Connaître autrui et se connaître soi-même
Texte chinois
知人者智,自知者明。
胜人者有力,自胜者强。
知足者富,强行者有志。
不失其所者久,死而不亡者寿。
Proposition de traduction
Connaître les autres, c’est la sagesse ;
Se connaître soi-même, c’est la clarté intérieure.
Vaincre les autres montre de la force ;
Se vaincre soi-même révèle la véritable puissance.
Savoir se contenter, c’est la vraie richesse ;
Persévérer dans la voie, c’est avoir de la volonté.
Celui qui ne perd pas sa demeure intérieure dure longtemps,
Et celui qui meurt sans disparaître, voilà la longévité véritable.
Commentaire
Ce chapitre résonne comme un joyau de sagesse introspective. En peu de mots, Lǎozǐ expose une hiérarchie subtile des vertus humaines : la capacité à connaître les autres est déjà une forme d’intelligence, mais la connaissance de soi est bien plus rare et plus précieuse. De même, la force physique ou sociale est inférieure à la maîtrise intérieure. Celui qui agit avec modération et persévérance, qui ne perd pas le lien avec le Dào, traverse les âges. “Mourir sans périr”, c’est laisser une trace non dans le monde matériel, mais dans l’ordre du sens.
Résonance contemporaine
Dans un monde où la compétition, la comparaison et le dépassement de l’autre sont souvent glorifiés, ce chapitre nous invite à une révolution silencieuse : se mesurer à soi-même. Il nous rappelle que le vrai pouvoir réside dans la capacité à transformer ses faiblesses, à reconnaître ses limites sans s’y réduire, à suivre avec constance le chemin que l’on sait juste. C’est l’appel à une souveraineté intérieure, plus essentielle encore que toute réussite visible. La vraie longévité est spirituelle, elle naît de l’harmonie avec ce qui nous dépasse et nous fonde.