Article paru dans le MTC Mag n°84
Le Diagramme de la Méthode du Cœur (心法圖 Xīn Fǎ Tú) ou la Carte du Cœur et de la Nature (心性圖 Xīn Xìng Tú) est une Carte moins connue que le Nèi Jīng Tú 內經圖, le Xiū Zhēn Tú 修真圖 et le Huǒ Hou Tú 火候圖, mais elle est tout aussi fondamentale dans certaines traditions daoïstes, notamment celles axées sur la cultivation de l'esprit et de la nature véritable. Cette carte est orientée vers les aspects spirituels et psychologiques de l’alchimie interne daoïste.
La Carte du Cœur et de la Nature, est une représentation conceptuelle daoïste mettant l'accent sur les aspects psycho-spirituels de la cultivation intérieure. Son origine précise reste difficile à déterminer, mais elle s'inscrit dans la longue tradition des diagrammes daoïstes qui fusionnent cosmologie, alchimie interne (內丹 nèidān) et pratiques spirituelles.
Le Xīn Xìng Tú apparaît dans le courant de la Perfection Totale (全真 Quánzhēn), qui a émergé sous les dynasties Sòng (960–1279) et Yuán (1271–1368). Ce courant accorde une grande importance à la transformation spirituelle par l'harmonisation du corps, du souffle (Qì) et de l'esprit (Shén). La carte reflète l'idée que le Cœur est à la fois le centre émotionnel et le siège de la nature véritable, un concept influencé par le bouddhisme Chán (Zen) et le confucianisme. Elle illustre également des thèmes fondamentaux du daoïsme, comme la nécessité de purifier le Cœur pour révéler la nature originelle, l'unité entre microcosme et macrocosme et le raffinement spirituel pour atteindre l'immortalité ou la libération.
Le Xīn Xìng Tú peut être vu comme une carte mentale ou spirituelle, dans laquelle divers éléments symbolisent les interactions entre l'Esprit, le Cœur et la nature intérieure. Ces cartes représentent souvent :
1. Le Cœur : associé à l'esprit conscient et aux émotions, il doit être purifié des désirs mondains.
2. La Nature : représente la nature innée, pure et lumineuse, qui est souvent obscurcie par les attachements.
3. Les interactions entre Cœur et Nature : ces interactions sont essentielles à la cultivation intérieure. Les déséquilibres entre les deux mènent à la souffrance, tandis que leur alignement conduit à l'éveil ou à la longévité spirituelle.
Les inscriptions ou annotations qui accompagnent ces cartes offrent souvent des instructions pour aligner le cœur et la nature à travers des pratiques comme la méditation, la respiration contrôlée et la contemplation du vide ou du Dào.
Bien que le texte exact lié au Xīn Xìng Tú reste rare, on peut supposer qu'il reflète les influences combinées de plusieurs traditions :
1. Le daoïsme alchimique interne : lié à des ouvrages comme le Cān Tóng Qì參同契et les écrits de maîtres comme Zhāng Bódūan (張伯端).
2. Le bouddhisme Chán: Notamment à travers l'idée de voir la nature pour atteindre l'éveil, un concept qui a été intégré dans le daoïsme.
3. Le confucianisme néo-confucéen : avec sa philosophie de la cultivation de la vertu et de la réflexion sur la nature humaine.
Dans les pratiques daoïstes, le Xīn Xìng Tú servait d'outil pédagogique pour guider les disciples dans leur quête spirituelle. En visualisant les relations complexes entre le Cœur et la Nature, les pratiquants pouvaient mieux comprendre comment les émotions et les pensées influencent leur état spirituel.
Cette carte, tout comme le Nèi Jīng Tú et le Xiū Zhēn Tú, illustre la richesse du symbolisme daoïste et sa capacité à intégrer des concepts philosophiques complexes dans des représentations visuelles destinées à éclairer la voie vers l'harmonie intérieure et cosmique.
Xīn (心) signifie le Cœur, qui, dans le daoïsme, inclut l'esprit, les émotions et l'intention.
Fǎ (法) signifie la méthode ou la loi. Ce nom évoque donc la pratique ou l'art de discipliner le Cœur et de cultiver l'esprit. Ce titre met l'accent sur l'approche méthodique pour maîtriser les désirs, purifier le mental et aligner le Cœur avec le Dào.
Xìng (性) est la nature véritable, ou essence innée, liée au Shén (l'esprit) et à l'aspect spirituel de l'être.
Ce titre souligne l’objectif ultime : retourner à la nature innée pure et harmonieuse du pratiquant. Ces deux noms reflètent donc deux aspects complémentaires : la pratique méthodique (Xīn Fǎ) et l’atteinte de la nature véritable (Xīn Xìng).
Le Xīn Xìng Tú est principalement associé aux écoles daoïstes qui mettent l'accent sur la culture de l'esprit (Shén) et l'intégration du Cœur/Esprit dans le processus alchimique. Elle serait issue des lignées influencées par les courants de la Période Sòng (960-1279), notamment la synthèse entre les écoles daoïstes, confucianistes et bouddhistes (Chán). On retrouve son enseignement dans certains textes de l’école de la Perfection Totale, qui valorise fortement la discipline intérieure et la quête de l'immortalité spirituelle.
Bien que les représentations précises du Xīn Xìng Tú puissent varier, elle inclut généralement ces éléments clés :
· Le Cœur comme centre
· Le Cœur est vu comme le centre de la transformation alchimique.
· Les émotions désordonnées (soucis, désirs, peurs) sont considérées comme des démons internes qu’il faut maîtriser pour permettre à l'esprit de s'élever.
Dans la carte, cela peut être représenté par un feu ou une lumière émergeant d’un bassin d’eau, symbolisant la transmutation du feu émotionnel brut en lumière spirituelle pure.
Comme dans le Huǒ Hou Tú, on retrouve souvent l’idée d’équilibrer le Feu (Yáng, action) et l’Eau (Yīn, calme). Ici, cela est lié à l’équilibre du Cœur/Esprit (Feu) avec la sagesse intérieure (Eau), ce qui permet une maîtrise des passions et des pensées. L’énergie du Cœur (Feu) doit être purifiée et s’élever vers la région de la tête (l’esprit, Shén), tandis que l’énergie de la Nature véritable (Eau) redescend pour nourrir le Dān Tián inférieur.
Ces circulations sont similaires à l’orbite microcosmique, mais ici elles mettent l’accent sur le lien émotionnel et spirituel plutôt que strictement énergétique.
Certaines versions de la carte incluent des personnages ou des métaphores :
· Les démons émotionnels (symbolisant les désirs, colères, attachements) qu’il faut transformer en forces positives.
· Les sages ou immortels guidant l’esprit vers la lumière (le Dào).
Le Xīn Xìng Tú est une carte introvertie. Elle est utilisée pour guider la purification émotionnelle, la méditation sur la vacuité et le raffinement de l’esprit. Contrairement aux cartes plus axées sur l’anatomie énergétique comme le Xiū Zhēn Tú, elle est davantage une carte psychologique et spirituelle, dédiée à l’alignement de l’esprit avec la voie du Dào.
Le Nèi Jīng Tú se concentre sur le corps énergétique, la circulation du Qì du Ciel antérieur 炁et l’orbite microcosmique. Le Xiū Zhēn Tú intègre une vision complète de l’alchimie interne, avec une carte du processus énergétique et spirituel. Le Huǒ Hou Tú concerne principalement la maîtrise du Feu alchimique pour éviter les déséquilibres lors des pratiques. Le Xīn Xìng Tú se distingue en abordant directement la discipline intérieure du Cœur et de l’Esprit, intégrant des aspects émotionnels, mentaux et spirituels.
Le Xīn Xìng Tú est une carte profondément introspective et spirituelle, qui vise à guider le pratiquant vers une maîtrise émotionnelle et une harmonisation du Cœur et de la Nature véritable. Elle est moins connue car elle est plus spécifique aux écoles et lignées centrées sur la cultivation spirituelle intérieure, plutôt que sur les processus énergétiques ou corporels visibles dans des cartes comme le Nèi Jīng Tú.
La carte du Xīn Xìng Tú issue des monts Wǔdāng, intitulée Wǔdāng Xīn Xìng Tú 武當心性圖, est construite sous une forme qui ressemble à un idéogramme stylisé ou à un tracé humain symbolique, en ligne avec d'autres cartes daoïstes comme le Nèi Jīng Tú. Plusieurs scènes distinctes sont réparties dans différentes zones de la carte, chacune représentant probablement des étapes ou des niveaux de cultivation spirituelle.
On y trouve des scènes terrestres : à la base, on observe des activités humaines ou des pratiques (peut-être liées à la vie quotidienne ou à l'entraînement de base).
Il y a des éléments intermédiaires : des structures comme des ponts ou des paysages naturels qui peuvent représenter des transitions symboliques entre les plans physique, énergétique, et spirituel.
Les parties supérieures abritent des figures célestes ou spirituelles qui symbolisent l'atteinte d'un niveau élevé de pureté et d'harmonie avec le Dào.
La gravure au centre de la carte représente le caractère 寿 (Shòu), signifiant longévité.
寿
Le cartouche en haut est une introduction à la carte :
湖北武當 山五龍勝 境吕洞賓 陳希夷張 三豐修心 煉性四池 五井華陽 尹喜巖附 道心性圖
« Le domaine sacré des Cinq Dragons du Mont Wǔdāng (dans le Húběi), où Lǚ Dòngbīn, Chén Xīyī et Zhāng Sānfēng ont pratiqué la cultivation du cœur et le raffinement de la nature. Le lieu est marqué par les Quatre Bassins et les Cinq Puits, ainsi que par le Rocher de Yīnxī à Huàyáng. Accompagné du diagramme du Cœur et de la Nature du Dào. »
Le texte de la carte :
图中文字:
玄天上帝拱而問之:道舍何也?太上曰:心即舍,而性即道,清靜齋戒為之城。六根即六部宰輔,六塵即六賊強梁,六識即六門出入,五欲即五道井坑,見、聞、知、覺即住國四相,同佐性土一體的家邦。性道見而心常明,六臣四相同理國政。若性道真明,不順私情,有功則賞,有過則罰,體天道而行,死而不怨,如此刑政能以堅固身心。六門謹慎,六賊不起,內則六塵清政,四相體公,不敢作弊;內外如一,性土太平。若性道不明,愛聽讒納佞,背公向私,賞罰不平,上下相乖,在內六塵相背,四相作弊;在外則六賊亂起,入破戒牆,入自家邦,劫自功德,福盡法無,身心落泊,便受沉淪。是故,治世有法,治心有理,不公不行,不正不立,直交內外,一如上下,無失君臣,道合心性圓明,共為一致性土,君民同樂太平。故名,王道者也。
歲次甲子五月吉日板存南岩大殿
養生楹聯寫於原圖兩旁,即:半簾月影三杯酒,滿院花香一局棋。
武当石刻版
L'Empereur Mystique du Ciel demanda :
« Où se trouve la demeure du Dào ? »
Le Grand Suprême répondit :
« Le cœur est cette demeure, et la nature véritable est le Dào. La pureté et la discipline sont les remparts qui protègent cette demeure.
Les six racines représentent les six ministres principaux, tandis que les six poussières symbolisent six brigands violents.
Les six sens sont les six portes d'entrée et de sortie.
Quant aux cinq désirs, ils sont comme des puits et des fosses dans le chemin du royaume.
Les perceptions (voir, entendre, savoir, ressentir) forment les quatre états qui gouvernent le royaume intérieur, travaillant en harmonie avec la nature véritable pour former une unité.
Lorsque la voie de la nature est claire et que le cœur est illuminé, les ministres (les sens) et les perceptions coopèrent harmonieusement pour régir le royaume.
Si la nature véritable est vraiment claire, et que l'on ne suit pas les désirs égoïstes, les récompenses sont justes, les punitions appropriées, et l'on agit selon le Dào céleste.
Dans une telle justice, le corps et l'esprit deviennent solides et inébranlables.
Si les six portes (les sens) restent prudentes et que les six brigands (désirs) ne surgissent pas, alors les six poussières (distractions) deviennent pures.
Les quatre états (perceptions) suivent la voie de l’impartialité et n’osent pas commettre d’abus.
Lorsque l'intérieur et l'extérieur sont en harmonie, et que la nature véritable est paisible, le royaume intérieur atteint la paix suprême.
Cependant, si la voie de la nature est obscure et qu'on se laisse influencer par la flatterie et les discours trompeurs, abandonnant l'impartialité pour suivre des intérêts égoïstes, alors :
Les récompenses et les punitions deviennent injustes.
L’harmonie entre supérieur et inférieur est rompue.
À l'intérieur, les distractions et les conflits s'élèvent.
À l'extérieur, les brigands se déchaînent et envahissent la demeure.
Ils brisent les murs des disciplines, détruisent le royaume intérieur, et pillent les mérites accumulés.
Lorsque la vertu est épuisée et que la loi est absente, le corps et l'esprit tombent dans la dérive et le chaos, conduisant à la déchéance et à la souffrance.
C'est pourquoi :
Il y a des lois pour gouverner le monde, et des principes pour gouverner le cœur.
Sans impartialité, rien ne fonctionne.
Sans droiture, rien ne tient debout.
Lorsque l'intérieur et l'extérieur s’alignent parfaitement, et que le supérieur et l’inférieur s’accordent, il n’y a pas de division entre roi et ministre.
Ainsi, la voie du Dào illumine le cœur et la nature véritable, unissant tout dans une harmonie parfaite.
Alors, le roi et son peuple jouissent ensemble de la paix suprême.
C'est pourquoi on appelle cela la Voie Royale. »
Inscription finale :
« Gravé un jour favorable du cinquième mois de l’année Jiǎzǐ 甲子, au grand temple de Nányán 南岩. »
Couplets ajoutés sur les côtés du tableau original :
« À demi couverte par une ombre lunaire, trois coupes de vin. »
« Un jardin empli du parfum des fleurs, une partie d’échecs. »
Ces vers évoquent une ambiance de tranquillité et de contemplation, idéale pour la méditation daoïste.
Ce texte développe un dialogue imaginaire entre l'Empereur Mystique du Ciel et le Grand Suprême, représentant le Dào ultime. Voici les idées principales décryptées.
Le texte utilise des symboles philosophiques pour représenter le Cœur comme la demeure où s'installe la Voie (Dào), la Nature véritable comme le fondement de l'ordre cosmique, et la gouvernance intérieure, les différentes forces internes (les organes sensoriels, les désirs, etc.) sont décrites comme des ministres ou des fonctionnaires d'un royaume intérieur, symbolisant le corps et l'esprit humains.
Concepts majeurs :
La dualité Cœur/Nature : le Cœur est comparé à une demeure, lieu où réside la conscience et où s'exprime la Voie. La nature véritable est associée à l’ordre cosmique et moral. Si elle est claire et pure, elle guide correctement le Cœur vers la Voie. Le Cœur, dans la médecine traditionnelle chinoise, est également associé au Feu. Une pratique typique de l'alchimie interne consiste à équilibrer ce Feu avec l'Eau (représentée par les Reins, siège de la volonté et de l'énergie essentielle). Le texte évoque une gestion disciplinée des désirs et des émotions pour maintenir cet équilibre :
六門謹慎,六賊不起.
Si les six portes (les sens) restent prudentes, les six brigands (désirs) ne surgissent pas.
Les six racines, six poussières et six voleurs : ces termes classiques en daoïsme et en bouddhisme désignent les sens, les tentations du monde et les attachements, qui perturbent la sérénité intérieure. Une gestion équilibrée de ces forces permet de pacifier l'esprit et d'harmoniser l'énergie interne. Le texte fait référence aux six racines, qui sont : les yeux, oreilles, nez, langue, corps et esprit (facultés sensorielles). Ces six racines sont liées aux six poussières : formes, sons, odeurs, goûts, objets tangibles, et pensées, qui sont sources de perturbations.
Cette terminologie est directement empruntée au bouddhisme, notamment à la doctrine des skandhāḥ (agrégats) et des kleśa (perturbations mentales). Dans les deux traditions, ces six voleurs symbolisent les distractions qui empêchent la réalisation spirituelle.
Dans le texte, les six voleurs représentent les influences externes qui perturbent l’harmonie intérieure. Le contrôle des six portes — les sens — est donc un exercice essentiel en méditation daoïste et bouddhiste. Il s’agit de fermer les portes aux distractions du monde pour cultiver une paix intérieure.
Les quatre états réfèrent aux états psychologiques ou spirituels (perception, cognition, etc.), ils doivent travailler ensemble pour maintenir la paix intérieure.
Le texte compare la gestion de soi à celle d’un royaume : si le roi (la nature) est sage et juste, les ministres (les sens et les émotions) fonctionnent harmonieusement. Sinon, le chaos s'installe. Le texte utilise une métaphore politique : Les quatre ministres symbolisent la gestion de l’interne (les émotions, pensées) et de l’externe (les interactions sociales). Si le roi (la conscience ou l’intention) agit en accord avec le Dào, le royaume (le corps et l’esprit) est en harmonie.
Cette image reflète le processus de régulation de l’énergie vitale (Qì) dans le corps. Le roi, ici, pourrait symboliser l’esprit supérieur (Shén), tandis que les ministres désignent les différents aspects de la psyché ou des organes vitaux. Lorsque les désirs personnels ne perturbent pas l’équilibre, les récompenses et les punitions deviennent des outils naturels pour maintenir l’harmonie intérieure.
Méditation, vigilance et discipline sont suggérées pour maintenir cette harmonie, tout comme un bon gouvernement applique des lois justes et cohérentes, pour éviter la chute et la perte, soit le chaos intérieur. Le texte met en garde contre le déséquilibre :
若性道不明,愛聽讒納佞,背公向私
Si la voie de la nature véritable n'est pas claire, on aime écouter les calomnies et accepter les flatteries, en tournant le dos à l'impartialité pour privilégier les intérêts égoïstes.
Lorsque la nature véritable et la voie sont obscurcies, des influences extérieures négatives (la calomnie, la flatterie) s’introduisent dans l’esprit. Cela conduit à une invasion des six voleurs, la destruction de la muraille de l’intégrité personnelle et la perte de mérites spirituels. Ces avertissements soulignent l’importance de la vigilance et du travail constant en méditation. Cela correspond à la pratique daoïste de surveiller l’énergie interne et les pensées pour éviter les fuites d’énergie. Dans le Qì Gōng, une pratique courante consiste à visualiser une muraille énergétique protégeant le corps, reflétant ici la muraille de la pureté mentionnée dans le texte.
Le texte insiste sur l'importance d'un alignement parfait entre l'interne (le Cœur, les désirs, les émotions) et l'externe (les actes, les interactions avec le monde) ; le supérieur (les idéaux moraux, la sagesse divine) et l'inférieur (les besoins et instincts humains).
Quand cette harmonie est réalisée, la paix intérieure s'installe, reflétant une union totale avec le Dào. Le passage final « Lorsque le Dào s’harmonise avec le cœur et la nature véritable, ils deviennent clairs et lumineux, unis dans une essence commune de la nature véritable. » exprime l’objectif ultime des pratiques spirituelles daoïstes et bouddhistes, unir le Cœur (les émotions et pensées) avec la nature véritable (la pureté innée). Cette union amène une clarté lumineuse et une harmonie parfaite entre le monde intérieur (le corps/esprit) et extérieur (les interactions sociales ou naturelles).
Sur certaines versions, il y a un texte en bas :
天無私覆,地無私載,大道無私故聖人之學欲以返性,如初觀道合德,以養其心神,積神以保其形,抱中守黑以保其性。與物雖殊不爭,返於清虛純樸樸素,質真皎白。自聖人不欲人爭、不欲人持守清虛文德於心法道而誠敬之,德恆心法通而滌然無愧焉。而無不為其智漸然無愧焉。無不治也,百業所傳各有條貫狀,淵然無愧焉,無不為也,道為上聖相傳焉,能無網私否。
Le ciel couvre tout sans partialité, la terre porte tout sans partialité, et la Grande Voie est impartiale, ce pourquoi l'étude des sages cherche à retourner à la nature essentielle. Comme au commencement, ils contemplent la Voie et s'unissent à la Vertu pour nourrir leur esprit et accumuler leur énergie spirituelle afin de préserver leur forme. Ils embrassent le centre et conservent l'obscurité pour préserver leur nature. Bien que différents des choses extérieures, ils ne rivalisent pas, retournant à la pureté, à la simplicité et à la sobriété, d'une nature vraie et éclatante.
Ainsi, les sages ne souhaitent pas que les hommes rivalisent ou s'attachent à des choses, mais qu'ils maintiennent la pureté et la vertu dans leur cœur, en suivant la loi de la Voie avec sincérité et révérence. Lorsque la vertu est constante et que l'esprit et la méthode sont harmonisés, ils vivent sans remords et accomplissent tout sans regrets. Ils guérissent tout, et chaque métier transmis a ses principes et règles établis. Ils sont profonds et sans remords, accomplissant tout sans omission. La Voie est transmise par les plus grands sages : peuvent-ils éviter les pièges des désirs égoïstes ?
En conclusion :
La Carte du Cœur et de la Nature, est un diagramme essentiel de l’alchimie interne daoïste, mettant en lumière l’interaction entre le Cœur et la Nature véritable. Moins connu que le Nèi Jīng Tú ou le Xiū Zhēn Tú, il illustre néanmoins un aspect fondamental de la cultivation intérieure : l'harmonisation des émotions et de l'esprit à travers la méditation et la purification mentale.
Issu du courant de la Perfection Totale (全真 Quánzhēn) et influencé par le bouddhisme Chán et le néo-confucianisme, ce diagramme représente une véritable cartographie du royaume intérieur. Il enseigne que le Cœur est la demeure du Dào, et que la discipline des désirs et des pensées permet de retrouver l’équilibre naturel. À travers des métaphores politiques et des concepts issus de la médecine chinoise, il rappelle l’importance de réguler les six racines (les sens), les six poussières (les influences du monde) et les six voleurs (les attachements perturbateurs) pour cultiver un esprit pur et stable.
Le Xīn Xìng Tú nous invite ainsi à une approche psychologique et spirituelle de la médecine chinoise, où le travail sur les émotions et la maîtrise des désirs jouent un rôle clé dans la santé et la longévité. Il rejoint les fondements de la thérapie du Cœur (心理學 Xīn Lǐ Xué) en médecine chinoise, soulignant que l’équilibre émotionnel est aussi crucial que l’harmonie énergétique. Un message intemporel, plus que jamais pertinent dans notre monde moderne.