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Chapitre 14 du Dào Dé Jīng

L’insaisissable Dào

視之不見,名曰夷;
聽之不聞,名曰希;
搏之不得,名曰微。
此三者不可致詰,故混而為一。
其上不皦,其下不昧。
繩繩兮不可名,復歸於無物。
是謂無狀之狀,無物之象,是謂惚恍。
迎之不見其首,隨之不見其後。
執古之道,以御今之有,能知古始,是謂道紀。


Traduction proposée

Tu le regardes, sans le voir :
on l'appelle l'Invisible () ;
Tu l’écoutes, sans l’entendre :
on l'appelle le Subtil () ;
Tu le touches, sans le saisir :
on l'appelle l’Impalpable (Wēi).

Ces trois qualités échappent à l’investigation,
C’est pourquoi elles se fondent en Un.

Son sommet n’est pas clair,
Sa base n’est pas obscure.
Il flotte, fluide, sans nom,
Et retourne au sans-forme.

On l'appelle :
La forme sans forme,
L’image sans substance,
Le flou, le vague (Hū Huǎng).

Tu l’anticipes — tu ne vois pas sa tête.
Tu le suis — tu ne vois pas sa fin.

Saisir l’antique Voie
Pour gouverner le présent,
Connaître l’origine,
Voilà ce qu’on appelle la Loi du Dào.


Commentaire

Ce chapitre est l’un des plus profonds du Dào Dé Jīng : il décrit l’indescriptible, l’essence du Dào.
Lǎozǐ s’adresse à notre perception, et dit :
– Tu ne peux le voir : c’est l’Invisible (夷).
– Tu ne peux l’entendre : c’est le Silencieux (希).
– Tu ne peux le toucher : c’est l’Impalpable (微).

👉 Le Dào échappe à nos sens, mais il n’en est pas moins réel.
Ces trois aspects, bien que distincts, se fondent dans l’Unité.


Le mystère du Hū Huǎng 惚恍

無狀之狀,無物之象,是謂惚恍。

Ces mots sont magnifiques :

"La forme sans forme, l’image sans chose" — voilà ce qu’on appelle le flou et le vague, hū huǎng.

Le Dào est présent dans tout ce qui échappe à la saisie, mais fonde toute chose.

Il n’a ni commencement, ni fin perceptibles.

Tu le précèdes — tu ne vois pas sa tête.
Tu le suis — tu ne vois pas sa trace.

Et pourtant, il est le fil conducteur du monde, le principe immuable derrière tous les changements.


Le cœur du chapitre

La fin du texte est lumineuse :

執古之道,以御今之有。

"Saisir l’antique Voie pour guider le présent."
Cela signifie : le Dào est intemporel, mais il guide notre agir ici et maintenant.


Résonance contemporaine

Ce chapitre parle à ceux qui cherchent l’essentiel :

  • Ceux qui sentent qu’il y a plus que ce qu’on voit ou touche,

  • Ceux qui perçoivent l’unité derrière les oppositions,

  • Ceux qui sentent le mouvement silencieux au cœur de la vie.

Lǎozǐ nous dit que c’est en revenant à l’origine, à l’indicible, à l’unité, que nous pouvons agir juste dans le monde concret.

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