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- Écrit par : Romain Gourmand
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Article paru dans le MTC Mag n°84
Le Diagramme de la Méthode du Cœur (心法圖 Xīn Fǎ Tú) ou la Carte du Cœur et de la Nature (心性圖 Xīn Xìng Tú) est une Carte moins connue que le Nèi Jīng Tú 內經圖, le Xiū Zhēn Tú 修真圖 et le Huǒ Hou Tú 火候圖, mais elle est tout aussi fondamentale dans certaines traditions daoïstes, notamment celles axées sur la cultivation de l'esprit et de la nature véritable. Cette carte est orientée vers les aspects spirituels et psychologiques de l’alchimie interne daoïste.
La Carte du Cœur et de la Nature, est une représentation conceptuelle daoïste mettant l'accent sur les aspects psycho-spirituels de la cultivation intérieure. Son origine précise reste difficile à déterminer, mais elle s'inscrit dans la longue tradition des diagrammes daoïstes qui fusionnent cosmologie, alchimie interne (內丹 nèidān) et pratiques spirituelles.
Le Xīn Xìng Tú apparaît dans le courant de la Perfection Totale (全真 Quánzhēn), qui a émergé sous les dynasties Sòng (960–1279) et Yuán (1271–1368). Ce courant accorde une grande importance à la transformation spirituelle par l'harmonisation du corps, du souffle (Qì) et de l'esprit (Shén). La carte reflète l'idée que le Cœur est à la fois le centre émotionnel et le siège de la nature véritable, un concept influencé par le bouddhisme Chán (Zen) et le confucianisme. Elle illustre également des thèmes fondamentaux du daoïsme, comme la nécessité de purifier le Cœur pour révéler la nature originelle, l'unité entre microcosme et macrocosme et le raffinement spirituel pour atteindre l'immortalité ou la libération.
Le Xīn Xìng Tú peut être vu comme une carte mentale ou spirituelle, dans laquelle divers éléments symbolisent les interactions entre l'Esprit, le Cœur et la nature intérieure. Ces cartes représentent souvent :
1. Le Cœur : associé à l'esprit conscient et aux émotions, il doit être purifié des désirs mondains.
2. La Nature : représente la nature innée, pure et lumineuse, qui est souvent obscurcie par les attachements.
3. Les interactions entre Cœur et Nature : ces interactions sont essentielles à la cultivation intérieure. Les déséquilibres entre les deux mènent à la souffrance, tandis que leur alignement conduit à l'éveil ou à la longévité spirituelle.
Les inscriptions ou annotations qui accompagnent ces cartes offrent souvent des instructions pour aligner le cœur et la nature à travers des pratiques comme la méditation, la respiration contrôlée et la contemplation du vide ou du Dào.
Bien que le texte exact lié au Xīn Xìng Tú reste rare, on peut supposer qu'il reflète les influences combinées de plusieurs traditions :
1. Le daoïsme alchimique interne : lié à des ouvrages comme le Cān Tóng Qì參同契et les écrits de maîtres comme Zhāng Bódūan (張伯端).
2. Le bouddhisme Chán: Notamment à travers l'idée de voir la nature pour atteindre l'éveil, un concept qui a été intégré dans le daoïsme.
3. Le confucianisme néo-confucéen : avec sa philosophie de la cultivation de la vertu et de la réflexion sur la nature humaine.
Dans les pratiques daoïstes, le Xīn Xìng Tú servait d'outil pédagogique pour guider les disciples dans leur quête spirituelle. En visualisant les relations complexes entre le Cœur et la Nature, les pratiquants pouvaient mieux comprendre comment les émotions et les pensées influencent leur état spirituel.
Cette carte, tout comme le Nèi Jīng Tú et le Xiū Zhēn Tú, illustre la richesse du symbolisme daoïste et sa capacité à intégrer des concepts philosophiques complexes dans des représentations visuelles destinées à éclairer la voie vers l'harmonie intérieure et cosmique.
Xīn (心) signifie le Cœur, qui, dans le daoïsme, inclut l'esprit, les émotions et l'intention.
Fǎ (法) signifie la méthode ou la loi. Ce nom évoque donc la pratique ou l'art de discipliner le Cœur et de cultiver l'esprit. Ce titre met l'accent sur l'approche méthodique pour maîtriser les désirs, purifier le mental et aligner le Cœur avec le Dào.
Xìng (性) est la nature véritable, ou essence innée, liée au Shén (l'esprit) et à l'aspect spirituel de l'être.
Ce titre souligne l’objectif ultime : retourner à la nature innée pure et harmonieuse du pratiquant. Ces deux noms reflètent donc deux aspects complémentaires : la pratique méthodique (Xīn Fǎ) et l’atteinte de la nature véritable (Xīn Xìng).
Le Xīn Xìng Tú est principalement associé aux écoles daoïstes qui mettent l'accent sur la culture de l'esprit (Shén) et l'intégration du Cœur/Esprit dans le processus alchimique. Elle serait issue des lignées influencées par les courants de la Période Sòng (960-1279), notamment la synthèse entre les écoles daoïstes, confucianistes et bouddhistes (Chán). On retrouve son enseignement dans certains textes de l’école de la Perfection Totale, qui valorise fortement la discipline intérieure et la quête de l'immortalité spirituelle.
Bien que les représentations précises du Xīn Xìng Tú puissent varier, elle inclut généralement ces éléments clés :
· Le Cœur comme centre
· Le Cœur est vu comme le centre de la transformation alchimique.
· Les émotions désordonnées (soucis, désirs, peurs) sont considérées comme des démons internes qu’il faut maîtriser pour permettre à l'esprit de s'élever.
Dans la carte, cela peut être représenté par un feu ou une lumière émergeant d’un bassin d’eau, symbolisant la transmutation du feu émotionnel brut en lumière spirituelle pure.
Comme dans le Huǒ Hou Tú, on retrouve souvent l’idée d’équilibrer le Feu (Yáng, action) et l’Eau (Yīn, calme). Ici, cela est lié à l’équilibre du Cœur/Esprit (Feu) avec la sagesse intérieure (Eau), ce qui permet une maîtrise des passions et des pensées. L’énergie du Cœur (Feu) doit être purifiée et s’élever vers la région de la tête (l’esprit, Shén), tandis que l’énergie de la Nature véritable (Eau) redescend pour nourrir le Dān Tián inférieur.
Ces circulations sont similaires à l’orbite microcosmique, mais ici elles mettent l’accent sur le lien émotionnel et spirituel plutôt que strictement énergétique.
Certaines versions de la carte incluent des personnages ou des métaphores :
· Les démons émotionnels (symbolisant les désirs, colères, attachements) qu’il faut transformer en forces positives.
· Les sages ou immortels guidant l’esprit vers la lumière (le Dào).
Le Xīn Xìng Tú est une carte introvertie. Elle est utilisée pour guider la purification émotionnelle, la méditation sur la vacuité et le raffinement de l’esprit. Contrairement aux cartes plus axées sur l’anatomie énergétique comme le Xiū Zhēn Tú, elle est davantage une carte psychologique et spirituelle, dédiée à l’alignement de l’esprit avec la voie du Dào.
Le Nèi Jīng Tú se concentre sur le corps énergétique, la circulation du Qì du Ciel antérieur 炁et l’orbite microcosmique. Le Xiū Zhēn Tú intègre une vision complète de l’alchimie interne, avec une carte du processus énergétique et spirituel. Le Huǒ Hou Tú concerne principalement la maîtrise du Feu alchimique pour éviter les déséquilibres lors des pratiques. Le Xīn Xìng Tú se distingue en abordant directement la discipline intérieure du Cœur et de l’Esprit, intégrant des aspects émotionnels, mentaux et spirituels.
Le Xīn Xìng Tú est une carte profondément introspective et spirituelle, qui vise à guider le pratiquant vers une maîtrise émotionnelle et une harmonisation du Cœur et de la Nature véritable. Elle est moins connue car elle est plus spécifique aux écoles et lignées centrées sur la cultivation spirituelle intérieure, plutôt que sur les processus énergétiques ou corporels visibles dans des cartes comme le Nèi Jīng Tú.
La carte du Xīn Xìng Tú issue des monts Wǔdāng, intitulée Wǔdāng Xīn Xìng Tú 武當心性圖, est construite sous une forme qui ressemble à un idéogramme stylisé ou à un tracé humain symbolique, en ligne avec d'autres cartes daoïstes comme le Nèi Jīng Tú. Plusieurs scènes distinctes sont réparties dans différentes zones de la carte, chacune représentant probablement des étapes ou des niveaux de cultivation spirituelle.
On y trouve des scènes terrestres : à la base, on observe des activités humaines ou des pratiques (peut-être liées à la vie quotidienne ou à l'entraînement de base).
Il y a des éléments intermédiaires : des structures comme des ponts ou des paysages naturels qui peuvent représenter des transitions symboliques entre les plans physique, énergétique, et spirituel.
Les parties supérieures abritent des figures célestes ou spirituelles qui symbolisent l'atteinte d'un niveau élevé de pureté et d'harmonie avec le Dào.
La gravure au centre de la carte représente le caractère 寿 (Shòu), signifiant longévité.
寿
Le cartouche en haut est une introduction à la carte :
湖北武當 山五龍勝 境吕洞賓 陳希夷張 三豐修心 煉性四池 五井華陽 尹喜巖附 道心性圖
« Le domaine sacré des Cinq Dragons du Mont Wǔdāng (dans le Húběi), où Lǚ Dòngbīn, Chén Xīyī et Zhāng Sānfēng ont pratiqué la cultivation du cœur et le raffinement de la nature. Le lieu est marqué par les Quatre Bassins et les Cinq Puits, ainsi que par le Rocher de Yīnxī à Huàyáng. Accompagné du diagramme du Cœur et de la Nature du Dào. »
Le texte de la carte :
图中文字:
玄天上帝拱而問之:道舍何也?太上曰:心即舍,而性即道,清靜齋戒為之城。六根即六部宰輔,六塵即六賊強梁,六識即六門出入,五欲即五道井坑,見、聞、知、覺即住國四相,同佐性土一體的家邦。性道見而心常明,六臣四相同理國政。若性道真明,不順私情,有功則賞,有過則罰,體天道而行,死而不怨,如此刑政能以堅固身心。六門謹慎,六賊不起,內則六塵清政,四相體公,不敢作弊;內外如一,性土太平。若性道不明,愛聽讒納佞,背公向私,賞罰不平,上下相乖,在內六塵相背,四相作弊;在外則六賊亂起,入破戒牆,入自家邦,劫自功德,福盡法無,身心落泊,便受沉淪。是故,治世有法,治心有理,不公不行,不正不立,直交內外,一如上下,無失君臣,道合心性圓明,共為一致性土,君民同樂太平。故名,王道者也。
歲次甲子五月吉日板存南岩大殿
養生楹聯寫於原圖兩旁,即:半簾月影三杯酒,滿院花香一局棋。
武当石刻版
L'Empereur Mystique du Ciel demanda :
« Où se trouve la demeure du Dào ? »
Le Grand Suprême répondit :
« Le cœur est cette demeure, et la nature véritable est le Dào. La pureté et la discipline sont les remparts qui protègent cette demeure.
Les six racines représentent les six ministres principaux, tandis que les six poussières symbolisent six brigands violents.
Les six sens sont les six portes d'entrée et de sortie.
Quant aux cinq désirs, ils sont comme des puits et des fosses dans le chemin du royaume.
Les perceptions (voir, entendre, savoir, ressentir) forment les quatre états qui gouvernent le royaume intérieur, travaillant en harmonie avec la nature véritable pour former une unité.
Lorsque la voie de la nature est claire et que le cœur est illuminé, les ministres (les sens) et les perceptions coopèrent harmonieusement pour régir le royaume.
Si la nature véritable est vraiment claire, et que l'on ne suit pas les désirs égoïstes, les récompenses sont justes, les punitions appropriées, et l'on agit selon le Dào céleste.
Dans une telle justice, le corps et l'esprit deviennent solides et inébranlables.
Si les six portes (les sens) restent prudentes et que les six brigands (désirs) ne surgissent pas, alors les six poussières (distractions) deviennent pures.
Les quatre états (perceptions) suivent la voie de l’impartialité et n’osent pas commettre d’abus.
Lorsque l'intérieur et l'extérieur sont en harmonie, et que la nature véritable est paisible, le royaume intérieur atteint la paix suprême.
Cependant, si la voie de la nature est obscure et qu'on se laisse influencer par la flatterie et les discours trompeurs, abandonnant l'impartialité pour suivre des intérêts égoïstes, alors :
Les récompenses et les punitions deviennent injustes.
L’harmonie entre supérieur et inférieur est rompue.
À l'intérieur, les distractions et les conflits s'élèvent.
À l'extérieur, les brigands se déchaînent et envahissent la demeure.
Ils brisent les murs des disciplines, détruisent le royaume intérieur, et pillent les mérites accumulés.
Lorsque la vertu est épuisée et que la loi est absente, le corps et l'esprit tombent dans la dérive et le chaos, conduisant à la déchéance et à la souffrance.
C'est pourquoi :
Il y a des lois pour gouverner le monde, et des principes pour gouverner le cœur.
Sans impartialité, rien ne fonctionne.
Sans droiture, rien ne tient debout.
Lorsque l'intérieur et l'extérieur s’alignent parfaitement, et que le supérieur et l’inférieur s’accordent, il n’y a pas de division entre roi et ministre.
Ainsi, la voie du Dào illumine le cœur et la nature véritable, unissant tout dans une harmonie parfaite.
Alors, le roi et son peuple jouissent ensemble de la paix suprême.
C'est pourquoi on appelle cela la Voie Royale. »
Inscription finale :
« Gravé un jour favorable du cinquième mois de l’année Jiǎzǐ 甲子, au grand temple de Nányán 南岩. »
Couplets ajoutés sur les côtés du tableau original :
« À demi couverte par une ombre lunaire, trois coupes de vin. »
« Un jardin empli du parfum des fleurs, une partie d’échecs. »
Ces vers évoquent une ambiance de tranquillité et de contemplation, idéale pour la méditation daoïste.
Ce texte développe un dialogue imaginaire entre l'Empereur Mystique du Ciel et le Grand Suprême, représentant le Dào ultime. Voici les idées principales décryptées.
Le texte utilise des symboles philosophiques pour représenter le Cœur comme la demeure où s'installe la Voie (Dào), la Nature véritable comme le fondement de l'ordre cosmique, et la gouvernance intérieure, les différentes forces internes (les organes sensoriels, les désirs, etc.) sont décrites comme des ministres ou des fonctionnaires d'un royaume intérieur, symbolisant le corps et l'esprit humains.
Concepts majeurs :
La dualité Cœur/Nature : le Cœur est comparé à une demeure, lieu où réside la conscience et où s'exprime la Voie. La nature véritable est associée à l’ordre cosmique et moral. Si elle est claire et pure, elle guide correctement le Cœur vers la Voie. Le Cœur, dans la médecine traditionnelle chinoise, est également associé au Feu. Une pratique typique de l'alchimie interne consiste à équilibrer ce Feu avec l'Eau (représentée par les Reins, siège de la volonté et de l'énergie essentielle). Le texte évoque une gestion disciplinée des désirs et des émotions pour maintenir cet équilibre :
六門謹慎,六賊不起.
Si les six portes (les sens) restent prudentes, les six brigands (désirs) ne surgissent pas.
Les six racines, six poussières et six voleurs : ces termes classiques en daoïsme et en bouddhisme désignent les sens, les tentations du monde et les attachements, qui perturbent la sérénité intérieure. Une gestion équilibrée de ces forces permet de pacifier l'esprit et d'harmoniser l'énergie interne. Le texte fait référence aux six racines, qui sont : les yeux, oreilles, nez, langue, corps et esprit (facultés sensorielles). Ces six racines sont liées aux six poussières : formes, sons, odeurs, goûts, objets tangibles, et pensées, qui sont sources de perturbations.
Cette terminologie est directement empruntée au bouddhisme, notamment à la doctrine des skandhāḥ (agrégats) et des kleśa (perturbations mentales). Dans les deux traditions, ces six voleurs symbolisent les distractions qui empêchent la réalisation spirituelle.
Dans le texte, les six voleurs représentent les influences externes qui perturbent l’harmonie intérieure. Le contrôle des six portes — les sens — est donc un exercice essentiel en méditation daoïste et bouddhiste. Il s’agit de fermer les portes aux distractions du monde pour cultiver une paix intérieure.
Les quatre états réfèrent aux états psychologiques ou spirituels (perception, cognition, etc.), ils doivent travailler ensemble pour maintenir la paix intérieure.
Le texte compare la gestion de soi à celle d’un royaume : si le roi (la nature) est sage et juste, les ministres (les sens et les émotions) fonctionnent harmonieusement. Sinon, le chaos s'installe. Le texte utilise une métaphore politique : Les quatre ministres symbolisent la gestion de l’interne (les émotions, pensées) et de l’externe (les interactions sociales). Si le roi (la conscience ou l’intention) agit en accord avec le Dào, le royaume (le corps et l’esprit) est en harmonie.
Cette image reflète le processus de régulation de l’énergie vitale (Qì) dans le corps. Le roi, ici, pourrait symboliser l’esprit supérieur (Shén), tandis que les ministres désignent les différents aspects de la psyché ou des organes vitaux. Lorsque les désirs personnels ne perturbent pas l’équilibre, les récompenses et les punitions deviennent des outils naturels pour maintenir l’harmonie intérieure.
Méditation, vigilance et discipline sont suggérées pour maintenir cette harmonie, tout comme un bon gouvernement applique des lois justes et cohérentes, pour éviter la chute et la perte, soit le chaos intérieur. Le texte met en garde contre le déséquilibre :
若性道不明,愛聽讒納佞,背公向私
Si la voie de la nature véritable n'est pas claire, on aime écouter les calomnies et accepter les flatteries, en tournant le dos à l'impartialité pour privilégier les intérêts égoïstes.
Lorsque la nature véritable et la voie sont obscurcies, des influences extérieures négatives (la calomnie, la flatterie) s’introduisent dans l’esprit. Cela conduit à une invasion des six voleurs, la destruction de la muraille de l’intégrité personnelle et la perte de mérites spirituels. Ces avertissements soulignent l’importance de la vigilance et du travail constant en méditation. Cela correspond à la pratique daoïste de surveiller l’énergie interne et les pensées pour éviter les fuites d’énergie. Dans le Qì Gōng, une pratique courante consiste à visualiser une muraille énergétique protégeant le corps, reflétant ici la muraille de la pureté mentionnée dans le texte.
Le texte insiste sur l'importance d'un alignement parfait entre l'interne (le Cœur, les désirs, les émotions) et l'externe (les actes, les interactions avec le monde) ; le supérieur (les idéaux moraux, la sagesse divine) et l'inférieur (les besoins et instincts humains).
Quand cette harmonie est réalisée, la paix intérieure s'installe, reflétant une union totale avec le Dào. Le passage final « Lorsque le Dào s’harmonise avec le cœur et la nature véritable, ils deviennent clairs et lumineux, unis dans une essence commune de la nature véritable. » exprime l’objectif ultime des pratiques spirituelles daoïstes et bouddhistes, unir le Cœur (les émotions et pensées) avec la nature véritable (la pureté innée). Cette union amène une clarté lumineuse et une harmonie parfaite entre le monde intérieur (le corps/esprit) et extérieur (les interactions sociales ou naturelles).
Sur certaines versions, il y a un texte en bas :
天無私覆,地無私載,大道無私故聖人之學欲以返性,如初觀道合德,以養其心神,積神以保其形,抱中守黑以保其性。與物雖殊不爭,返於清虛純樸樸素,質真皎白。自聖人不欲人爭、不欲人持守清虛文德於心法道而誠敬之,德恆心法通而滌然無愧焉。而無不為其智漸然無愧焉。無不治也,百業所傳各有條貫狀,淵然無愧焉,無不為也,道為上聖相傳焉,能無網私否。
Le ciel couvre tout sans partialité, la terre porte tout sans partialité, et la Grande Voie est impartiale, ce pourquoi l'étude des sages cherche à retourner à la nature essentielle. Comme au commencement, ils contemplent la Voie et s'unissent à la Vertu pour nourrir leur esprit et accumuler leur énergie spirituelle afin de préserver leur forme. Ils embrassent le centre et conservent l'obscurité pour préserver leur nature. Bien que différents des choses extérieures, ils ne rivalisent pas, retournant à la pureté, à la simplicité et à la sobriété, d'une nature vraie et éclatante.
Ainsi, les sages ne souhaitent pas que les hommes rivalisent ou s'attachent à des choses, mais qu'ils maintiennent la pureté et la vertu dans leur cœur, en suivant la loi de la Voie avec sincérité et révérence. Lorsque la vertu est constante et que l'esprit et la méthode sont harmonisés, ils vivent sans remords et accomplissent tout sans regrets. Ils guérissent tout, et chaque métier transmis a ses principes et règles établis. Ils sont profonds et sans remords, accomplissant tout sans omission. La Voie est transmise par les plus grands sages : peuvent-ils éviter les pièges des désirs égoïstes ?
En conclusion :
La Carte du Cœur et de la Nature, est un diagramme essentiel de l’alchimie interne daoïste, mettant en lumière l’interaction entre le Cœur et la Nature véritable. Moins connu que le Nèi Jīng Tú ou le Xiū Zhēn Tú, il illustre néanmoins un aspect fondamental de la cultivation intérieure : l'harmonisation des émotions et de l'esprit à travers la méditation et la purification mentale.
Issu du courant de la Perfection Totale (全真 Quánzhēn) et influencé par le bouddhisme Chán et le néo-confucianisme, ce diagramme représente une véritable cartographie du royaume intérieur. Il enseigne que le Cœur est la demeure du Dào, et que la discipline des désirs et des pensées permet de retrouver l’équilibre naturel. À travers des métaphores politiques et des concepts issus de la médecine chinoise, il rappelle l’importance de réguler les six racines (les sens), les six poussières (les influences du monde) et les six voleurs (les attachements perturbateurs) pour cultiver un esprit pur et stable.
Le Xīn Xìng Tú nous invite ainsi à une approche psychologique et spirituelle de la médecine chinoise, où le travail sur les émotions et la maîtrise des désirs jouent un rôle clé dans la santé et la longévité. Il rejoint les fondements de la thérapie du Cœur (心理學 Xīn Lǐ Xué) en médecine chinoise, soulignant que l’équilibre émotionnel est aussi crucial que l’harmonie énergétique. Un message intemporel, plus que jamais pertinent dans notre monde moderne.
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- Écrit par : Romain Gourmand
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Article paru dans le MTC Mag n°84
Nous allons débuter une série d’articles traitant de points d’acupuncture au gré des Saisons énergétiques, en abordant leur aspect classique et clinique, mais aussi leur portée symbolique et poétique. Nous commençons avec le septième point du Méridien Maître Cœur (ou encore appelé Péricarde), « l’enveloppe du Cœur » Xīn Bāo Luò 心包絡 ou encore « celui par qui le Cœur commande » Xīn Zhǔ 心主 (aussi nom secondaire du 7MC Dà Líng 大陵), pour la Saison de l’Été, associée au Feu.
Un nom évocateur
Le point 7MC a pour nom principal Dà Líng 大陵, habituellement traduit par « Grande Colline ». Il fait partie des points dits Shū antiques, associé au Méridien Shǒu Jué Yīn 手厥陰, le Maître Cœur. C’est le point Terre, le point « Rivière » Shù 俞 et le point Source Yuán 原, et donc un point Feu de la Terre. C’est le point de dispersion du Méridien et il est situé, d’après le Dragon de Jade[i], sur le pli le plus distal du poignet, entre les tendons palmaires (fig.1).
Fig. 1 : Localisation du point 7MC (Atlas d’acupuncture – Focks Claudia – Ed. Elsevier – page 359)
Mais intéressons-nous aux idéogrammes qui le compose. Le premier, Dà 大, représente d’après Wieger (W60A) un homme adulte debout (corps, jambes et bras), et le sens dérivé est la taille d’un adulte par opposition à celle d’un enfant, ce qui signifie grand. Pour le Shuō Wén[ii], le Ciel est grand ; la Terre est grande ; mais l’homme aussi est grand. C’est pourquoi le caractère 大 représente un homme.
Mais le deuxième caractère est plus intéressant. Líng 陵, pour Wieger est composé d’un radical à gauche (W86A) qui représente une fente à étages successifs des gradins superposé placés sous 厂 pour diminuer la largeur du complexe. Dans le sens étendus, on comprend un terrassement considérable, des remblais, digues, remparts. Le terme à droite (W79K) achopper, heurter, un tertre, une butte. Pour le Shuō Wén, c’est un tertre très élevé, une haute colline. Il y a une notion de création artificielle et non pas naturelle.
Fig. 2 : Étymologie de 陵, d'après Philippe LAURENT
D’après Philippe LAURENT[iii] (fig.2), le caractère représente souvent un tumulus marqué en surface par un végétal, ce qui donne les sens courants de colline, coteau, tertre élevé ; tombeau tumulus ; empiéter sur, violer, opprimer ; s’élever jusqu’à ; franchir, dépasser.
Rien n’empêchant de mettre le nom au pluriel, « Grandes Collines » se comprend alors anatomiquement comme les deux éminences de la paume de main entre lesquelles le point se situe. Pour Henning STRØM[iv], le Grand Tertre est l’endroit à la racine de la paume où les os font saillie et dressent un grand monticule qui peut servir de défense et d’embuscade. C’est Comme si le Qì du Méridien descendait et se déversait dans ce point Terre à la fin de l’intervalle étroit entre les deux tendons palmaires et produisait un tertre qui se dresse, formant la partie « talon » du poignet qui protège dans le combat ou dans la chute. Dans le Tài Jí Quán 太極拳, on concentre une force sur le 7MC, les talons des poignets ainsi que sur les talons des pieds, et c’est l’interaction entre l’axe central vertical et ces quatre talons périphériques qui crée le mouvement et l’efficacité de cet art martial.
Mais alors pourquoi ce sous-entendu de tertre, de tombeau qui est caché dans le nom ? Un nom secondaire vient alors éveiller ce sens du caractère, le nom Guǐ Xīn鬼心, car le 7MC est le quatrième des treize points des Revenants de Sūn Sī Miǎo 孙思邈. 鬼 (Guǐ) signifie fantôme, esprit, démon, entité invisible, et 心 (Xīn) cœur, esprit, conscience. Il peut être traduit par « Cœur des Fantômes ». Ces autres noms secondaires sont « Très Grand Tertre » (Tài Líng 太陵) et « Celui par qui le Cœur commande » (Xīn Zhǔ 心主) comme nous l’avons déjà évoqué.
Les points « tombeau » sont des points de transmutations alchimique, mais étudions d’abord la symptomatologie associée avant d’aller plus loin.
Une symptomatologie particulière
Pour le collectif AGMAR et son livre de punctologie générale[v], les indications fonctionnelles du 7MC sont d’ouvrir la Surface Biăo 表, calmer le Cœur et l’Esprit, éliminer la Chaleur, traiter l’Estomac et la poitrine, disperser le Vent, calmer les oppressions, rafraîchir le Sang.
Pour les auteurs modernes, 7MC aura comme indications fièvre sans sueurs avec céphalée. Manque d’énergie. Folie. Rit sans cesse. Pleurs et gémissements. Divagation. Chaleur intense de tout le corps. Insomnie. Excès d’indignation ou de sentiments. Mécontentement surexcité. Chagrin, pleurs. Appréhension, peur. Maladies psychiques. Démence. Épilepsie. Inflammation des yeux. Sclérotiques jaunes. Angine. Amygdalite (mal de tête, fièvre). Bouche sèche. Mauvaise haleine. Douleur aux dents et aux joues. Douleur de la racine de la langue. Plaie. Abcès. Eczéma. Dartre. Enflure des ganglions axillaires. Adénite. Eczéma. Dartre. Prurit. Névralgie intercostale. Agitation du cœur. Douleur au cœur. Myocardite, endocardite. Ou cœur intermittent (un arrêt sur trois pulsations). Artères dures, amples. HTA (colères, yeux rouges ou jaunes, corps chaud, paumes chaudes, céphalée surtout en se baissant, poignets durs. Artère temporale apparente). Spasmes artériels. Paumes des mains très chaudes. Bras et coude contracturés et douloureux. Enflure des muscles de la région rénale.
Pour Sūn Sī Miǎo on va retrouver céphalée avec douleur oculaire et exophtalmie. Violente céphalée, sentiment que la tête va éclater. Chaud et froid. Fièvre intermittente avec tantôt chaud tantôt froid. Maladies chaudes avec agitation de l’esprit, mélancolie et absence de sudation, chaleur de la paume des mains, cardialgie, corps brûlant de fièvre, douleur de la base de la langue. Vent et chaleur. Colère, joie, tristesse. Esprit songeur. Frayeurs répétées. Rit sans cesse. Agitation de l’esprit et mélancolie au cours des maladies de la chaleur. Céphalée avec douleur oculaire et exophtalmie. Ictère conjonctival et frissons. Yeux rouges. Arrière-gorge sèche. Inflammation de la gorge, angine. Douleur de la base de la langue au cours des maladies de la chaleur. Douleur thoracique. Dyspnée. Toux et inversion du souffle. Cardialgie. Insuffisance cardiaque. Palpitations. Hématémèse. Ictère conjonctival et frissons. Ne peut tendre le bras. Rétraction de la main.
Mais comment comprendre ces nombreuses indications ?
Symbolique et clinique du point 7MC Dà Líng 大陵
Le point 7MC, en tant que Dà Líng 大陵, la « Grande Colline », est une butte énergétique, un tertre sacré dans lequel le Qì du Maître-Cœur converge, se déverse et s’enracine. Il s’agit d’un lieu d'accumulation et de transformation, un centre où se déposent les tensions du cœur et où peut émerger une force défensive, comme le suggère son rôle dans les arts martiaux internes. Mais sous cette colline se cache un tertre funéraire, un lieu de passage entre la vie consciente et les profondeurs inconscientes de l’âme. C’est là que le nom secondaire Guǐ Xīn 鬼心, le Cœur des Fantômes, prend tout son sens.
Le 7MC agit alors comme une porte entre les mondes : il peut faire émerger les fantômes du Cœur — ces émotions refoulées, ces mémoires figées, ces esprits errants qui troublent le Shen. Il permet aussi, s’il est bien activé, de les pacifier, de les transmuter, et de restaurer la clarté du Cœur.
C’est ce double aspect – terrestre et invisible, colline protectrice et tertre du trouble psychique – qui se reflète dans sa symptomatologie. Sur le plan émotionnel et spirituel, on retrouve des signes d’esprits agités : divagation, folie, rires incontrôlés, chagrin, frayeurs répétées, mélancolie, insomnie, agitation du Shén. Tous ces signes indiquent un Shén troublé par des entités internes, que les textes classiques n’hésitent pas à nommer Guǐ 鬼 : des fantômes symboliques ou réels, perturbant la conscience. Sur le plan physiologique, les douleurs cardiaques, palpitations, dyspnées, fièvres sans sueur, chaleur de la paume, traduisent une inflammation du Cœur et de son enveloppe, mais aussi un Qì du cœur prisonnier ou dispersé. Le rôle de Dà Líng ici est de ramener le Shén au centre, comme on entasserait la terre d’un tertre pour protéger un temple intérieur. La localisation même du point, au centre de la racine palmaire, entre deux "collines" anatomiques, évoque cette colline médiane du destin, ce point d’équilibre entre le combat (Yang) et la chute (Yin), entre l’élan vital et le vertige de l’abîme émotionnel.
En résumé, 7MC – Dà Líng – Guǐ Xīn est le point par lequel le cœur blessé peut retrouver sa clarté, l’esprit errant peut être rappelé, et où la chaleur excessive du Feu peut être contenue par la Terre. C’est un point de soin du Cœur profond, de purification du Shen, et de protection contre les attaques invisibles du monde intérieur.
Et pour l’année du Serpent de Bois (Yǐ Sì 乙巳) ?
L’année 2025, placée sous l’influence du tronc céleste Yǐ 乙 (Bois Yin) et de la branche terrestre Sì 巳 (le Serpent, associé au Feu), selon le système du Wǔ Yùn Liù Qì, est marquée par une dynamique de Bois nourrissant le Feu, ce qui peut générer une surcharge du Feu dans l’organisme. Cette effusion énergétique risque d’amplifier les troubles en lien avec le Cœur et son enveloppe : agitation mentale, troubles émotionnels, insomnies, chaleur interne, oppressions thoraciques, voire symptômes cardio-vasculaires fonctionnels.
Dans ce contexte, le septième point du Maître-Cœur, Dà Líng 大陵, se révèle particulièrement pertinent. Point Terre du Méridien Shǒu Jué Yīn 手厥陰, il exerce un rôle de régulation du Feu par la Terre, selon la logique du cycle de contrôle des Cinq Éléments. En tant que point Yuán原, il permet de mobiliser le Qì profond du Méridien et de stabiliser les émotions. De plus, son nom secondaire Guǐ Xīn 鬼心, le « Cœur des Fantômes », évoque son action sur les troubles profonds du Shén, en lien avec les perturbations émotionnelles, les mémoires inconscientes ou les « entités » qui troublent la conscience.
Ainsi, en cette année de Feu nourri et potentiellement débordant, le 7MC apparaît comme un point clef pour tempérer les ardeurs du Cœur, calmer les esprits, recentrer l’axe Shen-Qì-Jing, et accompagner les déséquilibres que cette configuration énergétique pourrait faire émerger.
[i] Le Dragon de Jade – Atlas d’acupuncture – Jacques Martin-Hartz – Jacques Pialoux – Ed. Cornelius Celsus.
[ii] 《說文解字》Shuō Wén Jiě Zì - « Expliquer les figures et analyser les caractères ».
[iii] L’esprit des points – Philippe Laurent – Ed. You Feng.
[iv] Le Petit Monde Merveilleux des Points d’Acupuncture – Henning Strøm – Ed. You Feng.
[v] Punctologie générale – AGMAR – Ed. You Feng.
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Article paru dans le MTC Mag n°83
Depuis le 4 février nous sommes entrés dans la saison énergétique du printemps, selon les Jie Qi.
En diététique chinoise, ajuster son régime alimentaire selon les saisons est important pour maintenir l'équilibre et la santé. Le printemps est associé à l’élément Bois et aux organes du Foie et de la Vésicule Biliaire. Le printemps est une saison de croissance et d'expansion, où l'énergie du Yang commence à s'élever après le calme Yin de l'hiver. Le Foie, en tant qu'organe gouvernant la circulation de l'énergie (Qì), est particulièrement actif pendant cette période. Le Yang Sheng du printemps consiste donc à suivre les cycles naturels, à nourrir le Foie pour favoriser l’harmonie intérieure, et à embrasser l’énergie dynamique de la saison pour se renouveler physiquement et spirituellement.
Voici quelques conseils pour le printemps :
· Favoriser le mouvement : le printemps est une saison d’activité. Pratiquez des exercices doux comme le Qi Gong, le Tai Chi, ou des promenades dans la nature. Cela aide à débloquer l'énergie stagnante et favorise la circulation. Le Bois est lié à la flexibilité, tout comme les tendons. Intégrez des pratiques comme le yoga pour étirer les muscles et renforcer les tendons.
· Harmoniser les émotions : apprenez à gérer la colère en cultivant la patience et l’ouverture. Pratiquez des techniques de respiration ou de méditation pour calmer l’esprit.
· Alimentation pour soutenir le Foie :
o Favoriser les aliments verts : légumes verts (jeunes pousses, épinards, céleri). Herbes fraîches comme la coriandre et la menthe.
o Intégrer des saveurs acides : citron, vinaigre de cidre, agrumes (en petites quantités). Ces saveurs stimulent le Foie et facilitent la détoxification.
o Limiter les aliments lourds ou gras pour éviter la Stagnation du Qì du Foie.
o Évitez également les excès de sucre et d’alcool.
o Boire des infusions douces : le chrysanthème (Jú Huā) ou le thé vert sont recommandés pour apaiser le Foie.
En pharmacopée chinoise, les infusions vous apaiseront pendant la saison où le Yang réapparaît dans la nature et dans notre corps. En nourrissant le Foie, elles régularisent son Energie ascendante pour nous apporter la sérénité. On peut réaliser, par exemple, une infusion avec :
· Mei Gui Hua (Flos Rosae Rugosae) : Doux, légèrement amer, tiède, action sur les Méridiens du Foie et de la Rate. Fait circuler le Qi et libère sa congestion-dépression. Harmonise le Sang et en disperse les Amas.
· Gou Qi Zi (Fructus Lycii) : Doux, équilibré, action sur les Méridiens du Foie, des Reins, du Poumon. Nourrit et tonifie le Foie et les Reins. Améliore la vision. Humidifie le Poumon.
· Chen Pi (Pericarpium Citri Reticulatae) : Piquant, amer, tiède, action sur les Méridiens de la Rate et du Poumon. Régularise le Qi. Règle le Centre. Assèche l'Humidité. Transforme les Mucosités.
· Mi Meng Hua (Flos Buddleiae Officinalis) : Doux, légèrement froid, action sur le Méridien du Foie. Clarifie le Foie. Améliore la vision. Diminue les taies.
Les exercices de Qi Gong du printemps ont une action sur le Foie et sur la Vésicule Biliaire, le viscère associé. L’élément du printemps est le Bois. Il est donc normal que la couleur de cette saison soit le vert, rappelant le réveil de la nature. Les tissus associés sont les enveloppes des muscles et des tendons (les fascias). Durant l’hiver, ces tissus conjonctifs se sont reposés et ressourcés; ils ont besoin d’être réveillés et réchauffés en douceur pour qu’ils ne contraignent pas les muscles trop rapidement. La marche est un excellent exercice de saison. Beaucoup de mouvements d’yeux, pour l’ouverture faciale, complètent les exercices. L’émotion du Bois est la colère qu’il faudra tempérer pour éviter une stagnation du Qi dans le Foie. Le bois porte le chiffre 8. On peut effectuer les mouvements 8 fois ou 4 fois d’un côté et 4 fois de l’autre, si l’on souhaite respecter ce chiffre. L’animal-symbole du Bois reste le tigre. Certaines écoles proposent le dragon.
Par exemple, la deuxième Pièce de Brocart des 8 Trésors Ba Duan Jin, « Bander l’arc et viser l’aigle » (Zuoyou Kai Gong Si She Diao) est particulièrement bien adapté pour cette saison.
En partant de la posture de l’arbre ZHAN ZHUANG (position WU JI), nourrir la jambe droite (porter le centre de gravité à droite) pour libérer le poids sur la jambe gauche (qui devient vide) pour déplacer le pied gauche à environ deux fois la largeur d’épaule en position du cavalier MA BU. Les pieds sont parallèles, les genoux sont à la verticale des chevilles. Pendant ce mouvement des jambes, on déplace les bras en passant de la posture de l’arbre à croiser les bras sur la poitrine, mains ouvertes, paumes au niveau des épaules, et bras droit proche de la poitrine, le bras gauche au-dessus. L’ensemble de ce mouvement se fait pendant l’inspiration.
À l’expiration, on écrase la posture, le regard se porte à gauche, fixant l’horizon lointain (on vise l’aigle à l’horizon). La main droite va saisir la corde de l’arc avec les 4 doigts qui se replient (en prenant garde à laisser l’espace nécessaire à la corde virtuelle), la paume est dirigée vers la poitrine. La main gauche devient l’arc, main en flexion au bout du bras, index tendu à la verticale, et pouce en équerre à l’horizontale l(es autres doigts sont repliés, mais sans tension). La flèche vient mentalement se positionner dans l’encoche entre pouce et index, l’index sert de viseur. Les bras s’écartent au maximum, bras gauche tendu dans l’alignement des épaules, le bras droit tend la corde en veillant à ce que le coude ne dépasse pas l’alignement des épaules, ni en hauteur ni en arrière. L’arc est tendu au maximum à la fin de l’expiration.
À l’inspiration, la main droite lâche la corde en relâchant les doigts repliés, après avoir maintenu un « instant d’éternité » totalement immobile. Le bras droit se détend comme pour aller chercher le plus loin possible vers la droite, le regard suit alors le bras droit dans ce mouvement, ce qui permet de nourrir la jambe droite pour rapprocher la jambe gauche en position WU JI.
Quand les jambes sont à nouveau dans la position WU JI, les mains passent par la posture de l’arbre (sans la marquer). Selon la facilité respiratoire, on peut soit expirer à ce moment-là, soit continuer le mouvement sur la même inspiration.
On recommence l’exercice de l’autre côté, en nourrissant la jambe gauche pour libérer la jambe droite pour prendre la position MA BU, avec cette fois-ci la main gauche contre la poitrine, et le regard qui se porte à gauche.
En fonction des difficultés rencontrées lors de cet exercice, il existe deux variantes :
Si la position MA BU est trop difficile pour le genou, on peut réaliser l’exercice avec la position du tireur à l’arc : il suffit d’ouvrir le pied sur le côté, du côté du bras tendu. On se retrouve donc avec les pieds en équerre. Bien que le nom de la position semble mieux s’accorder avec l’exercice (position du tireur à l’arc pour bander un arc et tirer sur l’aigle), il faut dans la mesure du possible lui préférer la position MA BU, car elle va renforcer les lombes et les Reins.
Si le déplacement latéral est trop compliqué, on peut simplifier l’exercice et ne quittant pas la position MA BU. On remonte légèrement la position entre les deux côtés, sans bouger les jambes, et on se contente de tirer à gauche, puis à droite. Cette forme renforce encore plus les lombes et les Reins. La version avec déplacement latérale permet de mieux nourrir les articulations et de travailler l’équilibre, tout en étant en corrélation avec l’idée de mouvement associée au Bois.
Répétitions : 8 fois de chaque côté.
Visualisation : La vision lointaine stimule le Foie et le Bois. On peut améliorer l’exercice en visualisant l’aigle dans une forêt dense, d’un beau vert, nécessitant de renforcer l’acuité visuelle pour distinguer l’aigle. Le regard porte « vers l’infini et au-delà ». Pouce et index en équerre renforce le Métal par les méridiens du Poumon et du Gros Intestin. Pour viser, le Métal va contrôler le Bois. Le Poumon va faire circuler le QI pour libérer les Stagnations du QI du Foie, et disperser le YANG apparent du Foie. C’est l’exercice de l’archer ZEN. Le Gros Intestin va mobiliser WEI QI, avec notamment la tension à l’équerre entre pouce et index qui va stimuler le point HE GU 4GI, grand point du WEI QI. La flexion de la main sur le bras qui tient l’arc va étirer les trois méridiens YIN du bras. La tension des doigts qui maintiennent la corde va renforcer les Méridiens YANG du Bras. L’instant d’immobilité avant le tir est la concentration de l’archer zen, où le Mouvement du Feu est à son acmé et s’immobilise (ce que l’on recherche dans la méditation avec l’arrêt des pensées, l’arrêt du Feu). L’écrasement de la posture MA BU va renforcer les lombes et les Reins, Mère du Foie (nourrit le YIN du Foie), et va ouvrir MING MEN 4DM. Ce mouvement du haut vers le bas, puis du bas vers le haut, stimule MING MEN, et donc YUAN QI et JING QI, pour nourrir les Moelles et le Cerveau.
Effets : Disperse le YANG apparent du Foie et nourrit le YIN du Foie (mouvement BOIS). Renforce les lombes et les Reins (mouvement EAU). Permet d’ouvrir et d’assouplir la cage thoracique, et aide à libérer le diaphragme. Régule le QI des Poumons (mouvement METAL), du Cœur et du Foie. Tonifie le Sang (Foie) et le QI (Poumon). Calme le Feu du Cœur (mouvement FEU). L’aspect centré et gainé de la position renforce la Rate (mouvement TERRE). Renforce les muscles de l’épaule, du cou, et des bras.

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Article paru dans le MTC Mag n°82
Depuis le 7 novembre nous sommes entrés dans la saison énergétique de l’hiver.
En diététique chinoise, ajuster son régime alimentaire selon les saisons est important pour maintenir l'équilibre et la santé. L’hiver est associé à l’élément Eau et aux organes des Reins et de la Vessie, qui stockent et distribuent le Qi. Le Yang Sheng de l’hiver se concentre donc sur la préservation de cette énergie, car elle sera essentielle pour soutenir la vitalité au retour du printemps. L’hiver est une saison de repos, de renforcement intérieur et de préparation à la renaissance du yang, qui éclot au printemps.
Voici quelques conseils pour l'hiver :
· Repos et préservation de l’énergie : l’hiver étant la saison du yin, marquée par l'obscurité et le froid, il est recommandé de ralentir son rythme et de se reposer davantage. Cela signifie aller au lit plus tôt et se lever un peu plus tard. Le repos adéquat aide à conserver l’énergie des Reins, considérée comme un réservoir de vitalité pour le corps.
· Alimentation adaptée à l’hiver : en hiver, il est conseillé de consommer des aliments chauds et nourrissants pour soutenir le Qi des Reins et renforcer la chaleur interne. Voici des recommandations alimentaires spécifiques :
o Aliments réchauffants : privilégiez les soupes, bouillons, ragoûts, et plats mijotés. Les aliments comme l'agneau, le bœuf, le gingembre, l’ail, les châtaignes, les noix et les haricots noirs sont particulièrement recommandés pour renforcer l'énergie des Reins.
o Saveur salée : selon la MTC, la saveur salée est liée aux Reins et à l'élément Eau, mais elle doit être consommée avec modération, car un excès de sel peut nuire à cet organe.
o Évitez les aliments crus ou froids, car ils pourraient affaiblir le Yang de l'organisme, nécessaire pour maintenir la chaleur corporelle.
· Protection contre le froid : en médecine chinoise, le froid peut pénétrer dans le corps et affaiblir l'énergie vitale, surtout celle des Reins. Il est donc recommandé de bien protéger la région des reins (le bas du dos) et de garder les pieds au chaud pour préserver l’énergie interne. Porter des vêtements chauds, éviter les courants d’air, et éviter de rester longtemps exposé au froid est essentiel.
· Exercices doux et introspection : l’hiver est propice aux exercices qui nourrissent l’intérieur plutôt que de dépenser l’énergie à l’extérieur. Le qi gong, le tai chi, et des exercices de respiration profonde aident à conserver et à faire circuler l’énergie sans épuiser le corps. C’est aussi un moment favorable à l’introspection, la méditation, et le travail sur les émotions, car cela favorise un esprit calme et une énergie préservée.
· Équilibre des émotions : l’hiver est une période où l’on peut ressentir plus de mélancolie ou de repli sur soi, des émotions associées à l’élément Eau. Prendre soin de ses émotions, maintenir des pensées positives, et pratiquer des activités qui apportent joie et bien-être sont essentiels pour ne pas bloquer l'énergie des Reins.
En pharmacopée chinoise, les infusions vont réchauffer le corps et faciliter la circulation du Qi et du Sang à travers les Méridiens et les vaisseaux sanguins, avec par exemple un mélange avec :
· Ba Jiao Hui Xiang (Fructus Illicii veri) : réchauffe le centre et dissipe le Froid, favorise la circulation du Qi, soulage les douleurs dues au Froid, renforce la fonction rénale.
· Bai Dou kou (Fructus amomi cardamomi) : piquant, tiède, action sur les Méridiens du Poumon, de la Rate, de l'Estomac. Transforme l'Humidité. Fait circuler le Qi. Réchauffe le Centre.
· Gui Zhi (Cinnamomi cassiae ramulus) : piquant, doux, tiède, action sur les Méridiens du Cœur, du Poumon, de la Vessie. Diaphorétique et libère la Surface. Réchauffe les Méridiens et fait circuler le Yang.
· Gan Jiang (Rhizoma zingiberis) : piquant, chaud, action sur les Méridiens de la Rate, de l'Estomac, du Cœur et du Poumon. Réchauffe le Centre. Fait revenir le Yang. Réchauffe le Poumon et transforme les glaires.
· Ding Xiang (Flos caryophylli) : piquant, tiède, action sur les Méridiens de la Rate, de l'Estomac et des Reins. Réchauffe le Centre et fait descendre le contresens. Réchauffe les Reins et assiste le Yang.
Les exercices de Qi Gong de l’hiver ont une action sur les Reins et la Vessie. Cette période est propice au repos et à la stabilisation de l’énergie, à la récupération, à l’image de la nature qui s’endort pour mieux se réveiller au printemps. L’élément de l’hiver est l’Eau et sa couleur, le noir (ou le bleu sombre). Les tissus associés sont les os et les cheveux. Les oreilles représentent l’ouverture faciale de l’hiver. L’émotion de l’Eau est la peur. L’Eau porte le chiffre 6, on peut effectuer des mouvements 3 fois d’un côté, 3 fois de l’autre.
On peut également pratiquer une posture statique type posture de l’arbre Zhang Zuong, qui permet de développer la transformation du Jing en Qi au niveau du Dan Tian inférieur. Nous allons étudier ici la posture de l’Eau du trigramme Kan, associé au Merveilleux Vaisseau Yang Qiao Mai (dans l’arrangement du Ciel Postérieur) et à l’animal symbolique le léopard noir.
On part de la position WU JI, en posture de l’arbre, mains au niveau du DAN TIAN inférieur. On tourne les paumes vers le Ciel, on va ouvrir le Merveilleux Vaisseau DAI MAI en frottant le dos des doigts et des mains, en commençant par l’auriculaire, contre la cage thoracique en commençant par le point QI MEN 14F, et en allant vers le côté. On étend les bras sur le côté, à l’horizontale, en tournant les paumes vers la Terre. On ramène les bras vers l’avant en fléchissant les coudes. Les mains forment une pyramide, pointe vers le bas, qui plonge. Les doigts ne se touchent pas et sont orientés vers le bas ; les pouces relevés pointent vers l’avant. La posture se tient au niveau du DAN TIAN inférieur, devant la Vessie. Les bras sont légèrement décollés du corps pour laisser la place virtuelle pour un œuf sous les aisselles.
Visualisation du trigramme : le YIN terrestre et le YIN céleste comprime le YANG. L’Eau nettoie le Feu émotionnel pour l’évacuer dans la Vessie, mais l’Eau nourrit les Reins, et fait descendre le Feu Lumière pour alimenter qualitativement le Feu de MING MEN, Feu du Foyer Inférieur.
Visualisation de la posture : la posture de l’Eau met en jeu le léopard noir qui va faire descendre le YANG, le Feu Lumière, au niveau du Feu de MING MEN. Déclenchant un mouvement descendant, l’Eau va purifier notre corps pour qu’il puisse recevoir le bénéfice qualitatif du Feu Lumière. Les impuretés énergétiques sont alors évacuées par les points JING (puits) aux bouts des doigts vers la Terre, et par le pouce vers l’extérieur. Le Léopard fait descendre le YANG et le Feu Lumière en partant du point HM YIN TANG, et le fait descendre le long de XU LI pour rejoindre MING MEN.
Visualisation dans la Carte du Paysage Intérieur (Nei Jing Tu) : le léopard noir descend des branches d’un saule pleureur au bord du Fleuve Jaune. Il va s’abreuver sur les berges du fleuve. Un étrange phénomène se produit : pendant qu’il boit, l’eau trouble du fleuve devient cristalline et le pelage du léopard noir (Rein Yin) devient jaune tacheté (Rein Yang). Désaltéré, il se refugie dans une forêt de bambous aux 9 segments, où il disparaît, devenant le petit prince de la forêt. Sur le fleuve, un jeune garçon et une jeune fille jouent sur une roue à aubes et s’amuse à inverser le courant du Fleuve Jaune.
Visualisation du Merveilleux Vaisseaux : on peut sentir l’énergie descendre le long du trajet de YANG QIAO MAI, du point JING MING 1V au point 62V SHEN MAI.
Après ces différentes visualisations, on arrête le cours de sa pensée, on garde la position, se contentant de respirer calmement, à l’aide de la petite circulation céleste daoïste (langue au palais derrière les incisives, à l’inspire le QI remonte DU MAI, à l’expire le QI descend REN MAI).

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Article paru dans le MTC Mag n°81
Depuis le 16 août nous sommes dans la saison énergétique de l’automne. L'automne suit la principale intersaison, celle de la récolte.
En diététique chinoise, ajuster son régime alimentaire selon les saisons est important pour maintenir l'équilibre et la santé. En automne, le Poumon et le Gros Intestin sont dominants, et c’est une période de dessèchement. L’objectif est d’hydrater et de nourrir le corps tout en soutenant le système respiratoire et digestif. Voici quelques conseils d'alimentation pour l'automne :
· Saveur piquante modérée. Les aliments légèrement piquants aident à stimuler l'énergie des poumons et à favoriser la circulation du Qi, tout en libérant l’excès de chaleur ou de mucus. Par exemple, radis blanc (daikon), ail, oignon, poireau, gingembre frais, poivre blanc (en petite quantité).
· Aliments hydratants. La sécheresse de l’automne nécessite des aliments riches en eau pour maintenir l’hydratation du corps et prévenir le dessèchement des Poumons et de la peau. La poire est très populaire en automne pour ses propriétés hydratantes, elle nourrit les Poumons et aide à lutter contre la sécheresse. Les champignons comme le shiitake, ils sont riches en nutriments et hydratent l’organisme. Les racines comme les carottes, patates douces, navets, betteraves, renforcent et réchauffent en même temps qu'ils apportent de l’humidité. Le sésame noir nourrit les Poumons et les Reins, favorise l’humidité corporelle. Les graines de lin et de chia hydratent et aident à la digestion.
· Grains entiers. Les céréales entières sont essentielles pour fortifier l'énergie des Poumons et du Gros Intestin, tout en étant faciles à digérer : riz (surtout le riz rond ou gluant), millet, avoine, quinoa.
· Légumes racines et courges. Les légumes de saison comme les racines et les courges ont un effet réchauffant et nourrissant. Ils aident à renforcer la digestion et apportent une énergie douce : courge butternut, potiron, potimarron, patate douce, panais.
· Fruits de saison. Les fruits qui poussent naturellement en automne, riches en eau, fibres et vitamines, soutiennent l'énergie des Poumons et hydratent le corps. Pommes, raisins, kaki, nèfles.
· Aliments légèrement amers. Les aliments à saveur légèrement amère aident à expulser la chaleur et à purifier les Poumons. Feuilles de moutarde, chicorée, roquette, endive.
· Cuissons douces. Les aliments doivent être cuits, mais pas de manière excessive. Les méthodes comme la cuisson à la vapeur, les soupes et les mijotés sont recommandées pour soutenir la digestion sans fatiguer le corps.
· Éviter les aliments trop épicés ou secs. Ces derniers peuvent augmenter la sécheresse corporelle et aggraver l'irritation des poumons.
En pharmacopée chinoise, on peut également recourir à des infusions pour réchauffer le corps et tonifier les Poumons avec par exemple un mélange avec :
· Gan Cao (Radix Glycyrrhizae) : tonifie la Rate et avantage le Qi, humidifie le Poumon et arrête la toux, harmonise et régularise le tempérament des autres plantes.
· Rou Gui (Cortex Cinnamomi): tonifie le Feu et assiste le Yang, disperse le Froid et arrête les douleurs, réchauffe et permet la circulation dans les vaisseaux et les méridiens.
· Ba Jiao Hui Xiang (Fructus Illicii veri) : réchauffe le centre et dissipe le Froid, favorise la circulation du Qi, soulage les douleurs dues au Froid, renforce la fonction rénale.
· Hu Jiao (Fructus Piperis Nigri) : réchauffe le centre et arrête les douleurs.
· Chen Pi (Pericarpium Citri Reticulatae) : régularise le Qi, règle le Centre, assèche l'Humidité, transforme les Mucosités.
Les exercices de Qi Gong de l’automne ont une action sur le Poumon et le Gros Intestin. Cette période est propice à la circulation du Qi grâce au Poumon. Le mouvement de l’automne est le Métal et la couleur de la saison, le blanc. La peau est le tissu associé, et l’ouverture faciale de l’été est les narines. L’émotion du Métal est la tristesse qu’il faudra essayer de conjurer par de belles images.
Par exemple, le mouvement du Métal dans le Qi Gong des Cinq Mouvements (Wu Xing Qi Gong) dont le mouvement étudié ici est originaire des Monts Wudang, va renforcer à la fois Poumon et Gros Intestin.
Il faut faire cet exercice avec l'idée de séparer. Le Métal est relié à la décision. Pendant l'exercice, il faudra porter sa conscience sur les doigts Métal, le pouce (Poumon) et l'index (Gros Intestin), en insistant particulièrement sur le Méridien YIN (car le YIN nourrit le YANG), c'est-à-dire le Poumon et le pouce. Sur le plan horizontal, au niveau du DAN TIAN médian, écarter les mains en inspirant, paumes vers la Terre jusque sur le côté (le QI terrestre nourrit le Poumon YIN), sans avoir à bomber le torse, et en maintenant les bras légèrement fléchis. Inversion de polarité des paumes, et revenir vers le DAN TIAN médian, paumes vers le Ciel (Le QI céleste nourrit le Gros Intestin YANG). Inversion de polarité et reprendre le mouvement.
Le mouvement et l'inversion de polarité doivent être fluides, le QI n'aime pas les cassures. Les épaules doivent être relâchées, et les coudes pas trop haut. A la fin de l'exercice, on termine par la perle de lumière blanche dorée : en position WUJI, bras fléchis, coudes vers le bas, les paumes se font face au niveau du DAN TIAN pour former la perle de lumière (avec uniquement le QI céleste pur). Les mains sont légèrement arrondies pour épouser la forme de la perle. Garder la pose quelques instants, puis faire pénétrer la perle au niveau du DAN TIAN inférieur, en gardant le même angle de fléchissement de l'avant-bras. Seules les épaules bougent. Garder la pause quelques instants.