Échos d’une Voie Inexprimée – Conte daoïste n°3
塞翁失馬,焉知非福
Sài wēng shī mǎ, yān zhī fēi fú« Le vieil homme de la frontière perdit son cheval… qui sait si ce n’était pas un bonheur ? »
Un vieil homme vivait à la frontière nord du royaume.
Un jour, son cheval s’échappa et s’enfuit de l’autre côté des montagnes. Les voisins vinrent le plaindre :
— Quel malheur !
Le vieil homme répondit calmement :
— Qui peut dire si c’est un malheur ou une bénédiction ?
Quelques mois plus tard, le cheval revint… accompagné d’un superbe étalon sauvage.
— Quelle chance ! dirent les voisins.
Le vieil homme répondit :
— Qui sait si c’est une chance ou un malheur ?
Son fils tenta de dompter l’étalon, mais tomba et se brisa la jambe.
— Quel désastre, pleurèrent les voisins.
Mais le vieil homme déclara :
— Peut-être que ce n’est pas un désastre…
Peu après, la guerre éclata. Tous les jeunes hommes du village furent enrôlés. Peu d’entre eux revinrent.
Le fils du vieil homme, à cause de sa jambe cassée, fut épargné.
🌿 Commentaire
Ce conte, souvent cité en Chine comme un proverbe, illustre à merveille la sagesse du Dào : ne pas s’attacher aux apparences, ni juger trop vite ce qui arrive. Ce qui semble un mal peut receler un bien caché… et vice-versa.
Le vieil homme de la frontière est l’archétype du sage daoïste : il ne se laisse pas emporter par les émotions ni par les jugements tranchés. Il sait que la voie de la vie est changement, et que vouloir figer les choses, c’est se couper du souffle du monde.
Son attitude paisible n’est pas indifférence, mais confiance dans le flux du réel, dans l’alternance des souffles yin et yang.
🌀 À méditer
« Ce qui semble te manquer aujourd’hui
pourrait être ce qui te sauvera demain.
Ne t’attache pas au jugement immédiat,
car le Dào sait ce que ton esprit ignore encore. »