchimique. Associé au point d’acupuncture 15RM, il est aussi une cloche vibratoire entre souffle et émotion, dont la résonance peut ouvrir l’accès au Palais Pourpre.

 

JIU XIAO (Jiǔ Xiāo) – 九霄

Neuf Cieux. Terme cosmologique et mystique désignant les neuf strates célestes ou sphères supérieures du cosmos dans la tradition daoïste. Jiǔ () signifie « neuf », chiffre de la complétude céleste ; Xiāo () évoque le ciel élevé, la voûte éthérée. Les Jiǔ Xiāo représentent les niveaux d’ascension spirituelle, les domaines des Immortels, ou encore les sanctuaires célestes des grandes divinités daoïstes telles que Yuánshǐ Tiānzūn (元始天尊) ou Tàishàng Lǎojūn (太上老君). Dans la pratique alchimique et rituelle, monter vers les Neuf Cieux symbolise le dépassement des limites de l’individualité, l’union avec le Dào suprême, et la dissolution dans la lumière originelle. Les invocations des Jiǔ Xiāo apparaissent dans les textes liturgiques, les talismans célestes et les visualisations de montée en lumière (升光 shēng guāng).

 

JIU XING (Jiǔ Xīng) – 九星

Neuf Étoiles. Ensemble des neuf entités stellaires associées à la Grande Ourse (北斗 Běi Dǒu) dans la cosmologie daoïste. Les sept premières (七元 Qī Yuán) correspondent aux sept étoiles visibles du chariot céleste ; les deux dernières, invisibles à l’œil nu, sont appelées étoiles auxiliaires (輔弼 Fǔ Bì), formant le cercle complet des influences célestes sur le destin, la vie et l’âme. Chaque étoile est personnifiée par un Xīng Guān (星官), « Officier stellaire », et reliée à une fonction alchimique : impulsion du destin, parole, mérite, sagesse, intégrité, pouvoir, transformation, aide et régulation. Ce système régit les rituels de prolongation de vie, les pratiques d’illumination, et la navigation intérieure sur la Voie du retour. Les neuf étoiles président aussi aux cycles du temps, aux portails spirituels du corps et aux neuf palais célestes (九宮 Jiǔ Gōng). Elles sont souvent invoquées ensemble dans les liturgies du Beidou Zhenjing (北斗真經, Sūtra Véritable de la Grande Ourse).

 

JIU ZHEN (Jiǔ Zhēn) – 九真

Neuf Véritables. Ensemble de neuf Immortels primordiaux, émanations du Dào dans la cosmologie daoïste. Ils président aux souffles célestes, aux transformations internes et à la protection des pratiquants. Invoqués dans les textes rituels, talismans et visualisations, ils incarnent les neuf étapes de la réalisation intérieure.

 

JU MANG ZI (Jùmángzǐ) – 句芒子

Maître Jùmáng. Divinité printanière de la mythologie et du panthéon daoïste, Seigneur de l’Est et du Bois dans le système des Cinq Éléments (wǔxíng 五行). Il préside à la croissance, à la germination, au renouveau et à l’éveil du vital. Souvent représenté comme un esprit végétal ou sylvestre, Jùmángzǐ symbolise l’impulsion de vie ascendante, le jeune Yang qui perce les profondeurs hivernales. Dans les rituels saisonniers et les pratiques énergétiques, il est invoqué pour harmoniser le Foie, purifier le sang et stimuler la montée du Souffle vers le cœur du printemps.

 

JU MEN XING GUAN (Jù Mén Xīng Guān) – 巨門星官

Officier de l’Étoile de la Grande Porte. Deuxième étoile de la Grande Ourse (北斗 Běi Dǒu), associée à la parole, au discernement et à l’ouverture des passages énergétiques. Jù Mén symbolise la porte d’entrée du destin, lieu de communication entre l’interne et l’externe, entre l’intention du cœur et l’expression dans le monde. Dans la cosmologie daoïste, cette étoile est liée à l'art oraculaire, au pouvoir du verbe et à la régulation des conflits. Elle enseigne la maîtrise du langage comme clé de transformation et de non-attachement. Elle est aussi une porte entre le monde des vivants et celui des immortels. Invoquée dans les rituels de purification et de vérité, Jù Mén ouvre la voie à la compréhension juste et à la parole éclairée.

 

JU N’E (Jūn'ē) – 君阿

Seigneur Ē. Nom ésotérique donné au sein gauche dans certaines cartes alchimiques du corps daoïste. Le caractère (ē) est ici utilisé non comme particule affective, mais comme titre de noblesse spirituelle, désignant une entité gardienne ou un seigneur tutélaire bienveillant. Jūn'ē incarne la présence protectrice liée au cœur, associée au Shén (), à la compassion et à la clarté. Dans la lecture symbolique du corps, ce sein gauche devient un sanctuaire vivant, siège d’un pouvoir spirituel féminin, doux et lumineux. Il protège la voie du Feu du cœur et veille à la juste diffusion du souffle spirituel. L'invocation ou la méditation sur Jūn'ē participe à l’ouverture de la poitrine et à la circulation harmonieuse du affectif, source de paix et de réalisation intérieure.

 

JUN HUO (Jūn huǒ) – 君火

Feu Souverain. Aspect supérieur et spirituel du Feu dans le corps, gouverné par le Cœur ( xīn), considéré comme l’Empereur des organes. Jūn Huǒ est la flamme subtile qui éclaire le Shén (), animant la conscience, la clarté et l’intuition. Il se distingue du Feu ministériel (相火 xiàng huǒ), plus lié aux reins et aux fonctions vitales. Jūn Huǒ réside dans le Palais Pourpre (絳宮 Jiàng Gōng), cœur rayonnant du palais céleste intérieur, source de lumière immatérielle. Dans l’alchimie interne, ce feu ne doit ni s’éteindre ni s’enflammer : il doit être entretenu avec sérénité pour raffiner les souffles, nourrir le Shen, et éveiller la conscience supérieure. Il est le feu du Verbe, du sens profond, et de la claire direction intérieure.

 

KAN (Kǎn) –

Eau. Trait plein entre deux traits brisés , représentant l’obstacle, la profondeur, le danger, mais aussi la fluidité intérieure. Symbole du fils du milieu, du mystère et de la gestation cachée. Le dieu de Kǎn se nomme Dà Zēngzǐ. Son nom est Dà Zēngzǐ, avec Zēngzǐ qui évoque un disciple de Confucius (Zēng Shēn), connu pour sa piété filiale et son intégrité morale, et Dà qui signifie Grand, donnant ici un aspect grave, profond. Ce Shén de l’Eau représente la profondeur du Yīn, il est lié à la conservation du Jīng, à la force contenue, à la maîtrise intérieure face au danger.

 

KAN (Kǎn) –

¦|¦¦|¦  Hexagramme 29 – L’Insondable, l’Eau. Abîme vital. Kǎn incarne le danger fécond, l’obscurité nécessaire à la transmutation. Symbole du Yīn central, il est aussi l’image du creuset du Dāntián inférieur.

 

KAN LI JIAOGOU (Kǎn Lí Jiāogòu) – 坎離交媾

Union de Kǎn et Lí. Terme fondamental de l’alchimie interne (Nèidān 內丹), désignant l’accouplement symbolique des deux trigrammes :

– Kǎn (Eau, Yīn caché du Yáng)

– Lí (Feu, Yáng caché du Yīn)

Leur Jiāogòu 交媾 (union sexuelle rituelle ou énergétique) représente la fusion du Feu et de l’Eau, c’est-à-dire de l’intention claire (Feu) et de l’essence profonde (Eau). Cette union active le Feu véritable (Zhēn Huǒ 真火) dans le creuset intérieur (Dān Dǐng 丹鼎) et initie la transmutation du Jīng en Qì, puis en Shén. C’est l’un des archétypes majeurs de la Voie du retour à l’Unité dans le corps.

 

KE GUANG HUAN FA (KÈ GUĀNG HUÀN FÀ) – 克光煥發

Rayonner la lumière intérieure vers l’extérieur. Résultat lumineux de la pratique méditative aboutie ; manifeste la clarté du shén à l’extérieur.

 

KUA (KUÀ) –

Aine. Zone charnière énergétique entre le tronc et les jambes, clé dans les postures et la circulation énergétique (Qi Gong, méditation).

 

KUI (Kuí) –

||¦|¦|  Hexagramme 38 – L’Opposition. Dualité apparente. Kuí reflète les tensions entre forces complémentaires, appelant à une vision unifiante. Dans l’alchimie, c’est le travail de réconciliation des pôles intérieurs.

 

KUN (Kūn) –

Poisson immense. Créature légendaire mentionnée dans le Zhuāngzǐ (莊子), dont la taille dépasse celle de tous les êtres vivants : « Dans les mers du Nord vit un poisson appelé Kūn ; personne ne sait combien de milliers de lis il mesure. » Le Kūn représente la puissance latente, le potentiel non encore manifesté, enfoui dans les profondeurs. Il est l’image de l’être non éveillé, riche d’un élan vital prêt à se métamorphoser. Sa transformation en Péng () symbolise le saut du yin au yang, du terrestre au céleste, de l’enracinement obscur à l’envol cosmique.

 

KUN (Kūn) –

Terre. Trois traits brisés , image du yin pur, de la réceptivité et de la matrice nourricière. Trigramme de la Terre-mère, il incarne l’accueil, le soutien, la gestation. Le nom de son Shén est Yáng Díwáng, un empereur mythique associé ici à Nǚwā, déesse primordiale, créatrice de l’humanité, réparatrice du Ciel. Elle représente la matrice du monde, le Yīn sacré, et la genèse du vivant. Ce Shén féminin (ou féminisé) incarne le principe réceptif suprême, c’est la Terre nourricière consciente, support du Ciel et du Dào.

 

KUN (Kūn) –

¦¦¦¦¦¦ Hexagramme 2 – L’Élan Réceptif, la Terre. Yīn pur, matrice cosmique. Kūn incarne la réceptivité absolue, la fécondité et l’obéissance au Ciel. Terre nourricière et support du travail alchimique, elle est le chaudron du Dào, stable et infini.

 

KUN (Kùn) –

¦|¦||¦  Hexagramme 47 – L’Accablement. Compression du souffle. Kùn marque une période de restriction et d’épuisement, mais aussi une concentration intérieure. Le pratiquant affine sa volonté dans l’épreuve, raffine le Qì dans le silence.

 

KUN LUN (Kūnlún) – 崑崙

Mont Kunlun. Montagne mythique située à l’Ouest, axe cosmique et pivot du monde spirituel dans la tradition daoïste. Résidence de la Reine-Mère de l’Ouest (Xī Wáng Mǔ 西王母), le Kūnlún est décrit comme un paradis des immortels, où poussent les arbres de jade, les pêches d’immortalité et coulent les fleuves de cinabre. Il représente la porte de l’éveil, point de rencontre entre Ciel et Terre, et refuge des sages accomplis. Associé à l’élévation, au silence et à la lumière intérieure, le mont Kūnlún est aussi une métaphore du Dāntián supérieur dans certaines lectures alchimiques. Il figure fréquemment dans les cartes cosmiques, les rituels de montée en ascension, et les textes initiatiques.

 

LAN CAI HE (Lán Cǎi Hé) – 藍采和

Androgyne au panier de fleurs. Figure de la non-dualité, de la liberté intérieure et du détachement des normes. Il/elle chante l’impermanence et distribue les fleurs de l’éveil.

 

LAN TAI FU (Lántái Fǔ) – 蘭臺府

Chancellerie de l’Orchidée. Demeure spirituelle figurant dans la cartographie intérieure daoïste, notamment dans les textes comme le Lǎozǐ Zhōngjīng. Lán () désigne l’orchidée — symbole de pureté, de noblesse et de fragrance subtile —, tái () est une terrasse élevée ou un pavillon, et () signifie « chancellerie » ou « résidence administrative de haut rang ».

La Lántái Fǔ est souvent associée au Míngtáng Gōng (明堂宮, Palais de la Clarté) comme l’un des sièges célestes du Shén raffiné ou des esprits lumineux du Foie. Dans cette configuration, elle représente une instance de discernement spirituel, de mémoire lumineuse et d’autorité intérieure.

En alchimie interne, méditer dans la Chancellerie de l’Orchidée, c’est rétablir la communication subtile entre les fonctions nobles de l’Esprit, purifier les intentions, et gouverner le corps comme un royaume intérieur, avec sagesse et clarté.

 

LAO JUN (Lǎo Jūn) – 老君

Seigneur Lao. Forme divinisée de Lǎozǐ 老子, fondateur du daoïsme philosophique et révéré comme une manifestation du Dào lui-même. Son nom complet est souvent Tàishàng Lǎojūn 太上老君 – « Très-Haut Seigneur Lao », l’un des Trois Purs (Sān Qīng 三清) dans le panthéon daoïste. Lǎo Jūn est considéré comme l’incarnation du Dào sous forme humaine, venu enseigner le Dào Dé Jīng et transmettre les lois du Ciel. Il est souvent représenté assis sur un trône, tenant un éventail ou un rouleau de soie, et entouré d’émanations lumineuses. Dans les pratiques rituelles et alchimiques, Lǎo Jūn est invoqué comme maître céleste, gardien des talismans, donneur d’enseignement intérieur et modèle d’accomplissement du Vide. Il symbolise l’unité de la sagesse, de la compassion et de l’action sans agir (wúwéi 無為).

 

LAO ZI (Lǎo Zǐ) - 老子

Vieux Maître. Auteur légendaire du Dao De Jing et patriarche du taoïsme. Vénéré comme un immortel ou une émanation du Dao.

 

LAOZI ZHONGJING (Lǎozǐ Zhōngjīng) – 老子中經

« Livre Central du Laozi ». Texte ésotérique daoïste transmis par révélation, probablement sous les Jìn ou les Táng, attribué au Laozi divinisé (Tàishàng Lǎojūn 太上老君). Il approfondit le sens du Dào Dé Jīng dans une optique alchimique et mystique, avec des enseignements sur la transmutation du corps, la circulation du souffle, la réintégration de l’Unité, et la Voie du retour (Fǎn Dào 返道). Source précieuse pour comprendre la tradition du centre (Zhōng ) dans la culture daoïste intérieure.

 

Lapin (Tù) –

Animal lunaire par excellence dans la tradition daoïste, souvent désigné sous le nom de lièvre de jade (yù tù 玉兔). Il habite la Lune, où il pile les herbes d’immortalité ou l’élixir de longue vie dans un mortier d’or ou de jade. Symbole de pureté, de douceur et de raffinement intérieur, le Tù représente la transformation silencieuse du yin, la gestation spirituelle et la lumière cachée. Il est souvent associé au cycle lunaire, à l’alchimie interne et aux pratiques de respiration nocturne. Dans certaines traditions, il est aussi lié à l’élixir féminin, à la rosée céleste, et au corps subtil qui se forme dans le silence. Il complète le crapaud lunaire (chán ) en tant que double lumineux et gracieux.

 

LI (Lí) –

Feu. Trait plein encadré de deux traits brisés , désignant la lumière, la clarté, l’adhésion. Trigramme de la fille du milieu, il évoque la lucidité, la chaleur, la séparation. Le nom de son Shén est Wénchāng, grand Shén du savoir, de l’écriture, de l’éloquence, des examens, présent dans le panthéon daoïste comme patron des lettrés et des révélations divines. Ici, Lí représente la lumière de l’Esprit, Wénchāng l’intelligence cosmique incarnée. Ce Shén gouverne l’illumination intérieure, la mémoire spirituelle et la parole éclairée.

 

LI (Lí) –

|¦||¦|  Hexagramme 30 – Le Feu. Lumière adhérente. Lí est le feu qui éclaire et consume. Il symbolise l’intelligence claire, la lumière du cœur (Shén), mais aussi les risques de dispersion. À canaliser avec justesse dans l’œuvre intérieure.

 

LI QUAN (Lǐquán) – 醴泉

Source douce. Image poétique et alchimique de la salive transmutée, considérée comme jīnyè (金液, liquide d’or). Elle surgit du palais de la bouche lors de la fusion des souffles internes dans les pratiques méditatives profondes. Ce nectar subtil, doux et sucré, est recueilli sous la langue puis avalé consciemment pour nourrir les organes, apaiser le cœur-esprit (xīnshén 心神) et prolonger la vie. Lǐquán symbolise la rosée céleste condensée, la condensation du souffle raffiné du Ciel et de la Terre dans le corps du pratiquant, reflet de l’harmonie intérieure et de la maturation de l’élixir.

 

LI TIE GUAI (Lǐ Tiě Guǎi) – 李鐵拐

Boiteux au bâton de fer. D’apparence misérable, il incarne la force de l’esprit sur le corps. Sa calebasse contient des remèdes ou des âmes. Modèle du détachement des apparences.

 

LI YU (lǐyú) – 鯉魚

La Carpe. Symbole riche de la tradition chinoise et daoïste, lǐyú (鯉魚) incarne la persévérance, la transformation spirituelle et l’ascension vers l’immortalité. Selon la légende classique, la carpe qui réussit à remonter le courant du Fleuve Jaune jusqu’à franchir la Porte du Dragon (lóngmén 龍門) se transforme en dragon — métaphore du passage de l’état ordinaire à l’éveil ou à l’accession céleste. Dans les textes daoïstes, la carpe est parfois utilisée pour représenter : la force tranquille du pratiquant, le souffle vital progressant contre le courant du monde, la mutation alchimique de l’essence (Jīng ). Elle figure aussi dans certaines cartes corporelles, associée à la circulation des souffles ou à des zones aquatiques internes (comme la grande mer ou le qìhǎi 氣海). Observer le mouvement de la lǐyú, c’est contempler la danse silencieuse du souffle intérieur, allant patiemment vers sa propre transmutation en lumière.

 

LIAN DAN (Liàn dān) - 煉丹

Raffiner le cinabre. Désigne l’ensemble des pratiques alchimiques internes ou externes visant la production de l’élixir d’immortalité.

 

LIAN JING HUA QI (LIÀN JĪNG HUÀ QÌ) – 煉精化氣

Raffiner l’essence et la transformer en souffle. Première étape de la transmutation alchimique dans le Nèidān.

 

LIAN QI HUA SHEN (LIÀN QÌ HUÀ SHÉN) – 煉氣化神

Raffiner le souffle et le transformer en esprit. Deuxième étape du Nèidān, permettant la purification du Qi pour nourrir le Shén.

 

LIAN SHEN HUAN XU (LIÀN SHÉN HUÁN XŪ) – 煉神還虛

Raffiner l’esprit et retourner au Vide. Troisième phase du Nèidān, qui vise l’union du shén avec le Vide (Xū), ou Dao ultime.

 

LIAN XU HE DAO (LIÀN XŪ HÉ DÀO) – 煉虛合道

Cultiver le Vide pour s’unir au Dao. Expression ultime du cheminement alchimique, où l’adepte retourne totalement à l’origine cosmique.

 

LIAN ZHEN XING GUAN (Lián Zhēn Xīng Guān) – 廉貞星官

Officier de l’Étoile de l’Intégrité Loyale. Cinquième étoile de la Grande Ourse (北斗 Běi Dǒu), gardienne de la droiture, de la pureté morale et de la fidélité au Dào. Lián Zhēn incarne l’énergie de rectitude qui tranche les illusions et purifie les intentions. Elle veille à la cohérence entre pensée, parole et action, et protège ceux qui marchent avec honnêteté, même dans l’adversité. Dans l’alchimie interne, elle stabilise le cœur, dissipe les influences néfastes et soutient le raffinement du feu intérieur. Invoquée pour renforcer le sens de l’éthique, maintenir l’alignement intérieur et dissoudre les attachements corrupteurs.

 

LIN (Lín) –

||¦¦¦¦ Hexagramme 19 – L’Approche. Le Ciel descend vers la Terre. Mouvement de bénédiction et d’ensemencement. En pratique, Lín évoque le souffle céleste approchant le bassin, annonçant le début du raffinement intérieur.

 

LING (Líng) -

Subtil, spirituel, merveilleux. Qualifie ce qui relève du numineux, de l’efficace invisible, souvent en lien avec l’âme, les esprits, ou le pouvoir surnaturel.

 

LING BAO (Líng bǎo) - 靈寶

École du Joyau Magique. Mouvement taoïste du IVe siècle centré sur les rituels communautaires, les talismans et les cosmologies célestes. [CD] École taoïste du IVe siècle centrée sur la cosmologie céleste, les rituels communautaires et l’usage des talismans et incantations.

 

LING BAO TIANZUN (Língbǎo Tiānzūn) – 靈寶天尊

Vénérable du Trésor Sacré. Deuxième des Trois Purs (三清 Sān Qīng), grande divinité céleste du Ciel de la Pureté Supérieure (上清 Shàng Qīng). Líng () signifie « numineux, spirituel », Bǎo () « trésor », Tiānzūn (天尊) « Vénérable céleste ». Gardien des Écritures sacrées révélées, il est la manifestation du Dào ordonnateur, celui qui structure les lois du cosmos à partir du souffle originel émané de Yuánshǐ Tiānzūn. Il préside à la distribution des talismans, des formules magiques ( fú, zhòu) et des registres divins. Dans les rituels daoïstes, Língbǎo Tiānzūn est invoqué pour réguler le monde intermédiaire, celui des énergies, des esprits, des cycles cosmiques. Il correspond à la conscience organisatrice du Shén, au Cœur éclairé, et à la transmission fidèle du Dào dans les mondes manifestés.
Il est associé à la lumière du souffle numineux, au rôle du lettré inspiré et au verbe créateur.

 

LING JIU (Líng Jiù) – 靈鷲

Vautour spirituel. Traduction littérale du nom du pic de l'Esprit (靈鷲山 Língjiù Shān), montagne sacrée du bouddhisme en Inde (Gṛdhrakūṭa), lieu où le Bouddha enseigna de nombreux sutras. Intégré dans l’imaginaire daoïsto-bouddhique, Líng Jiù symbolise la hauteur de la sagesse, l’esprit qui plane au-dessus du monde, et la transmission directe au sommet.

 

LING TAI (Líng Tái) – 靈台

Terrasse du Numineux. Dans la tradition daoïste, Língtái désigne un lieu intérieur où réside le Shén () — souvent situé dans la région du cœur ou du cerveau, selon les écoles. Il symbolise la clarté de la conscience, la stabilité de l’esprit, et le miroir lumineux où se reflète le Ciel. C’est aussi un point d’acupuncture (13DM) situé sur le dos, en lien avec la montée du souffle spirituel. Dans l’alchimie interne, Língtái est l’une des plates-formes subtiles à cultiver pour établir la présence lumineuse du Shén dans le palais intérieur.

 

LING XING (Líng xìng) - 灵性

Nature spirituelle. Désigne l’âme céleste, la partie la plus lumineuse de l’être humain, appelée à retourner au Dao après réalisation. [CD] Nature spirituelle lumineuse présente en chaque être. But du taoïsme : la reconnaître, la nourrir, la faire fusionner avec le Dao.

 

LING ZHI (Língzhī) – 靈芝

Champignon sacré de l’Esprit. Plante mythique par excellence dans la tradition daoïste, Líng signifie « esprit, numineux », et Zhī renvoie à l’herbe d’immortalité. Ensemble, ils désignent un être végétal surnaturel, porteur de l’essence du Ciel et de la Terre, capable de nourrir le Shén, de prolonger la vie et d’ouvrir l’esprit à la réalisation du Dào. Le língzhī est souvent représenté sous forme de reishi (Ganoderma lucidum), mais sa valeur réside autant dans sa forme symbolique que dans sa réalité médicinale. Il est offert aux Immortels, planté dans les jardins célestes, ou cueilli en songe par les pratiquants pour nourrir leur élixir intérieur. Dans les pratiques internes, língzhī devient aussi métaphore du raffinement de l’essence vitale (Jīng), transformée en lumière de sagesse.

 

LIU CHEN (Liù chén) - 六塵

Les six poussières. Conséquences des six racines sensorielles : formes, sons, odeurs, goûts, touchers, méthodes. Sources d'attachement et de trouble mental.

 

LIU CHENG YIN (Liǔ Chéng Yìn) – 柳誠印

Maître daoïste de l’époque Qīng, rattaché à la tradition de l’alchimie interne Quánzhēn 全真. Il est l’auteur du Xìng Mìng Guī Zhǐ 性命圭旨, un traité fondamental de Nèidān (alchimie interne) qui détaille la relation entre la nature (Xìng ) et la vie (Mìng ). Il y expose un chemin progressif de cultivation du souffle, du cœur-esprit et de la conscience, à travers une synthèse claire des écoles anciennes. Référence majeure pour les pratiquants du retour au Dào par l’union du Ciel et de la Nature humaine.

 

LIU DING YU NÜ (Liù Dīng Yùnǚ) – 六丁玉女

Demoiselle de Jade des Six Dīng. Entité céleste féminine issue du panthéon ésotérique daoïste. Associée aux Six Dīng (六丁), puissances stellaires liées aux cycles du temps et aux forces du Feu. Elle assiste les pratiquants dans la purification des passions, la protection contre les influences néfastes et la progression sur la Voie. Dans l’alchimie interne, elle incarne l’énergie subtile du Yīn raffiné, veillant à la gestation de l’élixir dans la chambre intérieure. Présente dans les rituels de talismanie et de méditation des écoles de la Perfection Totale (Quánzhēn), elle est gardienne du calme intérieur et du raffinement spirituel.

 

LIU FU (Liù Fǔ) – 六腑

Les Six Viscères. Ensemble des organes yang associés à la transformation, au mouvement et à la circulation du Qì et des liquides. Ils sont : Vésicule biliaire (Dǎn ), Intestin grêle (Xiǎocháng 小腸), Estomac (Wèi ), Gros intestin (Dàcháng 大腸), Vessie (Pángguāng 膀胱), et Triple Réchauffeur (Sānjiāo 三焦). Contrairement aux cinq organes pleins (Wǔ Zàng 五臟), ils sont dits « creux » et n’emmagasinent pas, mais transforment, transportent et éliminent. En alchimie interne, leur bon fonctionnement assure la fluidité des souffles, la régulation des transformations et la purification des déchets — essentiels à la transmutation du corps et de l’esprit.

 

LIU GEN (Liù gēn) - 六根

Les six racines. Représentent les bases des six sens (yeux, oreilles, nez, langue, corps, esprit) qui engendrent l’agitation mentale et les perceptions illusoires.

 

LIU YU (liùyù) – 六欲

Les Six Désirs. Notion issue du bouddhisme et intégrée à la cosmologie daoïste, désignant les attachements sensoriels fondamentaux qui entravent la paix de l’esprit et la réalisation du Dào.

Liù () signifie « six », et yù (), le « désir », le « vouloir » ou l’avidité. Les six désirs correspondent aux six portes des sens :

  1. Vue ( yǎn)
  2. Ouïe ( ěr)
  3. Odorat ( bí)
  4. Goût ( shé)
  5. Toucher ( shēn)
  6. Pensée / intention mentale ( yì)

Ils représentent les sollicitations constantes du monde phénoménal, qui dispersent le Shén (), agitent le Qì () et empêchent le retournement intérieur (fǎnguān 返觀). Dans les pratiques de méditation et d’alchimie interne, les liùyù doivent être apaisés et transmutés pour permettre la consolidation de l’embryon spirituel (shèngtāi 聖胎) et le retour à l’unité. C’est en dépassant ces six désirs que le pratiquant peut retrouver le silence originel du Vide, où réside le Dào.

 

LIU ZI JUE (LIÙ ZÌ JUÉ) – 六字訣

Art des Six sons. Pratique thérapeutique taoïste utilisant la vocalisation consciente de six sons spécifiques pour harmoniser les organes internes et faire circuler le Qì. Chaque son est émis sur l’expiration, avec une intention précise et un geste corporel associé. Cette méthode vise à purifier les organes des émotions perturbatrices et à restaurer la vitalité. Les six sons et leurs correspondances sont :

Son

Organes

Élément

Émotion

XU ()

Foie

Bois

Colère

HE ()

Cœur

Feu

Joie excessive

HU ()

Rate

Terre

Rumination, souci

SI ()

Poumons

Métal

Tristesse

CHUI ()

Reins

Eau

Peur

XI ()

Triple Réchauffeur

Harmonisation globale

Déséquilibres thermiques

 

LONG (Lóng) –

Dragon. Manifestation du Yáng en mouvement, lié aux nuées, à l’orage et à la pluie. Il ouvre les voies du souffle dans la colonne céleste et guide l’esprit dans son ascension. Il forme avec le tigre un couple complémentaire, moteur des grandes mutations internes.

 

LONG HU JIAO (Lónghǔ Jiāo) – 龍虎交

Union du Dragon et du Tigre. Image alchimique majeure représentant la fusion des forces Yáng et Yīn dans le corps du pratiquant.
– Le Dragon (Lóng
) symbolise l’énergie ascendante, le Qì Yáng, souvent lié au Foie ou au Rein gauche.

– Le Tigre (Hǔ ) incarne l’énergie descendante, le Qì Yīn, souvent associé au Poumon ou au Rein droit.

Leur Jiāo (union) désigne l’activation du Feu interne véritable, la mise en mouvement du Souffle dans l’orbite microcosmique, et la mise en creuset des essences opposées. Cette union est le déclencheur du travail alchimique, moteur de la transmutation interne vers l’Unité.

 

LONG HU SHAN (Lónghǔ Shān) – 龍虎山

Mont Dragon-Tigre. Montagne sacrée du Jiangxi, berceau du courant des Maîtres célestes (天師道 Tiānshī Dào). Associée à Zhang Daoling, fondateur du taoïsme religieux organisé. Centre liturgique, rituel et alchimique majeur, symbolisant l’union des forces opposées (Dragon = Yáng, Tigre = Yīn) dans la voie du retour au Dào.

 

LONG MEN (Lóng mén) - 龍門

École de la Porte du Dragon. Branche de l’école Quánzhēn, célèbre pour son enseignement du neidan, sa discipline monastique et son influence sous les dynasties Ming et Qing.

 

LONG MEN PAI (Lóngmén Pài) – 龍門派

École de la « Porte du Dragon ». Branche majeure de la lignée Quánzhēn, fondée par Qiu Chuji 丘處機. Allie alchimie interne, éthique confucéenne, pratiques rituelles et méditatives. Très présente dans les monastères du nord et transmise jusqu’à l’époque moderne.

 

LONG YAN (Lóng Yān) – 龍煙

« Fumée du Dragon ». Divinité résidente du Foie (Gān ), organe du Bois et gardien de l’Est. Lóng () représente l’élan vital, la montée du Qì, le souffle du renouveau. Yān () signifie fumée, brume, vapeur — symbole du mouvement subtil, de l’évaporation du Jīng vers le Qì. Lóng Yān incarne la force ascendante du Foie, l’impulsion de croissance, la libération des souffles contraints, et la capacité visionnaire de l’esprit Hùn (). Elle guide la poussée intérieure vers le Ciel, au début du cycle de transmutation.

 

LONG YAO (Lóng Yào) – 龍耀

« Dragon Rayonnant ». Divinité résidente de la Vésicule Biliaire (Dǎn ), associée à l’élément Bois et à la direction de l’Est. Lóng () évoque la puissance ascendante du Qì, la sagesse instinctive et la vision juste. Yào (耀) signifie rayonner, briller, indiquant la clarté de décision et l’éclat intérieur. Lóng Yào préside à la capacité de trancher, de choisir avec droiture, et soutient le mouvement initial du Dào dans l’alchimie du corps.

 

LU (Lǚ) –

||¦|||  Hexagramme 10 – La Marche. Conduite juste sur terrain instable. Lǚ enseigne la prudence en terrain mouvant, la rectitude dans l’action. Dans la Voie, c’est le pas du souffleur, avançant avec conscience dans l’alignement du souffle.

 

LU (Lǚ) –

¦¦||¦|  Hexagramme 56 – Le Voyageur. Âme en déplacement. Lǚ symbolise le mouvement de l’esprit en terre étrangère, l’instabilité créatrice. En alchimie, le Souffle explore, découvre, mais doit garder son axe intérieur.

 

LU CUN XING GUAN (Lù Cún Xīng Guān) – 祿存星官

Officier de l’Étoile de la Rémunération Conservée. Troisième étoile de la Grande Ourse (北斗 Běi Dǒu), associée à la bénédiction céleste, à la prospérité intérieure et au mérite accumulé. Lù Cún symbolise la rétribution spirituelle issue de la pratique vertueuse, de la fidélité au Dào, et de la préservation du souffle vital (Qì ). Dans l’alchimie interne, elle est la gardienne du trésor énergétique, celle qui veille à la non-dissipation du Jīng () et au stockage du mérite (功德 Gōngdé). Elle soutient la continuité des lignées, la stabilité intérieure et la récolte du fruit des actes passés. Invoquée pour accroître la longévité, protéger les ressources intérieures et renforcer la connexion aux ancêtres bienfaisants.

 

LU DONG BIN (Lǔ Dòngbīn) – 呂洞賓

Lettré à l’épée. Figure majeure du courant Quánzhēn, il représente la voie de la sagesse et de la pureté, maniant l’épée de discernement contre les démons intérieurs. Protecteur des lettrés et des alchimistes.

 

LU LU GUAN (Lùlú Guān) – 轆轤關

Barrière de la Poulie, aussi appelée Barrière qui enserre l’Épine. Point essentiel de l’alchimie interne, situé entre les omoplates, dans la région dorsale de la colonne, sur le trajet du vaisseau Gouverneur (Dū Mài 督脈) et à proximité des points Jiājǐ 夾脊. Lùlú (轆轤) désigne une poulie ou un treuil, évoquant le mécanisme subtil d’élévation du souffle (Qì ) depuis les profondeurs du corps vers le sommet. Guān (), « barrière », marque un seuil énergétique crucial à franchir dans le Petit Cycle céleste (Xiǎo Zhōu Tiān 小周天). Elle régule le passage du Feu et de l’Eau, et son ouverture conditionne la montée du souffle raffiné (Jīng-Qì 精氣) vers le cerveau (Ni Wán 泥丸). Elle est également une porte de transformation dans la gestation de l’embryon d’immortalité (Chángshēng Yīng 長生嬰).

 

Lumière spirituelle (shénguāng) - 神光

[CD] Éclat ou rayonnement subtil du Shén. Signe d’une pratique avancée. Peut apparaître comme lumière intérieure dans certaines méditations.

 

Lune (Yuè) –

Lune. Symbole fondamental du yīn , Yuè incarne la fraîcheur, la réceptivité, le silence et la lumière intérieure. Associée à la nuit, à l’Eau, à l’hiver et à la direction Nord, la Lune reflète la lumière du Ciel dans le monde intérieur. Dans la tradition daoïste, elle représente le cœur calme, le miroir de l’esprit, et la voie du retour. Sa clarté évoque l’éveil du shén dans la méditation, lorsque les pensées s’apaisent et que surgit la lumière du Vide. Dans l’alchimie interne, la Lune est associée au dāntián supérieur, à l’eau céleste (tiān shuǐ 天水), et à la nourriture subtile du yin raffiné, soutenant l’élixir de longévité. Elle est le double complémentaire du Soleil (Rì ) dans le travail d’unification du yin et du yang.

 

LUO SHU (Luò Shū) – 洛書

Écrit du Fleuve Luo. Carré magique légendaire révélé par une tortue sacrée surgie du fleuve Luò 洛水. Il présente une disposition numérique parfaite (15 par ligne, colonne et diagonale) structurant le Yīn-Yáng, les cinq éléments (Wǔ Xíng 五行) et les neuf palais (Jiǔ Gōng 九宮). En complément du Hé Tú 河圖, le Luò Shū représente l’ordre manifesté du cosmos, utilisé dans le Yi Jing, le feng shui, et l’alchimie interne pour orienter les pratiques selon les cycles célestes. Symbole du rythme harmonique du Dào dans le monde manifesté.

 

MA DAN YANG (Mǎ Dān Yáng) – 馬丹陽

Maître alchimiste et immortel daoïste, l’un des Sept Parfaits de la Perfection Totale (Quánzhēn Qī Zhě 全真七者), disciple de Wáng Chōngyáng 王重陽 au XIIe siècle. Connu pour sa profonde maîtrise de l’alchimie interne, de la médecine daoïste et de la magie talismanique, il est aussi l’auteur présumé des "Onze points célestes de Ma Danyang", une liste célèbre de points d’acupuncture aux effets puissants. Figure centrale de la tradition Quánzhēn 全真, Mǎ Dānyáng incarne l’idéal de l’immortel lettré, unissant érudition, pratique spirituelle et efficacité thérapeutique. Il est également associé à l’Épée de Sagesse, en lien avec le Guerrier Véritable (Zhēnwǔ 真武), symbole de discernement et de protection contre les forces internes perturbatrices.

 

MAO (Mǎo) –

Lièvre. Bois Yīn. Expansion harmonieuse, croissance discrète. Souplesse et sensibilité du vivant.

 

Maître-Cœur (Xīn Bāo) – 心包

Péricarde. Protecteur du Cœur (Xīn ), il agit comme un bouclier énergétique contre les atteintes internes et externes, notamment émotionnelles. Dans la tradition daoïste, il est parfois considéré comme un canal de communication entre le Cœur et les autres organes, régulant la circulation du Sang (Xuè ) et du Feu du Cœur (Xīn Huǒ 心火). Il est aussi appelé « Porte du Temple du Cœur », garantissant la paix du Shén (). En alchimie interne, il joue un rôle subtil dans la gestion des passions et des perturbations du souffle mental, contribuant à la stabilité du palais spirituel.

 

Méditation assise (zuòchán) - 坐禪

[CD] Terme issu du bouddhisme Chan, utilisé aussi par les taoïstes pour désigner la pratique d’assise silencieuse centrée sur la vacuité.

 

Méditation de visualisation (cúnxiǎng) - 存想

[CD] Méthode consistant à visualiser volontairement des divinités, des organes ou des symboles lumineux dans le corps. Pratique centrale du taoïsme Shangqing.

 

MENG (Méng) –

¦|¦¦¦|  Hexagramme 4 – L’Inexpérience. Ignorance brute. Méng signale l’état non cultivé, mais riche de potentiel. L’enseignement et la pratique sont requis pour éveiller l’esprit du disciple et commencer à raffiner le souffle.

 

MERCURE (SHUǏ YÍN) – 水銀

Dans le contexte du nèidān (內丹), le mercure n’est pas seulement un élément métallique, mais surtout une métaphore symbolique représentant la substance volatile, féminine, réceptive, lunaire, yin, qui doit être stabilisée ou fixée dans le processus de raffinement. Il est complémentaire du soufre (huáng, yang). Le mercure est associé à l’eau (shuǐ ), à l’essence (jīng ) fluide, à la salive (symbolisant l’élixir interne), et au shén dispersé à reconcentrer. Parmi ses synonymes dans le nèidān, on trouve notamment :

1.       Yīn yín (陰銀) – Argent yin / mercure yin

2.       Hé huā (鶴華) – Fleur de grue

3.       Nǚ shuǐ (女水) – Eau féminine

4.       Yín huá (銀華) – Fleur d’argent

5.       Yín zhī (銀汁) – Suc d’argent

6.       Yín tán (銀潭) – Étang d’argent

7.       Yuè huá (月華) – Lumière lunaire

 

Mérite (gōngdé) - 功德

[CD] Résultat spirituel d’un acte juste, d’une conduite conforme au Dao. S’accumule par la pratique, la récitation, l’éthique et les rituels.

 

Métal (Jīn) –

Métal. Élément de l’automne, de la condensation, de la clarté intérieure et de la coupe juste. Il correspond à l’Ouest, à la couleur blanche, au Poumon (Fèi ), et à l’émotion du lâcher-prise. Jīn est la force qui trie, purifie, condense le souffle et ramène à l’essentiel.

 

Métamorphose du corps (huàshēn) - 化身

[CD] Transformation du corps physique en corps subtil ou corps d’immortel. Symbolise la transfiguration dans certaines écoles.

 

MING (Mìng) -

Destin, force vitale. L’un des deux pôles de la réalisation dans le Nèidān, complémentaire de Xìng (nature essentielle).

 

MING GONG (Mìng gōng) - 命功

Travail du destin. Ensemble des pratiques énergétiques corporelles (postures, souffles, qìgōng) destinées à prolonger la vie et cultiver le jīng.

 

MING MEN (Mìng mén) - 命門

Porte du destin. Point énergétique situé entre les reins (L2–L3), considéré comme source du feu vital et centre de la longévité.

 

MING TANG (Míng Táng) – 明堂

Palais de la Clarté. Lieu symbolique et énergétique central dans la tradition daoïste, le Míng Táng est à la fois un espace cosmique, un centre du visage, et un palais intérieur de la lumière. Situé entre les deux yeux ou légèrement en arrière, il est parfois identifié au Dāntián supérieur, parfois au palais central du cerveau, et dans les cartes alchimiques, à la chambre de la clarté (ou clairvoyance) logée au-dessus du Niwán. Le Míng Táng est un lieu de révélation, où le Shén () peut contempler la lumière du Ciel. Il est aussi le temple intérieur où convergent les trois souffles clairs (三清氣) et où la conscience peut se retourner vers sa source. Dans les rituels anciens, le Míng Táng était aussi un édifice impérial et sacré, image terrestre du centre céleste, où l’empereur recevait le Mandat du Ciel. Cette correspondance renforce son rôle d’axe médian dans la pratique alchimique : temple intérieur du souverain de soi. Lieu d’éveil, de vision spirituelle et de transmutation du Shén, le Míng Táng est un miroir lumineux où se reflète le Vide originel.

 

MING TIAN GU (Míng tiān gǔ) - 鳴天鼓

Battre les tambours célestes. Pratique méditative visant à stimuler l’énergie auditive interne en fermant les oreilles et en frappant l’arrière du crâne.

 

MING YI (Míng Yí) – 明夷

|¦|¦¦¦ Hexagramme 36 – Obscurcissement de la Lumière. Lumière blessée, Shén caché. Ce moment appelle la retraite intérieure, la dissimulation du feu clair pour le préserver. Phase alchimique de descente dans l’ombre pour nourrir la lumière future.

 

Moi véritable (zhēnwǒ) - 真我

[CD] Nature profonde et originelle de l’être, non conditionnée par les émotions ni les désirs. Opposé au moi ordinaire (wǒ).

 

MU (Mù) –

Bois. Élément du printemps, de la croissance, de l’expansion et du souffle naissant. Il correspond à l’Est, à la couleur verte, au Foie (Gān ) et à l’émotion de la colère transformée. Mù pousse vers l’avant, cherche l’harmonisation dans le mouvement. Il initie la circulation du qì et la montée du yang.

 

NA YE (NÀ YÈ) – 納液

Avaler la salive. Pratique taoïste visant à recycler l’essence interne produite dans la bouche, en la dirigeant vers le dāntián.

 

NAN JI (Nánjí) – 南極

Étoile du Pôle Sud. Corps céleste mythique du Ciel méridional, associé dans le daoïsme à la longévité, à la paix intérieure et à la réalisation spirituelle. Nán signifie « sud », Jí désigne le « pôle », l’extrémité suprême. Par opposition au Běijí 北極 (Pôle Nord), axe de rotation céleste, le Nánjí incarne une stabilité lumineuse yin-yáng pleinement équilibrée. Bien que non visible dans le ciel réel depuis la Chine ancienne, Nánjí est hautement symbolique. Il est associé au Vieillard du Pôle Sud (Nánjí Lǎorén 南極老人), il représente la destination ultime des âmes vertueuses, et sert parfois de métaphore de la clarté du Shén pacifié, retournant à sa demeure céleste. Dans certaines cartes alchimiques et rituels, Nánjí est le trône de l’achèvement, pôle méridional où convergent les actions justes et les pratiques achevées.

 

NAN JI LAO REN (Nánjí Lǎorén) – 南極老人

Le Vieillard du Pôle Sud. Divinité stellaire et bienveillante du panthéon daoïste, associée à l’étoile de la longévité (南極星 Nánjí Xīng, l’étoile polaire sud) et à la bénédiction de la longévité harmonieuse. Nánjí 南極 désigne le « Pôle Sud », sphère du Ciel méridional, et Lǎorén 老人 signifie « vieillard », image de sagesse et de durée. Dans l’imaginaire daoïste il incarne le Yáng suprême stabilisé, il est gardien de la vie longue et du destin heureux, et symbolise la fin pacifiée du cycle vital, en lien avec l’immortalité terrestre. Il est souvent représenté comme un vieillard à la barbe blanche, tenant une pêche d’immortalité (xiāntáo 仙桃) et accompagné d’une grue ou d’un cerf. Dans les rituels et visualisations, il est invoqué pour protéger le Mìng (destin vital) et accompagner le pratiquant vers une transformation paisible du corps.

 

NAN NU PING DENG (NÁN NǙ PÍNG DĚNG) – 男女平等

Égalité homme-femme. Affirmation d’un principe d’équité fondamental dans certaines écoles taoïstes, en particulier dans le Quánzhēn.

 

NAO HAI (Nǎo Hǎi) – 腦海

Mer des Moelles. Désigne le cerveau dans la médecine et l’alchimie interne daoïste. Considéré comme le réservoir suprême de la moelle (suǐ ), il est nourri par l’Essence (Jīng ) stockée dans les Reins. Le Nǎo Hǎi est le siège du Shén , de la conscience spirituelle, et joue un rôle central dans la transformation alchimique du corps. Il correspond aussi à la région du Dāntián supérieur, lieu de clarté et de retour au Vide lumineux.

 

Nature (xìng) -

[CD] Essence propre de chaque être, donnée par le Ciel. Associée au shén, elle doit être retrouvée pour s’unir au Dao.

 

NEI DAN (Nèi dān) - 內丹

Alchimie interne. Voie taoïste de transformation spirituelle basée sur le corps comme creuset, visant à raffiner le jīng en qì, puis en shén, pour atteindre l’union au Dao.

 

NEI GONG (Nèi gōng) - 內功

Travail interne. Pratiques énergétiques centrées sur l’interne (souffle, intention, postures) pouvant inclure neidan, qìgōng ou arts martiaux internes.

 

NEI GUAN (NÈI GUĀN) – 內觀

Observation intérieure. Méthode de contemplation méditative sur les mouvements internes de l’esprit et du souffle.

 

NEI JING TAI SU (Nèijīng Tàisù) – 內經太素

Grande Essence du Classique interne. Texte médical ancien, attribué à la tradition du Huángdì Nèijīng 黃帝內經, mais compilé plus tard (dynastie des Song). Le Tàisù 太素 (« Grand Élément fondamental ») en est une version développée, rassemblant des fragments de textes perdus ou divergents. Il approfondit les notions de méridiens, souffles, esprits et physiologie énergétique, souvent avec un langage plus ésotérique et cosmologique. Dans le cadre de l’alchimie interne et de la médecine spirituelle daoïste, le Nèijīng Tàisù conserve des références précieuses aux divinités internes (神藏 shén zàng), à la circulation des souffles célestes, et aux liens entre médecine et Dào.

 

NEI JING TU (NÈI JĪNG TÚ) – 內經圖

Carte du Classique interne. Carte du Paysage intérieur. Représentation emblématique du corps humain comme paysage intérieur, illustrant les étapes de l’alchimie interne taoïste (nèidān 內丹). Composée sous les Qing, cette carte montre le corps vu de profil, avec des symboles géographiques et célestes (rivière, montagne, Voie lactée, Pont des pies, etc.), représentant la circulation du qì, les vaisseaux Ren Mai et Du Mai, et l’ascension spirituelle. Elle synthétise des influences daoïstes et bouddhiques.

 

NEI SHEN (Nèi shèn) - 內腎

Reins internes. Concept ésotérique représentant les racines profondes du jing, distinct des reins anatomiques ; parfois associés au couple yin/yang des reins dans l’alchimie.

 

NEI XIAN, HOU XIAN (NÈIXIÀN, HÒUXIÀN) – 內線,後線

Arc interne / arc externe. Désignent les deux circuits de la Petite Circulation (Xiao Zhou Tian) : interne (Ren Mai) et externe (Du Mai).

 

NEI YE (Nèiyè) - 內業

Travail interne. Expression ancienne du taoïsme désignant la cultivation spirituelle intérieure, par opposition à l’action extérieure (« wai ye »).

 

NEI ZHAO (Nèi zhào) - 內照

Illumination intérieure. Méthode d’introspection où l’on retourne le regard de l’esprit vers l’intérieur pour nourrir les divinités corporelles et accumuler le shén.

 

NI SHI (nìshì) – 逆視

Observation à rebours. Terme méditatif et alchimique désignant l’acte de regarder à contre-courant, de tourner la vision vers l’origine plutôt que vers les phénomènes. () signifie « inversé », « à rebours », et shì (), « voir » ou « observer ». Cette pratique va de pair avec fǎnguān (返觀, contemplation retournée) et fǎnzhào (反照, Grand Retour). Par nìshì, le pratiquant cesse de se laisser entraîner par le flux des objets perçus et retourne son regard vers la source de la vision elle-même — le Shén (), logé dans le cœur ou le Palais de la Clarté. Elle permet d’interrompre la dispersion du , de stabiliser l’esprit, et d’éveiller la lumière intérieure. L’observation à rebours est ainsi l’un des piliers de la voie intérieure : remonter le courant des souffles, inverser le mouvement de l’énergie, et retrouver la trace invisible du Dào dans l’instant présent.

 

NI WAN (Níwán) - 泥丸

Pilule de boue. Centre spirituel situé au sommet du crâne (point Bǎi Huì). Associé au dāntián supérieur et à la transcendance du shén dans le Nèidān.

 

NI WAN JUN (Níwán Jūn) – 泥丸君

Seigneur de la Pilule de Boue. Divinité interne résidant dans le Champ de cinabre supérieur, situé au centre du cerveau. Níwán 泥丸, litt. « boule de boue », désigne ce centre alchimique où s’unifient les souffles de la conscience. Jūn signifie « seigneur » ou « maître ». Níwán Jūn est le gardien du palais du Vide lumineux, souvent associé à la clarté du Shén, à la Porte du Ciel (Tiānmén 天門), et à l’émergence du corps de lumière (金身 jīnshēn). Il reçoit les souffles du Ciel antérieur et supervise le raffinement du Shén en Xūguāng 虛光 (lumière du Vide). Dans les pratiques de visualisation, Níwán Jūn est invoqué pour stabiliser l’esprit, ouvrir la Voie intérieure, et réaliser l’unité du cœur et du Ciel.

 

NI XING (nì xíng) – 逆行

Marche à rebours des énergies. Terme clé de l’alchimie interne, nì xíng signifie littéralement « aller à contre-courant ». Il désigne le retournement du flux énergétique, en opposition au mouvement naturel descendant et dispersif du qì dans le corps ordinaire. Cette inversion permet de faire remonter l’essence (jīng ) vers le cœur, puis de sublimer le souffle (qì ) jusqu’au sommet du crâne, pour y raffiner l’esprit (shén ). Elle est le fondement de la Petite Circulation Céleste (Xiǎo Zhōu Tiān 小周天) et de la gestation du jīndān 金丹. Nì xíng symbolise aussi une attitude spirituelle profonde : aller à contre-courant du monde profane, des désirs et de l’oubli de soi, pour revenir au Dào . C’est le mouvement du retour à l’unité intérieure, par le renversement du courant de la vie vers sa source.

 

NIAN (Niàn) -

Pensée, souvenir. Désigne l’activité mentale qui peut disperser le shén. Dans la méditation, on cherche à apaiser ou effacer les *niàn* pour revenir au Vide.

 

NIAN LOU (Niàn lòu) – 念漏

Fuite de la pensée. Troisième fuite. Résulte d’une activité mentale continue, d’un esprit agité et dispersé. Les pensées vagabondes (niàn ) consomment l’énergie du cœur, épuisent le shén, et empêchent la fixation du souffle dans le dāntián. La régulation mentale, par la méditation ou l’observation intérieure (nèi guān 內觀), est indispensable pour consolider l’élixir.

 

NING MU (Níng mù) - 凝目

Fixer le regard. Méthode de concentration consistant à stabiliser la vision sur un point pour calmer l’esprit et unifier l’intention.

 

NING SHEN JU QI (NÍNG SHÉN JÙ QÌ) – 凝神聚氣

Figer l’esprit pour accumuler le souffle. Technique de méditation visant à concentrer le shén afin de nourrir et faire descendre le qì dans le dāntián.

 

NIU LANG (Niúláng) – 牛郎

Le Bouvier céleste. Héros mortel de la légende Niúláng Zhīnǚ 牛郎織女, il est associé à l’étoile Altaïr (niú xīng 牛星) dans la constellation de l’Aigle. Humble gardien de bœufs, Niúláng incarne le yang terrestre, la fidélité du cœur, et la persévérance dans l’épreuve. Son union avec Zhīnǚ 織女, la Tisserande céleste, transgresse les lois célestes, provoquant leur séparation par la Voie lactée (Yínhé 銀河). Mais grâce à la compassion cosmique, ils peuvent se retrouver une fois l’an, le septième jour du septième mois lunaire (Qīxì 七夕), sur le pont des pies (què qiáo 鵲橋). Dans l’imaginaire daoïste, Niúláng représente l’aspiration du monde terrestre à s’unir au céleste, et son parcours reflète le chemin de transformation alchimique : de la simplicité incarnée à l’élévation spirituelle par l’amour, le souffle et la constance.

 

Non-agir (wúwéi) - 無為

[CD] Agir sans forcer, sans interférer avec le cours naturel des choses. Principe fondamental du Dao De Jing. Laisser faire le Dao.

 

NU (NÙ) –

Colère. Émotion perturbatrice liée au foie dans la médecine chinoise ; entrave la circulation du qì et disperse le shén.

 

NU DAN WEI SU (NǙ DĀN WÈI SÙ) – 女丹為速

L’élixir des femmes se forme plus vite. Principe issu du Nèidān féminin affirmant que les femmes peuvent atteindre plus rapidement certains états de transformation intérieure.

 

NÜ SHUI (Nǚ shuǐ) – 女水

Eau féminine. Nom codé du mercure dans les textes alchimiques. Représente le principe féminin, fluide, yin, nécessaire à la combinaison avec le feu masculin (yang) pour initier la transformation.

 

NU WA (Nǚ Wā) – 女媧

Déesse créatrice. Compagne de Fú Xī, elle façonne les humains à partir de la terre jaune et répare le ciel brisé, restaurant l’ordre du monde. Symbole du principe féminin, de la compassion originelle et de la forme matricielle de l’univers.

 

Observation intérieure (nèiguān) - 內觀

[CD] Contemplation du souffle, de l’esprit ou des organes internes. Technique méditative visant l’unification et la clarté du shén.

 

Œil Céleste (Tiān mù) - 天目

Centre spirituel situé entre les sourcils (troisième œil), utilisé dans la visualisation, la perception subtile et la clarté du shén.

 

Or (Jīn) –

Métal noble et indestructible, symbole de perfection, d’essence raffinée et d’immortalité dans la tradition daoïste. Il est associé à l’élément Métal (du cycle Wǔxíng 五行), à la direction Ouest, à l’automne et à la contraction du qì vers l’intérieur. Dans l’alchimie interne, jīn désigne aussi l’or alchimique, aboutissement du raffinement du jīng , puis du qì et du shén . On parle alors de jīn dān 金丹 – la Pilule d’Or, symbole de réalisation spirituelle et de longévité transcendée. L’or incarne la pureté ultime, le rayonnement condensé du Dào , et est souvent mentionné dans les noms des palais célestes, des immortels et des lieux sacrés : Montagne d’Or, Elixir d’Or, Corps doré (jīn shēn 金身). Il est aussi lié à la résilience, à la coupe du superflu, et à la lumière intérieure stable.

 

Oreiller de jade (yùzhěn) - 玉枕

[CD] Point situé à la base du crâne, barrière énergétique dans la circulation du souffle. Lieu de passage du qi dans le Du Mai.

 

PAN GU (Pángǔ) – 盤古

Premier Être, Géant Cosmique. Figure mythique de la cosmogonie chinoise, Pángǔ est celui qui sépara le Ciel et la Terre à l’origine des mondes. Émergeant du chaos primordial, il grandit chaque jour pour stabiliser l’univers, maintenant le Ciel au-dessus et la Terre en dessous. À sa mort, son corps se transforma en éléments du monde naturel : souffle en vent, voix en tonnerre, yeux en astres, sang en fleuves, os en montagnes… Dans le Daoïsme, Pángǔ incarne la force organisatrice du Dào en action, le passage de l’Unité indistincte à la manifestation des dix mille êtres, archétype du souffle créateur et de la transformation cosmique.

 

PANG GUANG (Páng Guāng) - 膀胱

Vessie. Viscère de l’Eau. Elle gère les eaux usées du corps et veille à leur évacuation. Associée au Rein, elle traduit la sagesse de la retenue et de la dépense. Elle participe à l’équilibre des liquides et à l’épure intérieure.

 

PENG (Péng) –

Grand oiseau mythique. Issu de la transformation du poisson Kūn () dans le Zhuāngzǐ, le Péng est un oiseau gigantesque dont les ailes s’étendent comme des nuages couvrant le ciel. Il prend son envol et atteint les hauteurs célestes, porté par les vents ascendants de la Voie. Le Péng est le symbole de la liberté suprême, de l’émancipation des limites mentales et sociales, et de la fusion avec les lois naturelles du Dào. Il incarne l’idéal de l’errance libre (xiāo yáo 逍遙), inaccessible à ceux qui restent attachés aux formes et aux normes du monde.

 

PENG LAI (Péng Lái) – 蓬萊

Île des Immortels. Terre mythique située à l’Est, au milieu de l’océan, Pénglái est l’une des trois montagnes sacrées marines (avec Fāngzhàng 方丈 et Yíngzhōu 瀛洲) où vivent les xiān , êtres réalisés ayant transcendé la mort. Accessible uniquement par les vaisseaux spirituels, les nuages lumineux ou les pratiques du Dào, elle abrite les pêchers d’immortalité, des pavillons de jade, et les élixirs célestes. Symbole de pureté, d’immortalité et d’unité du souffle, Pénglái est la projection géographique du paradis intérieur recherché dans l’alchimie. Résidence parfois attribuée au Roi-Père de l’Est (Dōng Wáng Gōng 東王公), elle incarne la quête ultime du retour à l’origine, et a nourri l’imaginaire de l’alchimie, de la poésie et des arts depuis l’époque des Royaumes combattants.

 

PI (Pí) –

Rate. Organe de la Terre et du Centre. Source de transformation et de transport, elle digère l’essence du monde pour nourrir les cinq trésors. Elle abrite la pensée (Yì ) et donne l’ancrage mental. Sa stabilité est garante de la verticalité sur le chemin de la pratique.

 

PI (Pǐ) –

¦¦¦|||  Hexagramme 12 – La Stagnation. Blocage des échanges entre le Ciel et la Terre. Pǐ marque une rupture du flux du Qì, un isolement du Shén. C’est une phase d’obscurcissement, de repos forcé, mais aussi d’introspection propice au retournement vers l’intérieur.

 

PO (Pò) -

Âme corporelle. Composante yin de l’âme, associée aux poumons et au corps. Contrairement au hún (spirituel), le pò meurt avec le corps si non raffiné par la pratique.

 

PO JUN XING GUAN (Pò Jūn Xīng Guān) – 破軍星官

Officier de l’Étoile du Général Destructeur. Septième étoile de la Grande Ourse (北斗 Běi Dǒu), symbole de rupture, de métamorphose radicale et de traversée des épreuves. Pò Jūn incarne l’énergie de démantèlement nécessaire à la renaissance : il détruit l’ancien pour révéler l’essence. Étoile de la fin des cycles, elle est associée aux crises existentielles, aux combats intérieurs, mais aussi à l’audace de rompre avec l’illusion. Dans l’alchimie interne, elle soutient la dissolution de l’ego et la percée vers l’ultime vide ( Xū). Invoquée pour franchir les barrières, couper les liens karmiques et initier les grandes mutations du destin.

 

Poumon (Fèi) –

Organe du Métal et de l’Ouest. Il reçoit le souffle céleste et gouverne la respiration. Il abrite le pò (), les âmes corporelles, et harmonise la peau et les poils. Porte du ciel antérieur, il est le messager des mutations saisonnières et de la pureté du souffle.

 

Porte de la force vitale (mìngmén) - 命門

[CD] Lieu clé de l’énergie vitale dans le corps. Identifié à un point entre les reins (4DM), au rein droit ou à l’ombilic selon les traditions.

 

Porte de l’essence (jīngmén) - 精門

[CD] Orifice par lequel sort l’essence sexuelle. Symboliquement : le lieu par où l’on perd ou transforme le jing dans l’alchimie.

 

Porte de l’âme (shénmén) - 神門

[CD] Peut désigner les yeux, les oreilles, la bouche, ou le point C7 (Cœur) dans l’acupuncture. Lieu d’entrée et de sortie du shén.

 

Porte terrestre (dìmén) - 地門

[CD] Orifice inférieur du corps, souvent associé aux pieds ou aux organes génitaux. Opposée à la Porte céleste (tiānmén).

 

Prodiguer le souffle (bǔqì) - 補氣

[CD] Acte thérapeutique consistant à transmettre du qi à autrui par l’intention, la main ou la visualisation. Pratique énergétique ou rituelle.

 

PU (PǓ) –

Simplicité. Idéal taoïste de naturel, dépouillé d’artifices, qui caractérise l’état originel de l’être non façonné par les conventions sociales.

 

QUE YIN (Què Yīn) – 雀陰

Démon Moineau. Premier des sept Pò (), âmes corporelles logées dans les Poumons ( fèi), liées au Yīn, au corps, aux instincts fondamentaux. Què Yīn incarne l’impulsion vitale primaire, rythmée par la respiration, la vigilance sensorielle et la peur de mourir. Le moineau ( què) symbolise la vivacité, l’alerte, le réflexe ; Yīn (), la nature obscure et terrestre du Pò. Ce démon est l’âme corporelle du sursaut, de la conservation physique, du besoin de sécurité immédiate. Dans l’alchimie daoïste, Què Yīn est l’une des forces à apaiser, transmuter et intégrer, afin qu’elle cesse de réagir à l’illusion du danger et devienne énergie de présence, non de survie. Elle est travaillée par le souffle et le silence, jusqu’à devenir un gardien éveillé plutôt qu’un démon effrayé.

 

QI (Qí) –

Le Nombril. Centre de la Vie et point d’origine du souffle vital reçu avant la naissance. Dans les traditions daoïstes, il est le centre du Dāntián inférieur (下丹田), réservoir fondamental du Jīng (, essence) et pivot de l’alchimie corporelle. Le est considéré comme une porte d’entrée vers les profondeurs de l’être, lieu de condensation du () et de gestation de l’élixir intérieur. Sa stimulation par la respiration, la méditation ou le toucher conscient permet d’ancrer l’esprit, de renforcer la vitalité et de reconnecter l’homme à sa source primordiale.

 

QI (Qì) - /

Souffle, énergie vitale. Principe fondamental de la cosmologie taoïste, animant tous les êtres et reliant le ciel, la terre et l’homme. Objet central des pratiques de santé, d’alchimie et de méditation. [CD] Souffle vital universel, fondement de tous les phénomènes. Il anime l’univers, les corps et les esprits. Peut être grossier ou subtil.

 

QI (QÌ) –

Qì du Ciel antérieur, Souffle du Ciel antérieur, Souffle non igné.
Désigne le souffle originel, pur et non différencié, antérieur à la naissance et à toute transformation par le feu postnatal. Il est représenté par le caractère
(qì), différent du qì ordinaire () qui inclut la clé du feu () sous le caractère (unité), soulignant sa nature lumineuse, invisible, transcendante. Ce Souffle du Ciel antérieur est transmis par les parents au moment de la conception, stocké dans les Reins (Shèn ) et cultivé dans l’alchimie interne (nèidān) pour restaurer l’unité perdue. Il est aussi appelé Souffle non igné, car il ne relève pas du feu postnatal (yáng actif et consumant) mais d’un feu invisible, dit aussi feu de l’eau (shuǐ zhōng zhī huǒ 水中之火). Sa restauration permet l’union avec le Dào, par la reconnexion à l’origine.

 

QI JING BA MAI (Qì jīng bā mài) – 奇經八脈

Huit merveilleux vaisseaux. Réseau énergétique secondaire, complémentaire aux douze méridiens principaux, formé de huit canaux profonds qui régulent et redistribuent le qì dans le corps. Fondamentaux en alchimie interne et en qìgōng, ils servent de réservoirs d’énergie et soutiennent la circulation dans les axes subtils (Du Mài, Rèn Mài, Chōng Mài, etc.).

 

QI KAI SHI (Qǐ kāi shǐ) – 起開始

Établir les fondations. Littéralement « commencer à initier », cette expression marque le point de départ d’une voie alchimique ou spirituelle. Elle désigne l’étape où le pratiquant stabilise le corps, le souffle (qì ) et l’esprit (shén ), posant les bases nécessaires à toute transformation intérieure. Condition préalable au raffinement de l’élixir.

 

QI LOU (Qì lòu) – 氣漏

Fuite du souffle. Deuxième perte majeure. Désigne la dissipation du qì (souffle vital) par une respiration agitée, des émissions verbales excessives, ou une activité non centrée. Le qì fuit aussi par le regard dispersé, les gestes superflus, ou un rythme de vie instable. Dans le nèidān, conserver le souffle permet de nourrir l’esprit (shén ) et de renforcer la structure énergétique du corps.

 

Qi nourricier (yíngqì) - 營氣

[CD] Qi yin qui circule à l’intérieur du corps pour nourrir les organes et les tissus. Complémentaire du qi défensif (wèiqì).

 

Qi originel (yuánqì) - 元氣

[CD] Qi inné présent dès la conception. Source de la vitalité et de la longévité. À préserver et nourrir dans toutes les pratiques internes.

 

QI QING (qīqíng) – 七情

Les Sept Sentiments. Concept fondamental de la médecine traditionnelle chinoise et de la psychologie daoïste, désignant les sept grandes émotions humaines susceptibles d’influencer profondément l’équilibre du Qì (), des organes, et du Shén (, esprit).

Les qīqíng sont :

  1. – la Joie
  2. – la Colère
  3. Yōu – la Tristesse
  4. – la Rumination / la Réflexion obsessionnelle
  5. Bēi – le Chagrin
  6. Kǒng – la Peur
  7. Jīng – le Choc / l’Épouvante

Chaque émotion est en relation avec un organe spécifique : Xǐ affecte le Cœur, Nù le Foie, Yōu et Bēi les Poumons, Sī la Rate, Kǒng et Jīng les Reins.

Dans la perspective daoïste, les qīqíng ne sont pas à supprimer, mais à comprendre, réguler et transmuter, car leur excès ou leur stagnation nuit au raffinement du souffle et à la stabilité du centre intérieur. Le pratiquant cherche à revenir à la vacuité du cœur, condition de la clarté du Shén et de l’union avec le Dào.

 

 

QI SHEN WEI YI (Qì shén wéi yī) – 氣神為一

Le qì et le shén ne font qu’un. Expression clé de l’alchimie interne désignant l’unification de l’énergie vitale (qì ) et de l’esprit (shén ). Résultat d’une cultivation avancée, cet état marque la fusion du corps et de la conscience dans une présence unifiée et lumineuse, libre de dispersion. Condition essentielle pour nourrir l’élixir intérieur et retourner au Dào .

 

QI YU JIAN (Qì yù jiàn) - 氣馭劍

Diriger l’épée par le qì. Technique d’alchimie ou d’arts martiaux dans laquelle l’intention guide l’énergie comme une lame subtile.

 

QIAN (Qiān) –

Plomb. Élément clef de l’alchimie externe (Wàidān), symbole du Yáng caché dans le Yīn, lourd et stable. Associé au Jīng , il représente dans l’alchimie interne (Nèidān) la substance fondamentale à raffiner. Le Plomb vrai (zhēn qiān 真鉛) désigne le souffle originel enfoui dans le bassin, point de départ de la transmutation vers le Cinabre (Dān ).

 

QIAN (Qián) –

Ciel. Trigramme composé de trois traits pleins , symbolisant la force créatrice, le yang pur, le père céleste. Représente l’élan, le pouvoir actif, l’origine de toute manifestation. Le dieu du trigramme Qián a pour nom rituel Zhòngní, et pour titre sacré Fúxī. Et Zhòngní est le nom civil de Confucius ! Mais ici il peut avoir une signification rituelle, évoquant la sagesse harmonisatrice entre Ciel et Homme. Fúxī est l’Ancien Souverain mythique, créateur du Bāguà, maître du souffle primordial, frère de Nǚwā. Fúxī est considéré comme l’auteur des trigrammes, et le représentant du Dào créateur. Cela place Fúxī comme la conscience divine du Qián, source du mouvement céleste, souffle premier de l’ordre cosmique.

 

QIAN (Qián) –

||||||  Hexagramme 1 – Le Créatif, le Ciel. Yáng pur, force motrice du Dào. Qián symbolise la puissance du Ciel actif, l’élan créateur du souffle originel. Fondement cosmique de l’alchimie : commencement, action juste, persévérance.

 

QIAN (Qiān) –

¦¦|¦¦¦  Hexagramme 15 – L’Humilité. Effacement fécond. Qiān désigne la présence discrète, le vide volontaire qui laisse passer la lumière. Vertu majeure de l’alchimiste : s’abaisser pour laisser s’élever le vrai souffle.

 

QIAO JUE (Qiào jué) - 竅訣

Formules essentielles. Instructions orales transmises de maître à disciple, contenant des clés pratiques pour franchir des seuils dans la pratique taoïste.

 

QING JING JING (Qīng jìng jīng) - 清静经

Classique de la Pureté et de la Quiétude. Texte taoïste court et essentiel décrivant le cheminement vers le Vide et la maîtrise du cœur-esprit.

 

QING JING PAI (Qīng jìng pài) – 清靜派

École de la Pureté et de la Quiétude. Branche du Quánzhēn mettant l’accent sur le silence intérieur et la régulation du souffle.

 

QING JING (Qīng jìng) - 清静

Pureté et quiétude. État fondamental recherché en méditation, caractérisé par la transparence de l’esprit et l’absence de désirs.

 

QING LONG (Qīng Lóng) – 青龍

Dragon Vert. Gardien de l’Est, associé au printemps, au Bois, et à la croissance du qì. Symbole de renouveau, de force vitale ascendante, il incarne la poussée du yang et la fluidité créatrice. Représente la fonction hépatique dans les correspondances médicales.

 

QING LOU (Qíng lòu) – 情漏

Fuite émotionnelle. Quatrième fuite. Représente la dispersion du qì et du shén causée par des émotions excessives ou non maîtrisées : colère (nù ), tristesse (bēi ), peur (kǒng ), etc. Ces perturbations affectent les organes-zàng, rompent l’équilibre du yin-yang, et freinent l’ascension alchimique. La stabilité émotionnelle (qíng zhì 情志) est la clé de la conservation des souffles subtils.

 

QING YANG (Qīngyáng) – 青陽

Printemps Lumineux. Nom symbolique du printemps cosmique, phase de l’émergence du Yáng pur dans le cycle de transformation. Qīng désigne la clarté bleutée ou verte, couleur du bois et de l’Est ; Yáng évoque la force ascendante, vivifiante. Ensemble, ils incarnent le renouveau du souffle vital, la montée du feu alchimique dans sa phase initiale. Dans l’alchimie interne, Qīngyáng est associé à la jeunesse du feu (少火 shào huǒ), au Souffle naissant dans le Dāntián inférieur, et à l’activation du processus de transmutation. Il peut aussi être un nom initiatique pour désigner l’adepte dans sa phase de purification et d’élévation.

 

QIU DAO (Qiú dào) - 求道

Rechercher la Voie. Désigne l’aspiration sincère à cultiver le Dao à travers l’étude, la pratique et la transformation de soi.

 

QUAN ZHEN (Quán zhēn) - 全真

École de la Perfection totale. Parfaite Réalité. École daoïste fondée au XIIe siècle par Wang Chongyang 王重陽, synthétisant daoïsme, bouddhisme Chan et confucianisme. Insiste sur la pureté intérieure, la pratique monastique, l’alchimie interne et la méditation. Fortement influente au nord de la Chine.

 

QUE QIAO (Què qiáo) - 鵲橋

Pont des pies. Pont céleste formé par des pies magiques, permettant chaque année la réunion de Niúláng 牛郎 et Zhīnǚ 織女, les amants séparés par la Voie lactée (Yínhé 銀河). Il apparaît le septième soir du septième mois lunaire (Qīxì 七夕), lors de la fête des amoureux célestes. Dans la symbolique daoïste, ce pont représente l’union du yin et du yang, la connexion entre le monde intérieur et céleste, et l’ouverture du passage central dans le corps. Il est souvent associé à la langue posée au palais, reliant Ren Mài 任脈 (vaisseau Conception) et Dū Mài 督脈 (vaisseau Gouverneur) dans la Petite Circulation Céleste (Xiǎo Zhōu Tiān 小周天). Què qiáo incarne ainsi le pont alchimique permettant l’unification du souffle et de l’esprit, la traversée du gouffre intérieur, et le retour à l’unité perdue.

 

Rate (Pí) –

Organe de la Terre et du Centre. Source de transformation et de transport, elle digère l’essence du monde pour nourrir les cinq trésors. Elle abrite la pensée (Yì ) et donne l’ancrage mental. Sa stabilité est garante de la verticalité sur le chemin de la pratique.

 

REN (Rén) –

Neuvième tronc céleste. Eau Yáng. Flux puissant, sagesse en mouvement. Symbole du potentiel créateur caché et des forces profondes.

 

REN MAI (Rèn Mài) – 任脈

Vaisseau Conception. Axe yīn du tronc, parcourant l’avant du corps. Gouverne la gestation, la réception et la consolidation. Associé à l’énergie nourricière, au féminin sacré, et au retour à l’origine. Porte principale de l’eau céleste dans l’alchimie interne.

 

Rein (Shèn) –

Organe de l’Eau et du Nord. Il conserve le Jīng (), racine de la vie et fondement de l’alchimie interne. Il abrite la volonté (Zhì ), gouverne les os, les oreilles et la moelle. Caverne des origines, il est la Porte de la Vie (Mìngmén 命門) dans la marche vers l’immortalité.

 

Reins spirituels (nèishèn) - 內腎

[CD] Aspect subtil des reins dans certaines écoles taoïstes. Lieu où réside le jing primordial, au-delà de l’anatomie physique.

 

Respiration embryonnaire (tāixī) - 胎息

[CD] Respiration silencieuse et interne, sans mouvement apparent. Pratique avancée du neidan pour revenir à l’état fœtal.

 

Retour au Centre (guī zhōng) - 歸中

[CD] Mouvement de recentrage de l’esprit et du souffle dans le dāntián ou le cœur. Étape du processus alchimique.

 

Retour au Vide (fǎn xū) - 返虛

[CD] Dernière étape de l’alchimie interne. L’être retourne à la vacuité originelle, en fusion avec le Dao. Synonyme de perfection.

 

Retour à la racine (huí gēn) - 回根

[CD] Mouvement de retour vers l’origine. Désigne la réintégration du souffle dans le dāntián, la méditation sur l’unité, ou la fusion avec le Dao.

 

RI (Rì) –

Soleil. Symbole majeur du yang , Rì représente la lumière, la chaleur, la clarté spirituelle et le souffle céleste actif. Dans la cosmologie daoïste, il incarne le cœur du Ciel, source du qì solaire qui nourrit la vie et soutient la transformation alchimique. Il est parfois personnifié par les dix soleils légendaires perchés sur l’arbre Fusāng 扶桑 à l’Est, dont un seul éclaire le monde chaque jour. Le Soleil est aussi associé au shén (esprit lumineux), au Feu (huǒ ), à la direction Sud, et à l’été. Dans l’alchimie interne, capter et intégrer le souffle du Soleil par la respiration ou la visualisation nourrit le dāntián supérieur, éclaire le Palais de la Clarté (Míng Táng 明堂), et permet l’éveil de la conscience véritable.

 

RU ZHI (Rù zhì) – 入志

Assouplir ses sentiments. Pratique de lâcher-prise émotionnel visant à retrouver une disponibilité intérieure et une fluidité dans la cultivation du Dao.

 

RU LAI DA DING (Rú Lái Dà Dìng) – 如來大定

État ultime de concentration absolue. Terme issu du bouddhisme Mahāyāna, désignant la grande méditation (Dà Dìng 大定) du Tathāgata (Rú Lái 如來), c’est-à-dire de celui qui « est ainsi venu » ou « ainsi allé ». Dans le contexte syncrétique sino-daoïste, cette expression symbolise l’immobilité parfaite de l’esprit, l’absorption totale dans le Vide (Xū ), où il n’y a plus ni sujet, ni objet. Rú Lái Dà Dìng est l’état d’éveil absolu, stable et lumineux, atteignable par la fusion du Shén avec la vacuité primordiale. C’est aussi, dans certaines écoles internes, une étape avancée de la transmutation spirituelle, où le souffle, la pensée et le temps sont complètement suspendus.

 

RU SHOU ZI (Rùshōuzǐ) – 入首子

Maître Rùshǒu. Divinité du Nord ou de l’Eau dans certains courants du panthéon daoïste, associée à la profondeur, au repli, à la stabilisation des souffles dans les Reins et à la sagesse intériorisée. Le nom Rùshǒu (litt. « entrée de la tête » ou « commencement de l’entrée ») peut évoquer symboliquement le seuil d’accès aux mystères intérieurs, la descente du vers le bas ou l’ancrage dans le Xuán (, mystère profond). Dans l’alchimie interne, Rùshōuzǐ incarne la conservation du Jīng, le silence régénérateur et la maîtrise des forces primordiales.

 

RUO SHUI (Ruòshuǐ) – 弱水

Courant mythique fondamental. Fleuve légendaire de la cosmologie daoïste, Ruòshuǐ signifie littéralement « Eau Faible » ou « Eau Souple ». Il s'agit d'un courant infranchissable décrit dans les textes anciens comme entourant les montagnes sacrées telles que Kūnlún (崑崙), frontière invisible entre le monde ordinaire et les domaines célestes des Immortels. Malgré son nom, Ruòshuǐ n’évoque pas la faiblesse mais plutôt une eau éthérée, si légère ou subtile que nul objet ordinaire ne peut y flotter. Seuls les êtres réalisés ou les zhēnrén (真人, Vrais Hommes) peuvent la traverser. Dans l’alchimie interne, Ruòshuǐ devient le symbole du seuil spirituel, de la barrière entre la conscience profane et l’éveil, et de la fluidité raffinée du souffle retourné. C’est une image du transmuté, du passage périlleux mais nécessaire vers la réalisation de l’Unité.

 

Salive divine (shénxián) - 神涎

[CD] Sécrétion perçue comme précieuse, produite lors de la méditation. À avaler et diriger vers le dāntián pour nourrir l’élixir.

 

SAMADHI (sānméidì 三昧地 ou 三摩地)

Concentration absolue. Terme d’origine sanskrite (समाधि), intégré dans le bouddhisme chinois et souvent repris dans les textes syncrétiques daoïstes. Samādhi désigne un état de méditation profonde et d’unification complète de la conscience, dans lequel le mental cesse toute agitation et se fond dans la vacuité lumineuse. En chinois, il est transcrit phonétiquement sous plusieurs formes :

– sānméidì (三昧地) : « terre des trois absorptions »

– sānmódì (三摩地) : translittération plus directe de samādhi

Dans le contexte daoïste, notamment dans les traditions influencées par le Chan (zen), le samādhi est compris comme l’état de stabilité du Shén (), la fusion du pratiquant avec le Dào, la dissolution du moi dans la contemplation pure. Cet état est proche de ce que les textes daoïstes nomment le retour à la vacuité (fǎn xū 返虛), ou la fixation du souffle et de l’esprit dans le silence originel. Il est considéré comme la porte de l’immortalité spirituelle, car seule une conscience unifiée et paisible peut transcender les souffles périssables et entrer dans le non-né.

 

SAN BAO (Sān bǎo) - 三寶

Trois Trésors. Jīng (essence), Qì (souffle), Shén (esprit) : les trois substances fondamentales que l’on cultive, raffine et transmute dans l’alchimie interne daoïste. Chaque trésor représente un niveau de condensation ou de sublimation de la vie.

Dans la tradition ancienne, ces trois trésors correspondaient à une trinité corporelle et spirituelle : Corps-Shén 身神, l’esprit incarné dans la matière, présence vivante du Dào dans le corps ; Yuán Qì 元炁 (Souffle originel, avec le caractère archaïque pour le Qì du Ciel antérieur), souffle cosmique pur, reliant l’être au mouvement originel de la création ; et Shén , esprit lumineux, conscience céleste, reflet du Vide dans le cœur. La pratique interne vise à raffiner le Jīng en Qì, le Qì en Shén, puis à retourner le Shén au Xū (Vide), dans le processus de retour au Dào. Ces trésors sont également associés aux trois Dāntián : Jīng dans le Dāntián inférieur, Qì dans le Dāntián médian, et Shén dans le Dāntián supérieur. Ainsi, les Trois Trésors ne sont pas seulement des substances, mais des niveaux d’être et de conscience, reliant le corps, le souffle et l’esprit à l’Unité primordiale.

 

SAN CAI (Sān cái) – 三才

Trois puissances. Terme cosmologique majeur du daoïsme, Sān cái désigne les trois grands agents du cosmos : le Ciel (tiān), la Terre (dì) et l’Homme (rén). Ces trois niveaux ou dimensions structurent l’univers et interagissent par l’intermédiaire du souffle vital (qì ). Dans la pensée daoïste, le Ciel représente l’ordre spirituel, le temps cyclique et les influences célestes ; la Terre, le support matériel, la forme, la réception ; et l’Homme, le lien vivant entre ces deux pôles, capable de les unir en lui par la cultivation intérieure. Sān cái est la base des grandes correspondances de la tradition chinoise : médecine, géomancie (fēng shuǐ 風水), calendrier, alchimie, arts martiaux… Le pratiquant vise à s’aligner avec le Ciel et la Terre, à circuler entre les trois puissances, et à réaliser leur unité dans le corps et l’esprit, selon la formule : Tiān-Dì-Rén hé yī 天地人合一 – l’unité du Ciel, de la Terre et de l’Homme.

 

SAN CAI TU HUI (Sāncái Túhuì) – 三才圖會

« Recueil illustré des Trois Puissances ». Encyclopédie illustrée monumentale compilée en 1607 sous la dynastie Míng, par Wáng Qīngzhì 王圻 et son fils. Les Trois Cái (三才) désignent Ciel (Tiān ), Terre (Dì ) et Homme (Rén ), principes fondamentaux du cosmos. L’ouvrage contient plus de 1000 planches couvrant cosmologie, astronomie, géographie, médecine, rites, machines, plantes, etc. Source précieuse pour la transmission des savoirs traditionnels chinois, il reflète une vision unifiée de l’univers, chère au daoïsme classique.

 

SAN CHONG (sānchóng) – 三蟲

Les Trois Vers. Entités symboliques et spirituelles décrites dans les textes daoïstes anciens comme les parasites internes qui habitent le corps humain et entravent la longévité et la réalisation du Dào. Chóng () signifie « insecte », « ver » ou « parasite » ; sān (), « trois ». Ces vers sont classiquement répartis dans trois régions du corps : un dans la tête (haut), un dans la poitrine (milieu), un dans l’abdomen (bas). Ils sont censés surveiller les fautes du pratiquant et en rendre compte aux autorités célestes, ce qui provoque maladie, affaiblissement, voire mort prématurée. D’un point de vue symbolique, ils représentent aussi les désirs, attachements et pensées errantes qui minent la voie intérieure. Les pratiques de purification, de jeûne (bìgǔ 辟穀), de méditation et de récitation de formules sacrées (zhòu ) visaient à expulser ou dissoudre les Trois Vers, étape essentielle pour accéder à l’immortalité alchimique (chángshēng 長生).

 

SAN DONG (SĀN DÒNG) – 三洞

Trois Cavernes. Système de classification doctrinale des textes dans le Canon taoïste (Dào Zàng 道藏), hérité des traditions de la haute antiquité et formalisé sous les dynasties Six et Tang. Ces trois « cavernes » sont autant de voies de réalisation spirituelle que de catégories textuelles :

1.       DONGZHEN (DÒNGZHĒN) – 洞真

Caverne de la Perfection Authentique. Associée à l’école Shàngqīng 上清, elle contient des révélations célestes, des visualisations lumineuses et des instructions de nature mystique. C’est la voie du shén, du souffle lumineux et des pratiques intérieures très raffinées.

2.       DONGXUAN (DÒNGXUÁN) – 洞玄

Caverne du Mystère Profond. Associée à l’école Língbǎo 靈寶, elle contient des textes rituels communautaires, des cosmologies syncrétiques intégrant des éléments bouddhiques, et des instructions pour cultiver le mérite et purifier les esprits.

3.       DONGSHEN (DÒNGSHÉN) – 洞神

Caverne du Divin. Rattachée aux pratiques plus anciennes et aux traditions populaires (école Sānhuáng 三皇, rituels magico-religieux). Elle contient des instructions talismaniques, exorcistiques, thérapeutiques, et liées au monde des esprits.

Ces trois catégories forment la base hiérarchique du Dào Zàng, où le pratiquant progresse des pratiques extérieures vers les plus subtiles, du Divin au Mystère, et du Mystère à la Perfection Authentique.

 

SAN GUAN (Sān guān) - 三關

Trois barrières. Points-clefs dans le corps (Wei Lu, Jia Ji, Yu Zhen) à franchir lors de la montée du Qi dans la Petite Circulation (Du Mai).

 

SAN HUANG WU DI (Sān huáng wǔ dì) – 三皇五帝

Trois Augustes et Cinq Empereurs. Groupe mythique de souverains fondateurs ayant régné avant l’histoire écrite, symboles de l’Âge d’or de l’harmonie cosmique. Ils incarnent l’émergence de la civilisation, des arts, de la morale et du lien au Dào .

·         Trois Augustes (Sān Huáng 三皇) : figures semi-divines comme Fú Xī 伏羲, Nǚ Wā 女媧 et Shén Nóng 神農, associés à la création du monde, de l’humanité et des savoirs fondamentaux.

·         Cinq Empereurs (Wǔ Dì 五帝) : rois sages et exemplaires comme Huáng Dì 黃帝, Yáo , Shùn , et Yǔ 大禹, modèles de vertu, d’ordre céleste et de gouvernement juste.

Leur cycle forme une cosmogonie idéalisée, fondement des pratiques du règne selon le Dào, et inspire à la fois les traditions confucéenne, daoïste et populaire.

 

SAN JIAO (Sān jiāo) – 三焦

Trois foyers. Terme fondamental de la médecine traditionnelle chinoise et de l’alchimie interne, Sān jiāo désigne la division énergétique du tronc en trois régions fonctionnelles appelées « foyers » ou « réchauffeurs » :

·         Foyer supérieur 上焦 (shàng jiāo) : situé au-dessus du diaphragme, il inclut le Cœur et les Poumons , et gouverne la diffusion du Qì et des liquides.

·         Foyer médian 中焦 (zhōng jiāo) : entre diaphragme et nombril, il comprend la Rate et l’Estomac , responsables de la transformation des aliments et de la production du qì.

·         Foyer inférieur 下焦 (xià jiāo) : en dessous du nombril, il comprend les Reins , la Vessie 膀胱, et les organes sexuels, gérant l’essence (jīng ), la reproduction et l’élimination.

Dans les pratiques daoïstes, les Trois Foyers sont aussi perçus comme des ateliers alchimiques où s’élaborent les transformations du jīng , du qì et du shén . L’harmonisation des Trois Foyers est indispensable pour faire circuler l’élixir interne dans les méridiens et conduire à l’unification intérieure.

 

SAN JIAO HE YI (Sān jiāo hé yī) – 三教合一

Unité des Trois Enseignements. Idéal de synthèse spirituelle et philosophique exprimant l’union harmonieuse des trois grandes traditions chinoises : le Daoïsme, le Confucianisme et le Bouddhisme. Littéralement, Sān jiāo hé yī signifie « les Trois Enseignements unifiés en Un ».

Cet idéal fut particulièrement promu par l’école daoïste Quánzhēn (Perfection Totale), fondée au XIIᵉ siècle sous les Jin, qui voyait dans les trois courants des voies complémentaires menant au retour au Dào . Le daoïsme y conserve la primauté, mais intègre la discipline éthique du confucianisme et la vision métaphysique et méditative du bouddhisme, notamment chan.

 

SAN QING (Sān Qīng) – 三清

Les Trois Purs. Triade cosmique suprême de la tradition daoïste céleste, représentant les trois sphères de pureté originelle d’où émanent tous les souffles, les lois du monde et les divinités. Sān () signifie « trois », Qīng () désigne la pureté, la clarté éthérée. Chaque ciel est habité par un Vénérable divin (天尊 Tiānzūn), émanation directe du Dào :

·         Yù Qīng 玉清 – Pureté de Jade, domaine du Yuánshǐ Tiānzūn 元始天尊, source du souffle primordial et de la création invisible.

·         Shàng Qīng 上清 – Pureté Supérieure, demeure du Língbǎo Tiānzūn 靈寶天尊, gardien des écritures sacrées et des révélations lumineuses.

·         Tài Qīng 太清 – Grande Pureté, royaume du Tàishàng Lǎojūn 太上老君, le Laozi céleste, enseignant de l’alchimie et de la Voie incarnée.

Le Sān Qīng structure la hiérarchie divine, les rituels, les visualisations et les paliers de réalisation dans la voie daoïste. Il correspond également, dans l’alchimie interne, aux trois trésors du corps spirituel : Jīng, Qì, Shén, chacun élevé dans un ciel pur.

 

SAN SHI (sānshī) – 三尸

Les Trois Cadavres. Esprits internes néfastes de la tradition daoïste, logés dans le corps humain, responsables de la dégradation du (), de la dispersion du Shén () et de la perte du Jīng (). Selon l’Écriture sur l’expulsion des Trois Cadavres et des Neuf Vers pour protéger la vie (Chú sānshī jiǔchóng bǎoshēng jīng 除三尸九蟲保生經), un texte datant probablement du IXᵉ siècle, ces entités sont nommées, localisées et associées à des symptômes spécifiques :

– Le Cadavre Supérieur, Péng Jū 彭琚, réside dans la tête. Il provoque lourdeur crânienne, vision trouble, surdité et flux de larmes incontrôlées.

– Le Cadavre Moyen, Péng Zhí 彭瓆, loge dans le cœur et l’estomac. Il attaque le cœur, alimente les passions sensuelles et trouble l’équilibre émotionnel.
– Le Cadavre Inférieur, Péng Jiǎo
彭矯, vit dans l’estomac et les jambes. Il provoque des fuites d’énergie dans la mer du (qìhǎi 氣海, zone du Dāntián inférieur) et entraîne des désirs sexuels excessifs.

Les sānshī sont également décrits comme agents de délation spirituelle : ils rapportent les fautes du pratiquant aux divinités célestes, notamment aux dates propices du calendrier lunaire (7e, 15e et 23e jour), réduisant ainsi sa longévité. Dans l’alchimie daoïste, ces esprits sont les symboles des forces de dissolution intérieure : pulsions, ignorance, dispersion de l’attention. Leur expulsion ou transmutation constitue un objectif fondamental des pratiques de longévité, à travers le jeûne rituel (bìgǔ 辟穀), la méditation, la récitation de formules sacrées (zhòu ) et la stabilisation du . Déloger les sānshī, c’est restaurer l’unité corporelle et revenir vers la voie de l’immortalité (chángshēng 長生).

 

SAN YUAN QI (sānyuánqì) – 三元氣

Les Trois Souffles Originels. Concept fondamental de l’alchimie interne daoïste, désignant les trois niveaux primordiaux du souffle vital, que l’on cherche à unir dans le processus de transmutation intérieure.

– Shàngyuánqì (上元氣) : Souffle supérieur, associé au Shén (), l’esprit pur, logé dans le Dāntián supérieur (tête).

– Zhōngyuánqì (中元氣) : Souffle médian, lié au Qì () en mouvement, centré dans le Dāntián médian (poitrine).

– Xiàyuánqì (下元氣) : Souffle inférieur, enraciné dans le Jīng (), l’essence, situé dans le Dāntián inférieur (abdomen).

L’union des sānyuánqì constitue une opération alchimique majeure, au cœur du nèidān (內丹). C’est l’acte de rassembler l’essence, le souffle et l’esprit pour former l’embryon sacré (shèng tāi 聖胎), éveiller la lumière intérieure, et ouvrir la voie vers l’immortalité spirituelle (chángshēng 長生).

C’est aussi un retour à l’unité du Dào dans le corps même, réintégration des Trois Trésors (sānbǎo 三寶) dans une seule clarté vivante.

 

Sang menstruel (jīngxuè) - 經血

[CD] Sang cyclique de la femme, assimilé à une forme d’essence. Dans certaines écoles, sa rétention est liée à la réalisation spirituelle.

 

SHANG DANTIAN (Shàng Dāntián) – 上丹田

Dāntián Supérieur. Situé entre les sourcils (Yìntáng 印堂) ou au centre du cerveau, il est le palais du Shén (), siège de la conscience pure, de l’intuition et de la vision spirituelle. Associé au Feu céleste et à l’élément Éther, il permet la transmutation du Qì en Shén, puis en Xū (le Vide). Dans la voie du retour, il ouvre les portes de la clarté suprême et de l’union avec le Dào.

 

SHANG QING (Shàng Qīng) – 上清

Pureté Supérieure. Deuxième des Trois Cieux Purs (三清 Sān Qīng), situé juste en dessous de Yù Qīng 玉清. Shàng () signifie « supérieur, élevé », Qīng () désigne la pureté lumineuse. Shàng Qīng est le domaine du Língbǎo Tiānzūn 靈寶天尊, Vénérable du Trésor Sacré. C’est le royaume des Immortels éveillés, des sages célestes et des divinités du registre cosmique. Il abrite les textes révélés les plus anciens de l’école Shangqing (上清派), transmis par révélation à travers la lumière. Dans l’alchimie interne, Shàng Qīng correspond au raffinement subtil du Shén (), à la vision claire, et à la montée de la conscience dans les sphères éthérées. Il est le lieu du savoir lumineux, du souffle sacré organisé, et de la révélation intérieure.

 

SHANG QING (Shàng qīng) - 上清

École de la Pureté suprême. École mystique née au IVe siècle au mont Maoshan 茅山. Fondée sur des révélations célestes, elle développe une vision cosmique hiérarchisée, des pratiques de visualisation, la méditation sur les divinités internes, et une riche cosmologie. Très influente dans l’alchimie spirituelle et les textes liturgiques.

 

SHANG SHANG TAI YI (Shàngshàng Tàiyī) – 上上太一

Le Très-Haut Un Suprême. Désignation honorifique du principe divin suprême ou de la forme transcendante du Tàiyī 太一, souvent associée au Dào originel, avant toute différenciation cosmique. Tàiyī 太一 signifie « Grand Un », source du souffle unifié ; Shàngshàng 上上 renforce cette transcendance par la répétition du « Très-Haut ». Dans la tradition daoïste, Shàngshàng Tàiyī incarne le Dào manifesté sous sa forme la plus pure, le pivot céleste d’où procèdent les étoiles, les esprits et les lois du cosmos. Il est invoqué comme seigneur du pôle Nord céleste, associé au mystère de la Grande Ourse (北斗 Běidǒu) et au centre du vide lumineux.

 

SHANG YU YU ZHOU TONG TI (Shàng yǔ yù zhòu tóng tǐ) – 上與宇宙同體

Unir son corps à l’univers. Idéal taoïste d’harmonisation complète entre l’homme et le cosmos, aboutissement d’une cultivation intérieure accomplie.

 

SHAO SI (Shǎo sì) – 少私

Réduire l’ego. Expression daoïste signifiant littéralement « diminuer le personnel » ou « réduire le moi privé ». Shǎo sì désigne une attitude de dépouillement intérieur, où l’on cherche à laisser mourir les attachements égocentriques, les intérêts personnels (sī ), les désirs particuliers et les projections mentales. C’est une étape essentielle du chemin vers le Dào , car l’excès de "moi" obscurcit le shén et empêche la fusion avec la spontanéité naturelle (zìrán 自然). En cultivant shǎo sì, le pratiquant retrouve l’équilibre, le non-agir (wúwéi 無為), et la fluidité du souffle vital (qì ). Dans de nombreux textes classiques, shǎo sì est associé à shǎo yù 少欲 (réduire les désirs) et shǎo yán 少言 (parler peu), formant un triptyque de retour à la simplicité, préalable à toute transformation intérieure profonde.

 

SHE JIU CHONG TIE GU (Shè Jiǔ Chóng Tiě Gǔ) – 射九重鐵鼓

Tirer sur les Neuf Tambours de Fer. Expression symbolique désignant un acte de percée spirituelle, où le pratiquant vise à traverser les neuf cieux (九重) par la force du souffle, de l’intention ou du rituel. Tiě Gǔ (鐵鼓, tambours de fer) évoque les obstacles célestes, lourds et retentissants, que l’on perce par la vibration juste (souffle, son, lumière). Utilisée dans certains textes rituels ou poétiques daoïstes, cette image évoque la force du tir intérieur, la projection du Shén pour franchir les voiles de l’illusion et atteindre les sphères supérieures.

 

SHEN (Shén) -

Esprit, conscience spirituelle. L’un des Trois Trésors (sanbao). Aspect lumineux de l’être, que le pratiquant cherche à clarifier, unifier et fondre dans le Vide. [CD] Esprit ou conscience spirituelle. Peut être dispersé ou concentré. À cultiver et à transformer pour rejoindre le shén originel (yuánshén).

 

SHEN (Shēn) –

Singe. Métal Yáng. Transition vers le déclin, intelligence mobile. Retour du souffle vers l’intérieur.

 

SHEN (Shēn) –

Corps. Terme désignant la forme corporelle vivante, en tant que support de la pratique spirituelle et alchimique. Contrairement à tǐ (corps-structure) ou xíng (forme visible), shēn désigne le corps animé, habité par le souffle (qì ) et l’esprit (shén ).

Dans le daoïsme, shēn n’est pas un obstacle mais un temple vivant, à cultiver, purifier et transfigurer. Il est le creuset alchimique où s’opère l’union du jīng , du qì et du shén . Le raffinement du shēn mène à l’apparition du corps subtil (fǎ shēn 法身) ou du corps immortel (xiān shēn 仙身). Symbole du microcosme en résonance avec l’univers, shēn est aussi le lieu du retour : « Revenir au corps, c’est revenir au Dào. »

 

SHEN (Shèn) –

Reins. Organe central en médecine et alchimie daoïstes, les reins sont considérés comme la racine du jīng (essence vitale) et le fondement du yīn-yáng de tout l’organisme. Ils gouvernent la naissance, la croissance, la reproduction et la longévité. Associés à l’élément Eau, à la direction Nord et à la saison hiver, ils abritent la volonté (zhì ) et participent à la stabilisation du shén . Dans l’alchimie interne, renforcer les reins revient à restaurer la source primordiale, soutenir la montée du feu du mingmén 命門 et amorcer la circulation de l’élixir. Leur équilibre est essentiel pour conserver l’énergie ancestrale, éviter la fuite du souffle, et préparer le retour au vide gestant d’où émerge le Dào.

 

SHEN GONG (Shén gōng) – 神功

Travail de l’esprit. Littéralement « pratique du shén  », shén gōng désigne l’ensemble des exercices spirituels visant à raffiner, stabiliser et illuminer la conscience. C’est un entraînement intérieur destiné à transformer l’esprit ordinaire en esprit véritable ou esprit lumineux (míng shén 明神). Ce travail inclut des pratiques de méditation, visualisation, silence intérieur, concentration sur le dāntián, et parfois des rituels ou mudrā visant à purifier les esprits internes (shén shǒu 神守). Il s’inscrit dans le cadre de l’alchimie interne (nèidān 內丹) comme étape supérieure, après la maîtrise du corps (tiāo shēn 調身) et du souffle (tiáo xī 調息). Le shén gōng permet l’unification du cœur-esprit (xīnshén 心神), l’ouverture de la lumière intérieure, et l’émergence du corps de l’immortel (xiān shēn 仙身). C’est l’art de retourner l’esprit à sa source.

 

SHEN GU (Shén gǔ) - 神谷

Vallée de l’Esprit. Terme poétique désignant l’espace intérieur du cœur-esprit, à la fois lieu de résonance et de recueil du souffle subtil.

 

SHEN GUANG (Shén Guāng) – 神光

Lumière de l’Esprit. Rayonnement subtil du Shén, exprimant sa présence éveillée, claire et lumineuse. Elle éclaire l’intérieur du corps, guide la conscience, et brille hors du regard d’un être réalisé. Dans l’alchimie interne, Shén Guāng est la lumière condensée du cœur, révélée par le silence, la rectitude et le souffle unifié.

 

SHEN GUI (Shénguī) – 神龜

Tortue spirituelle. Animal sacré associé à la longévité, à la sagesse cachée et à la stabilité cosmique. Dans le Daoïsme, la Shénguī relie Ciel et Terre par sa carapace symbolisant la voûte céleste et sa base terrestre. Elle est un support divinatoire dans le Yì Jīng (carapaces utilisées pour les oracles) et représente l’immobilité féconde, la méditation profonde et la préservation du Jīng. Elle veille aux secrets du Dào et guide le pratiquant vers l’unité intérieure.

 

SHEN MING (Shénmíng) – 神明

Clarté spirituelle. Manifestation suprême du Shén lorsqu’il est paisible, pur et lumineux. Shénmíng désigne la conscience éveillée, l’intelligence innée qui voit sans juger. Dans l’alchimie daoïste, c’est la lumière stable du cœur, miroir du Ciel intérieur.

 

SHEN NONG (Shén Nóng) – 神農

Divin Laboureur. Inventeur de l’agriculture et de la pharmacopée. Il goûta des centaines de plantes pour classer les remèdes, fondant les bases de la médecine et de la diététique chinoises. Incarnation de la sagesse pragmatique et du lien à la Terre.

 

SHEN ZANG (Shén Zàng) – 神藏

Dieux cachés du corps. Expression désignant les divinités internes logées dans les organes vitaux, selon la tradition de l’alchimie interne. Shén signifie ici les forces spirituelles conscientes, et Zàng renvoie à la profondeur des organes-trésors (zàng ). Les Shén Zàng sont les esprits spécifiques du Foie, du Cœur, de la Rate, du Poumon et des Reins, parfois personnifiés en divinités lumineuses ou gardiennes. Ils veillent sur les fonctions vitales et assurent la circulation harmonieuse du Qì, la stabilité du Shén et l’intégrité du corps-esprit. Dans le Huáng Tíng Jīng ou le Nèijīng Tàisù, les Shén Zàng sont visualisés, invoqués, nourris : contempler et unir ces dieux intérieurs est au cœur de la voie du retour à l’Unité.

 

SHENG (Shēng) –

¦||¦¦¦  Hexagramme 46 – Croissance. Ascension lente. Shēng évoque la montée progressive de l’énergie pure, à travers les obstacles. En Nèidān, c’est la montée du feu vers le Palais supérieur, par la persévérance.

 

SHENG TAI (shèngtāi) – 聖胎

Embryon spirituel. Concept central de l’alchimie interne daoïste, shèng () signifie « sacré », « saint » ou « éveillé », et tāi (), « embryon » ou « fœtus ». Le shèng tāi est la forme subtile du pratiquant régénéré, résultat de la condensation du Jīng (), du Qì () et du Shén () raffinés, au terme d’un long processus de transmutation intérieure. Il est souvent désigné comme embryon de lumière, ou embryon d’immortalité (chángshēng yīng 長生嬰), et se forme dans le Dāntián inférieur, considéré comme l’utérus alchimique. Sa gestation suit les étapes de la pratique méditative, du silence du cœur et du retournement du regard intérieur (fǎnguān 返觀). Donner naissance à cet embryon sacré, c’est engendrer un double lumineux, un corps spirituel indépendant du corps physique, capable de monter dans les sphères célestes. Le shèng tāi est ainsi le germe de la vraie vie, prémisse de l’Immortalité véritable (zhēn xiān 真仙).

 

SHI (Shī) –

¦|¦¦¦¦  Hexagramme 7 – L’Armée. Organisation intérieure. Shī représente la discipline du Qì, le commandement du cœur sur les souffles. C’est l’intégration de la volonté au service du Dào, la marche ordonnée de l’élixir.

 

SHI CHEN (Shí chén) – 時辰

Heures doubles. Division traditionnelle du jour en douze périodes de deux heures, chacune liée à une branche terrestre (Dì Zhī 地支), un organe-méridien, un animal zodiacal, et une phase du cycle énergétique journalier.
Fondamentale en médecine chinoise, cette horloge énergétique reflète la circulation du Qì dans le corps en harmonie avec le rythme cosmique.

·         (23h – 1h) : Vésicule Biliaire (Dǎn ) – Moment décisif de montée du Yáng, mise en route de l’intention.

·         Chǒu (1h – 3h) : Foie (Gān ) – Temps de régénération, épuration du sang et libre circulation du Qì.

·         Yín (3h – 5h) : Poumons (Fèi ) – Réveil naturel de l’énergie, première inspiration du jour.

·         Mǎo (5h – 7h) : Gros Intestin (Dàcháng 大腸) – Expulsion des déchets, vidange matinale.

·         Chén (7h – 9h) : Estomac (Wèi ) – Digestion optimale, moment idéal pour un repas nourrissant.

·         (9h – 11h) : Rate (Pí ) – Transformation des aliments en Qì, soutien de l’énergie centrale.

·         (11h – 13h) : Cœur (Xīn ) – Apogée du Yáng, clarté mentale et activité maximale.

·         Wèi (13h – 15h) : Intestin Grêle (Xiǎocháng 小腸) – Tri subtil du pur et de l’impur, intégration.

·         Shēn (15h – 17h) : Vessie (Pángguāng 膀胱) – Élimination des liquides, purification.

·         Yǒu (17h – 19h) : Reins (Shèn ) – Reconstitution du Jīng, recentrage.

·         (19h – 21h) : Maître-Cœur (Xīn Bāo 心包) – Apaisement émotionnel, ouverture du cœur.

·         Hài (21h – 23h) : Triple Réchauffeur (Sān Jiāo 三焦) – Coordination des fonctions, transition vers le repos.

Chaque Shí chén peut être utilisé comme repère pour la pratique du Qì Gōng, la méditation, le sommeil, ou les soins énergétiques, afin d’agir en cohérence avec le flux du Dào dans le corps.

 

SHI GOU (Shī Gǒu) – 尸狗

Chien Cadavre. Quatrième des sept Pò (), âmes corporelles liées à la décomposition, à l’instinct animal et aux énergies d’attachement au monde matériel. Shī () signifie « cadavre » ou « enveloppe inerte », Gǒu () désigne le chien — ici vu comme un gardien des tombes, mais aussi comme symbole de pulsion primitive, de loyauté inconsciente et d’agressivité défensive. Shī Gǒu est le Pò de la vigilance bestiale, de la protection du territoire, de la réaction brutale à la menace. Il surgit dans les colères incontrôlées, les pulsions de domination ou la peur panique.
Dans l’alchimie daoïste, ce démon intérieur doit être reconnu, calmé et redirigé : d’animal de garde des illusions, il peut devenir chien céleste, gardien du souffle sacré. On le transforme en apaisant le souffle, en clarifiant le Shen, et en cultivant la paix intérieure.

 

SHI KE (Shì Kè) – 噬嗑

|¦¦|¦|  Hexagramme 21 – Mordre au Travers. Force de discernement. Shì Kè évoque la capacité à trancher, dissoudre les blocages internes. Dans la pratique du Dào, c’est la digestion des nœuds émotionnels et l’alignement des souffles.

 

SHI LOU (Shí lòu) – 食漏

Fuite alimentaire. Cinquième fuite. Désigne les perturbations énergétiques causées par une alimentation inappropriée : excès, nourriture grasse ou froide, rythme irrégulier. Un régime mal adapté alourdit la Rate (Pí ), trouble la transformation du jīng en qì, et engendre des stagnations. Dans la pratique taoïste, réguler son alimentation est une base essentielle de la longévité (cháng shēng 長生) et de la pureté intérieure.

 

SHOU JING (Shǒu jìng) - 守静

Conserver le calme. Pratique méditative consistant à stabiliser l’esprit et le souffle afin de favoriser l’apparition de la respiration embryonnaire. [CD] Garder le calme. Pratique méditative de stabilité intérieure visant à faire émerger le souffle subtil (respiration embryonnaire).

 

SHOU LING (Shǒu Líng) – 守靈

« Gardien du Numineux ». Nom social (zì ) de la divinité Dān Yuán 丹元, résidant dans le Cœur. Il exprime la fonction essentielle de protection du Shén (), la lumière-esprit. Shǒu () signifie garder, veiller, maintenir la présence ; Líng () désigne l’esprit subtil, numineux et vibrant. Dans la pratique alchimique, Shǒu Líng incarne la vigilance intérieure, le calme lucide, et la stabilité du centre d’où rayonne la clarté du cœur.

 

SHOU QIAO (Shǒu qiào) - 守竅

Garder les orifices. Technique de concentration sur des points clefs du corps (méridiens, barrières énergétiques) pour contenir et raffiner le souffle.

 

SHOU YI MING FA (Shǒu yī míng fǎ) – 守一明法

Méthode lumineuse pour garder l’Unité. Terme issu des pratiques de méditation et d’alchimie interne, Shǒu yī míng fǎ désigne une technique visant à préserver l’Unité originelle (Yī ) tout en éclairant l’esprit par la clarté du shén . Littéralement : « loi lumineuse de la garde de l’Un ». Cette méthode consiste à stabiliser l’attention sur le Centre, à contempler intérieurement la lumière du Dào , et à revenir constamment à l’état d’unité primordiale, au-delà des dualités du monde manifesté. Elle implique à la fois retenue du souffle, quiétude du cœur-esprit (xīnshén 心神), et vision intérieure (guān ). Dans les textes classiques, « garder l’Un » (shǒu yī 守一) est une injonction récurrente, décrivant l’attitude du sage qui ne se disperse pas, reste centré, et fusionne avec la Voie. Le qualificatif « míng  » (lumière, clarté) renvoie à l’éveil du shén et à la lucidité spirituelle nécessaire pour percevoir cette unité. Shǒu yī míng fǎ devient ainsi une voie de retour à la source, à travers silence, présence et lumière intérieure.

 

SHOU YI (Shǒu yī) - 守一

Garder l’Unité. Méthode méditative issue du Zhuangzi visant à fixer l’attention sur le Un (le Dao, le Vide) pour dissoudre les pensées dualistes.

 

SHOU YIN (Shǒu yìn) – 手印

Mudrā. Littéralement « sceau des mains », Shǒu yìn désigne les gestes rituels effectués avec les doigts et les mains dans les pratiques méditatives, énergétiques ou liturgiques du daoïsme. Ces mudrā servent à sceller l’intention, activer des circulations internes ou invoquer des puissances spirituelles.

Chaque shǒu yìn possède une forme codifiée, souvent transmise dans le cadre d’une lignée. Ils peuvent représenter un esprit protecteur, une direction cosmique, ou un état intérieur. En alchimie interne (nèidān 內丹), certaines mudrā accompagnent la stabilisation de l’élixir ou la communication avec les entités internes (shén ). Liés à l’action des zhòu (formules incantatoires) et à la visualisation, les shǒu yìn sont considérés comme des clefs énergétiques, permettant d’ouvrir ou de sceller des passages dans le corps subtil et dans le monde invisible. On les retrouve également dans le fangshì 方士 et les rituels du Daoïsme sacré (zhèng yì 正一).

 

SHOU ZHONG (Shǒu zhōng) – 守中

Garder le Centre. Pratique intérieure essentielle du daoïsme, Shǒu zhōng signifie « veiller sur le Centre » ou « se maintenir au centre ». Elle désigne l’ancrage conscient dans le dāntián 丹田 (champ de cinabre) ou l’axe central du corps, afin de préserver l’équilibre énergétique (hé ) et la stabilité du cœur-esprit (xīnshén 心神).

Dans l’alchimie interne, cette attitude de centration permet de contenir le souffle, d’unifier l’intention (yì ) et de consolider l’élixir intérieur en formation. C’est un pilier du retour au calme (jìng ), de la non-distraction (bù sàn 不散) et de la non-dualité. Elle est souvent couplée à des pratiques de visualisation, respiration et immobilité méditative. Le « Centre » évoque aussi le Zhōng cosmologique : lieu d’équilibre entre Yīn et Yáng , axe de la roue céleste, position du sage dans le monde, enraciné dans le Dào .

 

SHUANG LING (Shuǎng Líng) – 爽靈

Lumière de ce qui est Bon, ou Âme Plaisante. Deuxième des trois Hún (), âmes éthérées liées au Foie ( gān). Shuǎng Líng désigne une âme lumineuse, claire et agréable, gouvernant la spontanéité, la résonance émotionnelle élevée et l'élan vers le beau, le juste et le joyeux. Shuǎng () évoque la fraîcheur, la netteté d’esprit et la légèreté réjouissante ; Líng (), la numinosité, la vibration subtile de l’âme. Cette âme régule l’ouverture du cœur vers les autres, l’empathie juste et l’expressivité de l’esprit incarné. Dans l’alchimie daoïste, elle joue un rôle essentiel dans le raffinement émotionnel, l’alignement du Shén avec la beauté naturelle du Dào, et la fluidité du Qì dans les relations humaines. Elle participe à la dynamique du Hun qui rêve, ressent, aspire — sans se perdre.

 

SHUANG PAN (Shuāng pán) - 雙盤

Position du lotus complet. Posture de méditation assise dans laquelle chaque pied repose sur la cuisse opposée. Favorise l’ancrage et la circulation du souffle.

 

SHUANG XIU XING MING (Shuāng xiū xìng mìng) - 性命雙修

Double cultivation de la Nature (xìng) et du Destin (mìng). Pratique intégrale visant à réaliser l’éveil spirituel tout en entretenant la vitalité corporelle.

 

SHUI (Shuǐ) –

Eau. Élément de l’hiver, du repos, de la profondeur et de la gestation. Il correspond au Nord, à la couleur noire, aux Reins (Shèn ) et à la peur transformée en volonté (zhì ). Shuǐ descend, conserve, et porte la mémoire du Dào. Il est la base du jīng et la racine de la longévité.

 

SHUI HU ZHUAN (Shuǐhǔ Zhuàn) – 水滸傳

Au Bord de l’Eau. Roman classique chinois attribué à Shī Nài’ān (施耐庵), rédigé au XIVe siècle. Il relate les aventures de 108 héros marginaux rassemblés sur le Mont Liángshān, qui se rebellent contre l’injustice impériale et forment une fraternité armée. Bien que non daoïste au sens strict, l’œuvre résonne avec des thèmes chers au Daoïsme : retrait du monde corrompu, quête de justice naturelle, fraternité hors des lois humaines, et fluidité du destin.

Les personnages sont souvent dotés de capacités extraordinaires, d’intuitions surnaturelles, ou guidés par les astres — un écho à la cosmologie daoïste. L’esprit de Shuǐhǔ Zhuàn est celui d’une chevalerie en marge, libre, animée par un souffle juste (zhèngqì 正氣), cherchant à rétablir l’ordre du Ciel au sein du chaos humain.

 

SHUI HUO JIAO (Shuǐhuǒ Jiāo) – 水火交

Union de l’Eau et du Feu. Principe-clé de l’alchimie interne (Nèidān 內丹), représentant la rencontre du Yīn (Eau, Shuǐ ) et du Yáng (Feu, Huǒ ) dans le creuset intérieur. Cette union permet d’engendrer le Feu véritable (Zhēn Huǒ 真火) et de stabiliser le souffle, amorçant le processus de transmutation du Jīng, Qì et Shén.

Elle correspond également à l’équilibre entre le bas et le haut, entre Mìng (la Vie, les Reins) et Xìng (la Nature, le Cœur). Sans cette Jiāo (union harmonieuse), la Voie du retour au Dào ne peut s’accomplir.

 

SHUI YIN (SHUǏ YÍN) – 水銀

Mercure. Dans le contexte du nèidān (內丹), le mercure symbolise le principe yin, fluide, instable, réceptif et lunaire. Il représente l’essence à raffiner, la salive subtile, l’eau intérieure ou encore le shén diffus. C’est la substance volatile que le soufre doit coaguler. Le mercure est parfois nommé : Yīn yín 陰銀, Hè huá 鶴華, Nǚ shuǐ 女水, Yín huá 銀華, Yín zhī 銀汁, Yín tán 銀潭, Yuè huá 月華.

 

SHUN (Shùn) –

Héritier vertueux. Successeur de Yáo, célèbre pour sa piété filiale et sa capacité à transformer les cœurs par l’exemple. Il unifia les peuples et harmonisa les rites. Figure de la transmission pacifique et du gouvernement par l’éthique.

 

SI (SÌ / XĪ) –

Son des Poumons. Utilisé pour libérer la tristesse et soutenir l’énergie des Poumons. Le souffle est fin, la posture est détendue, le regard orienté vers la droite.

 

SI (Sì) –

Serpent. Feu Yīn. Feu intérieur raffiné, lucidité cachée. Mouvement ondulant du souffle vital.

 

SI KONG (Sīkōng) – 司空

Ministre du Vide, maître des structures célestes
Titre antique et cosmologique, Sīkōng désigne le ministre chargé des constructions célestes, des « travaux publics du Ciel ». Sī
signifie « gouverner », Kōng signifie « vide, espace ». Il supervise ainsi les structures invisibles de l’univers, l’ordonnancement du souffle dans l’espace, et la justesse des formes célestes. Dans la tradition daoïste, Sīkōng incarne le pouvoir céleste de mise en forme du Vide, la gestion des souffles dans les Palais stellaires, et l’émanation ordonnée du Dào dans l’espace cosmique. Souvent associé au pôle céleste du corps, il est miroir de Sītú 司徒, son pendant terrestre. Ensemble, ils représentent l’harmonie des dimensions célestes et humaines, base de toute pratique d’alchimie interne et de méditation cosmique.

 

SI LI XIAO WEI (Sīlì Xiàowèi) – 司隸校尉

Inspecteur disciplinaire de la Loi. Haut fonctionnaire impérial chargé de surveiller la conduite des officiels et d’appliquer la discipline au sein de la capitale et des provinces environnantes. Dans le symbolisme daoïste, cette figure peut représenter la vigilance intérieure, le discernement moral et la rectitude dans la conduite du pratiquant, miroir d’une alchimie intérieure fondée sur l’intégrité et la rigueur.

 

SI LU (Sīlù) – 司錄

Ministre des Registres. Divinité céleste responsable de l’enregistrement des actes des êtres vivants, notamment ceux influençant leur destinée spirituelle. Il tient les archives du mérite et du karma, inscrivant les bonnes et mauvaises actions. Dans l’alchimie interne et les rituels daoïstes, il symbolise la mémoire céleste, le jugement et la traçabilité du parcours spirituel, encourageant à la rectitude et à la purification du cœur.

 

SI MING (Sīmìng) – 司命

Ministre du Destin. Divinité céleste chargée d’inscrire et de réguler la destinée des êtres vivants, notamment la durée de vie (mìng ) et le moment de la mort. Il supervise les registres de vie et de mort dans les bureaucraties célestes du Daoïsme. Dans les pratiques d’alchimie interne, Sīmìng représente la conscience du cycle vital et la possibilité de transcender le destin ordinaire par la cultivation du Dào.

 

SI TU (Sītú) – 司徒

Ministre de la Terre, administrateur des peuples. Titre officiel dans la Chine ancienne, souvent repris dans les cosmologies et hiérarchies célestes daoïstes. Sī signifie « superviser, administrer », Tú désigne ici le « peuple » ou les « domaines humains ». Ensemble, Sītú désigne le ministre chargé de l’administration du monde terrestre, garant de l’ordre humain et rituel. Dans le panthéon céleste daoïste, Sītú est parfois l’un des Neuf Ministres célestes, associés chacun à une fonction cosmique. Sītú gouverne la Terre, harmonise les relations humaines avec les lois célestes, et veille à la rectitude des actions selon la Voie. Dans les textes ésotériques, il peut symboliser le pôle terrestre du corps, celui qui stabilise le souffle et l’incarne dans la forme juste.

 

Soleil (Rì) –

Soleil. Symbole majeur du yang , Rì représente la lumière, la chaleur, la clarté spirituelle et le souffle céleste actif. Dans la cosmologie daoïste, il incarne le cœur du Ciel, source du qì solaire qui nourrit la vie et soutient la transformation alchimique. Il est parfois personnifié par les dix soleils légendaires perchés sur l’arbre Fusāng 扶桑 à l’Est, dont un seul éclaire le monde chaque jour. Le Soleil est aussi associé au shén (esprit lumineux), au Feu (huǒ ), à la direction Sud, et à l’été. Dans l’alchimie interne, capter et intégrer le souffle du Soleil par la respiration ou la visualisation nourrit le dāntián supérieur, éclaire le Palais de la Clarté (Míng Táng 明堂), et permet l’éveil de la conscience véritable.

 

SONG (Sòng) –

¦|¦|||  Hexagramme 6 – Le Conflit. Divergence. Sòng désigne la lutte des souffles ou des volontés, interne ou externe. En pratique alchimique, il appelle à trancher l’indécision intérieure, à clarifier la voie pour ne pas disperser le Qì.

 

SONG SHAN (Sōng Shān) – 嵩山

Mont Song. L’une des cinq montagnes sacrées de Chine (Wǔ Yuè 五嶽), représentant le Centre (Zhōng ). Situé dans le Henan, il est à la fois un haut lieu du daoïsme et du bouddhisme chan (notamment avec le monastère Shaolin). Dans la tradition daoïste, le Sōng Shān est associé à la stabilité cosmique, à la méditation de l’Unité, et à la cultivation centrale du Dāntián médian. Il accueille depuis l’Antiquité de nombreuses pratiques de réclusion, raffinement et transmission spirituelle.

 

Souffle de mort (sǐqì) - 死氣

[CD] Qi déclinant ou stagnant. Lié au yin, à la nuit et à la phase descendante du souffle. Doit être transmuté pour l’immortalité.

 

Souffle de vie (shēngqì) - 生氣

[CD] Qi naissant associé à la croissance et au yang. S’élève dans le cycle quotidien. Opposé au souffle de mort (sǐqì).

 

Souffle défensif (wèiqì) - 衛氣

[CD] Qi protecteur circulant à la surface du corps. Défend contre les agressions externes. Complément du qi nourricier (yíngqì).

 

Souffle impur (zhuóqì) - 濁氣

[CD] Qi grossier ou trouble, opposé au souffle pur (qīngqì). Résulte des émotions, de la nourriture ou d’un souffle mal cultivé.

 

SOUFRE (HUÁNG) – 硃砂 / 硃汞

Dans le contexte du nèidān (內丹), le soufre symbolise le principe yang, stable, actif et igné, opposé et complémentaire du mercure (yin). Il est assimilé au feu interne, à l’intention (yì ), au cœur, au rouge, et à la chaleur transformatrice. Le soufre fixe le mercure, l’anime, et permet la coagulation de l’élixir. Il peut désigner aussi le shén concentré et lumineux. Ses principaux synonymes dans l’alchimie interne sont :

1.       Huǒ jīng (火精) – Essence de feu

2.       Yáng jīn (陽金) – Métal yang

3.       Chì shí (赤石) – Pierre rouge

4.       Chì jīng (赤精) – Essence rouge

5.       Yáng shén (陽神) – Esprit yang

6.       Chì yáng (赤陽) – Yang rouge

7.       Hóng shén (紅神) – Esprit rouge

 

SU NÜ (Sùnǚ) – 素女

La Vierge Pure. Figure mythologique et initiatique des textes daoïstes anciens, Sùnǚ (« Fille pure » ou « Jeune fille blanche ») incarne la pureté originelle, la réceptivité lumineuse, et la connaissance intuitive du Dào. Elle apparaît dans des traités de sexualité spirituelle (Fángzhōng shù 房中術), de cosmologie et d’alchimie. Elle est tantôt enseignante des arts de la chambre, transmettant les techniques de conservation du Jīng, guide intérieure, associée à la Lune, à la sagesse yin, divinité résidant dans le corps, dans les visualisations internes (souvent aux côtés de Zhēnrén Zǐmíng ou du Dào Jūn). Son nom renvoie aussi à un état d’être purifié, libre des passions, où le féminin devient canal du Vide médian.

 

SUI (Suí) –

|¦¦||¦  Hexagramme 17 – La Suite. Accord spontané au rythme du Dào. Suí représente la flexibilité juste, le fait de suivre sans se perdre, de laisser le Qì guider tout en gardant le cœur éveillé. Dans la pratique, c’est une écoute subtile de l’élan naturel.

 

SUN (Sǔn) –

||¦¦¦|  Hexagramme 41 – La Diminution. Réduction pour croissance. Sǔn désigne le sacrifice de l’inutile, le choix volontaire de réduire les désirs pour nourrir l’essence. Le creux alchimique où se condense la lumière.

 

SUN WUKONG (Sūn Wùkōng) – 孫悟空

Roi Singe. Héros du roman classique Xī Yóu Jì 西遊記 (Le Voyage en Occident), Sūn Wùkōng est une figure mi-comique, mi-mythique, dotée d’immenses pouvoirs magiques, fruit de pratiques daoïstes et alchimiques. Né d’une pierre céleste, il acquiert l’immortalité après avoir étudié les arts secrets auprès d’un maître daoïste, notamment la transformation corporelle (biàn huà 變化), le voyage par le nuage (jǐn dòuyún 觔斗雲), et les 72 métamorphoses. Son nom signifie « Celui qui est conscient de la Vacuité » (Wù kōng 悟空) — une allusion à la vacuité bouddhique, mais aussi à la réalisation du Non-Être dans la tradition du Dào. Sun Wukong incarne le mental rebelle, indiscipliné mais puissant, qui doit être maîtrisé pour cheminer vers l’éveil. Dans Le Voyage en Occident, il accompagne le moine bouddhiste Xuánzàng pour récupérer les écritures sacrées, traversant mille épreuves — récit allégorique de la transformation intérieure. Il est vénéré comme divinité protectrice dans le folklore et les temples daoïstes et est parfois associé au Guerrier Véritable (Zhēnwǔ 真武) dans certaines traditions rituelles du Nord.

 

TAI (Tài) –

|||¦¦¦  Hexagramme 11 – La Paix. Union harmonieuse du Ciel et de la Terre. Équilibre du Yīn et du Yáng. Tài marque une circulation fluide du Qì, propice à la méditation profonde et à l’intégration des Trois Trésors.

 

TAI BAI (Tàibái) – 太白

Vénus, l’étoile blanche du matin ou du soir. Symbole de pureté, de tranchant et de transformation. Associée à l’élément Métal et à l’Ouest, elle est aussi nommée l’« astre du général céleste » dans certaines traditions. En alchimie interne, Tàibái évoque la coupure des attachements et la sublimation du désir par l’intelligence claire et la rigueur intérieure.

 

TAI CANG (Tàicāng) – 太倉

Le Grand Entrepôt. Terme cosmologique et alchimique désignant le réservoir originel du céleste. Il est parfois assimilé à la source primordiale d’où procèdent les dix mille êtres, ou au dépôt céleste contenant les graines de la vie et du destin. Dans les pratiques de cultivation intérieure, Tàicāng symbolise la réserve inépuisable d’énergie subtile, à la fois matrice du souffle vital et mémoire cosmique. En médecine et en alchimie daoïste, il évoque la plénitude silencieuse du Jīng non manifesté, prêt à se déployer sous l’action du Cœur éclairé.

 

TAI CHENG ZI (Tàichéngzǐ) – 太城子

Maître de la Grande Forteresse. Immortel ancien mentionné dans les textes ésotériques daoïstes comme un enseignant céleste, détenteur de la voie de transformation intérieure. Tài () signifie « suprême » ou « grand », chéng () désigne une forteresse ou une cité murée, et (), le maître, l’adepte accompli. Taìchéngzǐ est parfois cité comme celui qui transmet la doctrine secrète du Grand Retour (fǎnzhào 反照), du raffinement du souffle (liànqì 煉氣) et de la stabilisation du Shén (). Sa « forteresse » symbolise le corps raffiné et inviolable, devenu demeure de l’immortalité. Il incarne la figure du gardien du Centre, le maître ayant franchi les étapes de l’alchimie pour édifier en lui-même une citadelle spirituelle — à la fois refuge, creuset et palais lumineux.

 

TAI CHU (Tàichū) – 太初

Grand Commencement. Terme cosmologique désignant l’instant originaire où le Dào commence à se manifester, avant même la différenciation du Yīn et du Yáng. Tài signifie « suprême », Chū évoque le « commencement », le « début premier ». Dans la tradition daoïste, Tàichū marque le seuil entre le Non-être ( Wú) et le déploiement de l’univers : c’est le germe du souffle primordial (元氣 Yuánqì), l’origine silencieuse du temps et de l’espace. Il est intimement lié à Wújí 無極 (Non-Ultime) et précède même Tàijí 太極 (Grand Ultime). Dans la pratique intérieure, revenir à Tàichū signifie retrouver l’état antérieur à toute séparation, méditer jusqu’à la Source indivise, et renaître du Vide.

 

TAI GUANG (Tái Guāng) – 台光

Lumière de l’Extra. Nom du premier Hún (), l’une des trois âmes éthérées résidant dans le Foie ( gān). Tái Guāng désigne la lumière céleste originelle, claire et expansive, associée à la vision intérieure, à l’élan spirituel, et à la mémoire lumineuse des origines. Ce Hún guide la conscience vers le haut, vers le céleste, et conserve la trace du mandat spirituel. Il est lié au Hun supérieur, à l’intuition éveillée, et aux rêves inspirés. Dans la cosmologie daoïste, il reflète le rayonnement pur de l’âme au contact du Dào avant son incarnation. Son nom évoque la clarté d’un pavillon lumineux ( tái) irradiant d’une lumière subtile ( guāng), image du Shen lorsque celui-ci n’est pas obscurci par les passions. Tái Guāng est invoqué dans certaines pratiques pour éveiller le souvenir céleste et orienter la vie vers la Voie.

 

TAI HE (Tàihé) – 太和

Harmonie suprême, Souveraineté de l’Unité. Expression désignant l’état ultime d’harmonie cosmique, où les opposés (Yīn et Yáng) sont parfaitement unifiés dans le Vide médian. Tài signifie « suprême », Hé évoque l’« harmonie », la paix dynamique née de l’équilibre. Dans la cosmologie daoïste, Tàihé est l’émanation parfaite du Dào, antérieure même à la différenciation. Elle peut désigner le souffle originel unifié (元氣 yuánqì), le principe régulateur du Ciel et de la Terre, ou une figure divine suprême, parfois appelée Sage Suprême, maître silencieux de l’unité universelle. Dans les pratiques internes, atteindre Tàihé revient à fondre le corps, le souffle et l’esprit dans la clarté du Vide, par-delà toute dualité.

 

TAI JI (Tài jí) – 太極

Grand Pôle. Faît Suprême. Principe cosmologique fondamental désignant l’unité originelle et indifférenciée d’où naissent le Yīn et le Yáng . Tài jí signifie littéralement « Sommet ultime » ou « Pôle suprême », symbolisant le point de bascule entre le Non-Être (Wú ) et l’Être (Yǒu ), entre le Vide et la manifestation. Dans le schéma classique du Tài jí tú 太極圖 (diagramme du Grand Pôle), cette unité se divise en deux forces complémentaires et dynamiques : le yin et le yang, dont l’interaction engendre les dix mille êtres (wàn wù 萬物). Tài jí est ainsi le moteur de la transformation perpétuelle du cosmos, fondé sur l’équilibre et l’alternance. Dans le domaine des arts martiaux et du qìgōng, Tàijíquán 太極拳 (« Boxe du Grand Pôle ») est une pratique corporelle issue du daoïsme et de la tradition alchimique, intégrant souffle, lenteur, centrage et circulation du qì. Elle incarne l’application vivante des principes du Tài jí à travers le mouvement.

 

TAI JI TU (Tài jí tú) – 太極圖

Diagramme du Grand Pôle. Schéma symbolique représentant le déploiement du cosmos à partir de l’unité originelle (Tài jí 太極) vers la dualité du Yīn et du Yáng , puis vers leur transformation cyclique. Le Tài jí tú, littéralement « diagramme du Grand Pôle », est une image centrale de la cosmologie daoïste et néoconfucéenne, servant de support à la méditation, à la réflexion philosophique et à la pratique alchimique. La version la plus connue, en forme de cercle partagé en deux moitiés enroulées — une noire (yin) contenant un point blanc (yang) et une blanche (yang) contenant un point noir (yin) — illustre le principe de co-génération et de mutation continue des deux souffles opposés mais complémentaires. Certains modèles plus anciens ou savants, comme ceux de Zhōu Dūnyí 周敦頤 ou de la tradition daoïste interne, représentent plusieurs stades d’émanation : Wújí 無極 (Non-polarité), Tài jí 太極, puis Liǎng Yí 兩儀 (Deux principes), Sì Xiàng 四象 (Quatre figures), et enfin les Bā Guà 八卦 (Huit trigrammes). Le Tài jí tú est ainsi un mandala du Dào, exprimant l’ordonnancement du monde et la voie du retour à l’Un.

 

TAI QING (Tài Qīng) – 太清

Grande Pureté. Troisième des Trois Cieux Purs (三清 Sān Qīng), plus proche du monde manifesté. Tài () signifie « grand, suprême », Qīng () indique pureté, limpidité. Tài Qīng est le domaine du Tàishàng Lǎojūn 太上老君, le Laozi divinisé, Maître du Dào incarné. Il gouverne la transformation des choses, l’équilibre entre Ciel et Terre, et la circulation harmonieuse du Qì.
Dans les pratiques daoïstes, Tài Qīng est la sphère de l'alchimie opérative, des enseignements pratiques et de la descente des souffles dans la matière. Il correspond au plan de l’incarnation juste du Dào, et dans le corps, à la clarification du souffle vital dans le Cœur.

 

TAI QING (Tài qīng) - 太清

Grande Pureté. École taoïste révélée au IIᵉ siècle, antérieure au Shangqing, centrée sur les pratiques d’immortalité et les textes alchimiques et extatiques.

 

TAI SHANG LAO JUN (Tàishàng Lǎojūn) – 太上老君

Très-Haut Seigneur Lao. Divinité suprême du daoïsme céleste, incarnation éternelle du Dào , au-delà du temps, de la forme et des cycles. Troisième des Trois Purs (Sān Qīng 三清), il siège au niveau du Dào originel manifesté, en tant que maître des transformations, enseignant céleste, et fondateur de la transmission alchimique. Il est parfois identifié à Lǎozǐ 老子, dont le passage terrestre ne fut qu’une émanation de cette entité cosmique. Tàishàng signifie « Suprême », et désigne son statut de souverain du Vide mystérieux (Xuán Dào 玄道). Il est souvent représenté assis dans une lumière dorée, tenant un rouleau du Dào Dé Jīng, entouré d’immortels. Dans les écoles internes, Tàishàng Lǎojūn est vénéré comme guide intérieur, gardien du Feu véritable, et source des enseignements rituels et alchimiques. Il personnifie le Dào actif dans le monde, la parole du Non-Être se faisant souffle.

 

TAI SHANG LAO JUN ZHONG JING (Tàishàng Lǎojūn Zhōngjīng) – 太上老君中經

Le Livre du Centre du Très-Haut Seigneur Lao. Titre honorifique désignant une version du Zhōngjīng, texte central de la tradition daoïste, attribué à Tàishàng Lǎojūn (太上老君), nom divin du Laozi éternel. Le terme souligne l’origine céleste et la portée cosmologique du texte, placé sous l’autorité suprême du Maître du Dao. Ce Classique du Centre transmet des révélations sur l’organisation divine du corps humain, la hiérarchie céleste intérieure, et les lois qui relient le microcosme au macrocosme. Il constitue un guide ésotérique pour l’alchimie interne et la réalisation du Zhēnrén (Véritable Homme).

 

TAI WEI (Tàiwēi) – 太微

Grande Majesté. Constellation céleste majeure de la cosmologie daoïste, située dans la région centrale du ciel autour de l’étoile polaire, dans l’enceinte impériale céleste. Tàiwēi représente la cour impériale du Ciel, siège du Souverain céleste (Tiāndì) et des divinités de haut rang. Elle symbolise l’ordre cosmique, la régulation céleste des affaires humaines et divines. Dans la visualisation alchimique, elle correspond au centre du Shén souverain, et à la clarté immobile autour de laquelle tourne le monde. C’est le miroir céleste du Palais Central dans le corps.

 

TAI XI (Tāixī) - 胎息

Respiration embryonnaire. Stade avancé de la méditation où la respiration devient imperceptible, comme celle du fœtus nourri par l’énergie interne.

 

TAI XU (Tàixū) – 太虛

Vide Suprême. Concept central de la cosmologie daoïste, Tàixū désigne le Vide fondamental, antérieur à toute forme, souffle ou mouvement. Tài signifie « suprême », Xū désigne le vide, le non-plein, mais aussi le potentiel illimité. Ce Vide n’est pas néant : il est plénitude invisible, source du Dào, et racine de tous les souffles ( Qì). Dans l’alchimie intérieure, Tàixū est l’espace originel où l’esprit retourne et se dissout, là où le Shén fusionne avec le Non-être (wú ). Accéder à Tàixū, c’est se libérer de la différenciation, retrouver le centre immobile du cercle mouvant, et s’unir à la nature non-née du Dào.

 

TAI YI (Tàiyī) – 太一

Un Suprême. Principe cosmique primordial, Tàiyī désigne l’unité originelle d’où émerge toute manifestation. Dans le panthéon daoïste, Tàiyī Jiùkù Tiānzūn 太一救苦天尊 est la divinité salvatrice qui guide les âmes hors des souffrances, notamment après la mort. Il est invoqué dans les rituels de rédemption, les liturgies de l’école Zhèngyī, et les textes du courant Língbǎo. Tàiyī symbolise la lumière unique avant la polarisation du Yīn-Yáng.

 

TAI YI (Tàiyī) – 太一

Un Suprême. Courant ancien centré sur l’invocation de Tàiyī Jiùkù Tiānzūn 太一救苦天尊, le Seigneur Suprême qui sauve les âmes des souffrances. Présent dans les pratiques rituelles de salut post-mortem, les rites de rédemption, et certaines branches de l’école Zhèngyī.

 

TAI YI JIU KU TIAN ZUN (Tàiyī Jiùkǔ Tiānzūn) – 太一救苦天尊

Seigneur Suprême du Salut des Souffrances. Divinité majeure du panthéon daoïste, incarnation de la compassion céleste et du secours aux âmes en détresse, notamment dans l’au-delà. Associé au courant Língbǎo, il est invoqué lors des rites de rédemption (dùkǔ 度苦) pour libérer les esprits errants et guider les âmes vers la lumière. Tàiyī Jiùkǔ est la manifestation salvatrice du Tàiyī, l’Un originel, descendu pour répondre aux appels du monde souffrant.

 

TAI YI XUAN GUANG (Tàiyī Xuánguāng) – 太一玄光

Lumière Mystérieuse du Tàiyī. Terme d’une haute portée cosmologique et alchimique, désignant l’émanation subtile issue de Tàiyī (太一), le Grand Un, principe suprême d’où procèdent toutes les formes et les transformations. Xuán () désigne le Mystère profond, obscur mais lumineux ; guāng (), la lumière. La Tàiyī Xuánguāng est la lumière non manifestée, antérieure au , qui innerve silencieusement le cosmos. Dans les pratiques méditatives daoïstes, elle est visualisée comme une clarté obscure, une présence lumineuse intérieure, source de conscience pure, guidant la transmutation du Jīng, du et du Shén. Entrer en résonance avec cette lumière, c’est retourner à l’origine du souffle, à l’état d’unité silencieuse avec le Dào. Elle éclaire sans aveugler, elle révèle sans forme : elle est la lumière du Vide qui contient le Tout.

 

 

TAI YUAN (Tàiyuān) – 太淵

Profondeur Suprême. Terme à la fois topographique, énergétique et symbolique dans la tradition daoïste. Tàiyuān désigne un lieu d’origine vaste et profond, réservoir cosmique du originel, souvent associé à la Source primordiale d’où procèdent les souffles célestes. Dans la médecine chinoise, Tàiyuān est aussi un point d’acupuncture majeur (9P) sur le méridien du Poumon, lieu de passage du souffle purifié. Sur le plan alchimique, Tàiyuān évoque la matrice obscure et paisible où se condense l’Unité, la mer silencieuse du Vide fécond. Y retourner, c’est revenir au sein du Wújí (無極), berceau du Dào, et se ressourcer à la lumière intérieure avant toute différenciation.

 

 

TAN LANG XING GUAN (Tān Láng Xīng Guān) – 貪狼星官

Officier de l’Étoile du Loup Cupide. Première des sept étoiles de la Grande Ourse (北斗 Běi Dǒu), associée à la planète Jupiter. Elle gouverne la destinée, les désirs fondamentaux et la quête de transformation intérieure. Dans l’alchimie daoïste, Tān Láng est l’impulsion première, celle du Yáng naissant dans la matière, représentant les passions à raffiner plutôt qu’à réprimer. Divinité astrale liée au développement du Dào, au commandement du cycle vital et au déclenchement du mouvement retour (返本還源 fǎn běn huán yuán). Elle est invoquée pour la longévité, la clarté d’intention et le dépassement des attachements illusoires.

 

Tao (Dào) –

Transcription ancienne de Dào, le Chemin ou la Voie. Principe fondamental de l’univers, invisible, spontané, engendrant toute chose sans agir. Le Tao précède Ciel et Terre, il est l’origine et le retour, le Vide vivant (Xū ) d’où procèdent le Yīn et le Yáng. Tout dans l’univers suit le Tao, mais seuls les sages savent s’y accorder sans effort (Wú Wéi 無為).

 

TAO YUAN GUAN (Táoyuán Guàn) – 桃源觀

Temple de la Source des Pêchers. Monastère daoïste situé au Shanxi, rattaché à la tradition de la Perfection Totale (全真 Quánzhēn). Le nom Táoyuán évoque le paradis légendaire du Puits des Pêchers (桃源), monde caché hors du temps, symbole de retour à l’origine, pureté et immortalité. Ce temple est lié à l’étude des textes alchimiques et à la retraite méditative profonde.

 

Taoïste (dàojià tú) – 道家徒 / 道教徒

Terme générique désignant un adepte du Tao, selon deux acceptions :
– Dàojiā tú
道家徒 : adepte de la voie philosophique, inspiré du Dào Dé Jīng ou du Zhuāngzǐ.

– Dàojiào tú 道教徒 : pratiquant de la tradition religieuse daoïste, incluant rituels, méditation, alchimie ou arts énergétiques.

Dans les deux cas, le taoïste cherche à vivre en harmonie avec le Dào.

 

Taoïsme (Dàojiā / Dàojiào) – 道家 / 道教

Transcription française regroupant à la fois :

– Dàojiā 道家 : le courant philosophique, centré sur la sagesse naturelle, le non-agir, le relativisme et l’observation du monde.

– Dàojiào 道教 : le courant religieux, structuré dès le IIe siècle, avec temples, maîtres, rituels, cosmologie, pratiques de longévité.

Le terme « taoïsme » masque souvent cette double dimension, que le lexique chinois distingue clairement.

 

TE SHU (Tèshū) – 特樞

Pivot unique ou pivot exceptionnel. Désigne le nombril en tant que point de jonction fondamental entre le Ciel antérieur (Xiāntiān 先天) — domaine non manifesté du Dào — et le monde postérieur (Hòutiān 後天), conditionné et incarné. Tèshū est perçu comme le nœud du vital, lieu de convergence des souffles primordiaux transmis avant la naissance. Dans les pratiques alchimiques, il est le pivot de transformation : centre énergétique profond, creuset silencieux de l’union des souffles, et porte d’accès au retour à l’Origine.

 

Terre (Tǔ) –

Élément du Centre, de la stabilité, de la transformation et du soutien. Il régule les interactions entre les autres éléments, correspond à la Rate (Pí ), à la couleur jaune, et à l’émotion de la réflexion équilibrée. Tǔ nourrit, reçoit et transforme. Il est la matrice du dāntián.

 

TI HU (Tíhú) – 醍醐

Ambroisie. Quintessence ultime du lait clarifié, métaphore de l’élixir suprême dans l’alchimie daoïste. Tíhú désigne la substance subtile raffinée du Jīng, recueillie dans la bouche comme nectar de longévité. Symbole de l’enseignement parfait, de la saveur du Dào pleinement réalisée et de la lumière intérieure transformée en douceur nourricière.

 

TI HU GUAN DING (Tí Hú Guàn Dǐng) – 醍醐灌頂

Arroser la tête de crème raffinée. Expression classique désignant une illumination soudaine, comme si l’on versait l’ambroisie (tíhú) au sommet du crâne (guàn dǐng). Utilisée dans le bouddhisme et le daoïsme, elle évoque la descente du nectar spirituel, l’ouverture du Niwán (泥丸), et la fusion du Shén avec la lumière céleste. Symbole de l’éveil reçu en un instant de grâce.

 

TIAN (Tiān) –

Ciel. Principe suprême et actif du cosmos, associé au Yáng, à la lumière, au mouvement créateur. Dans la tradition daoïste, Tiān désigne à la fois le Ciel naturel, le Ciel antérieur (Xiāntiān 先天) — monde de l’origine — et le Ciel céleste, domaine des divinités et des lois cosmiques.

Il est l’un des Trois Trésors du Monde (Sāncái 三才) : Ciel, Terre, Homme, et représente la source du Dào manifesté, la direction de l’élévation spirituelle, et le modèle d’ordre naturel. Dans l’alchimie interne, suivre Tiān signifie s’accorder au rythme cosmique pour retourner à l’Un.

 

TIAN DI LING GEN (Tiāndì Línggēn) – 天地靈根

Racine numineuse du Ciel et de la Terre. Terme symbolique de l’alchimie interne désignant la source originelle du souffle vital, enracinée à la fois dans le Ciel (Tiān ) et la Terre (Dì ). Cette Línggēn 靈根 (racine spirituelle) représente le point d’union du Yīn et du Yáng, l’origine du Jīng , du Qì et du Shén . Elle est parfois localisée dans le Dāntián inférieur, ou plus profondément dans la Porte de la Vie (Mìngmén 命門). Elle incarne la graine du Dào dans le corps humain, le germe de l’immortalité à cultiver par la pratique intérieure. C’est aussi une métaphore de la lignée céleste que chaque pratiquant porte en lui.

 

TIAN GAN DI ZHI (Tiāngān Dìzhī) – 天干地支

Troncs célestes et branches terrestres. Système cyclique chinois fondé sur l’association des 10 Tiāngān 天干 (Jia , Yi , Bing , etc.) et des 12 Dìzhī 地支 (Zǐ , Chǒu , Yín , etc.). Ensemble, ils forment le cycle sexagésimal (60 ans), base du calendrier traditionnel, de l’astrologie chinoise (Bāzì 八字), et de nombreux systèmes cosmologiques daoïstes. Ils relient le Ciel (Tiān ) et la Terre (Dì ), les cinq éléments, le temps, les organes, et les directions, structurant la lecture des dynamiques vitales et célestes.

 

TIAN GOU (Tiāngǒu) – 天狗

Chien Céleste. Créature mythologique du bestiaire chinois, souvent perçue comme un chien noir céleste dévorant le Soleil ou la Lune lors des éclipses. Dans la tradition daoïste, Tiāngǒu incarne une force ambivalente : à la fois gardienne et dévoreuse, liée aux mystères du temps, aux phénomènes célestes et aux passages entre les mondes. Dans l’alchimie interne, Tiāngǒu peut symboliser un gardien nocturne des cycles intérieurs, posté aux portes du Shén ou du Dào, notamment en lien avec les orifices corporels ou les cycles du souffle. Dans certaines cartes alchimiques du corps, il est figuré près de la poitrine ou du palais de jade, aboyant ou hurlant à l’aube et au crépuscule, évoquant le passage entre les souffles diurnes et nocturnes. Protecteur, parfois porteur de l’éveil brusque, Tiāngǒu est aussi une allégorie de la vigilance intérieure.

 

TIAN HE (Tiān Hé) – 天河

Voie Lactée, littéralement « Fleuve Céleste ». Axe lumineux traversant le ciel nocturne, perçu dans la cosmologie daoïste comme une rivière céleste séparant ou reliant les mondes. Elle symbolise la circulation du Qì entre Ciel et Terre, et dans l’alchimie interne, elle est souvent associée à la circulation de l’orbite microcosmique, notamment entre les vaisseaux Du Mài 督脈 (Gouverneur) et Rèn Mài 任脈 (Conception). Dans les légendes, elle sépare l’amant Niúláng 牛郎 (le Bouvier) et Zhīnǚ 織女 (la Tisserande), réunis une fois par an par le pont des pies (què qiáo 鵲橋) — métaphore du claquement de la langue au palais, qui unit les deux méridiens. Symbole cosmique du retour à l’unité par la traversée du Vide.

 

TIAN JI (Tiānjī) – 天雞

Coq Céleste. Animal mythique du panthéon daoïste, symbole du Feu levant, du passage de l’ombre à la lumière et de l’éveil spirituel. Comme le Tiāngǒu (天狗, Chien Céleste), il figure dans certaines cartes alchimiques du corps, souvent en haut de la poitrine ou proche du Palais de Jade (Yùquè 玉闕), chantant à l’aube pour annoncer la montée du Shén (). Le Tiānjī est le gardien du cycle du jour, de la clarté intérieure, et de la vigilance de l’esprit. Il incarne l’énergie yang ascendante, la sortie des ténèbres mentales, et l’ouverture du Cœur à la lumière du Dào. Dans l’alchimie interne, il peut représenter l’élan du purifié, la montée de l’élixir, ou encore la résonance intérieure entre le microcosme corporel et le rythme cosmique du Ciel.

 

TIAN MEN (Tiānmén) – 天門

Porte céleste. Passage subtil reliant le corps humain aux sphères supérieures du Ciel. Située symboliquement au sommet du crâne (point Bǎihuì 百會) ou parfois entre les sourcils (au niveau de Yìntáng 印堂), Tiānmén est l’ouverture par laquelle le Shén (, Esprit) peut s’élever ou recevoir l’influx céleste. Dans les pratiques méditatives et alchimiques, elle représente l’issue de la conscience vers le Wújí (無極, Non-Pôle) et le lieu de condensation de la lumière spirituelle. S’ouvrir à la Porte céleste, c’est permettre l’union du haut et du bas, du vide et du plein, et favoriser l’émergence du corps de lumière.

 

TIAN MU (Tiān mù) - 天目

Œil céleste. Centre spirituel situé entre les sourcils (troisième œil), utilisé dans la visualisation, la perception subtile et la clarté du shén.

 

TIAN SHI DAO (Tiān shī dào) - 天師道

Voie des Maîtres Célestes. École taoïste fondée par Zhāng Dàolíng au IIᵉ siècle, centrée sur la liturgie, les talismans et la médecine rituelle. Elle est l’ancêtre directe de l’école Zhèngyī.

 

TIAN SHUI (Tiān shuǐ) – 天水

Eau céleste. Terme alchimique désignant une essence yin subtile émanant du Ciel, utilisée pour nourrir le dāntián, équilibrer le feu interne et soutenir la gestation de l’élixir intérieur. Elle est parfois identifiée à la rosée céleste (tiān lù 天露) ou à l’eau du rein raffinée, montée à l’état pur. Dans les pratiques de qìgōng, l’eau céleste correspond aussi à la salive activée consciemment, considérée comme un fluide précieux. Elle est stimulée par des techniques telles que le claquement des dents (kòu chǐ 叩齒), la rotation de la langue et le massage des lèvres avec celle-ci, favorisant la sécrétion de salive douce. Avalée avec conscience, cette salive devient une nourriture subtile pour le dāntián et les organes, harmonisant le qì et renforçant le shén. Tiān shuǐ est ainsi à la fois métaphysique et physiologique, reliant la sagesse yin céleste à la pratique corporelle raffinée, et illustrant l’unité du spirituel et du physiologique dans le Dào .

 

TIAN YAN (Tiān yǎn) - 天眼

Œil céleste. Synonyme de Tiān mù, parfois utilisé dans les textes pour désigner la clairvoyance spirituelle ou la vision transcendante.

 

TIAN XIN (Tiān Xīn) – 天心

Cœur du Ciel. Petite école ésotérique daoïste apparue au moyen-âge, axée sur l’invocation des étoiles, les écritures talismaniques et les rites de communication céleste. Participe à la tradition des talismans célestes et des invocations astrologiques.

 

TIAO XI (Tiáo xī) – 調息

Réguler la respiration. Pratique fondamentale de l’alchimie interne (nèidān 內丹), Tiáo xī signifie littéralement « ajuster le souffle ». Elle consiste à pacifier, allonger et affiner la respiration afin d’harmoniser le qì , nourrir le jīng et stabiliser le shén . Tiáo xī intervient dès les premières étapes du travail intérieur : en ralentissant le souffle, en le rendant plus profond et plus silencieux, le pratiquant apaise l’agitation mentale, ouvre les portes des méridiens et renforce l’unité corps-esprit. La respiration devient alors circulation consciente du qì, support du retour à l’état embryonnaire et du raffinement intérieur. La régulation se fait selon les trois principes classiques : réguler le corps (tiáo shēn 調身), réguler le souffle (tiáo xī 調息), réguler l’esprit (tiáo xīn 調心). Tiáo xī prépare ainsi le terrain pour les pratiques plus avancées telles que fù qī 服氣 (absorption du souffle) ou bì xī 閉息 (rétention du souffle).

 

TIE NIU (Tiě Niú) – 鐵牛

Buffle d’airain ou de fer. Symbole alchimique de la force contenue, de la patience transformatrice et de la résistance intérieure. Dans les textes de Nèidān (內丹), le Tiě Niú représente parfois le Dāntián inférieur, le Foie, ou encore la volonté profonde (Zhì ) capable de supporter le Feu interne sans s’épuiser. Il évoque aussi le corps raffiné, endurant et stable, qui traverse les épreuves du feu sans se consumer. Métaphore du creuset vivant, il est un allié silencieux de la Voie du retournement.

 

Tigre (Hǔ) –

Symbole du Yīn puissant, gardien de l’Ouest et des forces telluriques. Il représente l’instinct, la force contenue, la défense du territoire intérieur. Associé au Poumon, au Métal et à l’automne, il est souvent blanc (Bái Hǔ 白虎) dans les traditions cosmologiques. En alchimie interne, il incarne les énergies à maîtriser pour raffiner le souffle et dompter les passions.

 

TING QI (Tīng qì) – 聽氣

Écouter le souffle. Pratique d’attention subtile propre au qìgōng et à l’alchimie interne, Tīng qì signifie littéralement « écouter le qì ». Il s’agit d’un affinement de la perception intérieure, visant à capter les mouvements, flux et rythmes du qì dans le corps, sans volonté de contrôle. Cette écoute intérieure mobilise un esprit calme, recueilli (jìng ), et une présence au ressenti profond, souvent centrée sur le dāntián 丹田, les méridiens ou les points d’acupuncture. Tīng qì développe la sensibilité énergétique, nécessaire à la régulation du souffle, à l’unification du corps-esprit (xīnshén 心神), et à la transformation interne. Dans les textes classiques, cette capacité d’écoute est associée à la sagesse du non-agir (wúwéi 無為) : c’est en s’effaçant que l’on entend, non avec les oreilles mais avec le cœur vide (xū xīn 虛心).

 

TONG REN (Tóng Rén) – 同人

|¦||||  Hexagramme 13 – Communauté Humaine. Unité des êtres sous le Ciel. Tóng Rén représente l’harmonie des cœurs, la fréquence commune du souffle humain. En alchimie, c’est la fusion des volontés, nécessaire au travail collectif ou à l’unification des forces internes.

 

TONG ZI (Tóngzǐ) – 童子

Enfant pur, servant céleste. Littéralement « jeune garçon » ou « enfant vierge », Tóngzǐ désigne dans le daoïsme un serviteur divin, adepte purifié, ou incarnation de l’innocence primordiale. Il symbolise un état de pureté énergétique, libre de passions, apte à conserver le jīng (essence) et à recevoir les révélations du Dào. Dans les rituels ou les textes (comme le Zhōngjīng), les Tóngzǐ peuvent désigner :

– des esprits lumineux internes, assistants des divinités du corps,

– des immortels en voie d’accomplissement,

– ou encore des aspirants au Dào incarnant l’humilité et la disponibilité intérieure.

Ils sont souvent associés à la transparence du cœur, au non-agir, et à la reconnexion au Vide originel.

 

TOU TAI (Tòu tāi) – 透胎

Délivrance de l’embryon. Terme symbolique désignant l’accouchement de l’embryon d’immortalité formé dans le dāntián par les pratiques alchimiques.

 

Triple Réchauffeur (Sānjiāo) – 三焦

Viscère sans forme, régisseur des circulations. Il relie les trois foyers : supérieur, médian et inférieur. Maître du feu et des transformations internes, il harmonise les souffles et veille à la fluidité entre les plans. Clef alchimique, il fait circuler la Voie dans le corps.

 

Trois Augustes (Sān Huáng) - 三皇

Figures semi-divines comme Fú Xī 伏羲, Nǚ Wā 女媧 et Shén Nóng 神農, associés à la création du monde, de l’humanité et des savoirs fondamentaux.

 

TU (Tú) –

Diagramme, carte, représentation symbolique. Dans la tradition daoïste, un Tú est plus qu’une image : c’est une configuration cosmique, un mandala énergétique ou une cartographie du corps et du Dào. Utilisé pour visualiser les processus alchimiques internes (Nei Dan), les relations célestes-terrestres, ou les temples intérieurs. Exemples : Nei Jing Tú 內經圖, Xiu Zhen Tú 修真圖, Wu Ji Tú 無極圖. Le Tú est à lire autant qu’à contempler.

 

TU (Tù) –

Lapin. Animal lunaire par excellence dans la tradition daoïste, souvent désigné sous le nom de lièvre de jade (yù tù 玉兔). Il habite la Lune, où il pile les herbes d’immortalité ou l’élixir de longue vie dans un mortier d’or ou de jade. Symbole de pureté, de douceur et de raffinement intérieur, le Tù représente la transformation silencieuse du yin, la gestation spirituelle et la lumière cachée. Il est souvent associé au cycle lunaire, à l’alchimie interne et aux pratiques de respiration nocturne. Dans certaines traditions, il est aussi lié à l’élixir féminin, à la rosée céleste, et au corps subtil qui se forme dans le silence. Il complète le crapaud lunaire (chán ) en tant que double lumineux et gracieux.

 

TU (Tǔ) –

Terre. Élément du Centre, de la stabilité, de la transformation et du soutien. Il régule les interactions entre les autres éléments, correspond à la Rate (Pí ), à la couleur jaune, et à l’émotion de la réflexion équilibrée. Tǔ nourrit, reçoit et transforme. Il est la matrice du dāntián.

 

TUN ZEI (Tūn Zéi) – 吞賊

Avaleur de Voleur, ou Monstre Glouton. Septième des sept Pò (), représentant la pulsion de possessivité, d’avidité et de prédation instinctive. Tūn () signifie « avaler, engloutir » ; Zéi () désigne le « voleur », l’agresseur, ou toute force menaçant l’intégrité corporelle ou énergétique. Tūn Zéi est le Pò du désir d’appropriation sans limite, qu’il s’agisse de biens, de plaisir, de pouvoir ou même d’énergie d’autrui. Il pousse à accumuler, retenir, consumer, au détriment de l’équilibre. Dans l’alchimie daoïste, cette force est redoutable mais transmutable : lorsqu’éclairée par le Shén (), elle devient force d’assimilation consciente, faculté d’intégrer l’expérience sans la dévorer. Le glouton devient alors un gardien de la transformation, avalant le faux pour révéler le vrai.

 

TUO YUE (Tuó yuè) – 橐龠

Soufflet et flûte à vent. Métaphore antique de la respiration cosmique, utilisée dans le Dào Dé Jīng (chapitre 5) pour désigner le vide fécond et le mouvement du souffle primordial.

Tuó () est le soufflet, contenant l’air ; Yuè () est la flûte, par où l’air s’écoule. Ensemble, ils figurent le rythme alterné de l’inspiration et de l’expiration, le souffle invisible mais productif du Dào. Dans l’alchimie interne, le Tuó Yuè symbolise la maîtrise du souffle (Qì ), entre vide et plénitude, et la fonction créatrice du Vide (Xū ) à travers le souffle régulé. C’est aussi une image de la non-intervention active (Wú Wéi 無為) du sage, laissant le Dào s’exprimer sans obstruction.

 

Vésicule Biliaire (Dǎn) –

Viscère du Bois. Associée à la décision juste (duàn ), elle accompagne le Foie dans l’extériorisation de la volonté. Elle clarifie l’essence du Yang pur et transmet le mouvement d’action. En alchimie, elle soutient le courage intérieur face aux épreuves du retournement.

 

Vessie (Pángguāng) – 膀胱

Viscère de l’Eau. Elle draine les liquides et guide la descente des impuretés. Axe vertical associé au Rein, elle reflète la capacité à gérer les ressources vitales. En alchimie, elle est le canal de purification des eaux internes.

 

Voie (la) (Dào) –

Principe fondamental du cosmos dans le daoïsme. Le Dào est à la fois origine, chemin et processus de transformation universelle. Invisible et indicible, il engendre le Yīn-Yáng, les dix mille êtres et le rythme de toute existence. Dans la pratique, « suivre la Voie » signifie s’accorder avec le mouvement naturel du monde, cultiver l’harmonie intérieure et retourner à l’Unité. Le Dào ne peut être saisi intellectuellement : il se réalise par l’expérience directe, le non-agir (Wú Wéi 無為), et l’oubli de soi.

 

WAI DAN (Wàidān) – 外丹

Élixir externe. Voie alchimique daoïste utilisant des substances minérales, métalliques ou végétales (soufre, cinabre, plomb, etc.) pour produire un élixir d’immortalité par cuisson dans un chaudron. Wài () signifie « extérieur », en opposition à Nèidān 內丹 (élixir interne). Le Wàidān est autant une pratique rituelle et cosmique qu’un art opératif, où le corps est vu comme résonnant avec les transmutations du fourneau. Bien que progressivement remplacée par l’alchimie interne, cette voie a posé les bases symboliques majeures de la tradition alchimique daoïste.

 

WAI SHEN (Wài shèn) - 外腎

Reins externes. Terme désignant les gonades (testicules/ovaires) dans la physiologie taoïste, siège du Jīng initial.

 

WAI YE (wài yè) – 外業

Action extérieure. Terme opposé à nèi yè 內業 (travail intérieur), désignant les activités tournées vers le monde extérieur : rituels, cérémonies, bonne conduite sociale, et parfois recherche de mérite par des œuvres visibles. Dans le cadre daoïste, wài yè peut être une étape préparatoire ou complémentaire, mais reste insuffisante sans transformation intérieure. Les textes alchimiques insistent sur la nécessité de passer du visible à l’invisible, du faire au non-agir, pour réaliser véritablement le Dào . Le pratiquant équilibré conjugue les deux : agir en accord avec le Ciel dans le monde (wài yè), tout en cultivant la racine intérieure (nèi yè) dans le silence du cœur.

 

WANG BI (Wáng Bì) – 王弼

Commentateur du Dào Dé Jīng (道德經). Philosophe chinois du IIIᵉ siècle (226–249), Wáng Bì est l’auteur d’un des commentaires les plus célèbres et influents du Dào Dé Jīng, marquant une étape majeure de la réception du daoïsme dans la pensée chinoise. Bien que jeune à sa mort, il a laissé une œuvre dense dans laquelle il propose une lecture métaphysique du Dào , centrée sur le concept de Wú (Non-Être) comme principe fondamental de la création. Son approche unifie les pensées daoïste et confucéenne, en mettant l’accent sur la structure du monde comme déploiement du Vide et sur le rôle du sage comme médiateur entre forme et non-forme. Son commentaire fut si influent qu’il a longtemps servi de base aux éditions officielles du Dào Dé Jīng, notamment sous les Tang et les Song. Wáng Bì est également connu pour son commentaire du Yì Jīng (易經), où il développe une interprétation philosophique du changement.

 

WANG JIA (Wáng Jiǎ) – 王甲

Nom symbolique de l’initié (Zhào ) dans le Lǎozǐ Zhōngjīng. Appellation ésotérique désignant le pratiquant éveillé, porteur de la lignée céleste. Wáng signifie « roi », Jiǎ désigne la première tige céleste du cycle sexagésimal. Ensemble, Wáng Jiǎ incarne le souverain de la première origine, ou l’être primordial reconstitué, en harmonie avec le Dào. Ce nom cache une identité spirituelle transfigurée, où le disciple Zhào devient agent du Dào sous sa forme céleste. Il évoque aussi le rôle de gardien du Mandat céleste (天命 tiānmìng), et de réceptacle du souffle unifié.

 

WANG QING (Wàng qíng) – 忘情

Éliminer les émotions. Terme daoïste signifiant littéralement « oublier les émotions », Wàng qíng désigne une pratique de dépouillement intérieur visant à apaiser les perturbations émotionnelles (qíng ) afin de retrouver la pureté du cœur-esprit (xīnshén 心神). Loin d’être une répression des affects, cette démarche invite à observer les émotions avec recul jusqu’à leur extinction naturelle, favorisant le retour à la tranquillité (jìng ) et à la clarté originelle (míng ). Par cette pacification, le pratiquant se rend disponible à la spontanéité du Dào et cultive le non-agir (wúwéi 無為). Wàng qíng est essentiel dans l’alchimie interne, car les émotions excessives dispersent le qì , troublent le shén , et empêchent la stabilisation de l’élixir intérieur.

 

WANG WEI (Wàng wéi) - 妄為

Action insensée. Agir de manière inconsidérée, en contradiction avec le principe du non-agir (wúwéi).

 

WANG WO (Wàng wǒ) – 忘我

Oubli de soi. Concept fondamental du Dào, Wàng wǒ désigne l’effacement de l’ego et la dissolution du moi dans l’unité du Dào . Il marque un état de conscience où les différenciations entre le soi et l’univers s’évanouissent, permettant une fusion avec le flux naturel. Cette disparition du « je » n’est pas une perte identitaire, mais l’aboutissement d’un raffinement du shén et d’un retour au Vide originel (xū ).

 

WANG ZI QIAO (Wáng Zǐqiáo) – 王子喬

Immortel céleste et prince des Zhou, figure majeure de la tradition daoïste. Fils du roi Ling des Zhou, il abandonna la cour pour suivre la Voie, atteignant l’immortalité par la méditation, le raffinement du souffle et le détachement du monde. Il est souvent représenté chevauchant une grue ou jouant de la flûte, symbole de légèreté spirituelle et d’harmonisation des souffles subtils. Wáng Zǐqiáo incarne la voie du retour silencieux vers le Dào, guide des pratiquants dans la montée du Shén () et la traversée des sphères célestes. Il est aussi honoré comme gardien des souffles éthérés et des passages de transmutation intérieure.

 

WEI (Wèi) -

Estomac. Viscère de la Terre. Grand chaudron alchimique, il reçoit le brut et prépare l’extraction des essences. Centre digestif et symbolique, il transforme la densité du monde en souffle vital. Son équilibre est clef dans la pratique énergétique.

 

WEI (Wèi) –

Chèvre. Terre Yīn. Douceur alchimique, intériorisation. Terre de retour, pont vers la récolte.

 

WEI JI (Wèi Jì) – 未濟

¦|¦|¦|  Hexagramme 64 – Avant l’Accomplissement. Le processus n’est pas encore accompli. Wèi Jì représente une transformation inachevée, un feu qui cherche encore à s’unifier. Appel à l’humilité et à la vigilance dans le raffinement final.

 

WEI LU (WĚI LǙ) – 尾閭

Coccyx. Point énergétique situé à la base de la colonne vertébrale, considéré comme la première barrière sur le trajet du Dū Mài 督脈 (vaisseau Gouverneur) dans la Petite Circulation céleste (Xiǎo Zhōu Tiān 小周天). Wěi lǚ marque le départ du Feu vital, en lien avec la Porte de la Destinée (Mìng Mén 命門). Il est essentiel dans les pratiques de méditation assise, de qìgōng et d’alchimie interne, car il soutient la montée du qì dans la colonne. Sa détente structurelle et énergétique conditionne la mise en mouvement de l’élixir interne.

 

WEI MING (Wēi Míng) – 威明

« Clarté Majestueuse ». Nom social (zì ) de la divinité Lóng Yào 龍耀, résidant dans la Vésicule Biliaire (Dǎn ). Wēi () exprime la dignité intérieure, la force morale et l’autorité du discernement ; Míng () désigne la clarté, la lucidité spirituelle. Ensemble, ce nom reflète la fonction de la Vésicule Biliaire comme source de décision juste, éclat intérieur qui éclaire l’action et soutient le mouvement du Dào à travers les choix posés dans la Voie.

 

WEI QI (Wèi qì) - 衛氣

Qi défensif. Énergie de surface circulant à la périphérie du corps et protégeant contre les agressions externes.

 

WEI SHENG XING MING FA JUE QUAN TU (Wèishēng Xìngmìng Fǎjué Quántú) – 衛生性命法訣全圖

Diagramme complet des méthodes pour préserver la vie et l’essence.
Carte taoïste ancienne illustrant les techniques d’entretien de la vitalité (
衛生 wèishēng) et de raffinement de l’essence vitale (性命 xìngmìng). Elle réunit des instructions alchimiques, physiologiques et méditatives dans une iconographie synthétique, mêlant les méridiens, les organes spirituels et les pratiques du neidan. Fǎjué 法訣 désigne les formules secrètes, révélées ici dans un ensemble structuré (quántú 全圖) pour guider l'adepte vers la longévité et l’union au Dào.

 

WEN HUO (Wén huǒ) - 文火

Feu civil. Dans l’alchimie interne, désigne une activation douce, lente et régulière du feu interne, par la respiration calme et la concentration subtile.

 

WEN QU XING GUAN (Wén Qǔ Xīng Guān) – 文曲星官

Officier de l’Étoile du Canal Littéraire. Quatrième étoile de la Grande Ourse (北斗 Běi Dǒu), associée à la culture, à l’élégance de l’esprit et à l’inspiration céleste. Wén Qǔ incarne la résonance subtile entre les lettres, la musique, la poésie et le Dào. Étoile du raffinement et de la sagesse, elle favorise la clarté du Shén (), la créativité alignée, et l’expression juste de la pensée. Elle est le souffle du pinceau et de la parole qui transforme, régule et enseigne. Dans l’alchimie interne, Wén Qǔ est invoquée pour calmer le mental, nourrir le Cœur-Esprit et harmoniser les émotions à travers les arts sacrés.

 

WENG ZHONG (Wēngzhòng) – 翁仲

Gardien de pierre. Nom donné à un général légendaire, puis à des statues colossales placées à l’entrée des tombes impériales comme gardiens protecteurs. Dans l’imagerie daoïste alchimique, Wēngzhòng désigne symboliquement le sein droit, conçu comme une force martiale intérieure.

Opposé complémentaire de Jūn'ē (君阿, le sein gauche bienveillant), Wēngzhòng représente la vigilance, la fermeté d’esprit et la défense du sanctuaire corporel. Il incarne la capacité du pratiquant à se prémunir contre les influences pernicieuses (xiéqì 邪氣), à préserver l’intégrité du Shén, et à soutenir l’axe vertical de l’être. Dans la méditation corporelle, il devient le gardien silencieux de la demeure du Cœur, équilibre du Yīn nourricier et du Yáng protecteur.

 

WO MING YOU WO (WǑ MÌNG YÓU WǑ) – 我命由我

Mon destin m’appartient. Formule exprimant la souveraineté intérieure du pratiquant, maître de son chemin spirituel et de sa vitalité.

 

WU (wū) –

Shamanisme primitif. Le terme wū () désigne à l’origine le chamane, homme ou femme capable de communiquer avec les esprits, les divinités et les forces invisibles, à travers la transe, la danse, l’incantation et les rituels sacrificiels. C’est l’un des plus anciens mots chinois relatifs à la médiation spirituelle. Dans la Chine archaïque (dynastie Shang et début Zhou), les wū étaient officiants religieux et guérisseurs, souvent attachés aux cours royales ou aux sanctuaires. Ils jouaient un rôle essentiel dans :

– la divination (par les os et carapaces, puis les trigrammes),

– la guérison spirituelle,

– les rites de pluie, de fertilité, d’exorcisme,

– la danse rituelle (wǔ ) comme outil d’union au divin.

Le caractère lui-même représente un être debout entre ciel et terre, reliant les deux plans. Dans la tradition daoïste, bien que le wū soit parfois vu comme archaïque ou pré-daoïste, le fondement chamanique des rituels, visualisations et talismans reste vivant dans les lignées rituelles (comme la voie des Maîtres célestes 天師道). Le wū est ainsi l’ancêtre spirituel du maître daoïste (dàoshī 道師), et sa fonction perdure dans l’art de guider les âmes, d’exorciser les entités et de restaurer l’ordre sacré.

Le wū est le pont vivant entre l’homme et l’invisible, danseur du souffle, et canal de la parole sacrée.

 

WU (Wù) –

Cinquième tronc céleste. Terre Yáng. Stabilité active, force centrée. Soutien du centre dans le mouvement, ancrage énergétique solide.

 

WU (Wǔ) –

Cheval. Feu Yáng. Zénith solaire, rayonnement. Expansion du Cœur, pleine manifestation du Shén.

 

WU CHENG (Wǔchéng) – 五城

Les Cinq Forteresses. Image symbolique et alchimique représentant les cinq organes internes (wǔzàng 五臟) en lien avec les cinq directions cardinales du cosmos (Est, Sud, Centre, Ouest, Nord). Chaque « forteresse » protège et gouverne une fonction vitale, un Esprit ( shén) et un Élément (五行 wǔxíng). Dans l’alchimie daoïste, ces bastions intérieurs doivent être fortifiés, harmonisés et connectés à l’axe central pour permettre la circulation fluide du et la réalisation de l’Unité. Wǔchéng évoque ainsi le palais intérieur du souverain alchimiste, gardé par les cinq généraux du corps.

 

WU CHENG ZHEN REN (Wǔchéng Zhēnrén) – 五城真人

Les Vrais Êtres des Cinq Forteresses. Entités spirituelles résidant dans les cinq organes internes (wǔzàng 五臟), chacune gardienne d’un Esprit (shén ) et d’une direction cosmique. Dans l’alchimie interne, ces Zhēnrén (真人, Êtres Réalisés) protègent et harmonisent le microcosme corporel, assurant l’intégrité du palais intérieur. Ils assistent le pratiquant dans la stabilisation du souffle, la purification des émotions et la consolidation de l’élixir. Méditer sur les Wǔchéng Zhēnrén, c’est reconnaître la dimension divine de chaque organe et inviter la conscience à résider dans le Centre lumineux du Soi.

 

WU DANG PAI (Wǔdāng Pài) – 武當派

École de Wǔdāng. Lignée daoïste liée au mont Wǔdāng, célèbre pour ses arts martiaux internes (Tàijíquán, Xíngyì, Bāguà), son alchimie interne et ses pratiques de longévité. Fortement influencée par la tradition Quánzhēn.

 

WU DANG SHAN (Wǔdāng shān) - 武當山

Mont Wudang. Haut lieu du taoïsme interne et des arts martiaux. Centre des lignées alchimiques, méditatives et martiales.

 

WU HUO (Wǔ huǒ) - 武火

Feu martial. Dans le Nèidān, feu puissant, rapide, associé à une respiration forte, une intention déterminée et à certaines pratiques corporelles intenses.

 

WU JI (Wú jí) - 無極

Sans Pôle. Vide absolu, état d’indifférenciation antérieur au yin-yang et à la manifestation. Principe suprême de la cosmologie taoïste.

 

WU JI TAI SHANG YUAN JUN (Wújí Tàishàng Yuánjūn) – 無極太上元君

Souverain Originel Très-Haut du Non-Ultime. Divinité suprême dans certaines écoles ésotériques daoïstes, associée à l’état antérieur au Tàijí (le Grand Ultime). Wújí 無極 représente le Non-Ultime, le Vide absolu d’avant toute polarité Yīn-Yáng. Tàishàng 太上 signifie « Très-Haut », et Yuánjūn 元君 désigne un Souverain Primordial. Cette figure incarne le principe ineffable, au-delà de la Forme et du Temps, source silencieuse du Dào manifesté. Dans l’alchimie intérieure, Wújí Tàishàng Yuánjūn est invoqué comme racine du Souffle Originel (元氣 yuánqì), gardien du Vide médian, et modèle de retour à l’Origine par la fusion du Jīng, du Qì et du Shén.

 

WU JI TU (Wú Jí Tú) – 無極圖

Diagramme du Wú Jí, l’Infini non polarisé, antérieur au Yīn-Yáng. Représentation cosmologique du Vide suprême, source immobile de toute manifestation. Le Wújí 無極 précède le Tàijí 太極, qui engendre la dualité dynamique. Le Wú Jí Tú est un schéma métaphysique où l’origine absolue, sans forme ni limite, donne naissance au mouvement, au souffle (Qì), puis aux dix mille êtres. Utilisé en alchimie interne pour méditer sur le retour à l’unité primordiale.

 

WU LOU (WǓ LÒU) – 五漏

Cinq pertes. Désigne les fuites énergétiques majeures du corps : perte de jing, souffle dispersé, pensée agitée, émotions excessives, alimentation déréglée.

 

WU QU XING GUAN (Wǔ Qǔ Xīng Guān) – 武曲星官

Officier de l’Étoile de la Mélodie Martiale. Sixième étoile de la Grande Ourse (北斗 Běi Dǒu), incarnation du pouvoir d’action, de la maîtrise stratégique et de la détermination. Wǔ Qǔ allie la force martiale et la rigueur intérieure ; elle symbolise la capacité à trancher, à protéger, à diriger avec discernement.
Dans la tradition daoïste, elle représente l’épée du cœur, l’énergie yang focalisée qui écarte les démons internes et soutient la quête du vrai Soi (
真我 Zhēn Wǒ). Elle est invoquée dans les pratiques rituelles pour l’exorcisme, la protection et la purification du champ énergétique. Étoile du guerrier éveillé, elle canalise la puissance dans le silence et la fidélité au Dào.

 

WU SE (WÚ SÈ) – 無色

Sans couleur. Expression du détachement sensoriel et du retour à l’état originel, libre de toute saisie perceptive.

 

WU SHENG (WÚ SHĒNG) – 無聲

Sans son. Symbole du silence fondamental, espace intérieur propice à l’écoute du souffle et à la contemplation du Vide.

 

WU WANG (Wú Wàng) – 無妄

|¦¦|||  Hexagramme 25 – L’Innocence. Spontanéité pure. Wú Wàng exprime le souffle sincère et non prémédité, aligné avec le Dào. Il enseigne la droiture sans effort, et rappelle que le retour à l’Origine se fait dans la transparence du cœur.

 

WU WEI (WÚ WÉI) – 無為

Non-agir. Principe central du Dào Dé Jīng (道德經), désignant l’agir sans forcer, en harmonie avec le cours naturel du Dào (). Wú wéi ne signifie pas l’inaction, mais une action non égotique, spontanée, non-interventionniste, qui laisse être plutôt que de vouloir dominer ou modifier artificiellement. C’est un laisser-faire éclairé, où l’être agit en se fondant dans le mouvement du monde, comme l’eau qui coule sans résistance. Dans la pratique, wú wéi se traduit par la simplicité, la confiance, le détachement, et la maîtrise intérieure sans volonté de contrôle.

 

WU XIN (WÚ XĪN) – 無心

Sans cœur (mental). État d’absence de pensée discursive, équivalent au retour au Vide intérieur, propre à la méditation avancée.

 

WUXIN (wǔ xīn) – 五辛

Les Cinq Aromates Piquants. Groupe de cinq plantes aromatiques à saveur âcre ou piquante, traditionnellement évitées dans les pratiques de purification daoïstes et bouddhistes, car elles sont réputées exciter les passions, troubler le Shén (), et entraver la clarté méditative. Liste classique :

suàn — l’ail

cōng — la ciboule ou l’oignon

jiǔ — le poireau ou la ciboule perpétuelle

xiè — la ciboulette (parfois identifiée à l’échalote)

細辛 xìxīn — l’asaret (asarum), plante médicinale à goût âcre. Variantes : selon certaines sources, le xìxīn est remplacé par 興蕖 xìngqú (échalote sauvage) ou jiāng (gingembre).

Dans les textes alchimiques ou rituels, l’abstinence des wǔ xīn est un prérequis pour la stabilisation du souffle, la conservation de l’essence (jīng ) et la fixation de l’embryon spirituel (shèngtāi 聖胎). Leur usage est aussi discuté en pharmacopée, notamment pour leurs effets dispersants ou échauffants.

 

WU XING (Wù xìng) - 物性

Nature propre des choses. Caractère inné de chaque être ou phénomène, expression du Dao dans la multiplicité du monde.

 

WU XING (Wú xíng) - 無行

Sans action/formes. Notion d’absence de direction ou de structure, évoquant l’indifférencié ou la spontanéité absolue.

 

WU XING (Wǔ xíng) - 五行

Cinq phases, cinq éléments, cinq mouvements. Bois, Feu, Terre, Métal, Eau : processus dynamiques interagissant dans les cycles de transformation universels.

 

WU YUE (Wǔ Yuè) – 五嶽

Les Cinq Pics sacrés, piliers du monde dans la cosmologie chinoise. Chacun représente une direction et un principe fondamental de la Voie :

– TÀI SHĀN (泰山) – Est. Montagne du lever, de la naissance et des rites impériaux. Associée au renouvellement du Qì, à la vie et aux ancêtres.
– HUÀ SHĀN (
華山) – Ouest. Montagne escarpée liée à la transcendance, à l’alchimie interne et à la mort rituelle. Haut lieu d’ermitage daoïste.
– HÉNG SHĀN (
衡山) – Sud. Montagne du Feu et de la clarté. Lieu de retraite, d’observation céleste et de purification du cœur.
– HÉNG SHĀN (
恒山) – Nord. Montagne du repli et de l’endurance. Associée à la protection, à la profondeur du Yīn et à la concentration intérieure.

Avec SŌNG SHĀN 嵩山 (Centre), ces cinq montagnes forment une géographie sacrée du corps et du cosmos, reflétant les cinq directions, cinq éléments et cinq organes.

 

WU ZANG (Wǔ Zàng) – 五臟

Les Cinq Organes. Système des organes pleins liés aux cinq éléments et aux cinq directions : Foie (Gān – Bois, Est), Cœur (Xīn – Feu, Sud), Rate (Pí – Terre, Centre), Poumon (Fèi – Métal, Ouest), Rein (Shèn – Eau, Nord). Ils emmagasinent l’essence (Jīng ), le sang (Xuè ) et les souffles (Qì ), et abritent les cinq Esprits (Shén ) : Hùn , Shén , Yì , Pò , Zhì . Dans l’alchimie interne, leur raffinement progressif est la base de la transmutation intérieure. Chaque organe est aussi une porte d’accès à un aspect du cosmos, reflétant dans le corps la dynamique du Ciel et de la Terre.

 

WU ZHEN PIAN (Wùzhēnpiān) – 悟真篇

« Stances sur l’Éveil à la Vérité ». Classique majeur de l’alchimie interne daoïste, composé au XIe siècle par Zhāng Bódùan 張伯端, maître de l’école du Sud (Nánzōng 南宗). Présenté sous forme de poèmes, le texte décrit symboliquement les étapes de la transformation du Jīng, Qì, Shén, l’union du Yīn-Yáng, et le retour au Vide. Le Wùzhēnpiān est une référence incontournable pour les pratiquants du Nèidān (內丹), alliant rigueur doctrinale et mystique poétique.

 

XI (XĪ) –

Son du Triple Réchauffeur. Vocalisé avec un léger sourire, il unifie le Haut, le Milieu et le Bas du corps. Il régule la température et l’ensemble des fonctions énergétiques.

 

XI WANG MU (Xī Wáng Mǔ) – 西王母

Reine-Mère de l’Ouest. Grande déesse de l’immortalité dans le panthéon daoïste, elle règne sur les terres sacrées de l’Ouest, notamment le mont Kūnlún 崑崙, où poussent les pêches d’immortalité (xiān táo 仙桃). Associée au métal, à l’automne, et à la sagesse yin, elle incarne le pouvoir de transformation intérieure et la maturation spirituelle. Elle préside aux banquets des immortels, accorde les élixirs de longévité et guide les femmes dans les pratiques ésotériques. Parèdre du Roi-Père de l’Est (Dōng Wáng Gōng 東王公), elle représente le principe féminin cosmique : mystérieux, souverain, gardien du passage entre vie et transcendance. Vénérée dès les textes anciens et dans les traditions alchimiques, elle incarne la voix du Vide nourricier.

 

XI YOU JI (Xī Yóu Jì) – 西遊記

Le Voyage en Occident. Roman classique chinois du XVIe siècle attribué à Wú Chéng’ēn (吳承恩), profondément imprégné de symbolisme daoïste, bouddhique et confucéen. Il raconte le périple mythique du moine Táng Sānzàng (唐三藏) vers l’Inde pour rapporter les écritures sacrées, accompagné de trois disciples — le singe immortel Sūn Wùkōng (孫悟空), le cochon Zhū Bājiè (豬八戒), et le moine des sables Shā Wùjìng (沙悟淨).

Au-delà de l’aventure, Xī Yóu Jì est une allégorie initiatique : chaque épreuve représente une étape de purification du corps-esprit, et chaque personnage un aspect de l’être à harmoniser. Le roman est lu dans la tradition daoïste comme un parcours d’alchimie spirituelle : le singe incarne l’esprit indompté (Shén), le moine le centre moral (Xīn), et le voyage la transmutation progressive du , du Jīng et du Shén en quête d’un retour à l’Unité.

 

 

XIA DANTIAN (Xià Dāntián) – 下丹田

Dāntián Inférieur. Situé dans le bas-ventre, sous le nombril, il est le centre de stockage du Jīng (), l’essence vitale. Associé au Rein et à l’élément Eau, il est la racine de l’énergie corporelle, de la vitalité sexuelle et du feu alchimique originel. Point de départ de la pratique énergétique interne, il est aussi appelé « Mer du Qì » (Qì Hǎi 氣海). C’est le creuset fondamental dans lequel le Jīng est raffiné en Qì.

 

XIAN (Xián) –

¦¦|||¦  Hexagramme 31 – L’Influence. Résonance subtile. Xián évoque l’attraction naturelle, l’appel du cœur, la mise en mouvement douce du Qì. En alchimie, c’est le moment de faire vibrer l’interne avec le souffle du monde.

 

XIAN REN (Xiān rén) - 仙人

Immortel. Être accompli du taoïsme ayant transcendé la condition humaine par la cultivation du Dao, souvent doté de pouvoirs surnaturels.

 

XIAN TIAN (Xiān tiān) - 先天

Ciel antérieur. Domaine énergétique antérieur à la naissance, lié à la pureté originelle et au souffle pré-cosmique. Opposé à Hòu Tiān (Ciel postérieur).

 

XIANG (xiàng) –

Image, forme symbolique. Xiàng désigne l’image signifiante, la figuration du Dào dans le monde visible. Dans la cosmologie daoïste comme dans le Yì Jīng, ce terme désigne les formes archétypales qui reflètent les principes invisibles. En lien avec Zhào , xiàng est ce que le présage donne à voir, une forme subtile que l’adepte apprend à reconnaître, décrypter, et contempler. C’est aussi l’image intérieure sur laquelle méditer, dans les pratiques de visualisation.

 

XIANG HUO (Xiàng huǒ) – 相火

Feu Ministre. Feu physiologique dépendant des Reins ( shèn) et du Ming Men (命門), distinct du Feu Souverain (君火 jūn huǒ) du Cœur. Il représente la chaleur vitale nécessaire au métabolisme, à la reproduction, à la digestion, et à la montée du Qì dans les méridiens. Xiàng Huǒ est le feu du ministre, celui qui assiste l’Empereur-Cœur dans la gestion du corps. Il circule dans les profondeurs, parfois comparé à une braise rougeoyante qu’il faut attiser sans l’enflammer. Dans l’alchimie interne, il est le moteur des transformations corporelles : il chauffe le creuset (丹鼎 dān dǐng), mobilise le Jīng () et active les circulations subtiles. Un Feu ministériel trop fort mène à la dispersion ; trop faible, à l’épuisement. Il est donc l’objet d’un raffinement précis, à travers la respiration inversée, la posture et la concentration du souffle.

 

XIANG XIN (Xiáng xīn) - 降心

Dominer le cœur. Apaiser le mental pour permettre l’enracinement de l’esprit dans la pratique méditative et alchimique.

 

XIAO CHANG (Xiǎo Cháng) - 小腸

Intestin grêle. Viscère du Feu. Il opère la séparation du pur et de l’impur, révélant le discernement intérieur du Cœur. Il aide à digérer les expériences subtiles et prépare les souffles à l’ascension. Il est le filtre de la clarté sur le chemin du retour.

 

XIAO CHU (Xiǎo Chù) – 小畜

|||¦||  Hexagramme 9 – Petit Apprivoisement. Tension féconde. Xiǎo Chù évoque le frein provisoire, la retenue des souffles pour les concentrer. Dans le travail alchimique, c’est le ralentissement nécessaire avant la percée.

 

XIAO GUANG (Xiǎo Guāng) – 小光

Petite Lumière. Nom initiatique donné à l’adepte au chapitre 39 du Lǎozǐ Zhōngjīng. Xiǎo signifie « petit » ou « modeste », et Guāng désigne la « lumière » ou « clarté spirituelle ». Ensemble, ils expriment l’idée d’une lumière intérieure encore discrète mais déjà éveillée, comme l’aube d’un Shén en voie d’illumination. Ce nom suggère une progression sur la Voie, où l’adepte a commencé à faire rayonner son Shén sans encore manifester toute sa puissance. Il incarne la clarté modeste, mais déjà alignée sur le retour à la source lumineuse du Dào. Dans la tradition daoïste, nommer un adepte Xiǎo Guāng indique une pénétration réelle du Vide lumineux, encore en maturation.

 

XIAO GUO (Xiǎo Guò) – 小過

¦¦||¦¦  Hexagramme 62 – Petit Dépassement. Ajustement discret, vigilance accrue. Xiǎo Guò enseigne la maîtrise des détails, la prudence dans le raffinement. Symbolise le travail fin du feu, ni trop ni trop peu, dans l’œuvre interne.

 

XIAO YAO YOU (Xiāo Yáo Yóu) – 逍遙遊

Errance libre et détachée. Idéal de liberté absolue de l’être, exprimé dans le chapitre d’ouverture du Zhuāngzǐ (莊子), chef-d’œuvre du taoïsme philosophique. Xiāo yáo yóu décrit un état d’errance spirituelle, où l’on se meut sans entraves, en harmonie spontanée avec le Dào, affranchi des contraintes sociales, morales ou mentales. La métaphore de l’immense poisson Kun () devenu oiseau Peng (), qui s’élève dans les cieux, incarne cette élévation intérieure hors des catégories et du jugement. Cet idéal reste une boussole existentielle pour le pratiquant taoïste : vivre sans attachement, avec légèreté, profondeur et spontanéité.

 

XIAO ZHOU TIAN (Xiǎo zhōu tiān) - 小周天

Petite circulation céleste. Circuit énergétique fermé passant par Du Mai et Ren Mai, base de la pratique alchimique interne.

 

XIE QI (xiéqì) – 邪氣

Souffles pervers. Énergies pathogènes ou disharmoniques, internes ou externes, qui troublent l’équilibre du corps, de l’esprit ou du souffle vital ( ). En médecine traditionnelle chinoise, ils désignent les agents climatiques (Vent, Froid, Chaleur, Humidité…) lorsqu’ils pénètrent l’organisme affaibli. Dans le Daoïsme, xiéqì prend aussi une dimension spirituelle : ce sont les influences obscures, émotions désordonnées, pensées déviantes, ou entités parasites perturbant la circulation harmonieuse du et voilant la clarté du Shén (). La cultivation du zhèngqì (正氣, souffle correct) permet de repousser ces souffles et de maintenir l’intégrité intérieure.

 

XIN (Xīn) –

Huitième tronc céleste. Métal Yīn. Clarté fine, discernement subtil. Travailler sur soi avec précision, polir l’intérieur comme le jade.

 

XIN (Xīn) –

Cœur. Organe du Feu et du Sud. Il réside au centre du palais du Shén (), éclairant l’esprit de sagesse. Gouverneur des vaisseaux et maître du Sang, il rayonne dans les yeux et la langue. Il incarne la joie céleste et la transparence de l’Être en harmonie avec le Dào.

 

XIN BAO (Xīn Bāo) – 心包

Maître-Cœur ou Péricarde. Protecteur du Cœur (Xīn ), il agit comme un bouclier énergétique contre les atteintes internes et externes, notamment émotionnelles. Dans la tradition daoïste, il est parfois considéré comme un canal de communication entre le Cœur et les autres organes, régulant la circulation du Sang (Xuè ) et du Feu du Cœur (Xīn Huǒ 心火). Il est aussi appelé « Porte du Temple du Cœur », garantissant la paix du Shén (). En alchimie interne, il joue un rôle subtil dans la gestion des passions et des perturbations du souffle mental, contribuant à la stabilité du palais spirituel.

 

XIN CHUAN (Xīn chuán) - 心傳

Transmission du cœur. Transmission directe, souvent silencieuse, entre maître et disciple, au-delà des mots, parfois par révélation céleste.

 

XIN FA TU (Xīn Fǎ Tú) – 心法圖

Diagramme de la Méthode du Cœur. Autre nom du Xīn Xīn Tú (心心圖), ce diagramme représente de manière symbolique et alchimique la Voie du retour au Cœur véritable. Xīn Fǎ Tú désigne littéralement la « Carte de la Loi du Cœur », c’est-à-dire la cartographie intérieure des processus mentaux, spirituels et énergétiques qui guident le pratiquant vers l’union du Shén et du Xīn, dans la lumière du Vide. Enraciné dans la tradition du neidan (內丹), ce schéma est utilisé comme support méditatif, révélant les étapes subtiles de raffinement du cœur-esprit, d’ouverture de la clarté intérieure, et d’ascension de l’élixir. Il fait le lien entre cosmologie, physiologie sacrée et éveil.

 

XIN JING (Xīn jìng) - 心静

Paix du cœur. État de tranquillité mentale, fondement de toute méditation profonde dans le taoïsme.

 

XIN NIAN ZHI YU BEI JI ZHONG (Xīn niàn zhǐ yú bèi jǐ zhōng) - 心念止於背脊中

Les pensées s’arrêtent dans la colonne. Conseil oral pour la méditation avancée : fixer l’attention à la colonne vertébrale pour stopper l’agitation mentale.

 

XIN SHEN JIAO (Xīnshèn Jiāo) – 心腎交

Union du Cœur et des Reins. Principe essentiel en médecine et en alchimie daoïste, désignant l’harmonisation du Feu du Cœur (Shén ) et de l’Eau des Reins (Jīng ). Cette Jiāo (connexion, union) assure la communication entre le haut et le bas, le Yáng du Feu et le Yīn de l’Eau, la conscience et la racine vitale.

Dans l’alchimie interne (Nèidān), cette union est nécessaire pour stabiliser le Shen, nourrir la Vie (Mìng ) et permettre la transmutation intérieure. Lorsque le Cœur et les Reins sont unis, l’Être est centré, paisible, prêt au retour au Dào.

 

XIN XING TU (XĪN XÌNG TÚ) – 心性圖

Carte du Cœur et de la Nature. Schéma introspectif plaçant le cœur (xīn ) et la nature véritable (xìng ) au centre du processus alchimique. Elle montre le lien entre émotions, organes, ciel postérieur et antérieur, dans une optique de retour à la nature originelle (fǎn běn huán yuán 返本還原). Utilisée comme outil de méditation et de visualisation, elle insiste sur le rôle de la transmutation morale et mentale dans l’union avec le Dào.

 

XIN ZHAI (Xīn zhāi) - 心齋

Jeûne du cœur. Détachement intérieur profond, défini par Zhuangzi, consistant à cesser de penser par les sens pour écouter avec le qi.

 

XING GONG (Xìng gōng) - 性功

Travail de la nature. Pratique centrée sur la culture des vertus et de l’esprit, visant l’éveil de la nature originelle.

 

XING MING SHUANG XIU (Xìng mìng shuāng xiū) - 性命雙修

Double cultivation de la nature et du destin. Pratique complète du Nèidān, visant à unir l’éveil spirituel et la maîtrise de l’énergie vitale.

 

XING (Xìng) -

Nature véritable. Essence immuable de l’être humain, liée au Dao. L’un des deux axes de la cultivation taoïste avec le mìng (destin).

 

XIU DAN (Xiū dān) - 修丹

Cultiver l’élixir. Ensemble des méthodes alchimiques internes (Nèidān) visant à produire le jīndān (élixir d’or) dans le corps.

 

XIU DAO (Xiū dào) - 修道

Cultiver la Voie. S'engager dans une voie de transformation intérieure vers l’union avec le Dao, par la méditation, l’éthique et la respiration.

 

XIU DAO YANG DE (Xiū dào yǎng dé) - 修道養德

Cultiver la Voie, nourrir la Vertu. Allie la transformation intérieure au développement de la vertu (dé), éthique propre au sage taoïste.

 

XIU LIAN (Xiū liàn) - 修炼

Raffiner et cultiver. Ensemble des pratiques de transformation du corps, du souffle et de l’esprit, souvent en trois étapes : matière – énergie – esprit.

 

XIU ZHEN NEI WAI HUO HOU QUAN TU (Xiū Zhēn Nèi Wài Huǒ Hòu Quán Tú) – 修真內外火候全圖

Carte complète du Feu interne et externe pour la Cultivation de la Vérité. Diagramme alchimique daoïste détaillant les différentes phases de gestion du Feu (Huǒ ) dans la pratique du raffinement interne (Nèidān 內丹). Il expose les correspondances entre le Feu interne (lié à la respiration, aux émotions, à l’intention) et le Feu externe (lié au temps, aux saisons, au rythme cosmique), nécessaires à la transmutation du Jīng, du Qì et du Shén. La carte illustre également les stades de la pratique, les voies du retour, et les points de vigilance énergétique. Outil fondamental pour harmoniser la pratique avec le calendrier céleste.

 

XIU ZHEN TU (XIŪ ZHĒN TÚ) – 修真圖

Carte de la Cultivation du Réel. Carte de la Culture de la Perfection. Diagramme taoïste majeur montrant le corps de face, avec les organes internes, méridiens, dāntián, et une cartographie détaillée des divinités intérieures, des points de transformation et des cycles de raffinement. Elle appartient à la tradition de la Perfection totale (Quánzhēn 全真) et met l’accent sur la cultivation éthique et énergétique simultanée. Très codée, elle sert de guide pour la pratique intérieure.

 

XU (XŪ) –

Son du Foie. Émis doucement sur l’expiration pour apaiser la colère, détendre le Foie et réguler l’élément Bois. La langue touche le palais, le regard est tourné à gauche.

 

XU (Xū) –

|||¦|¦  Hexagramme 5 – L’Attente. Temps d’incubation. Xū enseigne la patience dans la Voie, le ralentissement fertile. Le Qì descend au chaudron, et le pratiquant attend le moment juste pour agir sans forcer.

 

XU (Xū) –

Chien. Terre Yáng. Gardien des seuils, fidélité. Moment du tri et de la préparation au repos.

 

XU (Xū) –

Vide. Concept fondamental du Dào, Xū désigne le vide plein de potentiel, le creux fertile, l’espace d’accueil et de transformation. Ce n’est pas un néant nihiliste, mais un Vide ontologique, origine et support de toute manifestation. Dans les classiques daoïstes, il est dit que « le Dào aime le Vide » (道喜虛), car c’est dans le vide que le souffle circule, que la lumière entre, que la Voie opère sans entrave. En alchimie interne, Xū est la qualité intérieure que cultive le pratiquant : vacuité du cœur (心虛), disponibilité de l’intention, silence du mental. Le Vide est aussi l’espace médian dans lequel se résorbe la dualité, permettant l’émergence de l’unité originelle. Il est la matrice invisible où le Jīng devient Qì, le Qì devient Shén, et le Shén retourne au Dào. Dans les pratiques énergétiques, entrer dans le Vide signifie retrouver le calme absolu, suspendre les souffles, et laisser émerger la véritable nature.

 

XU CHENG (Xū Chéng) – 虛成

« Accomplissement du Vide ». Nom social (zì ) de la divinité Hào Huá 皓華, résidant dans le Poumon (Fèi ). Xū () désigne le Vide, l’espace d’accueil et de retour ; Chéng () signifie réalisation, accomplissement. Ce nom exprime l’idéal du poumon daoïste : atteindre la clarté par le dépouillement, la respiration consciente, et l’union au souffle céleste. Xū Chéng incarne ainsi la transmutation du souffle en lumière, et la voie du non-agir (Wú Wéi 無為) dans l’expiration du monde.

 

XU LI (Xū Lǐ) – 虛里

Demeure du Vide. Point luò interne du méridien de l’Estomac, situé dans la poitrine, entre les deux seins, au niveau du cœur. Centre invisible et subtil, Xūlǐ est appelé aussi « Porte secrète » ou « Chambre creuse » dans les textes anciens. Il est considéré comme le lieu où le méridien de l’Estomac communique avec le Cœur et le Shén (). Dans les traditions daoïstes et médicales, Xūlǐ est le siège d’un battement subtil, un pouls spirituel perçu par les sages, qui manifeste la résonance entre le vide intérieur et le rythme cosmique. Il est parfois décrit comme le lieu où réside le souffle originel (Yuán Qì 元氣) ou comme la chambre d’écho du Dào.

Dans la pratique alchimique, il joue un rôle dans la purification du cœur, l’unification des souffles et la contemplation du Vide. Il est parfois associé à l’ouverture du cœur subtil dans la voie de l’éveil.

 

XUÁN (Xuán) –

Mystère. Terme fondamental du langage daoïste, xuán désigne ce qui est profond, obscur, caché, au-delà de la compréhension ordinaire. Il évoque le mystère originel du Dào , sa nature impalpable, invisible mais agissante. Apparu dès le Dào Dé Jīng (« le Mystère du Mystère, porte de toute merveille »), xuán est lié à l’expérience du Vide, à la transcendance du monde des formes, et à la sagesse intuitive. Il qualifie ce qui échappe à la dualité et se manifeste par sa profondeur silencieuse. Dans les noms sacrés, il marque la dimension ésotérique et cosmique : Xuán Tiān 玄天 (Ciel Mystérieux), Xuán Wǔ 玄武 (Guerrier Sombre), ou Xuán Dào 玄道 (Voie mystérieuse). Symbole de l’Inconnu fécond.

 

XUAN GUAN (Xuán Guān) – 玄關

Barrière Mystérieuse. Point-clé de l’alchimie interne (Nèidān 內丹), désignant le seuil subtil entre le monde ordinaire et l’espace de transmutation. Il est à la fois lieu énergétique, état de conscience et porte intérieure. Les textes situent la Xuán Guān différemment selon les écoles : entre les sourcils, à la base du crâne, au cœur, ou dans le Dāntián inférieur. Elle marque le passage entre le Qì post-cosmique et le Qì pré-cosmique, entre action et contemplation. Ouvrir la Barrière Mystérieuse, c’est entrer dans la Voie du retour (Fǎn Dào 返道).

 

XUAN GUAN YI QIAO (Xuán guān yī qiào) - 玄關一竅

Porte mystérieuse unique. Passage énergétique ésotérique reliant le monde manifesté au monde originel, souvent situé dans le dāntián supérieur.

 

XUAN GUANG (Xuán guāng) – 玄光

Lumière mystérieuse. Rayonnement subtil émanant du Vide et du Dào. Xuán signifie « profond, obscur, mystérieux », tandis que guāng évoque la lumière ou la clarté spirituelle. Ensemble, ils désignent une lumière non-ordinaire, invisible mais présente, issue du Non-être ( wú). Dans l’alchimie interne, la Xuánguāng est la lueur intérieure qui se manifeste dans le silence de la méditation, lors de la stabilisation du Shén. Elle est signe de transformation spirituelle, liée à l’éveil du cœur-vide et à la perception du Dào dans sa transparence absolue.

 

XUAN JI (Xuánjī) – 璇璣

Pivot de Jade et de Saphir. Terme ancien désignant l’axe céleste, souvent associé à la Grande Ourse (Běidǒu 北斗) en tant que centre de rotation du firmament. Dans le Daoïsme, Xuánjī désigne aussi le Seigneur de la Grande Ourse, puissance cosmique régulant les cycles célestes, le destin et le mouvement des étoiles. Il incarne le Cœur du Ciel, la régulation du temps cosmique et la sagesse directrice du Dào. En alchimie interne, il est le reflet dans le corps du pivot central — le Dāntián supérieur — autour duquel s’organise la transformation spirituelle.

 

XUAN MEN (Xuán mén) - 玄门

Porte du Mystère. Concept symbolique du passage vers le Dao profond ; nom ancien désignant aussi le courant taoïste lui-même.

 

XUAN MING (Xuánmíng) – 玄冥

Obscur profond. Terme à forte portée cosmologique et alchimique. Xuán signifie le mystère ou la profondeur noire du Ciel antérieur, míng renvoie à l’obscurité, au monde invisible ou au tréfonds. Ensemble, Xuánmíng évoque l’origine indistincte de toute manifestation, la racine obscure du souffle. Dans la pratique intérieure, Xuánmíng est ce point de bascule silencieux où le souffle retourne à sa source, l’espace de gestation du Dào, antérieur même à la lumière (xuánguāng). Il désigne aussi certaines divinités secrètes du Nord ou les forces subtiles du Rein, là où l’essence plonge dans l’invisible pour en renaître transformée.

 

XUAN MING (Xuán Míng) – 玄冥

Divinité mystérieuse des Reins. Xuán évoque le Mystère profond, l’obscurité primordiale du Yīn, matrice du retour et de la gestation alchimique. Xuán Míng est la forme divine du Rein droit, souvent associée à la Porte de la Vie (Mìng Mén 命門). Elle incarne les forces souterraines, la source du Jīng , et veille sur la longévité, la volonté (Zhì ) et la descente du souffle originel (Yuán Qì 元炁). Dans les pratiques internes, elle peut être invoquée ou contemplée comme gardienne du Feu caché à l’origine de la transmutation.

 

XUAN MU (Xuánmǔ) – 玄母

Mère Mystérieuse. Déesse primordiale et matricielle du Daoïsme, source obscure et profonde de toute manifestation. Émanation du Wújí (無極, Non-Pôle), elle engendre les dix mille êtres sans agir. Elle incarne le Yīn originel, la matrice cosmique d’où naît la lumière. Dans l’alchimie interne, Xuánmǔ symbolise la Terre intérieure, le retour au vide fertile, et la gestation secrète de l’élixir. Elle est parfois identifiée à la Reine Mère de l’Ouest ou à des formes célestes du Yīn absolu.

 

XUAN NU (Xuánnǚ) – 玄女

Dame Mystérieuse. Divinité féminine majeure du panthéon daoïste, Xuánnǚ (玄女) est la femme sage du Mystère, initiatrice céleste et instructrice des héros, immortels et empereurs. Son nom associe xuán (), le Mystère profond ou le Noir céleste, et (), la femme. Elle est réputée pour avoir transmis des enseignements secrets de stratégie, de médecine, de sexualité alchimique (房中術, fángzhōng shù) et de cultivation intérieure. Dans certaines traditions, elle initie l’Empereur Jaune (Huángdì 黃帝) aux arts de la longévité et de la guerre. Dans l’alchimie interne, Xuánnǚ incarne l’intelligence du Yīn éveillé, la sagesse intuitive et la voie de transformation silencieuse. Elle est également liée à l’étoile mystérieuse dans certaines écoles, et peut apparaître dans les méditations comme guide intérieur du retour au Dào. Symbole de la puissance cachée du Féminin sacré, elle veille aux passages subtils de l’âme vers la réalisation.

 

XUAN WU (Xuán Wǔ) – 玄武

Guerrier Sombre (Tortue-Serpent). Gardien du Nord, rattaché à l’hiver, à l’Eau, à la profondeur et à la conservation. Fusion de la tortue (longévité) et du serpent (transformation), il est symbole d’ancrage, de maîtrise intérieure et de retour au silence.

 

XUAN XUE (Xuán xué) - 玄學

Étude du Mystère. École philosophique du IIIᵉ siècle fondée sur Laozi, Zhuangzi et Confucius. Recherchait l’essence du Dao par le débat intellectuel et l’herméneutique.

 

XUAN ZHONG XUAN (Xuán zhōng xuán) – 玄中玄

Le Mystère des mystères. Expression tirée du Dào Dé Jīng (chap. 1) désignant le niveau le plus profond du Mystère, au-delà de toute saisie conceptuelle. Il renvoie à l’essence du Dào, invisible, indicible, et pourtant source de tout. Dans la méditation et l’alchimie interne, atteindre le Xuán zhōng xuán signifie entrer dans le Vide originel (Xū ), là où s’abolit toute dualité et où le Dào se révèle par le non-savoir. C’est le cœur du cœur, la Voie dans sa plus pure subtilité.

 

XUE (Xué) –

Trou, cavité, point. En médecine et en alchimie daoïste, désigne un point d’acupuncture ou un portail énergétique sur les méridiens (Jīngluò 經絡). Chaque Xué est une ouverture du Qì, reliant l’intérieur du corps à l’extérieur, ou un nœud de communication entre Ciel, Terre et Homme. Dans les pratiques internes, certains Xué servent de portes de transformation ou de points de concentration du souffle et de la conscience. Le terme évoque aussi les grottes célestes (Dòngtiān 洞天), espaces sacrés du corps ou du paysage, où réside le mystère du Dào.

 

XUMI SHAN (Xūmí Shān) – 須彌山

Mont Sumeru. Montagne cosmique au centre de l’univers dans la cosmologie bouddhiste, adoptée dans certains courants daoïstes syncrétiques. Xūmí Shān est l’axe du monde, entouré de mondes célestes et infernaux, résidence des divinités célestes, et point de connexion entre Ciel, Terre et Enfers. Dans les textes ésotériques, il symbolise aussi la colonne vertébrale ou le centre du corps dans les pratiques de visualisation, reliant les différents plans de l’existence. Équivalent cosmique du Mont Kunlún 崑崙山 dans la tradition daoïste pure.

 

XUN (Xùn) –

Vent. Deux traits pleins au-dessus d’un trait brisé , image de la pénétration subtile, de la diffusion lente. Trigramme de la fille aînée, associé à la croissance, à la souplesse. Le nom de son Shén est Dà Xiàhòu, avec Xià qui représente l’été et la dynastie Xià, et Hòu pour duc, seigneur, titre féodal. Ce Shén est un noble céleste du Vent, qui symbolise la force de diffusion du Qì vers les extrémités, souvent associé au Foie, à l’intuition, à l’expansion douce.

 

XUN (Xùn) –

¦||¦||  Hexagramme 57 – Le Doux, le Vent. Souffle pénétrant. Xùn est le vent subtil qui entre et transforme, symbole du qui circule dans les moelles et les souffles internes. Douceur, influence invisible, constance silencieuse.

 

YAN LING (Yán líng) - 言靈

Paroles numineuses. Puissance magique des mots, équivalente aux mantras ; véhicule l’intention alignée avec le Dao.

 

YAN NIAN (yánnián) – 延年

Prolonger la vie. Terme classique de la tradition daoïste et médicale, yán () signifie « étendre », « prolonger », et nián (), « année » ou « durée de vie ». Ensemble, ils expriment l’idéal de longévité active et harmonieuse, recherché par les pratiquants du Dào. Le yánnián n’est pas simplement une extension biologique de l’existence : il s’agit de vivre longtemps dans la clarté du Shén (), avec un souffle régulier, un cœur paisible, et un corps libéré des influences perverses.

Les méthodes de yánnián incluent :

– l’alchimie interne (nèidān 內丹),

– les pratiques de respiration (tǔnà 吐納),

– le mouvement régénérant (dǎoyǐn 導引),

– la diététique et les élixirs,

– ainsi que la stabilisation du véritable (zhēnqì 真氣).

Prolonger la vie, c’est prolonger la clarté intérieure, cultiver l’accord avec les cycles du Ciel et de la Terre, et cheminer vers l’immortalité spirituelle (chángshēng 長生).

 

YAN YU QING (Yányù Qīng) – 延尉卿

Magistrat suprême des Enquêtes. Haut responsable judiciaire de l’Empire, chargé des investigations criminelles et de la répression des fautes graves. Dans le symbolisme daoïste, il incarne le pouvoir céleste de dévoiler la vérité cachée, de juger les actions humaines selon la Loi du Ciel. Associé aux esprits inspecteurs (監察之神), il renvoie à la clarté de la conscience morale et à la purification des intentions dans le processus de raffinement intérieur.

 

YANG (Yáng) -

Principe lumineux, actif, chaud. Complémentaire du Yin dans la cosmologie chinoise ; moteur de la transformation vers l’extérieur.

 

YANG JIN (YÁNG JĪN) – 陽金

Métal yang. Terme codé pour le Soufre en tant que métal pur de nature yang. Il peut aussi représenter l’agent solaire dans la dynamique interne du Nèidān.

 

YANG QIAO MAI (Yáng Qiāo Mài) – 陽蹻脈

Vaisseau de la Mobilisation Yáng. Il régule l’activité, l’éveil et le tonus postural du côté yáng (face externe des jambes). Associé à l’action juste, à la vigilance, et à l’extériorisation du souffle dans le monde. Clé de l’équilibre dynamique entre intériorité et mouvement.

 

YANG SHEN (YÁNG SHÉN) – 陽神

Esprit yang. Aspect lumineux et actif du shén. Dans le Nèidān, il est éveillé par la cuisson du soufre interne et sert à guider l’élixir vers le retour au Vide.

 

YANG SHENG (Yǎng shēng) - 養生

Nourrir la vie. Ensemble des techniques visant à prolonger la vie et préserver la santé : alimentation, respiration, mouvement, repos.

 

YANG WEI MAI (Yáng Wēi Mài) – 陽維脈

Vaisseau de Liaison Yáng. Il relie les méridiens yáng et coordonne les adaptations extérieures, les cycles du temps et la réponse au changement. Associé à la clarté d’action et à la protection, il soutient la justesse du mouvement dans le monde et la veille du Shén.

 

YAO (Yào) – 𤂼

Ancienne forme du caractère (médicament), propre au daoïsme alchimique. Composé de (zì, soi-même), (jiā, maison) et (shuǐ, eau), il désigne littéralement les eaux de sa propre demeure : les liquides vitaux internes (salive, sperme, liquides raffinés). 𤂼 symbolise le médicament intérieur, issu du corps lui-même, à cultiver par le raffinement du Jīng, du Qì et du Shén. C’est l’élixir originel que l’on extrait non par cueillette extérieure, mais par transformation consciente du vivant intérieur.

 

YAO (Yáo) –

Sage roi. Modèle de vertu confucéenne et daoïste, il gouverna avec humilité et équilibre, incarnant l’harmonie entre le Ciel et le peuple. Choisit son successeur non par hérédité mais par mérite. Symbole du souverain à l’écoute du Dào.

 

YAO PO BAO (Yàopò Bǎo) – 耀魄寶

Joyau illuminant le . Terme ésotérique de l’alchimie daoïste désignant une lumière subtile ou un talisman intérieur destiné à purifier, stabiliser et sublimer les âmes corporelles ( ), liées au Yīn et aux organes. Yào (耀) signifie briller, illuminer ; () désigne les âmes instinctives, et bǎo (), le trésor ou joyau. Ce joyau est parfois visualisé comme une perle de lumière logée dans les viscères, capable d’éclairer les pulsions sombres, d’apaiser les désirs et de guider les énergies vers l’unification avec le Shén (). Il représente le raffinement du Yīn par la conscience lumineuse, clef de la transmutation intérieure.

 

YI (Yī) –

Unité, Un. Premier nombre, origine de toute manifestation. Dans la cosmologie daoïste, Yī représente le Dào manifesté, l’Un primordial d’où procèdent le Deux (Yīn-Yáng), puis les dix mille êtres. Il symbolise la non-dualité active, le centre indifférencié et le retour au fondement (fǎn yī 反一). Dans l’alchimie interne, Yī désigne souvent l’état d’unification des trois trésors (Jīng, Qì, Shén), ou le moment de fusion intérieure avant dissolution dans le Vide. L’Un est la porte du Mystère (Xuán ).

 

YI (Yǐ) –

Deuxième tronc céleste. Bois Yīn. Poussée intérieure, souplesse, enracinement discret. Soutient la structuration du vivant après l'impulsion de Jiǎ.

 

YI (Yì) -

Intention. Direction mentale permettant de guider le Qi et de stabiliser le Shén dans les pratiques internes taoïstes.

 

YI (Yí) –

|¦¦¦¦|  Hexagramme 27 – Nourrir. Nutrition du corps et de l’esprit. Yí rappelle que l’élixir dépend de ce que l’on ingère, par la bouche et par la pensée. Alchimiquement, c’est le soin apporté au Qì de soutien, fondement de la pratique.

 

YI (Yì) –

|¦¦¦||  Hexagramme 42 – L’Augmentation. Croissance par don. Yì symbolise la nourriture du subtil, l’échange bénéfique entre Ciel et Terre. Sur la Voie, c’est l’étape où l’on reçoit et redistribue le Qì purifié.

 

YI JING (YÌ JĪNG) – 易經

Classique des Mutations. Ouvrage fondamental du canon chinois, base de la divination, combinant les trigrammes (bagua) et le principe du changement.

 

YI LI SU (Yī lì sù) – 一粒粟

« Un grain de millet ». Expression symbolique de l’alchimie interne daoïste, apparaissant notamment dans le Nèi Jīng Tú 內經圖, où elle désigne un point infinitésimal logé au centre du cerveau, souvent interprété comme la glande pinéale ou épiphyse dans les lectures modernes. Ce « grain de millet » contient en lui l’entier de la Voie, condensé du cosmos dans une semence de lumière. Il est le noyau du Dāntián supérieur, parfois relié au Ni Wán 泥丸 (Pilule de Boue), et à la source de la vision intérieure. Dans la pratique, Yī lì sù est le point de retour à l’Un, lieu de concentration extrême où le Shén s’unifie et retourne au Vide (Xū ). Par sa taille minuscule et sa puissance infinie, il symbolise la présence du Dào dans le microcosme du corps.

 

YI LING DU CUN (Yī líng dú cún) - 一靈獨存

Un seul esprit subsiste. État d’unification suprême du pratiquant ayant dissous toute dispersion mentale dans l’Esprit originel.

 

YI YANG LAI FU (Yī yáng lái fù) - 一陽來復

Le retour du Un yang. Moment de renversement cyclique du Yin vers le Yang, symbole du renouveau dans l’alchimie interne et le calendrier cosmique.

 

YIN (Yīn) -

Principe obscur, réceptif, humide et froid. Complémentaire du Yang ; moteur de l’intériorisation, du retour, du recueillement dans la cosmologie taoïste.

 

YIN (Yín) –

Tigre. Bois Yáng. Montée du souffle, élan vital du printemps. Courage instinctif et éveil de la puissance.

 

YIN HE (Yín Hé) – 銀河

Rivière d’Argent. Voie Lactée céleste, fleuve lumineux qui traverse le ciel nocturne. Dans l’imaginaire alchimique daoïste, elle symbolise la circulation subtile entre le méridien Gouverneur (Dū Mài) et le méridien Conception (Rèn Mài), connectés par la langue (le pont des pies). Sur le plan interne, elle représente le flux de la moelle spirituelle montant du rein au cerveau. Métaphore de la transmutation du Jīng () en moelle céleste, puis en lumière du Shén (), elle évoque la verticalité de l’ascension alchimique, la traversée du Ciel intérieur par le souffle unifié.

 

YIN GUO (Yīn guǒ) - 因果

Cause et effet. Notion de causalité des actes, proche du karma, reliant les pensées et actions à leurs conséquences futures dans la culture taoïste.

 

YIN HUA (YÍN HUÁ) – 銀華

Fleur d’argent. Nom raffiné pour désigner le mercure sublimé, éclatant mais encore mobile. Elle symbolise l’état intermédiaire entre le liquide instable et l’élixir stabilisé.

 

YIN QIAO MAI (Yīn Qiāo Mài) – 陰蹻脈

Vaisseau de la Mobilisation Yīn. Il régule l’ouverture et la fermeture des yeux, ainsi que l’équilibre postural du côté yīn du corps (face interne des jambes). Associé au repos profond, à l’introspection, et à la stabilisation de l’énergie lunaire dans les pratiques internes.

 

YIN SHI (YǏN SHÌ) – 隱士

Ermite. Personne qui choisit de se retirer du monde, vivant dans la simplicité, la solitude et l’effacement volontaire, afin de cultiver le Dào loin des distractions sociales. Le yǐn shì ne renonce pas au monde par rejet, mais par recentrage sur l’essentiel, souvent dans un refuge en montagne, une grotte ou un lieu sacré. Figure importante dans le taoïsme, il incarne la sagesse cachée, la liberté intérieure, et le refus des honneurs.

 

YIN TAN (YÍN TÁN) – 銀潭

Étang d’argent. Désigne symboliquement la cavité orale où se recueille la salive précieuse, ou plus largement le réservoir intérieur contenant le mercure transmuté. Peut désigner aussi un centre alchimique.

 

YIN TANG (Yìntáng) – 印堂

Hall du Sceau. Point énergétique situé entre les deux sourcils, au centre du front, souvent considéré comme le siège de la vision intérieure. En Daoïsme comme en Médecine Traditionnelle Chinoise, Yìntáng est un lieu de calme mental, de concentration du Shén (), et de régulation émotionnelle. Il est aussi appelé Tiānmén (天門, Porte Céleste) ou Tiānmù (天目, Œil Céleste), en tant que centre de perception subtile et de clarté spirituelle. Dans l’alchimie interne, ce point marque l’ouverture du canal supérieur reliant le cœur à l’esprit céleste, et l’éveil de la lumière intérieure du pratiquant.

 

YIN WEI MAI (Yīn Wēi Mài) – 陰維脈

Vaisseau de Liaison Yīn. Il relie et soutient les méridiens yīn, assurant la cohésion intérieure, la mémoire émotionnelle et la continuité du ressenti. Associé à la profondeur du cœur, il stabilise les souffles internes dans l’alchimie et guide la conscience vers l’intime.

 

YIN YIN (YĪN YÍN) – 陰銀

Argent yin / Mercure yin. Désigne la forme féminine, réceptive et instable du mercure, principe yin à stabiliser dans l’alchimie interne. Il représente la matière volatile qui doit s’unir au yang pour produire l’élixir.

 

YIN ZHI (YÍN ZHĪ) – 銀汁

Suc d’argent. Allusion à la salive alchimique produite par la pratique intérieure. Fluide perlé, doux, recueilli et dirigé vers le dāntián pour nourrir le processus de transmutation.

 

YING (Yǐng) –

Ombre, reflet. Symbole du corps subtil projeté par la lumière de l’esprit (Shén), ou des aspects inconscients en attente de transformation. Dans l’alchimie daoïste, Yǐng est aussi le double éthéré, trace de soi dans l’espace-temps, que l’on peut affiner ou dissoudre. L’ombre révèle ce que la lumière ne voit pas encore.

 

YING ER (YĪNG ÉR) – 嬰兒

Embryon spirituel. Stade de l’alchimie interne où le jīng, qì et shén unifiés donnent naissance à un nouveau soi intérieur, immortel.

 

YING QI (Yíng qì) - 營氣

Qi nourricier. Circulation interne du Qi dans les méridiens, chargée de nourrir les organes et les tissus. Complément du Wei Qi (défensif).

 

YING SHEN (Yǐng Shén) – 影神

Esprit-Image. Forme subtile du Shén, visible dans les rêves, les visualisations ou les états méditatifs profonds. Yǐng Shén est le corps de lumière projeté par l’esprit, intermédiaire entre le corps physique et le Shén pur. Dans l’alchimie daoïste, il peut être raffiné, libéré ou guidé pour atteindre l’immortalité lumineuse.

 

YOU (Yǒu) –

Coq. Métal Yīn. Tranchant précis, annonce du soir. Clarté de l’esprit au seuil du repli.

 

YOU JING (Yōu Jīng) – 幽精

Essence Obscure. Troisième des trois Hún (), âmes éthérées liées au Foie ( gān). Yōu Jīng désigne la part la plus profonde, secrète et nocturne de l’âme spirituelle. Yōu () renvoie à l’obscur, au caché, au domaine des mystères souterrains ; Jīng () à l’essence pure, subtile, première. Elle est l’âme du silence intérieur, de la mémoire inconsciente, des racines karmiques, et des liens avec le monde des morts et des ancêtres. Yōu Jīng incarne la puissance latente du Hun, enfouie dans l’ombre mais contenant le germe de la transmutation. Dans l’alchimie interne, elle est travaillée avec précaution, car elle touche aux profondeurs de l’inconscient, aux peurs et attachements résiduels. Sa transformation ouvre à la sagesse cachée et à la réunification de l’âme dispersée.

 

YU (Yù) –

¦¦¦|¦¦  Hexagramme 16 – L’Enthousiasme. Souffle de confiance et d’élan. Yù exprime l’harmonie du cœur, le jaillissement joyeux qui stimule le mouvement juste. Moment favorable pour mobiliser les souffles dans la Voie, avec clarté et générosité.

 

YU (Yù) –

Jade. Pierre précieuse centrale dans la cosmologie daoïste, symbole de pureté, d’immortalité, de rectitude et de transformation spirituelle. Le jade est considéré comme la substance condensée du Ciel, vibrant du qì céleste, et souvent associé au shén et à la clarté du cœur. Utilisé dans les talismans, sceaux, objets rituels et offrandes funéraires, le jade protège, éloigne les influences perverses, et favorise la préservation de l’essence (jīng ). Dans l’alchimie interne, il représente l’état raffiné de l’être, parfois identifié au corps d’immortalité (yù shēn 玉身). Le jade est aussi le matériau du Palais de Jade (Yùqìng 玉清), domaine du Pur Suprême, et entre dans la composition poétique de lieux mythiques comme le Mont Kunlun ou l’île de Pénglái, où tout est fait de jade et de lumière.

 

YU CHI (Yù Chí) – 玉池

Étang de Jade. Zone subtile dans la bouche, autour de la langue, où se réunit l’ambroisie interne (salive alchimique). Associé à l’eau céleste et à la production du liquide de longévité, il reflète la pureté raffinée du souffle dans les pratiques internes. Miroir de l’Étang Fleuri (Huā Chí).

 

YU HUA FEI SHENG (Yǔ huà fēi shēng) – 羽化飛升

Transformation en immortel et envol vers le Ciel. Expression classique désignant le moment où un adepte ayant achevé la Voie quitte le monde ordinaire en se métamorphosant en être ailé (Yǔ ) et s’élève (Fēi Shēng 飛升) vers les sphères célestes.

Yǔ huà (« transformation en plumes ») symbolise la mutation subtile du corps physique en corps de lumière (Jīnshēn 金身). C’est l’aboutissement du raffinement du Jīng, Qì et Shén, jusqu’à la libération du cycle vie-mort. Associée aux immortels (Xiān ), cette expression incarne le retour conscient au Dao, par l’union du corps subtil au souffle cosmique.

 

YU Le Grand (Yǔ Dàyǔ) – 大禹

Maître des eaux. Fondateur mythique de la dynastie Xià, il dompta les grandes inondations par le canalisation du flux plutôt que par la force. Symbole de l’action juste et fluide, du travail au service de l’ordre naturel.

 

YU LU (Yù lú) – 玉爐

Fourneau de Jade. Terme symbolique majeur de l’alchimie interne daoïste, désignant le creuset subtil dans lequel se déroule la transformation des trois trésors (Jīng, Qì, Shén).

Le jade (Yù ) évoque la pureté, l’indestructibilité et la noblesse spirituelle, tandis que lú (fourneau) renvoie au lieu du feu intérieur, souvent localisé dans le Dāntián inférieur ou associé au Chaudron de Cinabre (Dān Dǐng 丹鼎). Le Yù lú est ainsi le lieu intérieur raffiné où s’opère la cuisson alchimique, sous l’effet du feu véritable (Zhēn Huǒ 真火), afin de distiller l’élixir d’immortalité (Jīndān 金丹). Il est le symbole de la maîtrise du feu interne et de la transmutation spirituelle.

 

YU LUO (Yù Luó) – 鬱羅

Nom spirituel associé à la Terrasse du Numineux (Língtái 靈台) dans la carte alchimique du Nèi Jīng Tú 內經圖. Yù Luó évoque une vibration dense et subtile, un rayonnement intérieur concentré, lié à la résidence du Shén . Ce nom révèle la nature cachée et raffinée de l’esprit lumineux logé dans le haut du corps, au niveau du cœur-esprit ou du palais du cerveau. Dans la symbolique du Nèi Jīng Tú, Yù Luó renforce l’idée que la Língtái n’est pas qu’un point ou un lieu : c’est une présence vivante, un état d’union avec le Vide, où la lumière spirituelle (Míng ) est conservée, stabilisée et éveillée.

 

YU NÜ (Yùnǚ) – 玉女

Fille de Jade. Figure spirituelle féminine des traditions daoïstes, associée à la pureté lumineuse, à la réceptivité yin, et à la transmission des enseignements du Dào. Yù signifie jade — symbole d'immortalité et de perfection — et nǚ désigne la femme. Dans l’alchimie interne, la Yùnǚ est souvent une divinité intérieure résidant dans les palais spirituels du corps, la compagne céleste du Tóngzǐ dans les visualisations, ou une force yin sublimée, catalysant la transmutation du Jīng en lumière. Elle incarne aussi l’inspiration subtile, la conscience claire, et la complicité entre le Ciel et le Cœur. Dans certaines pratiques, elle guide l’adepte sur la voie du retour au Vide par la fusion du masculin et du féminin alchimiques.

 

YU QUE (Yùquè) – 玉闕

Porte de Jade. Désignation symbolique d’un palais céleste dans la cosmologie daoïste, résidence des divinités supérieures ou siège du gouvernement céleste. () évoque la pureté, la noblesse et l’immortalité ; què () désigne une porte monumentale, souvent associée aux enceintes impériales. Dans l’alchimie interne, la Porte de Jade peut représenter une ouverture subtile du corps, notamment au sommet du crâne (Bǎihuì 百會), ou encore le centre du palais spirituel situé dans la tête (Ni Wán 泥丸). Elle marque le passage vers les sphères supérieures de conscience, la voie d’ascension du Shén () raffiné. Franchir la Yùquè, c’est s’unir au ciel, pénétrer dans le domaine de la lumière non conditionnée et retrouver la demeure du Dao.

 

YU QIANG ZI (Yúqiángzǐ) – 禺強子

Maître Yúqiáng. Divinité associée à l’Ouest et à l’élément Métal dans le système des Cinq Éléments (wǔxíng 五行), parfois considérée comme un esprit du vent ou des puissances marines. Yúqiángzǐ incarne la force du retrait, le pouvoir de trancher les attachements et de purifier l’esprit. Il préside à la descente de l’énergie, à la consolidation du (, âmes corporelles) et à la respiration du Métal dans les poumons. Dans la symbolique alchimique, il représente l’affinement du Souffle et l’épuration de la conscience par le discernement et le détachement.

 

YU QING (Yù Qīng) – 玉清

Pureté de Jade. Premier et plus élevé des Trois Cieux Purs (三清 Sān Qīng), domaine suprême dans la cosmologie daoïste céleste. Yù () signifie « jade », pierre sacrée, symbole d’immortalité et de pureté spirituelle ; Qīng () évoque la clarté, la limpidité, l’essence raffinée. Yù Qīng est le royaume du Yuánshǐ Tiānzūn (元始天尊), le Vénérable du Commencement Originel, principe suprême du Dào avant toute différenciation. C’est la source du souffle primordial (元氣 yuán qì), le lieu non manifesté d’où émanent les ordres célestes, les écritures divines et les lois du monde. Dans les pratiques de visualisation et d’ascension spirituelle, Yù Qīng est la destination ultime de l’âme sublimée, au-delà du temps et des formes. Il correspond aussi, dans le corps alchimique, à la clarté suprême du Níwán (泥丸), Pilule de Boue au sommet de la tête, miroir du ciel intérieur.

 

YU SHI (Yǔshī) – 雨師

Maître de la Pluie. Divinité céleste chargée de gouverner les précipitations, complément du Fēngbó (風伯, Seigneur du Vent) dans la régulation des phénomènes climatiques. Yǔshī incarne le pouvoir nourricier de l’eau céleste, symbole de bénédiction, de purification et de régénération. Dans les rites daoïstes, il peut être invoqué pour faire tomber la pluie ou apaiser les sécheresses, mais aussi pour favoriser la circulation harmonieuse des liquides internes dans le corps. Sur le plan alchimique, il représente l’humidité bénéfique, la condensation du raffiné en jīnyè (金液, liquide d’or), participant à la maturation de l’élixir intérieur.

 

YU TU (Yù Tù) – 玉兔

Lièvre de Jade. Animal lunaire mythique, habitant la Lune dans l’imaginaire chinois et daoïste. Associé à l’élixir d’immortalité qu’il prépare dans un mortier. Symbole du raffinement silencieux, du yin sublimé et du temps cyclique. Dans l’alchimie interne, Yù Tù incarne la transformation intérieure continue, cachée mais puissante, sous la lumière du Cœur.

 

YU YING (Yù Yīng) – 育嬰

Nom social (zì ) de la divinité du Rein, associée à Xuán Míng 玄冥 dans la tradition daoïste intérieure. Signifie littéralement « Nourrir l’Enfant », évoquant à la fois le soin du Jīng (essence vitale) et la gestation de l’embryon d’immortalité (Chángshēng Yīng 長生嬰). Dans l’alchimie interne, Yù Yīng représente la fonction nourricière du Rein droit, gardien des origines, du Feu véritable (Zhēn Huǒ 真火) et de la force profonde de transmutation. Elle incarne la matrice obscure où se prépare le retour à la lumière.

 

YU ZHEN (Yù zhěn) - 玉枕

Oreiller de jade. Troisième barrière de la Petite Circulation, située à la base du crâne (entre la moelle et le cerveau spirituel).

 

YUAN (Yuán) -

Rond, complet. Qualité d’un esprit accompli, revenu à sa plénitude naturelle, sans rupture ni dissociation intérieure.

 

YUAN QI (Yuán qì) - 元氣

Souffle originel. Énergie innée reçue à la conception, source de toute vitalité ; objet de préservation essentielle dans la médecine taoïste.

 

YUAN SHEN (Yuán shén) - 元神

Esprit originel. Partie la plus pure du shén, liée au Dao, qu’il s’agit de révéler et de restaurer par la méditation.

 

YUAN LIANG SHI ZHE (Yuánliáng Shǐzhě) – 元梁使者

Émissaires des Ponts Primordiaux. Esprits célestes ou entités tutélaires évoqués dans les textes mystiques daoïstes, notamment dans le Lǎozǐ Zhōngjīng, où ils sont liés aux divinités du corps et aux fonctions secrètes de l’univers intérieur. Yuán () désigne l’origine, le commencement cosmique ; liáng () signifie « poutre » ou « pont », symbolisant un axe ou un lien entre deux mondes ; shǐzhě (使者) signifie « émissaire », « envoyé ». Ces êtres sont donc des messagers de l’axe primordial, des gardiens ou facilitateurs des passages entre les sphères visibles et invisibles. Dans l’alchimie interne, ils représentent parfois les forces qui unissent les pôles du corps (haut et bas, gauche et droite, cœur et reins…), assurant l’harmonie du subtil. Invoquer ou contempler les Yuánliáng Shǐzhě, c’est chercher à franchir les ponts invisibles qui mènent du monde phénoménal à l’Origine non-duelle.

 

YUAN SHI TIAN ZUN (Yuánshǐ Tiānzūn) – 元始天尊

Vénérable du Commencement Originel. Première et plus haute divinité du panthéon daoïste, résidant dans le Ciel de la Pureté de Jade (玉清 Yù Qīng), au sommet des Trois Purs (三清 Sān Qīng). Yuán () signifie « origine première », Shǐ () « commencement », Tiānzūn (天尊) « Vénérable céleste ». Émanation directe du Dào ineffable, il représente l’état non-né, indifférencié, source de tous les souffles ( qì), de tous les êtres et de toutes les lois cosmiques. Il ne parle pas, mais fait naître le Verbe (Língbǎo), il ne gouverne pas, mais fait circuler l’ordre invisible. Dans l’alchimie interne, Yuánshǐ Tiānzūn correspond à l’état de vacuité absolue avant toute pensée, au silence lumineux du Ni Wán (泥丸), et à l’éveil du Shén retourné à la source. Il est la lumière antérieure au ciel (先天 xiāntiān) et le cœur originel de la Voie. Il est rarement représenté sous forme humaine : sa présence est suggérée par le vide, l’espace, l’éclat du non-formé.

 

YUE (Yuè) –

Lune. Symbole fondamental du yīn , Yuè incarne la fraîcheur, la réceptivité, le silence et la lumière intérieure. Associée à la nuit, à l’Eau, à l’hiver et à la direction Nord, la Lune reflète la lumière du Ciel dans le monde intérieur. Dans la tradition daoïste, elle représente le cœur calme, le miroir de l’esprit, et la voie du retour. Sa clarté évoque l’éveil du shén dans la méditation, lorsque les pensées s’apaisent et que surgit la lumière du Vide. Dans l’alchimie interne, la Lune est associée au dāntián supérieur, à l’eau celeste (tiān shuǐ 天水), et à la nourriture subtile du yin raffiné, soutenant l’élixir de longévité. Elle est le double complémentaire du Soleil (Rì ) dans le travail d’unification du yin et du yang.

 

YUE HUA (YUÈ HUÁ) – 月華

Lumière lunaire. Image poétique du mercure subtil : claire, brillante, douce et féminine. Elle renvoie à l’influence lunaire dans les pratiques internes et à l’intériorité lumineuse du yin.

 

YUE SHUI (yuèshuǐ) – 月水

Eau lunaire. Terme traditionnel désignant le sang menstruel dans la médecine et la cosmologie daoïstes. Yuè () signifie « lune », et shuǐ (), « eau » : ensemble, ils expriment la cyclicité féminine, liée aux phases lunaires, au Yīn profond et aux marées internes du corps. Dans la pensée daoïste, yuèshuǐ n’est pas une simple fonction physiologique : c’est une manifestation tangible du flux du Jīng () chez la femme, miroir des cycles célestes et de la vitalité. Il est porteur de potentiel créateur, et son équilibre reflète l’harmonie entre le Cœur, le Foie, la Rate et les Reins. Dans l’alchimie féminine (nǚdān 女丹), le yuèshuǐ est parfois conservé ou transmuté en élixir intérieur, comme équivalent au Jīng masculin, soulignant son rôle sacré dans la voie du retour à l’Unité.

 

YUN JI QI QIAN (Yúnjí Qīqiān) – 云笈七签

Les Sept Poches du Coffre des Nuées. Grande encyclopédie daoïste compilée au XIe siècle sous les Song, à l’initiative de Zhāng Jūnfang (張君房). Rassemblant plus de 120 chapitres, elle constitue une vaste anthologie de textes classiques couvrant les pratiques rituelles, l’alchimie interne (nèidān), la cosmologie, la médecine, la liturgie et la mystique du Dao. Yúnjí (« Coffre des Nuées ») symbolise la réserve céleste des savoirs occultes ; Qīqiān (« Sept Poches ») évoque les compartiments du trésor divin, reflet des sept étoiles de la Grande Ourse. Cette œuvre est une référence majeure pour l’étude du Daoïsme médiéval, reliant les traditions anciennes aux élaborations lettrées de l’époque impériale.

               

ZA NIAN (Zá niàn) - 雜念

Pensées dispersées. Obstacle majeur dans la méditation, produit par les désirs, les habitudes mentales et le manque de centrage.

 

ZHAN ZHUANG (Zhàn zhuāng) - 站樁

Posture debout. Pratique énergétique d’immobilité visant l’enracinement, l’alignement postural et la libre circulation du Qi.

 

ZHANG GUO LAO (Zhāng Guǒ Lǎo) – 張果老

Vieillard à l’âne blanc. Symbolise la sagesse paradoxale et l’immortalité cachée. Il chevauche son âne à l’envers, incarne la voie du retour (fǎn ). Porte le tambour de l’éveil.

 

ZHAO (Zhào) –

Signe, présage – Nom de l’adepte dans le Lǎozǐ Zhōngjīng. Dans ce contexte, Zhào ne désigne pas un simple présage mais prend la valeur initiatique d’un nom d’adepte ou désignation du pratiquant éveillé, celui qui reçoit les signes du Ciel et entre dans la Voie. Le caractère évoque également la première manifestation du Ciel dans la matière, ou le point d’émergence du visible depuis l’invisible. C’est ainsi que Zhào devient figure archétypale de l’initié : à la fois réceptacle des influences célestes et vecteur de transmission du Dao.

 

ZHAO RAN (zhāorán) – 昭然

Lumière évidente, clarté manifeste. Terme issu des textes daoïstes pour désigner un état de révélation intérieure, de transparence spirituelle, où la vérité du Dào apparaît sans effort, dans une évidence sereine. Zhāo () signifie « lumineux », « clair », « éclatant » ; rán (), « ainsi », « naturellement ». Ensemble, zhāorán exprime une lumière qui se montre d’elle-même, sans qu’on ait besoin de la chercher. Dans l’alchimie intérieure, zhāorán est la lueur du Shén stabilisé, la radiance d’un esprit revenu au calme et au Centre, baigné dans la lumière du Dào. C’est aussi l’éclat paisible qui surgit du silence après le fǎnguān (返觀, contemplation retournée), lorsque la conscience se reconnaît elle-même comme clarté non-née.

 

 

ZHEN (Zhèn) –

Tonnerre. Trait plein suivi de deux traits brisés , symbole du mouvement qui jaillit, de l’éveil soudain. Représente le fils aîné, l’énergie du printemps, le pouvoir d’impulsion. Le dieu de Zhèn se nomme Xiǎo Zēngzǐ, soit "Zēngzǐ" à nouveau — mais cette fois avec le préfixe Xiǎo qui signifie petit ; ce qui peut représenter l’aspect jeune, actif, jaillissant du souffle. Le Shén du Tonnerre est donc l’esprit du jaillissement vital, jeune, impulsif, porteur du Qì dynamique du renouveau.

 

ZHEN (Zhèn) –

|¦¦|¦¦  Hexagramme 51 – L’Ébranlement. Le tonnerre éveille. Zhèn désigne un choc salutaire, une impulsion soudaine qui réveille l’inconscient. En alchimie, il symbolise la stimulation de la racine (Mìngmén) par le tonnerre intérieur du Qì.

 

ZHĒN (Zhēn) –

Vrai, authentique. Terme central du daoïsme désignant ce qui est réel, pur, sans altération. Zhēn s’oppose à l’artificiel ou au falsifié ; il renvoie à la nature originelle du Dào et à l’état intérieur de réalisation spirituelle. Dans l’alchimie interne, atteindre le zhēn signifie faire émerger la vraie nature, le shén véritable (真神) ou le soi immortel, dégagé des illusions du monde. On le retrouve dans des expressions comme zhēn rén 真人 (homme véritable) ou zhēn wǒ 真我 (moi authentique). Symbole de la complétude, il marque l’union du souffle, de l’essence et de l’esprit en une totalité unifiée.

 

ZHEN GAO (Zhēn Gào) – 真誥

Instructions Véritables. Recueil de révélations spirituelles attribué aux Immortels, compilé au IVe-Ve siècle par Yáng Xī (楊羲) sous inspiration médiumnique, mais parfois associé de manière erronée à Zhāng Dàolíng (張道陵), fondateur du courant des Maîtres célestes. En réalité, le Zhēn Gào appartient à l’école de la Haute Pureté (上清派 Shàngqīng pài) et constitue un texte fondamental du Daoïsme mystique. Il transmet des enseignements sur les hiérarchies célestes, les pratiques de visualisation, l’ascension spirituelle et les rituels de purification intérieure. L’œuvre éclaire la voie de l’union avec le Dào par la méditation raffinée, la communication avec les divinités et la transmutation du corps en lumière.

 

ZHEN QI (zhēnqì) – 真氣

Souffle véritable. Essence pure et originelle du (), non altérée par les influences externes ou les perturbations émotionnelles. Dans la médecine chinoise comme dans l’alchimie daoïste, zhēnqì désigne le souffle central, harmonisé et vital, garant de la santé physique, de la stabilité mentale et de l’éveil spirituel. Il circule dans les méridiens, anime les organes, soutient les défenses du corps et alimente les transformations internes. Dans la pratique du nèidān (內丹, alchimie interne), zhēnqì est le souffle raffiné issu de la condensation du Jīng (, essence) et de la sublimation du Shén (, esprit). Nourrir et conserver le zhēnqì, c’est fortifier le Centre, éclairer la conscience et cheminer vers l’union avec le Dào.

 

ZHEN REN (Zhēn rén) - 真人

Homme véritable. Idéal spirituel taoïste, être accompli vivant en accord avec le Dao, libre de toute illusion.

 

ZHEN REN ZI DAN (Zhēnrén Zǐ Dān) – 真人子丹

L’Enfant du Vrai, Fils de l’Homme Véritable. Nom initiatique ou mystique figurant dans certains textes daoïstes, désignant l’adepte accompli ou la projection spirituelle du Zhēnrén 真人 — « l’Homme véritable », être réalisé en harmonie avec le Dào. Zǐ signifie ici à la fois « enfant » et « disciple », tandis que Dān renvoie au cinabre, symbole de l’élixir immortel. Ensemble, ce nom peut désigner l’embryon alchimique né de l’union du Jīng, du Qì et du Shén, ou l’esprit régénéré du pratiquant revenu à son origine, pur, conscient et lumineux. Zhēnrén Zǐ Dān incarne ainsi l’enfant intérieur transfiguré, porteur de l’élixir spirituel, prêt à fusionner avec le Vide et à rejoindre les immortels.

 

ZHEN WO (Zhēn wǒ) - 真我

Soi véritable. Expression désignant la nature authentique de l’être, dégagée des conditionnements, illusions et identifications du « moi ordinaire ». Zhēn signifie « véritable », wǒ , « moi » : ensemble, ils désignent le soi profond, unifié au Dào . Dans l’alchimie interne, la réalisation du zhēn wǒ est le fruit de la transmutation du jīng, qì et shén, menant à l’émergence d’un être pur, lumineux et stable, libre des perturbations mentales et émotionnelles. Ce Soi véritable est sans ego, sans attachement, mais pleinement vivant et conscient. Il correspond à l’homme véritable (zhēn rén 真人) des textes classiques : transparent, centré, en résonance avec le cosmos, il agit sans agir et vit en harmonie avec la Voie.

 

ZHEN WU (Zhēnwǔ) – 真武

Guerrier Véritable. Divinité majeure du panthéon daoïste, Zhēnwǔ 真武 incarne la force intérieure maîtrisée, la protection des pratiquants et le pouvoir purificateur du Nord. Son nom signifie littéralement « Véritable Martialité ». Représenté en armure noire, souvent pieds nus, il est associé à l’élément Eau, à la tortue-serpent (Xuánwǔ 玄武) et à la montagne sacrée Wǔdāng 武當, lieu de sa réalisation. Protecteur du Dào, il dompte les démons intérieurs, guide les rituels d’exorcisme et inspire les arts martiaux internes. Dans l’alchimie interne, Zhēnwǔ symbolise la maîtrise du Feu par l’Eau, c’est-à-dire la stabilisation du cœur-esprit (shén ) par l’ancrage des Reins (zhì ). Il est souvent invoqué dans les pratiques du Dǒu fǎ 斗法 (magie rituelle) et honoré dans les temples comme modèle de pureté, de constance et de transformation intérieure.

 

ZHENG YI (Zhèng yī) - 正一

École de l’Unité droite. « Unité Orthodoxe ». École daoïste rituelle issue des Maîtres Célestes (Tiānshī 天師). Transmise depuis Zhang Daoling 張道陵, elle met l’accent sur les rites d’exorcisme, les talismans (fú ), la guérison et la protection communautaire. Elle reste vivante dans le sud de la Chine et à Taïwan.

 

ZHI (Zhì) –

Volonté profonde. Principe spirituel associé au Rein , le zhì représente la force d’intention intérieure, la mémoire vitale et la poussée vers la réalisation. Il guide la direction de l’être et soutient la persévérance sur la Voie. En médecine et en alchimie interne, le zhì est la racine de la détermination, ancrée dans l’essence (jīng ). Lorsque le rein est fort, le zhì est stable, lucide et orienté vers le Dào ; affaibli, il se traduit par la peur, l’indécision ou la fuite de soi. Le zhì relie l’invisible à l’agir, transformant l’élan du destin (mìng ) en engagement vivant, indispensable pour préserver l’unité du corps, du souffle et de l’esprit.

 

ZHI CAO (Zhī cǎo) – 芝草

Herbe d’immortalité. Plante sacrée de la pharmacopée daoïste, Zhī désigne une substance spirituelle végétale poussant dans les montagnes, sur les parois rocheuses ou en des lieux numineux. Cǎo signifie « herbe ». Ensemble, Zhī Cǎo évoque une plante surnaturelle, réservée aux immortels, capable de prolonger la vie, clarifier l’esprit, et transformer le corps en lumière. Souvent identifiée au língzhī 靈芝 (Ganoderma lucidum), un champignon aux formes circulaires et au lustre brillant, elle est aussi un symbole alchimique du Dān, l’élixir interne. Elle apparaît fréquemment dans les textes et les représentations comme offrande céleste ou attribut des Zhēnrén (êtres réalisés).

 

ZHI JIAN (Zhǐ niàn) - 止念

Arrêter les pensées. Étape essentielle de la méditation, menant à l’unification de l’esprit et à l’accès au Vide.

 

ZHI NIAN (ZHǏ NIÀN) – 止念

Contrôler les pensées. Étape préparatoire à leur extinction complète, consistant à observer et diriger l’activité mentale.

 

ZHI NÜ (Zhīnǚ) – 織女

La Tisserande céleste. Figure mythique associée à l’étoile Véga (tiān sūn xīng 天孫星) dans la constellation de la Lyre, Zhīnǚ est la fille du Roi céleste (Tiāndì 天帝), maîtresse de l’art du tissage des nuées et des lois célestes. Elle incarne la pureté du cœur, la créativité du Yīn, et la structuration subtile du cosmos. Dans la légende du Bouvier et de la Tisserande (Niúláng Zhīnǚ 牛郎織女), elle tombe amoureuse d’un mortel, mais leur union est interdite. Séparés par la Voie lactée (Yínhé 銀河), ils ne peuvent se retrouver qu’une fois par an, le septième jour du septième mois (Qīxì 七夕), grâce au pont des pies (què qiáo 鵲橋). Cette légende, profondément enracinée dans l’imaginaire daoïste et alchimique, illustre la tension entre ciel et terre, entre désir et détachement, et symbolise le pont intérieur entre le Ren Mài 任脈 et le Dū Mài 督脈, que forme la langue au palais, permettant l’unité du yin et du yang dans la petite circulation céleste.

 

ZHONG DANTIAN (Zhōng Dāntián) – 中丹田

Dāntián Médian. Localisé au centre de la poitrine, au niveau du cœur ou du sternum (Shānzhōng 膻中), il est le réceptacle du Qì () et le siège des émotions et du Shén émotionnel. Associé à l’élément Feu et au Cœur, il transforme le souffle en lumière intérieure et en compassion. En alchimie interne, il sert de pont entre l’énergie vitale du bas et la conscience du haut.

 

ZHONG DOU JUN (Zhōng Dǒu Jūn) – 中斗君

Seigneur du Centre de la Grande Ourse. Divinité étoilée présidant au centre de la constellation du Dǒu (), la louche céleste formée par les sept étoiles de la Grande Ourse (Běidǒu 北斗). Le Zhōng Dǒu Jūn régule les souffles de vie et de mort, gouverne la distribution du dans l’univers et dans le corps humain. Dans les pratiques daoïstes, il est invoqué pour prolonger la vie, dissiper les ténèbres intérieures et guider la conscience vers l’étoile polaire, axe immobile du Ciel. Il symbolise le Cœur céleste, pivot entre les six directions et reflet de la stabilité intérieure du pratiquant.

 

ZHONG FU (Zhōng Fú) – 中孚

||¦¦||  Hexagramme 61 – La Vérité Intérieure. Sincérité du cœur. Zhōng Fú désigne la transparence du Shén, la vibration juste qui relie le visible à l’invisible. En alchimie, elle est le fondement du raffinement spirituel authentique.

 

ZHONG JI (Zhōngjí) – 中極

Centre Ultime. Lieu symbolique et énergétique fondamental dans la cosmologie et l’alchimie daoïste. Zhōng () désigne le Centre, lieu d’équilibre, de convergence et de régulation ; () signifie l’Extrême ou l’Ultime. Ensemble, ils forment l’image du pivot suprême où se rejoignent le Ciel et la Terre, le Yīn et le Yáng, l’intérieur et l’extérieur. Dans le corps, le Zhōngjí est parfois identifié à un point précis (comme 3RM) ou à une région plus subtile du Dāntián inférieur, cœur du fourneau alchimique. Il représente aussi l’axe intérieur, lieu de transformation silencieuse, où le Souffle véritable (zhēnqì 真氣) s’unit à l’Esprit. Atteindre le Centre Ultime, c’est revenir à la racine non-duelle du Dào, là où toutes choses naissent et se résorbent.

 

ZHONG JI HUANG LAO (Zhōngjí Huánglǎo) – 中極黃老

Vénérable Jaune du Centre Ultime. Émanation centrale du Dào, figure théarchique issue du courant Huáng-Lǎo (黄老) mêlant les enseignements de l’Empereur Jaune (Huángdì) et de Lǎozǐ. Le titre désigne ici une instance cosmique suprême siégeant au Centre Ultime (Zhōngjí), lieu d’origine et de retour. Il incarne l’unité du pouvoir cosmique et de la sagesse intérieure, maître du Dào et des cycles célestes. Dans l’alchimie et les rituels de méditation, il représente la stabilité du centre, le souffle originel qui régule les cinq directions et guide vers l’immortalité intérieure.

 

ZHONG LI QUAN (Zhōng Lí Quán) – 鍾離權

Immortel à l’éventail. Ancien général devenu maître du souffle, il symbolise la transformation alchimique. Son éventail ressuscite les morts ou fait s’évaporer le monde des formes. Patron des pratiques internes.

 

ZHONG MAI (Zhōng Mài) – 中脈

Vaisseau central. Axe subtil et vertical reliant le Dāntián inférieur au sommet du crâne, il s’étend classiquement du point 1RM Huìyīn 會陰 (périnée) au 20DM Bǎihuì 百會 (sommet du crâne). Bien que non nommé dans la médecine classique chinoise, le Zhōng Mài est fondamental dans l’alchimie interne daoïste et les courants tantriques sino-tibétains. Il représente l’axe du monde en l’homme, reliant la Terre et le Ciel. Canal de montée du souffle raffiné, il permet l’élévation de l’embryon de longévité (Chángshēng Yīng 長生嬰) et la réunion des trois trésors (Jīng, Qì, Shén). Son activation permet l’éveil de la conscience et la stabilisation intérieure, soutenant la formation du corps de lumière indestructible (Jīnshēn 金身). Véritable colonne de lumière, il manifeste la verticalité sacrée de la Voie.

 

ZHONG XI (ZHŌNG XĪ) – 踵吸

Respirer par les talons. Image utilisée pour évoquer une respiration profonde, enracinée, allant jusqu’à la base du corps.

 

ZHONG XU (Zhōng xū) – 中虛

Vide médian. Centre vide et résonant entre Ciel et Terre, zhōng xū désigne l’espace intérieur subtil, situé au cœur du corps et de l’instant. Il est le pivot du souffle () et de l’esprit (), lieu d’émergence du Dao. En alchimie interne, ce vide central est plein de potentiel, accueillant la circulation des souffles affinés et la manifestation silencieuse du Chán.

 

ZHOU (zhòu) –

Formule sacrée, incantation. Dans le Daoïsme, zhòu désigne un verbe de pouvoir, un énoncé rituel chargé d’intention spirituelle, utilisé pour invoquer les esprits, protéger le pratiquant, exorciser les souffles pervers (xiéqì 邪氣) ou activer des processus alchimiques internes. Souvent transmis dans le secret des lignées, le zhòu agit par la vibration du son, la clarté de l’intention et la justesse du souffle. Il peut accompagner un geste rituel, un sceau (zhùan ), ou une visualisation, et incarne une liaison directe entre le cœur du pratiquant et les puissances célestes. Dans l’alchimie interne, réciter un zhòu avec concentration et pureté permet de stabiliser le Shén (), purifier les orifices, ou encore sceller l’élixir intérieur dans les palais spirituels du corps. Le zhòu est la voix du Dào incarnée dans le souffle vivant du pratiquant.

 

ZHOU YI CAN TONG QI (Zhōuyì Cāntóng Qì) – 周易參同契

Le Sceau de l’Unité des Trois. Texte fondamental de l’alchimie daoïste, attribué à Wèi Bóyáng (魏伯陽), datant du IIᵉ siècle. Zhōuyì fait référence au Yì Jīng, Cāntóng à la « participation des Trois » (Dao, Ciel-Terre, et humain), et Qì au sceau d’union. Le texte établit des correspondances entre cosmologie du Yì Jīng, alchimie interne et pensée mystique, posant les bases du langage symbolique de l’Élixir (金丹 jīndān). Il décrit, sous forme cryptée, le processus de transmutation intérieure par l’unification du Yīn, du Yáng et du Dào.

 

ZHU (zhù) –

Invocation rituelle. Formule sacrée prononcée à haute voix ou en silence dans le cadre des rites daoïstes. Le zhù permet d’établir une communication entre le pratiquant et les divinités, les esprits, ou les forces cosmiques. Il structure l’intention, harmonise la vibration du et oriente la conscience. Dans les pratiques alchimiques et liturgiques, ces invocations sont souvent chantées ou récitées en rythme, accompagnées de mudrās, pas rituels ou visualisations, et inscrivent l’acte dans l’ordre du Ciel. Le zhù est à la fois appel, offrande sonore et sceau de l’esprit.

 

ZHU GONG YU LI (Zhūgōng Yùlì) – 珠宮玉歷

Le Palais de Perles et le Calendrier de Jade. Titre poétique et ésotérique du Lǎozǐ Zhōngjīng, mettant en valeur sa nature précieuse et cosmique. Zhūgōng (Palais de Perles) évoque le palais intérieur, résidence des esprits lumineux et des divinités du corps ; Yùlì (Calendrier de Jade) fait référence au registre céleste du destin, aux cycles du temps et aux lois du Ciel. L’expression désigne un texte révélant l’ordonnancement subtil du corps-spirituel selon les rythmes du Dao. Il est utilisé comme manuel de contemplation, d’invocation rituelle et de visualisation intérieure dans les pratiques alchimiques avancées.

 

ZHU QUE (Zhū Què) – 朱雀

Oiseau Vermillon. Gardien du Sud, associé à l’été, au Feu et à la lumière du shén . Il symbolise la clarté, la communication et la floraison spirituelle. Porteur du souffle inspiré, il est lié au Cœur et au rayonnement de l’esprit.

 

ZHU QUE QUE MEN (Zhūquè Quémén) – 朱雀闕門

Porte du Moineau Rouge. Dans la symbolique daoïste, Zhūquè (朱雀) est l’oiseau vermillon gardien du Sud, associé au Feu, au Cœur, à la parole, à l’expansion du Shén () et à la chaleur du sang. Quémén (闕門, « porte des tours ») désigne une entrée majestueuse, souvent celle d’un palais impérial ou céleste. Lorsque cette expression est utilisée pour désigner les deux seins, elle reflète une lecture alchimique du corps : les seins deviennent les tours d’entrée de la cité corporelle, portails du Shén lumineux logé dans la poitrine. Zhūquè Quémén symbolise alors la projection du Feu du cœur, la noblesse du souffle spirituel diffusé à travers le buste, et la capacité du pratiquant à irradier l’énergie de compassion, de clarté et d’ouverture depuis son centre vital.

 

 

ZHU RONG ZI (Zhùróngzǐ) – 祝融子

Maître Zhùróng. Divinité du Feu dans la mythologie chinoise, souvent identifiée à un ministre céleste ou à un Immortel régissant le Sud et l’élément Feu dans le système des Cinq Éléments (wǔxíng 五行). Zhùróngzǐ incarne la chaleur vitale, la clarté de l’esprit et la transformation alchimique par combustion interne. Il est lié à la fonction du Cœur, à la lumière de la conscience et à la descente du Feu céleste dans le creuset corporel. Dans les pratiques rituelles et méditatives daoïstes, il représente la puissance yang qui éclaire, consume les impuretés et éclaire la voie vers la Réalisation.

 

ZHU TIAN DA JIANG JUN (Zhù Tiān Dà Jiāngjūn) – 柱天大將軍

Grand Général Soutien-du-Ciel. Divinité protectrice dans le panthéon daoïste, gardien des lois célestes et rempart contre les forces du chaos. Son nom, « Pilier du Ciel », évoque une puissance stable et verticale, maintenant l’ordre cosmique et défendant l’accès aux royaumes spirituels. Présent dans les rituels d’exorcisme (zhāng dào 章道) et les invocations de protection, il personnifie l’intégrité du Yáng, le courage, et la force juste. En méditation alchimique, il peut représenter la colonne énergétique centrale du corps (méridien Du Mài), axe de verticalité et de souveraineté intérieure.

 

ZHU YOU (zhù yōu) – 祝由

Incantation et guérison rituelle. Zhù yōu désigne une forme ancienne de thérapie spirituelle daoïste, fondée sur la récitation de formules sacrées (zhòu ), la visualisation, les talismans (fú ), et parfois des gestes magiques ou prescriptions symboliques.

– Zhù () signifie « bénir », « invoquer » ou « faire une prière rituelle » ;

– Yōu () signifie « par », « grâce à », ou encore « origine / cause ».

Le zhù yōu était pratiqué par des prêtres guérisseurs, chamans ou officiants daoïstes, qui soignaient les maladies causées par les esprits, les souffles pervers (xiéqì 邪氣), ou les désordres invisibles de l’âme. Il s’agit d’une médecine fondée sur l’alignement du corps avec les puissances cosmiques, par l’entremise du langage sacré. Codifié dans certains textes médicaux anciens (notamment le Zhùyōu kè 祝由科 dans le Yīzōng jīnjìan 醫宗金鑑), ce type de thérapie est parfois vu comme une branche parallèle à la médecine classique, plus proche du rituel, du symbolique et de la spiritualité. Le zhù yōu joue également un rôle essentiel dans l’alchimie daoïste comme verbe créateur, permettant de sceller, d’ouvrir ou de transformer les souffles internes, et d’accéder aux mondes invisibles par le pouvoir du nom.

 

ZHUAN (zhuàn) –

Sceaux, ou écriture sigillaire. Style ancien de calligraphie utilisé dans les gravures sur bronze et les inscriptions rituelles, notamment pour les sceaux (fǎ yìn 法印) dans la tradition daoïste. Le zhuàn n’est pas seulement un mode d’écriture archaïque : il devient dans les rituels une forme sacrée, chargée de pouvoir, utilisée pour tracer des talismans ( ), des ordres célestes ou des invocations d’esprits. Chaque sceau condense une intention cosmique, un ordre spirituel ou une fonction magique. Dans l’alchimie interne, les sceaux peuvent aussi désigner des marques invisibles apposées dans le corps subtil, scellant l’élixir ou protégeant les orifices.

 

ZHUANG ZI (Zhuāng Zǐ) - 莊子

Maître Zhuang. Philosophe majeur du taoïsme, auteur du Zhuangzi. Son œuvre célèbre la liberté, l’humour et la transformation perpétuelle.

 

ZI (Zǐ) –

Rat. Eau Yáng. Origine du cycle, graine du renouveau. Force nocturne, puissance latente du retour au Dào.

 

ZI FANG (zǐfáng) – 紫房

Chambre de clarté supérieure, littéralement « Salle Pourpre ». Demeure céleste au sein du corps dans les textes daoïstes, souvent située au sommet du crâne ou au centre du cerveau (au niveau du Ni Wán 泥丸). (pourpre) est la couleur impériale et céleste, associée à la pureté du Shén () et à la connexion avec le Ciel ; fáng (chambre) désigne une pièce intérieure, un sanctuaire. Dans l’alchimie interne, la Zǐfáng est le lieu de résidence des divinités supérieures, de l’Esprit éveillé, ou de l’Immortel intérieur. C’est là que s’unissent les souffles raffinés et que peut se manifester la lumière de l’Éveil.

 

ZI MING (Zǐmíng) – 子明

Clarté de l’Enfant. Nom initiatique et symbolique, souvent attribué à l’adepte dans les textes comme le Lǎozǐ Zhōngjīng. Zǐ signifie « enfant », mais aussi « disciple » ou « graine originelle » ; Míng désigne la clarté, la lumière éveillée. Ensemble, Zǐmíng évoque l’éclat pur de l’Être naissant, le Shén en voie d’illumination, encore jeune mais déjà lumineux. Ce nom incarne une conscience limpide ancrée dans la simplicité, un esprit revenu à l’état d’enfance, non-duel et réceptif au Dào. Il est également lié au retour au Non-agir (wúwéi 無為) et à la lumière intérieure qui émane du cœur silencieux.

 

ZI RAN (Zì rán) - 自然

Spontanéité, naturel. Principe fondamental du Dao, selon lequel tout ce qui est véritable suit son cours propre, sans contrainte extérieure. [CD] Spontanéité, naturel. Concept central du taoïsme. Ce qui est tel quel, sans artifice. Idéal de conformité au Dao.

 

ZONG JIN (Zōng Jīn) – 宗筋

« Muscle des Ancêtres ». Terme classique désignant le périnée dans certaines traditions médicales et alchimiques. Zōng () renvoie à l’origine, aux ancêtres ou à la lignée, et Jīn () signifie tendon, muscle profond. Le Zōng Jīn est considéré comme la racine énergétique du corps, siège du Feu de la Porte de la Vie (Mìngmén 命門) et de l’Eau originelle (Yuán Shuǐ 元水). Dans l’alchimie interne, il marque le point de départ du Petit Cycle (Xiǎo Zhōu Tiān 小周天) et du mouvement de raffinement du Jīng . Par son nom, il évoque aussi le lien vertical entre les générations, le transfert du souffle vital, et la mémoire corporelle du Dao. C’est un lieu de vigilance et de retenue, essentiel à la transmutation intérieure.

 

ZU QI (ZǓ QÌ) – 祖炁

Souffle ancestral. Énergie primordiale issue de la création de l’univers, équivalent du Yuan Qi à l’échelle cosmique.

 

ZU QIAO (Zǔqiào) – 祖竅

« Orifice Ancestral ». Point subtil et sacré de l’alchimie interne, situé généralement entre les sourcils ou au centre du cerveau, parfois identifié à la glande pinéale ou au palais du Niwán (泥丸宮). Zǔ signifie « ancêtre », et Qiào désigne un orifice ou passage énergétique. Le Zǔqiào est considéré comme la porte primordiale de la conscience, lieu par où le Shén descend ou remonte, et point d’éveil de la lumière intérieure. Dans les pratiques de visualisation, c’est un point de concentration du regard intérieur, centre du Dāntián supérieur, et axe de communication avec le Ciel antérieur (xiāntiān 先天). Il est aussi appelé « porte du vide lumineux », clef de l’ouverture spirituelle dans la Voie du retour.

 

ZUO CHAN (Zuò Chán) – 座禪

Posture de méditation assise. Terme issu du bouddhisme Chán, désignant la pratique du recueillement silencieux en position assise, jambes croisées, dos droit, souffle calme. Zuò () signifie « s’asseoir », Chán () renvoie à la méditation profonde (dérivé du sanskrit dhyāna). Dans les traditions daoïstes — en particulier dans les écoles Quánzhēn 全真 ou Shàngqīng 上清 — la Zuò Chán est intégrée comme posture de tranquillité, propice à l’unification du Qì et du Shén, à l’observation intérieure, et au retour au Vide (Xū ). Elle prépare la stabilisation du souffle, la clarification du cœur, et la gestation de l’embryon de longévité (Chángshēng Yīng 長生嬰) dans l’alchimie interne.

 

 

ZUO WANG (Zuò wàng) - 坐忘

S’asseoir et oublier. Pratique méditative taoïste dans laquelle on oublie le monde, le corps et soi-même pour retourner au Vide.

 

Navigation