Le Lǎozǐ (《老子》), également connu sous les noms de Dào Dé Jīng (《道德经》) ou Les Cinq Mille Caractères (《五千言》), a été ultérieurement honoré sous le titre de Véritable Classique du Dào et de la Vertu (《道德真经》). Selon la tradition, ce texte aurait été composé par Lǎozǐ alors qu’il quittait le monde pour échapper aux troubles, à la demande de Yǐn Xǐ, commandant de la passe de Hángǔ. Il aurait alors laissé un écrit d’environ cinq mille caractères.
Le Dào Dé Jīng, le Yì Jīng (Classique des Mutations) et les Entretiens de Confucius (Lún Yǔ) sont considérés comme les trois grands ouvrages ayant eu l’influence la plus profonde sur la pensée et la culture chinoises.
Lǎozǐ (老子), dont le nom de courtoisie était Bǒyáng (伯阳), fut également connu sous le nom de Dān (聃), et parfois appelé Lǐ Ěr (李耳) — les caractères Lǎo et Lǐ étant homophones à l’époque, tandis que Dān et Ěr partagent le même sens (« oreille »). Il serait né à Qūrénlǐ, dans le district de Lìxiāng, comté de Kǔ, royaume de Chǔ (vers 571 av. J.-C. – 471 av. J.-C.).
Fonctionnaire chargé de la garde des archives royales sous la dynastie Zhou, Lǎozǐ est l’un des plus grands philosophes et penseurs de la Chine ancienne. Il est vénéré dans le Dàoïsme comme le Patriarche fondateur. Sous la dynastie Tang, les empereurs lui conférèrent le titre de Taishang Xuanyuán Huángdì (太上玄元皇帝, "Empereur Suprême du Mystère Originel"), et sous la dynastie Song, celui de Taishang Lǎojūn Hùnyuán Shàngdé Huángdì (太上老君混元上德皇帝, "Seigneur Suprême du Dào, de la Vertu Originelle et du Chaos Primordial").
Dans la tradition daoïste, il est couramment appelé Tàishàng Lǎojūn (太上老君, "Seigneur Suprême Lao"), ou encore Empereur du Chaos Originel (混元皇帝). Il est l’un des Trois Purs (三清 Sānqīng), les plus hauts esprits du panthéon daoïste, sous le nom de Dàodé Tiānzūn (道德天尊, "Souverain Céleste du Dào et de la Vertu"). Une autre tradition considère que Lǎozǐ serait la 18e incarnation de Tàishàng Lǎojūn.
À la source du Dào : lecture commentée du Dào Dé Jīng
Parmi les joyaux intemporels de la pensée chinoise, le Dào Dé Jīng — attribué à Lǎozǐ — brille d’un éclat singulier. Cet ouvrage bref et profond, composé d’environ cinq mille caractères, continue d’inspirer chercheurs, pratiquants et âmes en quête de sagesse. Son langage poétique, elliptique et souvent paradoxal semble défier toute interprétation définitive, et pourtant, il ouvre en silence les portes de la Voie.
Appelé aussi Le Livre de la Voie et de la Vertu, il a été écrit à une époque troublée, alors que Lǎozǐ s'apprêtait à quitter le monde des hommes. À la demande du gardien de la passe de Hángǔ, Yǐn Xǐ, il aurait couché par écrit l’essence de son enseignement : une sagesse issue d’un regard paisible et pénétrant sur le monde et la nature du réel.
Ce texte n’est pas un traité, mais une invitation. Une invitation à vivre autrement, à "suivre la Voie" (行道 xíng dào), à retrouver l’accord intime entre l’être humain, le cosmos et ce mystère innommable qu’on appelle le Dào.
Traduction et commentaire vers par vers
Dans cette série d’articles, je vous propose une exploration du Dào Dé Jīng vers par vers, à travers une traduction rigoureuse, respectueuse du sens originel, suivie d’un commentaire inspiré par la tradition daoïste, la pratique intérieure et l’ouverture aux résonances universelles. Chaque vers sera ainsi l’occasion de plonger dans la profondeur du texte, tout en reliant ses images anciennes à notre expérience contemporaine.
Nous commencerons naturellement par le verset 1, qui pose d’emblée le paradoxe central du Dào — ce qui peut être dit n’est pas le Dào éternel — et nous progresserons pas à pas, comme on remonte le courant d’une source invisible, vers la simplicité, le silence et l’évidence.