Échos d’une Voie Inexprimée – Conte daoïste n°5
渾沌之死
Hùndùn zhī sǐ
Il était une fois trois souverains mythiques : Shu, Hu, et Hundun.
Shu et Hu gouvernaient avec sagesse. Chaque fois qu’ils se rendaient l’un chez l’autre, Hundun les recevait avec bienveillance.
Un jour, Shu et Hu dirent :
— Hundun est bon avec nous, mais il n’a pas d’orifices comme les autres hommes. Offrons-lui un cadeau : perçons-lui des trous, comme il est d’usage.
Alors, ils lui percèrent un trou pour voir, un pour entendre, un pour respirer, un pour manger…
En sept jours, Hundun eut sept trous. Et il mourut.
🌌 Commentaire
Ce conte étrange, tiré du Zhuāngzǐ, est profondément symbolique. Hundun (渾沌) représente le chaos originel, l’état indifférencié d’avant la séparation du ciel et de la terre, d’avant les catégories, les jugements, les oppositions.
Shu et Hu incarnent ici la volonté humaine de rationaliser, organiser, normer, même ce qui ne demande qu’à demeurer mystérieux.
En perçant Hundun pour le rendre « comme les autres », ils détruisent ce qu’ils voulaient honorer.
Zhuangzi nous avertit : vouloir tout expliquer, tout maîtriser, c’est parfois tuer le mystère vivant. Et sans mystère… il n’y a plus de Dào.
🌀 À méditer
« Le chaos n’est pas désordre,
mais origine.
Ce que tu veux corriger
était peut-être plus parfait
avant ton intervention. »